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Facteurs de pianos en France
Ignace PLEYEL
à Paris
(°1807)
1855 – 1887
PLEYEL vers 1855
PARIS -
"Une grosse affaire se passe dans le jury
de la vingt-septième classe instruments de la musique. Il est question de
renverser la médaile d'honneur de Herz. Le conseil des présidents parait ne
pas vouloir la voter. Le motif de cette résolution serait, dit-on, que ni
Erard ni Pleyel n'ont de médailles d'honneur.
Or, il est bon que vous
sachiez comment Herz a été désigné pour la médaille d'honneur. Le jury,
placé dans la loge de l'administration du Conservatoire, ne connaissait pas
le nom des facteurs dont il entendait les pianos. Chaque piano avait un
numéro. Chaque juré, après une audition, donnait son opinion sur le piano
désigné par ce numéro.
A la fin de chaque séance, un membre du jury, un
Anglais, descendait sur le théâtre de la salle du Conservatoire, écrivait le
nom du facteur à côté du numéro du piano sur chaque bulletin et cachetait
chaque bulletin. Cela s'est passé ainsi pendant les treize séances qu'a duré
le travail d'examen des pianos.
Le jury avait divisé les pianos en quatre catégories pianos à queue, pianos carrés à cordes horizontales, pianos droits à cordes verticales et pianos droits à cordes obliques. Dans les quatre divisions, le dépouillement des bulletins a montré que, de l'avis de tous, Herz a dépassé de bien loin tous les concurrents. Son piano à queue est un instrument hors ligne et qui n'a jamais eu de pareil. Aucune médaille n'a été plus justement méritée. Le dépouillement de ces bulletins, au reste, a placé Vogelsang, un de vos compatriotes, en quatrième ligne; Florence, un autre de vos compatriotes, en sixième ligne, et un nom comme Pleyel ne venait qu'en dixième ligne. Il est donc bien difficile de donner à Pleyel une médaille d'honneur." Le Figaro, 04/11/1855, p. 4 (gallica.bnf.fr)
Ainsi que Pierre Érard, Camille
Pleyel cessait de vivre sans être entré dans la salle où brillaient entre
tant d'autres les produits de leur industrie. En donnant un dernier regret à
sa mémoire, on doit se féliciter que, prévoyant sans doute sa fin prochaine,
il se soit préparé à l'avance un digne successeur dans la personne de M.
Auguste Wolf.
Ce jeune artiste, déjà distingué comme pianiste et comme
compositeur, avait, par une heureuse circonstance, fait des sciences exactes
une étude avancée, et acquis ainsi des connaissances que bien peu de
musiciens sont à même de posséder.
C'est sur lui que, trois ans avant sa
mort, Pleyel jeta les yeux, et assurément il ne pouvait faire un meilleur
choix.
Si Pleyel avait compris M. Wolf, celui-ci avait parfaitement compris
Pleyel.
Sachant bien que dans les arts mécaniques rien n'aide autant les
idées, rien n'explique mieux le nœud des difficultés, rien ne démontre mieux
les impossibilités, rien ne prévient mieux les erreurs, rien surtout n'évite
plus la perte de temps que d'avoir opéré par soi-même, M. Wolf, mettant
habit bas, se fit aussitôt ouvrier : ses mains délicates, habituées à ne
toucher que l'ivoire et l'ébène des claviers, se saisirent de la scie, du
rabot, du maillet; ses doigts et ses ongles, toujours blancs et polis furent
souvent écorchés et tachés de colle forte ou de vernis : il savait bien qu'à
ce prix seulement il acquerrait le droit de raisonner pertinemment avec ses
chefs d'ateliers, et de continuer dignement les travaux de son illustre
prédécesseur.
M. Wolf pense qu'il y a encore beaucoup d'améliorations à
obtenir dans la fabrication des pianos; il croit que l'on n'a pas encore
assez tenu compte de beaucoup de faits que la science a constatés sans que
l'application en ait été faite : c'est sur ce point que paraissent surtout
se porter ses méditations; elles le conduiront dans la bonne voie.
Autant la
science toute seule, et prise en dehors de l'art, est dangereuse et folle
lorsqu'elle prétend s'imposer à l'artiste, autant elle peut être d'une
immense utilité et d'une précieuse ressource lorsqu'elle est dans l'esprit
et dans les mains de l'artiste lui-même, qui, dans les applications n'oublie
jamais que rien n'est utile de ce qui n'est pas praticable et applicable.
En attendant les nouveaux perfectionnements qu'espère M. Wolf, et que d'autres
sans doute méditent comme lui, soit dans le silence du cabinet, soit dans le
bruit de l'atelier, il en est aux yeux de qui la construction des pianos est
arrivée à un tel degré de perfectionnement, que toutes leurs inventions
nouvelles se portent sur des points accessoires, ayant pour objet d'étendre
les ressources et le domaine de cet instrument favori de notre siècle, ou
bien encore d'en faciliter l'étude et d'accroître le nombre déjà si grand de
ceux qui le cultivent.
C'est dans ce dernier but qu'a été conçu le procédé
de M. Moullé, pour obtenir une modification dans le degré de dureté ou de
mollesse des touches du clavier.
Déjà l'on avait observé bien des fois,
d'une part, que le degré de force dans les doigts demandé par le clavier de
tel piano est ou moindre ou supérieur à celui qu'exige tel autre; et, en
second lieu, que les doigts d'un enfant de six ans n'ont pas la force de
ceux d'un homme de vingt-cinq, avec des gradations infinies pour ces deux
cas.
C'est pour augmenter la force des doigts et la répartir d'une manière
égale entre tous qu'ont été inventés divers systèmes de mécanisme adaptables
au piano, parmi lesquels le plus répandu a été le daclylion de M. Herz, dont,
au reste, le premier succès ne s'est pas prolongé.
Le dactylion avait pour
objet de donner plus de force aux doigts, qui, passés dans des anneaux
maintenus en l'air au moyen de ressorts qu'il fallait abaisser, arrivaient,
par cet exercice souvent répété, à toucher les claviers les plus durs comme
les plus doux; mais, à cet avantage du dactylion se joignaient aussi de
graves inconvénients dans les résultats, car après s'en être servi pour
acquérir la force que l'on n'avait pas, il fallait, après l'avoir abandonné,
faire une toute aussi longue étude pour retrouver la douceur et la souplesse
que Ton avait perdues.
Vers la même époque, un artiste plein de talent et de
modestie, M. La Hausse, inventa le clavigrade, qu'il a depuis perfectionné,
et dont l'avantage est de donner à tous les claviers, quelle que soit
d'ailleurs la qualité de chacun d'eux, une telle progression de résistance,
qu'ils puissent être indifféremment touchés par les doigts les plus délicats
et par les plus vigoureux, et passer ainsi des mains d'un artiste consommé à
celles des plus jeunes élèves. Le grand point était ici de graduer
instantanément la résistance des claviers sans rien changer à la facture
ordinaire.
Dans le même but, Pleyel avait construit un piano muet destiné à
cet usage; mais M. Lahausse a réduit la difficulté à son état le plus
élémentaire dans le elavigrade exerce-doigts, qui consiste en une simple
série de cinq touches munies chacune d'un ressort à boudin qui se bande à
volonté au moyen d'une vis de rappel placée sur le devant et agissant
à la fois sur toutes les touches.
Ce petit instrument a l'avantage d'être
portatif, de ne tenir presque aucune place, et de coûter fort bon marché.
Quant au système appliqué à l'étendue entière du clavier, il met tout piano
à la portée de toutes les forces; il donne aux touches une résistance
progressive à mesure que les doigts se délient et se fortifient; il
n'entrave en aucune manière le mécanisme ordinaire pour tous les exercices
possibles, il s'applique à tous les pianos, et, grâce à lui, les vieux
deviennent tout aussi propres à l'étude que les neufs."
Quinze visites musicales à l'Exposition
universelle de 1855, Adrien de La Fage,
fragment du texte p. 83-87
PARIS -
"Les
pianos Pleyel et le thuya. - Les journaux officiels ont porté le
total à 330 au lieu 292, en y comprenant les prix décernés aux
industriels français qui avaient mis en œuvre les matières premières
de l'Algérie; et avec ce renfort ils ont pu la gratifier de cinq
grandes médailles d'honneur.
Pour Algérien que nous soyons, nous n'osons aller jusque-là, et nous
craindrions de prêter à la raillerie en revendiquant, comme on l'a
fait, pour la colonie les couronnes décernées à la maison Pleyel,
par exemple, sous le prétexte qu'elle a employé dans la Fabrication
de ses pianos du bois de thuya."
Journal d'agriculture pratique, de jardinage
et d'économie domestique, 01/1856, p. 240 (gallica.bnf.fr)
PARIS -
"Un autre nom depuis longtemps célèbre et que la mort vient aussi de
rayer, Pleyel, dont les produits ont occupé et occupent encore un
rang des plus éminens dans la facture, est représenté par un grand
piano à queue.
Si les sons de cet instrument n'ont pas toute l'intensité des pianos
à queue d'Erard, il faut reconnaître du moins qu'il y a dans le
piano de Pleyel une qualité de son irréprochable, ce qui n'est pas
un mince avantage, et que le toucher est d'une égalité parfaite. On
peut donc considérer comme devant attirer l'attention spéciale du
jury ce piano, qui est là comme un legs dont Pleyel a voulu doter
son art. [...]
La maison Pleyel a également exposé un piano
octaviant, d'après un brevet qui lui a été cédé par M. Zeiger, de
Lyon."
Le travail universel : revue complète des
oeuvres de l'art et de l'industrie exposées à Paris en 1855,
p. 600-602 (gallica.bnf.fr) - Voir
ZEIGER, à Lyon.
Enfin, Mme veuve Ërard a offert le beau piano à
queue style Louis XV, qui figure à son exposition dans la nef du
Palais de l'Industrie, et qui a une valeur d'environ 25,000 fr.
[...]"
Le Ménestrel, 23/09/1855, p. 2
(gallica.bnf.fr)
Ce donateur si bon, si empressé, se nommait Camille Pleyel.
Aujourd'hui, il ne reste de lui qu'un nom justement honoré, et des
chefs-d'œuvre dont l'art n'est pas moins fier que l'industrie. Ce que fut Pleyel, peu de personnes l'ignorent
sans doute : fils d'un artiste dont les œuvres musicales resteront,
il était artiste lui-même et surtout réalisateur; ses travaux que
nous admirons, fruits d'une expérience de vingt-cinq ans, le
prouvent surabondamment. La noblesse, si elle oblige, a ses privilèges
aussi en héritant d'un beau nom, Camille Pleyel recueillait encore
la tradition des essais et des études paternels. On a vu tout le
parti qu'il a su en tirer. Il est vrai que lors de son entrée dans
la lice, d'autres et de nombreux athlètes l'y avaient précédé, et
qu'avant lui déjà bien des palmes avaient été cueillies. De moins hardis se seraient contentés de glaner,
lui, logique et persistant, au lieu de chercher des voies nouvelles,
il se mit à aplanir, à perfectionner sans relâche celles qu'il
voyait adoptées. Sans rompre orgueilleusement avec les procédés
préexistants, le jeune facteur sut en respecter le principe, sauf à
lui faire produire des applications neuves et imprévues. Aussi, trois années n'étaient pas écoulées, que
la médaille d'or venait récompenser ses efforts et marquer
glorieusement ses premiers pas. A partir de cette époque, on remarque dans tous les produits de la
maison Pleyel un caractère spécial, qu'explique sa façon de
procéder. Avec un soin intelligent, elle va recueillir au
loin tout ce que les écoles étrangères ont d'heureux et de rationnel
elle en rapporte les idées principales à ses ateliers, en modifie
l'application, ajoute, retranche, crée d'ingénieux moyens, et
bientôt, multipliant sa fabrication, elle s'en va doter les Etats
Unis, les Indes et la France elle-même, de brillants résultats dont
elle a puisé à Londres ou à Vienne la pensée première. De là, les rapides progrès du piano droit; de là, le piano unicorde,
qui fixa l'attention des acousticiens sur un phénomène sonore
jusque-la inaperçu; de là, ces pianinos, tellement perfectionnés que
leurs nouvelles qualités ont fait oublier leur primitive origine; de
là, la douceur extrême des claviers, habituellement sacrifiée à la
sonorité. Telle est la source d'où partent les nombreuses
créations auxquelles le nom de Pleyel est attache, et qui sont nées
de l'alliance si difficile à réaliser du génie de l'étude avec l'art
de l'exécution matérielle. Pour être banal à dire, ce qui va suivre n'en est peut-être que plus
vrai il est certain que bien longtemps avant qu'on ne songeât à des
expositions universelles, admirer le bon goût, le fini parfait et
l'élegante sonorité d'un piano, c'était nommer d'avance la maison
Pleyel, et il n'y avait pas en Europe un salon où l'un ne sût qu'un
choix scrupuleux des matériaux, des procédés particuliers et une
facture consciencieuse permettaient à ces beaux instruments de
braver les plus longs voyages, aussi bien que les influences
climatériques les plus diverses. Tout le monde musical eût pu, dès cette époque,
présager le rôle honorable réservé à cette illustre maison dans une
solennité comme celle qui a fait construire le palais des
Champs-Elysées. Du reste, on voit assez qu'elle n'y a point failli :
ses œuvres sont là pour en rendre témoignage. A peine l'Oeil charmé du visiteur a-t-il rencontré le beau trophée
musical de la nef centrale, qu'il remarque tout d'abord un
chef-d'œuvre de goût et de simplicité, un magnifique piano à queue
avec formes à la fois majestueuses et élégantes, en bois de rose, où
des moulures en bronze doré relèvent avec art un remarquable travail
d'ébénisterie. Et pour montrer quelle variété de caractère une
main habile peut mettre entre deux modèles analogues, un instrument
du même format, mais en bois de palissandre, s'offre à nous dans le
pourtour, non moins riche, non moins gracieux que la premier, bien
que d'un style plus sévère.
Piano droit (pianino) à cordes
obliques, style Louis XV (1715-1774), Voulant faire hommage à notre glorieuse armée d'Orient, la maison Pleyel a précisément choisi un élégant piano droit de sept octaves, à cordes obliques, style Louis XV, en bois de rose incrusté de ravissantes marqueteries, et enrichi d'ornements bien tracés. En sorte qu'après avoir admiré l'objet même, tout le monde a applaudi à la bonne oeuvre patriotique. Et comme si elle revendiquait le privilège de ces sortes de choses, voici que la même maison exécute en bois de thuya un de ses grands modèles de pianos droits, pour mettre en relief et faire valoir les produits de nos possessions africaines, confiés à son habileté par M. le ministre de la guerre. Signaler après cela de moindres travaux, et faire observer avec quelle scrupuleuse exactitude ceux qui créent de si belles œuvres ont pris le soin d'en indiquer le prix, ce serait presque tomber dans l'insignifiance des détails. Nous ne commettrons pas cette faute. Mais il tant le proclamer ici, ou plutôt le répéter après tout le monde, le nom de Pleyel à l'Exposition universelle n'est pas resté au-dessous de lui-même; il a noblement répondu à l'attente que sa réputation européenne avait fait concevoir au monde artiste comme au monde industriel. N'oublions pas, puisque aujourd'hui l'on apprécie tant les résultats positifs, que c'en est un fort beau déjà que de fabriquer chaque année, dans d'immenses ateliers, situés à Paris et aux environs, de quatorze à quiuze cents pianos, et de les écouler dans la méme proportion. Ce genre de succes, nous le savons, peut n'être pas toujours la conséquence du vrai mérite; mais quand il l'accompagne, on ne saurait trop s'en féliciter. Sans doute, il est douloureux de songer que l'esprit sous la conduite duquel ces brillants instruments charmaient à la fois les artistes et les amateurs, ne se révélera plus à nous désormais mais si cette considération touchante rend plus précieux encore les souvenirs que le maître a laissés, ne soyons point ingrats envers les hommes appelés à recueillir ce bel héritage, et disons en terminant que si Camille Pleyel a pu être compris et dignement continue, c'est par l'artiste distingue, M. Auguste Woiff, qui était depuis plusieurs années son élève et son associé et qui lui succède comme gérant de la maison Pleyel et Cie, laquelle conserve ce nom si justement célèbre. A. Giacomelli." La France Musicale, 1855, p. 322 (gallica.bnf.fr)
PARIS - "PLEYEL. - L'éminente position qu'occupe la maison Pleyel dans la facture instrumentale, est partout reconnue et proclamée. Le monde des pianistes rend hommage à la supériorité de ses produits en Europe et dans le nouveau monde. Le jury de toutes les expositions a donné une consécration éclatante aux suffrages des artistes et des amateurs. Ces magnifiques résultats sont dus à l'infatigable activité d'un homme, dont la vie tout entière a été consacrée au perfectionnement d'un art dont il avait recueilli dans sa famille les plus belles traditions. Camille Pleyel possédait à la fois un noble cœur et une haute intelligence. Tous ceux qui l'ont connu savent avec quel désintéressement et quelle ardeur il poursuivit et réalisa les progrès les plus importants, les applications les plus heureuses. Sa mort prématurée a laissé d'ineffaçables regrets dans le cœur de ses nombreux amis et de cette population d'ouvriers intelligents qui s'étaient formés sous sa direction et dont il était le père. L'Exposition universelle a mis en évidence les derniers travaux de cet homme de talent, dont l'esprit inventif, l'imagination pleine d'activité et de sève pouvaient rendre encore tant de services au monde musical Malgré la perte de son illustre chef, la maison Pleyel s'est maintenue à la hauteur de sa réputation. Une immense clientèle dont les éléments se sont formés dans toutes les parties du monde, l'entoure de ses sympathies. La fabrication des pianos y est dirigée par M. Wolf, artiste d'un grand mérite, que Camille Pleyel honorait de son amitié, et qui con tintiedignementl'oeuvre du maître." Annuaire musical : institut, conservatoires, théâtres lyriques, associations des artistes, 1857, p. 199-200 (gallica.bnf.fr)
LA MAISON PLEYEL & CIE. PARIS - "La facture instrumentale exige des études plus sérieuses qu'on ne le croit communément; beaucoup de gens s'intitulent facteurs, qui ne possèdent pas même les notions les plus élémentaires de l'art, et sont tout simplement des marchands de pianos. On les embarrasserait tous, si on leur demandait la moindre explication sur telle ou telle partie de la facture ; ils sont également étrangers à la théorie et à la pratique de l'art dont les produits leur, assurent souvent de trèsbeaux bénéfices. Ils ont l'habileté, le savoir-faire du négociant, voilà tout. — Quant au facteur digne de ce nom, il est au niveau des hommes les plus éminents par l'intelligence, sa profession réclame des connaissances étendues et variées, dont la réunion se trouve rarement chez le même homme ; ce n'est qu'à force de combinaisons ingénieuses, de science et d'invention, qu'on peut exceller dans la facture instrumentale; pour obtenir de véritables succès, il faut étudier toutes les tentatives d'amélioration, s'assimiler toutes les idées nouvelles susceptibles de perfectionnement, et tout en cherchant des routes originales, tenir compte des traditions et des principes dont l'expérience a constaté la valeur. Parmi les maisons qui s'occupent de la facture instrumentale, il en est peu qui réunissent les conditions que nous venons d'énumérer. Mais, à coup sûr, la maison Pleyel figure au premier rang de ces établissements modèles; depuis longtemps, la France est fière de la posséder, l'Europe entière J'apprécie, et ses produits sont recherchés dans toutes les parties du monde. On sait que le fondateur de cette maison si justement célèbre, fut Ignace Pleyel, né en Autriche, en 1757. Ignace Pleyel étudia la composition chez le grand Joseph Haydn, à Vienne; en 1786, il lit un voyage en Italie, et y reçut l'accueil le plus distingué; il se rendit ensuite à Paris, où il obtint également un succès prodigieux ; après un court séjour dans la capitale, il passa à Strasbourg, où il fut nommé, en 1787, maître de chapelle; plus tard, il vint se fixer à Paris, et y jeta les bases de cette manufacture de pianos qui a pris de si colossales proportions. On doit à Ignace Pleyel de nombreuses compositions pour violon, de grandes symphonies d'orchestre, des duos, des trios, des quatuors, des sonates, des quintetti, etc. Parmi ses ouvrages pour le chant, on a cité avec éloges l'opéra italien Ifigenia, pour lequel il composa une musique charmante. Ignace Pleyel avait transmis à son fils son goût et son talent pourla musique. — Elève favori de Dusseck, intimement lié avec toutes les illustrations artistiques cle notre époque, auteur de délicieuses productions, Camille Pleyel pouvait aspirer à de grands succès comme compositeur. Mais ses aptitudes l'entraînaient vers la facture instrumentale que son père avait entreprise; voici en quels termes un critique distingué, M. Giacomelli, retraçait dernièrement, dans la France musicale, les tentatives et les travaux de Camille Pleyel : «La noblesse, si elle oblige, a ses privilèges aussi. » En héritant d'un beau nom, Camille Pleyel recueillait encore la tradition des études et des essais paternels; sans rompre orgueilleusement avec les procédés préexistants, le jeune facteur sut en respecter le principe, sauf à lui faire produire des applications neuves et imprévues; aussi trois années n'étaient pas écoulées, que la médaille d'or venait récompenser ses efforts et marquer glorieusement ses premiers pas. « A partir de cette époque, on remarque dans tous les produits de la maison Pleyel un caractère spécial, qu'explique sa façon de procéder avec un soin intelligent; elle va recueillir au loin tout ce que les écoles étrangères ont d'heureux et de rationnel ; elle en rapporte les idées principales à ses ateliers, en modifie l'application, ajoute, retranche, crée d'ingénieux moyens, et bientôt, multipliant sa fabrication, elle s'en va doter les Etats-Unis, les Indes et la France elle-même des brillants résultats dont elle a puisé à Londres ou à Vienne la pensée première. « De là les rapides progrès du piano droil; de là ces pianinos tellement perfectionnés, que leurs nouvelles qualités ont fait oublier leur primitive origine; de là la douceur extrême des claviers, habituellement sacrifiés à la sonorité. Telle est la source d'où partent les nombreuses créations auxquelles le nom de Pleyel est attaché, et qui sont nées de l'allianèe si difficile à réaliser du génie de l'étude avec l'art de l'exécution matérielle. « Il est certain que, bien longtemps avant qu'on ne songeât à des expositions universelles, admirer le bon goût, le fini pariait et l'élégante sonorité d'un piano, c'était nommer d'avance la maison Pleyel. Il n'y avait pas en Europe un salon où l'on ne sût qu'un choix.serupuleuxdes matériaux, des procédés particuliers et une facture consciencieuse permettaient à ces beaux instruments de braver l'es plus longs voyages, aussi bien que les influences climatériques les plus diverses. » Les lignes que nous venons de citer sont un juste hommage rendu à l'intelligente activité de Camille Pleyel, et tous ceux qui ont connu le célèbre facteur sanctionneront ces éloges. Pendant vingt-cinq ans, tous les efforts, toutes les. recherches, toutes les études de Camille Pleyel ont eu pour but le perfectionnement de l'art auquel il avait consacré sa vie, et dans la pratique duquel il trouvait les plus vives jouissances. L'esprit d'initiative, le génie de l'invention, le travail et la patience, voilà les éléments de ses succès. Une voulut rien devoir aux artifices du charlatanisme : ces moyens répugnaient à son caractère franc et loyal; il savait d'ailleurs ce que valent les réputations qui reposent sur une base aussi fragile. Les avantages matériels, les profits légitimes attachés à l'exercice de sa profession n'avaient pour lui qu'une importance secondaire. Il voyait surtout dans la fortune un moyen de faire le bien. Ses ouvriers conserveront toujours le souvenir de sa générosité noble. Ils trouvèrent en lui un protecteur, un véritable père, dans les crises douloureuses que nous avons eues à traverser depuis vingt-cinq ans. Camille Pleyel avait le coup d'oeil prompt et sûr qui distingue les aptitudes. Tout homme actif et de bon vouloir trouvait dans ses ateliers un emploi en harmonie avec ses capacités. Il avait su grouper autour delui des ouvriers intelligents, dont plusieurs sont devenus, sous sa direction, de véritables artistes. C'est à ces travailleurs d'élite qu'il soumettait ses plans, ses idées; il interrogeait leur expérience, accueillait leurs observations quand elles lui paraissaient justes, les combattait ou les modifiait quand elles lui semblaient inapplicables, et de ce concours de lumières sortirent plus d'une fois d'importantes améliorations. C'est en suivant la route que nous venons d'indiquer, que Camille Pleyel a créé un établissement modèle et l'a établi sur d'indestructibles fondements. Il a pu s'enorgueillir à bon droit des suffrages et des félicitations que lui ont donnés, à différentes époques, les plus grands artistes de la France et de l'étranger. A ces témoignages éclatants d'estime et de sympathie, il fautajouter les rapports favorables dont ses produits ont été l'objet, et les récompenses qu'ils ont obtenues aux diverses expositions. Il resta remarquer en effet que pour la solidité, pour l'élégance et pour la pureté des sons, les pianos sortis de ses ateliers ont toujours été placés au premier rang par le jury. Aux expositions de 1827, 1834, 1839, 1844, la maison Pleyel reçut des médailles d'or, et son chef fut décoré de l'ordre de la Légiond'Honneur. Le jury de 1844 ayant mis ces instruments au premier rang et hors ligne, et Camille Pleyel ayant été nommé délégué auprès du jury central dé 1849, cette maison fut mise hors de concours. Ajoutons que la supériorité de ses produits n'a pas cessé d'être reconnue par les amateurs et les virtuoses de tous les pays. Il sort chaque année de vastes ateliers, établis à Paris ou aux environs, quatorze ou quinze cents pianos, qui s'écoulent dans toutes les parties du monde. Ce magnifique résultat est une nouvelle preuve des vives sympathies que le nom et le talent de Pleyel éveillent dans le monde musical. Il était facile de prévoir que la maison Pleyel figurerait avec éclat à l'Exposition universelle. Elle y a été à la hauteur de ses antécédents Voici comment s'exprime à ce sujet M. Giacomelli dans l'article de la France musicale dont nous avons déjà reproduit un fragment : A peine l'oeil charmé du visiteur a-t-il rencontré le beau trophée musical de la nef centrale, qu'il remarque tout d'abord un chefd'oeuvre de goût et de simplicité, un magnifique piano à queue avec formes à la fois majestueuses et élégantes, en bois cle rose, où des moulures en bronze doré relient avec art un remarquable travail d'ébénisterie; et pour montrer quelle variété de caractère une main habile peut mettre entre deux modèles analogues, un instrument de même format, mais en bois de palissandre, s'offre à nous dam; le pourtour, non moins riche, non moins gracieux que le premier, bien que d'un style plus sévère. « Voulant faire hommage à notre glorieuse armée d'Orient, la maison Pleyel a précisément choisi un élégant piano droit, de sept octaves à cordes obliques, style Louis XV, en bois de rose incrusté de ravissantes marqueteries et enrichi d'ornements bien tracés; en sorte qu'après avoir admiré l'objet même, tout le monde a applaudi à la boune oeuvre patriotique; et comme si elle revendiquait le privilège de ces sortes de choses, voici que la même maison exécute en bois de Thuya un de ses plus grands modèles de pianos droits pour mettre en relief et faire valoir un des produits de nos possessions .africaines, confié à son habileté par M. le ministre de la guerre. Le jury de l'Exposition universelle a décerné à la maison Pleyel une médaille d'honneur. Depuis que la mort est venue frapper presque subitement Camille Pleyel, le 4 mai dernier, sa fille, seule héritière de sa position industrielle, conserve son nom à ses établissements, avec le concours éclairé de M. Auguste Wolff, son associé-gérant. M. Auguste Wolff était depuis longtemps l'élève de prédilection et le collaborateur actif de l'homme éminent, dont le monde musical déplore la perte. Initié par son maître à tous les secrets de l'art, il s'était développé sous sa direction et avait mérité de devenir son associé. Il apporte dans sa gestion des qualités précieuses. Pianiste distingué et ayant été l'un des professeurs du Conservatoire, il réunit à son talent musical une remarquable habileté pratique dans la facture, où sa haute intelligence et sa ferme résolution de marcher dans la voie du progrès lui assurent de constants succès. Auprès de M. Auguste Wolff se trouve un personnel d'anciens collaborateurs et d'associés, dont il prend en sérieuse considération l'expérience et les lumières, et c'est ainsi, fortement constituée, que la maison Pleyel marchera dans sa voie de développements successifs. Déjà l'initiative de M. Auguste Wolff a eu d'importants résultats. Voici, en effet, ce que nous lisons dans un article publié dans l'Illustration, sous la signature de M. Gustave Héquet : Le piano dont nous voulons parler à nos lecteurs n'est pas un piano comme un autre. Il offre à l'exécutant deux mécanismes complètement indépendants; l'un est inférieur, c'est celui des pianos ordinaires ; l'autre est supérieur et frappe les cordes en dessus, au lieu de les frapper en dessous. Une pédale ajoutée permet de faire jouer simultanément deux mécanismes. Le supérieur fait entendre alors l'octave grave de chaque note attaquée par le mécanisme inférieur, et l'exécutant double ainsi, sans aucun effort, la sonorité de l'instrument. Ce piano présente une autre amélioration. Le pianissimo s'y obtient d'une toute autre manière que dans les pianos ordinaires. C'est une pédale qui le produit; mais cette pédale, au lieu de déplacer les touches, rapproche les marteaux inférieurs des cordes qu'ils doivent frapper. On comprend sans peine que le coup est moins fort à mesure que le marteau est plus voisin de la corde; et comme le mécanisme inférieur s'élève et s'abaisse selon que la pression du pied augmente ou diminue, l'exécutant n'a plus seulement à sa disposition le contraste du piano et du forte comme autrefois, mais toutes les nuances intermédiaires. Il peut passer des sons les plus doux aux sons les plus forts, et réciproquement, par une gradation presque insensible, il peut colorer son jeu de mille manières. En un mot, grâce à cette idée si simple et si ingénieuse de la mobilité des marteaux, tous les degrés du crescendo et du decrescendo seront désormais à la disposition de l'exécutant, et le piano va devenir enfin un instrument réellement expressif. Ce nouveau piano sort des ateliers de la maison Pleyel et des mains de M. Schayrer, le premier et le plus ancien contre-maître de la maison, qui, après y avoir travaillé longtemps sous la direction du savant et ingénieux artiste dont on ne saurait trop déplorer la perte, vient de l'achever ainsi sous les yeux de M. Wolff, son habile continuateur. Les artistes et les amateurs apprécieront tout le mérite de ce nouveau système et rendront hommage aux efforts de M. Auguste Wolff, pour soutenir l'éclatd'une maison depuis.longtemps hors ligne. - C.V." Le Mercure parisien : sciences, littérature, études de moeurs, théâtres, poésie, peinture, modes, bibliographie, commerce et industrie, etc. etc. etc., 25/12/1855, p. 2-3 (gallica.bnf.fr) - Voir SCHAYRER
1859
Un artiste spécial doit bientôt venir pour nous initier aux ressources de ce
nouvel assemblage ; en attendant nous devons dire que cet instrument est
orné d'une médaille d'or obtenue à l'exposition universelle."
Revue espagnole et portugaise, 07/1859, p.
384 (gallica.bnf.fr) - Voir
1860 MONTPELLIER - "PLEYEL-WOLFF & Cie, à Paris. — 1° Un piano à queue (grand patron), 2° un piano oblique (grand patron), 3° un piano oblique (petit patron)." Compte rendu du concours régional et des expositions de Montpellier en 1860, p. 517 (gallica.bnf.fr)
1861
MARSEILLE -
"Mais la
maison qui, à l'égal de celle d'Érard, s'est maintenue sans faiblir, et
rivalise avec elle, c'est la maison Pleyel. Avec moins de force peut-être
que les pianos d'Érard, ceux de Pleyel soutiennent vaillamment les plus
dangereuses comparaisons, témoin le spécimen-modèle qui figure à notre
exposition du Chapitre.
Ce piano à
queue, grand format, à sept octaves avec barrages en fer, sillet cuivre,
meuble en palissandre, a été fabriqué spécialement pour Marseille à
l'occasion du concours régional, et l'on peut ajouter que c'est un vrai
chef-d'oeuvre du genre, si après l'avoir admiré comme aspect, on pose les
doigts sur ses touches, d'où s'échappent des sons dont l'ampleur unie à
l'égalité la plus parfaite acquièrent un nouveau charme de la légèreté du
clavier, qui se prête admirablement à toutes les impressions du jeu de
l'exécutant.
Les pianos droits de Pleyel ont aussi leur place. C'est d'abord un pianino, un
petit oblique, et enfin un grand modèle forme riche : ce dernier fait pour
remplacer en beaucoup de cas le piano à queue dont il a presque la
puissance.
NANTES - "Les meilleurs instruments de ce genre sont ceux sortant des ateliers de M. Pleyel et M. Herz, qui, tous deux, avaient à l'Exposition nantaise d'admirables et parfaits échantillons de leur fabrication. La maison Pleyel a été fondée en 1807, par Ignace Pleyel, compositeur de musique; en 1824, elle devint, sous la direction de M. Camille Pleyel, son fils et depuis longtemps son associé, une des plus importantes du continent. Cette maison fait aujourd'hui plus de deux millions affaires, fabrique 1,600 pianos par an, et occupe 500 ouvriers. Ses établissements se composent de la scierie à vapeur, avec chantiers et ateliers, situés à Montmartre; de la fabrique et de l'établissement central de la rue Rochechouart; enfin de la succursale de la rue Richelieu. Aujourd'hui, la maison est gérée par M. Auguste Wolf [sic], ancien lauréat du Conservatoire, où il professa le piano pendant cinq ans. Ancien associé de M. Camille Pleyel, il est devenu son digne successeur, en continuant son oeuvre avec succès. Dès le début de l'Exposition, la maison Pleyel, dont les pianos maintiennent partout leur supériorité, s'est mise hors de concours, proprio motu." Exposition de l'Industrie à Nantes, Dentu, 1861, p. 146
METZ - "1264. Pleyel, Wolff et Cie, 22, rue Rochechouart, Paris. Pianos." Exposition universelle de 1861 sous le patronage de S. M. l'Impératrice ..., Ville de Metz, 1861, p. 159
1862
Tous ces instruments témoignent
de l'habileté des constructeurs et de leurs efforts constants pour
perfectionnerla fabrication. Le piano à double percussion n'a dû être trouvé
qu'après plusieurs années de travaux suivis, et l'admirabie sonorité du
pédalier est certainement le fruit de longues et sérieuses méditations."
La Presse,
10/08/1862, p. 2 (gallica.bnf.fr)
Ces pianos sont transportés à des distances considérables, par
toutes les voies de terre et de mer, renversés dans tous les sens,
secoués, ballottés plusieurs mois de suite ; et, quand ils arrivent
à destination, aux extrémités d'un autre hémisphère, un ouvrier, le
premier venu, les déballe, les remet sur pied, et l'exécutant peut
s'en servir sans le secours de l'accordeur.
L'organiste est donc obligé d'apprendre l'orgue sur le piano. Les
deux instruments se ressemblent quant au clavier, mais ils différent
essentiellement quant à la manière d'attaquer la touche.
Ces pianos
sont transportés à des distances considérables, par toutes les voies
de terre et de mer, renversés dans tous les sens, secoués, ballottés
plusieurs mois de suite ; et, quand ils arrivent à destination, aux
extrémités d'un autre hémisphère, un ouvrier, le premier venu, les
déballe, les remet sur pied, et l'exécutant peut s'en servir sans le
secours de l'accordeur.
M. Auguste Wolff a suivi religieusement les traditions des deux
Pleyele en réalisant tous les progrès préparés par eux. Son piano à
double percussion est le résultat de plusieurs années de travaux
sérieux. Depuis, M. Wolff a fait établir un instrument, dit pédalier,
d'une sonorité magnifique dont nous allons esquisser le mécanisme.
Le pédalier est une des choses remarquables de l'exposition. Il
consiste en une sorte de buffet placé près du piano. Sur le devant
est le siège de l'exécutant ; ce siège s'abaisse ou s'élève à
volonté. Les pieds de l'artiste reposent sur un parquet à lames
longitudinales qui font corps avec le buffet. Selon qu'il appuie sur
telle ou telle lame, l'orgue répond.
Cet orgue qui a deux octaves
et demie, joint alors sa puissance à la sonorité du piano. Dans les meilleurs pianos, la dernière octave, et surtout la
dernière quinte, n'ont que des sons peu distincts. L'orgue est là
pour y suppléer.
Pour tempérer la gravité des grosses cordes de son
pédalier, M. Wolff a eu l'heureuse idée d'y joindre des cordes plus
fines qui produiseuten même temps l'octave supérieure. La vibration se prolonge avec plénitude. Quels avantages tirera-t-on de ce pédalier ?
Les organistes babiles ne sont pas nombreux; cela provient de ce
que les moyens d'étude leur manquent. On trouve rarement un orgue
ailleurs que dans les églises. Comment s'exercer? L'organiste est
donc obligé d'apprendre l'orgue sur le piano.
Les deux instruments
se ressemblent quant au clavier, mais ils différent essentiellement
quant à la manière d'attaquer la touche.
Quelques facteurs, frappés des inconvénients de ce système d'étude,
avaient essayé d'adopter la pédale tirasse au vieux clavecin ; mais
ce moyen, dont le seul avantage était de laisser à la main gauche sa
liberté, n'aioutait rien à la puissance du clavecin. Le pédalier
Wolff résout le problème.
Son prix restreint le rend accessible à
toutes les bourses. L'organiste pourra désormais, sans sortir de
chez lui, se familiariser avec le jeu compliqué des pédales, et le
pianiste ajoutera de nouveaux effets à son instrument."
La France à Londres en 1862 : revue de
l'Exposition universelle du Palais de Kensington. Année 32, 1862,
p. 639 (gallica.bnf.fr)
LA MANUFACTURE DE PIANOS
Une sorte de fillière, à laquelle on peut adapter des ouvertures
plus ou moins grandes, arrondit en les rabotant des baguettes,
découpées ensuite de longueur par de petites scies circulaires.
Un peu plus loin se trouve l'atelier où se façonnent les pièces en
cuivre dont la plus importante est le peigne, forte barre de laiton
dans laquelle une ingénieuse machine entaille une dentelure
régulière.
Ce peigne, réuni avec une forte pièce de bois et un autre peigne en
sens inverse, sert à constituer dans la mécanique du piano droit les
doux arêtes de la barre de marteau.
On y prépare aussi les agrafes, par où passent les cordes, les
taquets qui, posés obliquement, servent de sillets pour les limiter
en les coudant. les pointes d'attaches, et une foule de petites
pièces qui pourraient être aussi bien exécutées en fer ou en acier;
mais comme elles se voient quand l'instrument est termine, on les
fait en cuivre, par coquetterie d'abord, et de plus parce qu'elles
seraient susceptibles de se rouiller.
En descendant des ateliers du premier étage, on voit, rangées le
long des ateliers du rez-de-chaussée, les planches de chêne
destinées à former les masses des pianos a queue, et qui sont
fléchies et fixées de manière à prendre la courbure qu'elles doivent
conserver.
Les ateliers de serrurerie, qu'on a eu la précaution d'éloigner des
ateliers de montage et d'accordage, sont situés de l'autre cote de
la rue Rochechouart; ils préparent les équerres des pianos droits et
les girafes des pianos à queue, pièces en fer qui reçoivent les
pointes où s'attachent les cordes, les barres qui maintiennent
l'ossature des pianos à queue et des pianos droits.
On y prépare également toutes les autres petites pièces de cuivre et
de métal qui attachent et relient entre eux les différents morceaux
de bois de la caisse et du mécanisme.
Les ouvriers chargés de l'assemblage de la caisse, qui se termine en
entier rue Marcadet, et reçoit, rue Rochechouart, son mécanisme et
ses cordes, ont donc sous la main, et toutes prêtes, les pièces qui
leur sont nécessaires, et assemblent un piano comme les mosaïstes
font une fleur, ou plutôt comme nos compositeurs mettent en forme
une page.
– Une fois la caisse assemblée, placage compris, mais non vernie, on
l'envoie aux ateliers de la rue Rochechouart.
Là, on commence par la garnir de sa table d'harmonie et des
chevalets, grand et petit, qui mottent en relation les cordes avec
la lame vibrante.
Dans les pianos droits, la table d'harmonie ne tient pas toute
l'étendue de l'instrument, elle est continuée par une autre planche
non vibrante nommée coin dans les pianos à queue, au contraire, la
table ferme entièrement la caisse; elle est renforcée par de petites
barres en bois, sans lesquelles sa disposition parfaitement plane ne
pourrait se maintenir.
Pendant que l'on pose la table, on fait, dans les sommiers, au moyen
d'un porte-foret à archet et de vilebrequins particuliers, les trous
qui doivent recevoir d'un coté les pointes d'attache, de l'autre les
taquets obliques servant de sillets pour couper la corde; puis les
agrafes par l'onverture desquelles elle passe, puis les chevilles,
autour desquelles elles s'enroulent.
Dans les pianinos, les taquets séparés sont remplacés par un sillet
d'un seul morceau et garni de pointes.
Dans !es pianos à queue, il n'y a de taquets que pour les cordes
basses, les hautes sont coudées par une grosse pièce de cuivre
echancrée, nommée bloc.
Une forte lame de fer coudée, nommée girafe, sert d'insertion aux
attaches des cordes, et rellent tout l'instrument.
Dans toutes les formes de pianos, de fortes barres de fer
soutiennent et renforcent les barres de bois qui séparent les
sommiers.
Quand la table est vernie et que toutes les pièces préparées pour
l'attache des cordes sont solidement fixées, on livre la caisse au
monteur de cordes, qui a tout près derrière lui, son assortiment.
C'est donc de l'acier anglais et allemand qui fait les cordes hautes
de nos pianos français; les cordes basses sont renforcées d'un ni de
cuivre tréSié & Paris, depuis le n° 6 jusqu'au 40.
M. Wolff, qui continue ses travaux sur les vibrations des cordes,
essaye, en ce moment, du fil d'aluminium. plus léger que te cuivre,
qui permettrait de grossir ou d'allonger certaines cordes du médium,
et donnerait plus de force au son. L'addition du trait de cuivre aux
cordes d'acier se fait rue Rochochouartdans nn atelier spécial.
Ce travail consiste à enrouler autour des cordes d'acier de
différents numéros des fils de cuivre que l'on appelle traits; ils
sont destinés à surcharger la corde, et par conséquent à rendre le
son plus grave, puisqu'ils ralentissent les vibrations; le diamètre
du trait doit âtre calculé de toile manière que la tension des
cordes aille en croissant jusqu'à l'extrême basse, et qu'il n'y ait
pas de versant entre la dernière corde d'acier.
La maison Pleyel-Wolff possède plussieurs trous à flier qui, sous le
rapport de leur perfection, peuvent déuer toute comparaison.
Les cordes une fois posées et reglées par la main fortement gantée
de monteur, au moyen de la rotation des chevilles retenues dans le
bois par une sorte de pas de vis légèrement indiqué, on livre le
piano aux finisseurs, qui y axent le clavier dressé sur son châssis,
muni de les touches recouvertes d'ivoire et basculant sur leur
balancier, et la mécanique composée de sa barre de marteaux, ivoire,
fourches, étouffoirs, contre-touches, etc.
Tout enfin, est calculé, combiné, régie de manière à donner !e
meilleur résultat. Le piano, une fois terminé, est confié à des
artistes qui en examinent attentivement toutes les pièces une à une.
Il est ensuite garni de ses pieds, puis verni, muni de ses pédales
et de ses bronzes, et livré à l'acheteur, qui, presque toujonrs, l'a
commandé d'avance.
On trouve rarement un orgue ailleurs que dans les églises, et là.
les exigences du culte ne permettent guère de s'en servir pour
l'étude.
L'organiste est donc, dans la plupart des cas, forcé de travailler
sur un piano, et il s'y résigne d'autant plus volontiers qu'une
opinion trop généralement repandue a fait en quelque sorte de
pianiste synonyme d'organiste; et pourtant entre les deux
instruments il n'y a qu'un seul point de ressemblance, plus apparent
que réel, le clavier.
La manière d'attaquer ia touche, le doigter, le genre de musique,
tout diffère bien pius, les pédalles, cette grande ressource de
l'organiste, manque au piano.
Ce n'est cependant que par un long travail qu'on peut s'en rendre
maître et avoir ainsi à sa disposition ces magnifiques jeux de
trente-deux pieds qu'elles seules mettent en action, et qui
produisent les sons les plus graves que l'oreille puisse percevoir.
La difficulté de cette étude
consiste surtout dans un doigter particulier et fort compliqua que
l'obligation de lier les sons, même dans les passages rapides a fait
imaginer.
Déjà, bien avant l'invention du
piano, on avait essayé d'adapter un système de pédales au clavecin.
Cette invention a, plus tard, été reprise, perfectionnée et
appliquée au piano par l'un de nos plus habiles facteurs.
Toutefois il s'est borné à emprunter a l'instrument même ses
marteaux et ses cordes, mis en mouvement par tes pieds au lieu de
l'être par les doigts.
Ce système, qui a l'avantage de rendre à la main gauche sa liberté,
n'ajoute guère à la puissance de l'instrument. C'est la pédaie
tirasse de l'orgue appliquée au piano.
Un musicien distingué, M. Auguste Wolff, chef de la maison Pleyel,
Wolff et Cie, vient à son tour de créer un pédalier tout à fait
indépendant, ayant ses cordes et ses marteaux aussi bienque son
mécanisme particulier.
Cet Instrument n'est pas voluminaux et peut être introduit dans les
plus modestes appartements.
C'est une espèce d'armoire adossée un mur; l'executant s'assied sur
un banc fixé sur le devant, qui s'élève on s'abaisse à volonté; les
pédales se trouvent sous ses pieds, et il place devant lui en piano
quelconque, droit, carré ou à queue.
La hauteur du buffet, qui
permet de donner aux cordes une longueur et une grosseur inusitées,
et la largeur de la table d'harmonie, relativement fort grande pour
un instrument qui ne contient que deux octaves et demie, prêtent au
son une beauté et une puissance tout à fait particulières.
Dans les meilleurs pianos à
queue, la dernière octave, et surtout la dernière quinte, donnent
des notes aussi pour agréables que peu distinctes.
Dans le pédalier de M. Auguste
Wolff, le dernier UT est aussi pur et aussi plein que celui des
tuyaux de
flûte
de seize pieds.
Ainsi que dans l'orgue, où l'on
ajoute toujours un jeu de huit pieds à un jeu de seize pieds, M.
Auguste Wolff pour tempérer la gravité des grosses cordes de son
instrument, a eu l'heureuse idée d'y joindre des cordes plus flnes
et plus courtes, qui produisent en même temps l'octave supérieure.
La vibration des sons se
prolonge avec une plénitude remarquable.
Ce bel instrument a encore
l'avantage d'être d'un prix peu élevé; aussi nous parait-il
destiné à rendre de très-grands
services.
Médaille d'or à toutes les Expositions depuis 1827. — Hors de concours
en 1847; médaille d'honneur à l'Exposition universelle
de Paris en 1855. — Décoration accordée à M. C. Pleyel en 1834. — Membre
du jury d'admission pour l'Exposition universelle de Londres en 1862." Annuaire des notables commerçants de la ville de Paris contenant leurs noms et
adresses..., J. J. Techener, 1867 (gallica.bnf.fr)
A celle-là elle obtint la médaille d'or pour un piano carré dit
unicorde, jouissant, dit le rapport du jury de cette Exposition, d'une
grande puissance et d'une justesse de son remarquable; et pour un piano à
queue gui a paru aux amateurs, selon le même rapport, égal aux meilleurs
pianos anglais.
On accordait encore, à cette époque, à nos voisins, une
grande supériorité dans la construction des instruments, tels que pianos et
harpes; mais aujourd'hui, les élèves sont passés maîtres, et bien des
facteurs anglais pourraient, avec profit, prendre chez nous des leçons des
Pleyel, des Herz, des Wolfel, des Kriegelstein.
L'instrument exposé sur le
plain-pied de l'Exposition française, c'est-à-dire au rez-de-chaussée, par
la maison Pleyel-Wolff, est d'abord fort remarquable par son élégante
simplicité ; toute ornementation métallique en est bannie ; la couleur
sombre de son ébène, dont la caisse est construite, repose agréablement, par
son poli et sa sombre nuance, les yeux fatigues des mille feux dardés par
l'or et l'argent qui revêtent tous les produits environnants.
Les sons de
cet instrument, que M. Georges Pfeiffer sait si bien faire valoir, sont
énergiques dans les basses et d'une douceur toute particulière dans les
dernières octaves supérieures ; octaves fort aigres bien souvent chez
beaucoup de facteurs.
Si cet instrument se trouve privé de ce timbre
métallique, sentant toujours ou l'enclume ou la cloche qui domine dans tant
de pianos, c'est que M. Wolff, artiste distingué, directeur de cette maison,
attache un soin tout particulier au choix des cordes qu'il va chercher
partout où elles lui semblent les meilleures et souvent au loin ; de leur
qualité dépendant essentiellement celle du son émis.
Je n'entrerai pas dans les détails intérienrs de la fabrication de cette
maison, car ce serait répéter, en de plus mauvais termes sans doute, ce que
M. Turgan a si bien dit dans l'ouvrage qu'il consacre aux grandes usines de
France. Je résumerai donc mon travail et je signalerai seulement quatre
points principaux sur lesquels cette maison surpasse tous les facteurs
étrangers ;
1° sonorité parfaite, brillante et suave à la fois ; 2° facilité du clavier ; répétition spontanée et énergique de la note; parfaite et énergique action des étouffoirs ;
3°
pédales agissant avec indépendance, spontanéité sans aucun choc et
avec vigueur.
M. Wolff a imaginé également un pédalier servant à exercer les organistes et
à procurer, dans les grands morceaux, des effets de basse additionnels à
ceux du piano. Le prix de ce pédalier, que doit posséder tous ceux qui
étudient l'orgue, et qui a deux octaves et demie ou trente notes, est coté
un prix très-modéré.
Voici la mention officielle rédigée en français par MM. les jurés,
accompagnant les médailles accordées à MM. Pleyel-Wolff et à M. Herz,
pour la perfection dans tous les genres de pianos, et sous tous les rapports
de sonorité, d'égalité, de précision du mécanisme dans les nuances,
d'expression et de solidité. Combien cette simple mention a perdu dans la
rédaction anglaise, dont voici littéralement la traduction : Excellence dans
les pianos de toutes espèces; puissance. A peine formée, cette société a déjà remporté des palmes dans divers concours orphéoniques." Douze jours à Londres: voyage d'un mélomane à travers l'Exposition universelle, 1862, Adolphe Le Doulcet Pontécoulant, p. 136-139
LONDRES -
"Les pianos à queue grand format de la maison
Pleyel-Wolff et Cie. sont des instruments hors ligne.
Leur construction,
grâce à un emploi judicieux du fer et du bois, est à la fois solide et
légère; leur mécanique à simple échappement est d'une grande perfection:
leur sonorité pure et chantante joint au timbre distingué qui caractérise
depuis longtemps les pianos de cette maison, la puissance qui leur manquait
autrefois.
Le jury a constaté les mêmes progrès daus le
piano à queue petit format, et le piano grand oblique. Ces instruments ont
une excellente sonorité et présentent une construction très-soignée.
Le jury
a vu également avec un vif intérêt le pédalier de M. Wolff, véritable
service rendu aux organistes, qui pourront désormais étudier aisément la
pédale.
Les membres du jury qui ont garde le souvenir
de l'Exposition de 1855, ont pu constater les améliorations importantes
réalisées dans la fabrication de la maison Pleyel; elles sont l'oeuvre de
son directeur actuel, M. Auguste Wolff, qui a su concilier les sages
traditions de son prédécesseur avec les progrès de la mécanique et les
exigences nouvelles de l'art."
Rapports des membres de la section française du jury
international sur l'ensemble de l'exposition. M. Michel Chevalier,
Exposition universelle de Londres de 1862, p. 207-208 (gallica.bnf.fr)
LONDRES -
"The award to Messrs. Pleyel, Wolff, and
Co. (France, 1686) is on the same ground as to Messrs. Herz. They
exhibit three grands, one in ebony handsomely carved, the other a plain
one, and the third a smaller size.
The iron bracing is somewhat similar to
that of Messrs. Herz, but has only three bars, connected together by
cross struts. The action is on the English plan.
Messrs. Pleyel also exhibit an upright
with oblique strings, fitted with a pedal clavier of two and three
quarter octaves. This lays upon a com lete separate piano, standing
upright bind the seat of a player.
There are four strings to each note, two
giving the unison, and two the octave below, which are all struck by one
hammer, the action being precisely like that of an ordinary piano, but
on a very much enlarged scale. The tone is very powerful and the action
very effective."
Reports by the Juries on the subjects in the
thirty-six classes into which ..., 1862, p. 147
BORDEAUX -
"L'industrie parisienne a été très dignement représentée à
l'exposition de Bordeaux en ce qui concerne la facture des pianos. On lit en
effet dans le rapport qui vient d'être publié sur cette exposition : DIPLÔME
D'HONNEUR. [...]
« MM. Pleyel, Wolff et Cie, de Paris (rue Rochechouard, 22), qu'une
médaille d'honneur obtenue à l'exposition universelle de 1855 ne nous permet
pas de classer, avaient bien voulu enrichir l'exhibition bordelaise de
quelques beaux pianos qui n'ont pas trompé l'attente des connaisseurs.
La
supériorité incontestée de cette maison s'est une fois de plus montrée dans
tout son éclat, et le jury joint ses remerciemens à ceux que la société
philomatique croit de son devoir d'adresser à ces éminens facteurs."
Journal du Loiret, 22/01/1862, p. 3
(Aurelia.Orleans.fr)
In 1851 werd de spanning der snaren voor eene
groote piano berekend op 11 000 tot 12 000 Ned. pond, in 1862 bedroeg de
spanning voor dezelfde soort piano's meer dan 16 000 Ned. pond, welke
buitengewone middelen ter versterking moeten worden aangewend, om zangbodem,
enz. tegen deze geweldig verstorende kracht te beveiligen!
1863
NÎMES -
1865 TOULOUSE - "Le Jury a eu à juger vingt-neuf pianos envoyés à l'Exposition par dix fabricants. A leur tête se place la maison Pleyel, qui présente un piano à queue; un piano à queue grand modèle oblique; un piano petit modèle oblique; un piano vertical. L'ancienneté de cette maison, la juste réputation qu'elle s'est acquise pour la bonté de ses produits, le grand nombre de récompenses qu'elle a obtenues dans les Expositions de Paris et de Londres, au nombre desquelles figure la croix de la Légion-d'Honneur et la grande médaille de Londres en 1862 honoris causa ont dû le faire mettre hors de concours." Exposition des Beaux-Arts et de l'Industrie à Toulouse, dans les bâtiments de l'ancien monastère des Jacobins : Année 1865, p. 329 (rosalis.bibliotheque.toulouse.fr)
1867
Si donc la musique, par sa
nature et son expansion, est la parole universelle, il n'est pas alors
superflu de nous occuper des moyens mécaniques imaginés par l'homme pour
l'imiter, la produire, et lui faire exprimer et développer ses idées.
Au
nombre de ces moyens, le premier est sans contredit, aujourd'hui, le
piano, qui résume en lui seul tout un orchestre, qui ainsi réduit, se
trouve à la portée de tout individu. Pendant longtemps la maison Erard tint dans ses mains le sceptre de la
facture; mais un rival audacieux vint un beau jour établir sa tente dans
les environs de ses domaines.
Faible d'abord, il n'inquiéta pas, mais en
peu de temps il fit de grands progrès, et bientôt on vit deux maîtres
occuper le trône de la facture française.
Cet andacieux rival fut Ignace
Pleyel, qui, fatigué des défauts qu'il rencontrait dans les instruments,
résolut, en 1807, de joindre à sa qualité de compositeur émérite, celle
de l'habile ouvrier.
C'est, n'en doutons pas, à cette alliance des
grands artistes aux bons facteurs, que l'on doit aujourd'hui le
perfectionnement progressif des instruments.
Ignace Pleyel commença modestement, et son établissement ressemblait
assez à celui de ces marchands de musique que nous voyons dans Paris,
joignant à leur industrie la vente et la location des pianos.
J'ai été un des clients du magasin de I. Pleyel, je me souviens encore
d'une certaine ouverture de la Cosa-rara, arrangée pour quatre mains,
dont l'exécution fit pendant longtemps les délices de ma famille.
Après
chaque exécution elle basait sur moi de bien grandes espérances, mais
elles se trouvèrent anéanties par une très-facile sonate de Steibelt
dont je n'ai jamais réussi à jouer nettement les premières mesures, et
cependant Louis Piccini fut mon maître.
Si je suis resté une mazette,
est-ce la faute de l'instrument, est-ce celle du professeur ou de
l'élève ?
Je crois que la faute en est à tous les trois. Après dix-sept ans de travail, satisfait de son entreprise, I. Pleyel,
confia la direction de son commerce et de ses ateliers à son fils
Camille, compositeur distingué et exécutant remarquable.
Si la facture
instrumentale s'enrichit d'un maître habile, la musique perdit un
compositeur émérite, car livré tout entier à la fabrication, Camille
Pleyel n'écrivit plus.
Reconnaissant, cependant, combien était
avantageuse pour la fabrication des instruments, l'union de la puissance
intellectuelle de l'artiste, au savoir mécanique de l'ouvrier, il
s'associa le célèbre pianistecompositeur Frédéric Kalkbrenner. Ainsi
artistiquement soutenu, C. Pleyel ne s'occupa plus que de la manufacture;
il étudia la fabrication étrangère et introduisit plusieurs procédés,
alors peu employés.
L'instruction de la musique étendant chaque jour ses racines dans
l'éducation et se popularisant, il fallut donner plus d'activité à la
production des instruments.
C'est alors que l'on vit la fabrication se
concentrer pour obtenir un meilleur compte. C'est à ce moment que les
maisons Érard, Pleyel, Herz, Pape, fondèrent de grands établissements où
toutes les parties de l'instrument se faisaient sous leurs yeux.
Puis nous voyons C. Pleyel intéresser ses ouvriers, non-seulement aux
travaux de la maison, mais aussi à la vente des instruments. Par cette
grande et morale innovation, il sut attacher l'ouvrier à la fabriaue et
il favorisa ainsi le travail en ietant l'aisance parmi les travailleurs.
Plus tard, on vit, par l'iniitiative et les soins de M. A. Wolfï, un
Orphéon s'organiser dans le même établissement ; cette intéressante
création fit que l'ouvrier qui participait déjà au bien-être financier
de la maison participa également par degré à des satisfactions
intellectuelles qui lui étaient jadis si rarement permises.
Mais ce
n'est pas tout encorë car M. WolfF, forma récemment parmi eux une
société de secours mutuels, un apprentissage pour les fils de ses
ouvriers, et fonda une bibliothèque gratuite à leur usage.
Le chef de la maison Pleyel sut se faire une fort grande réputation avec
une modestie bien rare aujourd'hui. Mais ce chef épuisé par le travail
sentant sa santé s'altérer, ses forces diminuer, et prévoyant la maladie,
ne voulut pas être pris au dépourvu, il se prépara dans M. Auguste Wolff
un successeur.
Bon musicien, pianiste distingué, ce lauréat du
Conservatoire, compositeur habile, réunissait toutes les qualités
désirées dans un facteur, il ne lui manquait que la pratique de l'établi:
M. Wolff se fit ouvrier.
Il passa par toutes les divisions de la
fabrication, et à l'aide de cet apprentissage laborieux et fatigant, il
sut prévenir bien des erreurs, beaucoup de pertes de temps; il put enfin
raisonner son art, commander et continuer dignement les travaux de son
prédécesseur.
Ces études auxquelles se livra M. Wolff lui montrèrent les défectuosités
du piano, lui signalèrent les parties sur lesquelles il fallait diriger
les perfectionnements; c'est donc sur elles que portèrent ses recherches
et ses méditations.
La science est souvent folle et dangereuse quand
elle se présente toute seule à l'artiste, mais ses ressources sont
immenses lorsque, comme chez M. Wolff, elle se rencontre unie à un esprit
chercheur et à des mains habiles.
La fabrication du piano devait espérer
beaucoup d'améliorations d'une pareille réunion. M. Wolff marcha sur
les traces de son honorable prédécesseur qui, lui aussi, était un
profond penseur et un chercheur infatigable. En voici quelques preuves :
En 1811, M. C. Pleyel, peu satisfait des cordes métalliques faites en
France, l'entrée des cordes de provenances étrangères, anglaises ou
allemandes, étant alors prohibée, parvint, après des recherches
multipliées et dispendieuses, à en fabriquer qui obtinrent, après de
nombreux essais, l'approbation de l'Académie des sciences qui, sur le
rapport de MM. Stany et Charles, déclara que les cordes Pleyel étaient
aussi sonores que les cordes de Nuremberg et qu'elles avaient une plus
forte cohésion.
Aussitôt que M. I. Pleyel eut placé son fils à la tête de la fabrication
de pianos, celui-ci remarquant que si les unissons augmentent le volume
du son, ce n'est jamais en proportion du nombre de cordes, chercha à
remédier à l'inconvénient qu'offrait le sou de l'instrument, produit
composé de deux ou trois sons simples. Nous voyons donc, en 1825, M. C.
Pleyel construire un piano droit dont chaque note se composait d'une
seule corde, mais d'une grosseur plus forte.
Ce ne fut pas sans peine
qu'il parvint à monter ces cordes au diapason des petites; toutes
cassaient sur les pointes; il n'y parvint qu'en substituant sur le
chevalet et sur le sommier de très-grosses pointes aux petites, en
diminuant la longueur des cordes et en allégeant la table d'harmonie du
poids dont elle était chargée dans les pianos ordinaires.
Il était
arrivé, par ces moyens, à faire rendre le fa le plus aigu d'un piano
unicorde à six octaves, à une corde d'acier de Nuremberg, n° 6/0,
employée ordinairement pour l'extrême basse. Déjà, à cette époque, C. Pleyel faisait usage, dans la construction de
ce piano, d'un cadre en fer et d'un sommier de pointes en cuivre, afin
de résister au tirage des cordes et d'augmenter ainsi la durée de
l'accord et de supprimer entièrement le fond des caisses.
M. C. Pleyel, ne pouvant laisser inaperçue l'idée des pianos droits dont
se préoccupaient nombre de facteurs, comprit qu'il y avait beaucoup à
perfectionner pour faire adopter ces petits instruments par le public,
et le résultat de ses recherches fut la construction de ses grands
pianos obliques que nulle maison n'est parvenue encore à surpasser en
sonorité et en égalité.
En 1828, M. C. Pleyel adapta aux instruments, construits dans sa maison,
un sommier dit prolongé, formé de trois lames de chêne croisées,
recouvertes d'un panneau en fonte de fer se prolongeant sur la table
d'harmonie.
La partie qui recevait les pointes où se trouvaient
attachées les cordes était garnie d'une lame de cuivre. Cette lame se
trouvait fixée sur le sommier par deux rangées de vis. L'instabilité et l'inégalité des parquets offrant de grandes difficultés
à l'aplomb des instruments carrés, M. C. Pleyel chercha, en 1829, à y
remédier par l'application, aux caisses des pianos de cette catégorie,
de pieds en forme d'X et à bascule.
Le mouvement du coffre s'opérant sur
l'axe de l'un des X seulement, le piano était ainsi toujours maintenu
parfaitement d'aplomb. M. C. Pleyel proposa, en 1830, un moyen de conserver intactes les tables
d'harmonie que les variations de l'atmosphère et les changements
faisaient si souvent gercer.
Ce moyen consistait dans les placages à
contre-fil de ces tables avec un bois droit. Nous voici parvenu à l'Exposition de 1844, et nous y remarquâmes un
instrument de M. C. Pleyel, auquel cet habile facteur avait fait
l'application d'un mécanisme au moyen duquel, en touchant une suite de
notes, on obtenait simultanément deux sons, soit à l'octave du son
principal, au grave ou à l'aigu, soit tout autre intervalle en
établissant la communication de la note principale aux marteaux de son
octave.
Le pédalier et son système de communication étaient coupés en
deux moitiés pour pouvoir jouer simple d'une main et doubler de l'autre,
ou doubler des deux mains. Au moment même où la mort allait frapper cet infatigable facteur, il
faisait breveter (1855) de nouveaux perfectionnements au mécanisme du
piano.
Pendant longtemps le mécanisme anglais fut le seul employé avec quelques
modifications, dans la maison Pleyel ; les premières recherches de M.
Auguste Wolff, en prenant la direction de la maison, furent dirigées
vers ce mécanisme, après bien des tâtonnements, après bien des essais,
il fit paraître le résultat de ses travaux, et en 1863, il prit un
brevet pour un mécanisme qui, en conservant les principes et les
qualités de l'échappement simple, lui assure, au moyen de pièces
auxiliaires, tous les avantages du double échappement.
Ce travail est
remarquable par sa simplicité, et surtout par sa fixité que rien ne
saurait déranger, ni ballottement, ni secousses imprévues. Le modèle de
ce mécanisme, exposé dans les galeries du Champ-de-Mars, est fort
apprécié des connaisseurs. M. Wolff en 1857 a conçu un pédalier d'une grande simplicité et qui
repose sur un principe dont Krumpholz le célèbre harpiste avait fait
usage dans le siècle dernier.
Ce pédalier forme pour le piano une
véritable estrade, les touches sont construites comme celles de l'orgue,
les marteaux frappant les cordes disposées comme dans les pianos à
queue. La plus longue corde sonne l'ut grave du tuyau de huit pieds, et
offre un développement de deux mètres cinquante centimètres de la pointe
à la cheville.
Les cordes reposent sur une table d'harmonie fixée aux
éclisses. L'étendue générale du pédalier est de deux octaves et une
quarte UT Ut ut fa; les dix-neuf premières cordes sont filées. Depuis,
l'époque du premier pédalier, son auteur, M. Wolff, lui a apporté des
perfectionnements, et y a ajouté une corde nouvelle, sonnant l'octave la
première.
Nous voyons donc que la maison Pleyel et Wolff, quoique se maintenant
toujours dans la même voie, sans transformer essentiellement, comme elle
le dit elle-même, aucune des parties organiques du piano, en a cependant
modifié les détails et amélioré la fabrication des principales pièces. M. Aug. Wolff est un de ces producteurs consciencieux qui travaillent
pour l'honneur de l'art: chez lui le charlatanisme n'a pas de prise.
La
maison, dont il est aujourd'hui le directeur, ne connaît ni le faste ni
l'hyperbole de la réclame. Elle a peut-être tort aux yeux de certaines
personnes qui nous ont prouvé qu'il est quelquefois très-bon de faire
parler de soi et d'emboucher la trompette pour son propre compte. Le plus bel éloge que l'on puisse faire des pianos de la maison Pleyel
et Wolff est dans les instruments eux-mêmes. Comme la mère des Gracques,
elle vous dit : Voyez, mes enfants, voilà ma richesse.
L'amateur peut
aller dans les beaux salons de la maison Pleyel et choisir en aveugle,
il est certain d'avoir un bon instrument, car aucun d'eux n'est
introduit dans les salles de vente sans avoir été revu attentivement
dans toutes ses parties par M. Aug. Wolff.
Malgré la place si défectueuse occupée par les instruments de la maison
Pleyel et Wolff à l'Exposition, écoutez MM. Ritter et Pfeiffer faisant
courir leurs doigts sur l'ivoire des claviers, et vous serez obligés
d'applaudir les éminents artistes et de donner votre approbation à la
belle qualité du son des instruments, à sa rondeur, à sa suavité.
Quant
à la légèreté et à la docilité du mécanisme, les exécutants vous la font
apprécier par la dextérité et la vélocité même de leur jeu. Dès son entrée dans la carrière, M. C. Pleyel se présenta à toutes les
expositions de l'industrie, et à toutes, la maison Pleyel fut dignement
récompensée. En voici la preuve puisée dans les rapports des différents
jurys :
1827. Médaille d'or pour un piano carré, dit unicorde, jouissant d'une puissance et d'une justesse de son remarquable, et un piano à queue à trois cordes qui a paru aux amateurs égal aux meilleurs pianos anglais. 1834. Rappel de médaille d'or. Deux pianos, table d'harmonie de sapin, plaquée en érable. (Á la suite de cette exposition, M. C. Pleyel reçut la croix de la Légion d'honneur.) 1839. Rappel de médaille d'or. Piano carré qui, au concours, a obtenu le n° 2. 1844. Rappel de médaille d'or. Facture en général, et son mécanisme à double percussion. 1849. La maison Pleyel exposa ses instruments, mais son chef ayant été désigné comme délégué par la réunion des facteurs, M. C. Pleyel fut mis hors concours. 1855. Médaille d'honneur à la maison Pleyel, représentée par M. Aug. Wolff. 1862. Exposition universelle à Londres. Prize medal, avec cette mention spéciale : Perfectionnements dam tous les genres de pianos, puissance et égalité de son, précision du mécanisme et solidité. Le gouvernement français ajouta à la récompense obtenue, celle de la croix de la Légion d'honneur, dont fut décoré M. Aug. Wolf, chef de la maison. 1867. Nommé membre adjoint du jury international, M. Aug. Wolff se trouva placé hors concours. Si la maison Pleyel-Wolff' n'a pas reçu de récompense de la Commission impériale, le succès de ses instruments et les approbations du public l'en ont dédommagée durant toute la durée de l'exposition. Honneur à la maison Pleyel et Wolff. Le commerce est la richesse des nations, les arts en sont la parure; telle était la pensée de M. le duc de Doudeauville en 1823. Aujourd'hui cette pensée s'est agrandie; car en 1867, les arts ne sont plus chez nous une simple parure, ils sont un besoin. Ils forment le vêtement nécessaire, indispensable à toutes les nations. Ces arts que l'on comptait à peine il y a quelques années dans le budget commercial de la France, y prennent maintenant une part qui augmente à chaque instant. En 1855, la maison Pleyel occupait quatre cents ouvriers et construisait douze à quatorze cents pianos ; aujourd'hui la production de la maison Pleyel-Wolff est de deux mille cinq cents instruments. Nous disons «bravo ! » à la maison Pleyel, nous sommes heureux de sa prospérité, prix de la constance dans le travail, du sage emploi des capitaux et du développement de l'intelligence." La musique à l'Exposition universelle de 1867, Louis-Adolphe le Doulcet Pontécoulant, p. 61-68
PARIS - "Les Pleyel excellent par la netteté du son, et par l'égalité parfaite du clavier, dont les notes se déroulent comme un chapelet de perles. La partie supérieure est très-remarquable; jouée à messa voce, elle a des sons de flûte : mais que les frappeurs se rassurent, ces pianos-là font autant de bruit que n'importe lesquels de leurs confrères; seulement, ils sont tellement clairs et précis, qu'on peut dire d'eux qu'ils jouent net en dépit du pianiste." Moniteur des pianistes, 20/06/1867, p. 27 (gallica.bnf.fr)
PARIS - "La maison Pleyel avait convié dernièrement l'élite des artistes et des amateurs à l'audition de ses nouveaux pianos à système croisé. Nous avons reconnu dans ces magnifiques instruments une extraordinaire puissance de son unie à cette extrême délicatesse de toucher, qui est le caractère des pianos Pleyel. Il y a là une véritable supériorité; c'est un progrès : le type du piano de grand concert est trouvé; il n'y a pas, croyons-nous, à chercher mieux, et la maison Pleyel peut faire établir le nombre que bon lui semblera de ces nouveaux pianos; ils ne resteront pas longtemps dans les magasins." Moniteur des pianistes, 20/01/1870, p. 8 (gallica.bnf.fr)
NOUVEAUX PIANOS À QUEUE, À CORDES CROISÉES De la maison Pleyel, Wolff et C°. PARIS - "D'étape en étape, de conquête en conquête, l'art du facteur de pianos est arrivé à un point de perfection qu'il semble bien difficile de dépasser. L'idée féconde de Gottlob Schrœter nous a conduits en un siècle, à travers mille tâtonnements, aux magnifiques instruments des Erard, des Pleyel, des Herz, des Broadwood, des Steinway, des Chickering, élargissant à l'infini, sur son chemin, le champ de la fantaisie et donnant des ailes à l'imagination. Les colonnes d'Hercule sont-elles donc posées ? Hier, elles paraissaient l'être; aujourd'hui, voici un progrès nouveau; et qui sait ce que l'avenir nous réserve encore ? Qui peut dire ce que trouvera un jour quelque ingénieux chercheur, pour parer à des inconvénients auxquels nous nous sommes habitués, ou que nous ne soupçon nons même pas? Il est si loin de nous déjà, ce pauvre forte-piano dont l'apparition mit Londres en émoi en 1767, lequel, au dire des gens entendus, ne parviendrait jamais à détrôner le « majestueux clavecin » et dont la mode devait passer, absolument comme celle de Racine et aussi du café ! Le système des cordes croisées, dans lequel les grosses cordes filées passent par-dessus celles du médium, en les coupant à angle très-ouvert, est d'origine russe; mais il est surtout connu par les applications qu'en ont faites les facteurs américains Steinway et Cie, de New-York. En le mettant en œuvre à son tour, la maison Pleyel ne prétend donc pas avoir innové; mais comme il faut que les esprits d'élite se distinguent toujours par quelque chose de personnel, même dans leurs emprunts, ce principe du croisement, imaginé pour renforcer la sonorité par la réunion de la plus grande somme d'harmoniques possible, mais qui avait laissé subsister, comme on put le constater lors de l'Exposition universelle de 1867, une certaine confusion dans la résonnance des sons graves, — ce principe du croisement vient de regagner tous ses avantages par le simple déplacement du point de correspondance des nœuds de vibration, qui rend au son sa netteté en l'empêchant d'être sollicité par d'autres harmoniques que par les siens. Nous ne serions pas surpris que les belles découvertes acoustiques et physiologiques de Helmholtz eussent quelque part^dans ce résultat. En somme, il ressort de l'audition et de l'examen des nouveaux instruments que les basses et le médium ont gagné en intensité sans perdre en clarté; le son Pleyel reste ce qu'il était, plein de distinction, de rondeur, de moelleux, se modifiant merveilleusement sous la main; il est seulement devenu plus accentué et plus incisif. Le système des cordes croisées ne parait guère praticable pour les pianos droits; quant aux pianos carrés, qui sont aux États-Unis l'article courant, ils sont absolument délaissés en France. On s'est donc borné, provisoirement du moins, aux pianos à queue. MM. Pleyel-Wolff avaient convié dans leur salle de concerts, le 17 janvier, un bon nombre de virtuoses et de professeurs à une véritable fête de famille, dont le but était de faire apprécier, par un public spécial et compétent, leur récent perfectionnement, et à laquelle rien n'a manqué, pas même les rafraîchissements, pas1 même la note gaie. En effet, après Georges Pfeiffer et sa transcription de l'ouverture d"Egmont, après Camille Saint-Saëns et sa transcription du chœur des Derviches des Ruines d'Athènes, précédée d'une Ballade de Chopin et de la Mandolinata de Paladilhe; après Schulhoff et son Idylle, après Georges Mathias et ses deux morceaux: Romance et Fantôme, MM. Saint-Saëns et Schulhoff ont gratifié l'assistance de l'attrayant spectacle, — car spectacle il y avait, — d'une improvisation à deux pianos sur Chantons victoire, de Haendel. Chacun reprenait le thème à son tour, laissant à l'autre le champ libre pour l'orner à sa fantaisie; il y a eu la variation brillante et la variation savante, agrémentées de quelques innocentes malices d'écolier (nous ne dirons pas de quelle part elles venaient), lesquelles ont à maintes reprises déridé l'assemblée. Et l'on s'est séparé sur le dénoùment pacifique de ce tournoi à armes courtoises, en emportant de cette séance les meilleures impressions, et se disant qu'on a bien rarement vu, sauf aux examens annuels du Conservatoire, un pareil concours de pianistes. Charles Bainnelier." Revue et gazette musicale de Paris, Volume 37, 30/01/1870, p. 36
PARIS - "Pianoforti a coda. - [...] La casa Pleyel, Wolf e Comp. aveva due pianoforti a coda perfettamente simili e belli come mobili. Sul principiare dell'esposizione nessuno osava pronunziarsi su questa tanto antica quanto rinomata casa del defunto Pleyel; malgrado l'impressione non troppo favorevole ricevuta si aspettava sempre qualche giudice più competente; ma più tardi questi strumenti ebbero tutta l'esposizione contro. Difatti a questi pianoforti si sentiva il contrasto troppo pronunziato fra le corde ed il tompagno; le vibrazioni delle corde non erano assimilate con le oscillazioni della tavola armonica, dimodochè la voce era chiusa e stretta. Gli acuti erano vivi, ma duri; bisogna dire che l'accordatore della casa li teneva sempre accordati a perfezione e perciò fecero mediocre figura. Cosi anche l'aggiunzione al suo meccanismo, esposto con tre tasti in una cassetta a vetrina: nei tasti degli acuti col piccolo martello, faceva bene l'effetto della ripercussione, ma nei bassi col martello nn poco più pesante l'effetto mancava interamente, perchè tutto ricadeva assieme col tasto; se si dava la forza per trattenere il martello con la molla, allora il tasto diveniva duro sotto le dita ed il martello tremolava perchè non era tenuto dal freno. Oltre a ciò i tasti non si potevano togliere che con molta difficoltà. Abbiamo voluto aggiungerne il disegno qui fig. 217, Atl. Tav, 8; forse potrebbe giovare per qualche altra idea, ed anche per una nostra giustificazione. La casa ha preso per questo meccanismo una privativa. Anche questa firma era fuori concorso. [...] Pianoforti verticali. - [...] Di Pleyel-Wolf e Comp. in verità abbiamo suonato altrove dei pianoforti verticali superiori a quelli esposti, però erano dei finilissimi lavori anche questi." Il Pianoforte, guida pratica per costruttori, accordatori, etc., Sievers, 1868, p. 220/226 - les images (on-line)
1871
1872
La maison Pleyel a exposé deux pianos droits à cordes obliques et
deux pianos à queue dont un grand modèle de concert à cordes
croisées, très-remarqué pour sa puissance de son et son mécanisme
perfectionné."
Journal officiel de la République française,
18/11/1872, p. 7091 (gallica.bnf.fr)
Là, autant qu'on
en a pu juger par des auditions séparées, la supériorité appartenait
aux exposants français. Trois pianos de modeste apparence, mais
d'une exécution finie et d'une grande perfection artistique, se
présentaient sous le patronage des grands noms Sébastien et Pierre
Erard.
La haute perfection donnée à ces instruments par les
améliorations et les inventions de ces deux grands facteurs se
maintient sans faiblir.
Il y a là une grande industrie qui se soutient de la façon la plus
heureuse au point de vue commercial sans que l'art y perde rien. Une
rivalité féconde anime et conduit au succès la maison Pleyel, Wolff
et Cie, qui dispute énergiquement le premier rang à celle que nous
avons citée d'abord.
Je suis heureux de pouvoir insérer ici quelques
renseignements qu'a bien voulu me fournir le chef actuel de cette
maison, M. Wolff, membre du jury international en 1867; ces
renseignements concernent à la fois la grande entreprise qu'il
dirige et la facture française en général. Ce qui caractérise une grande maison comme celle de MM. Pleyel,
Wolff et Cie, ce sont d'abord des approvisionnements considérables
de bois de toutes essences (valeur d'un million de francs environ)
dans un vaste chantier (620 ares de superficie).
Ces bois sont
empilés en plein air, sous des hangars ouverts, dans des séchoirs au
nombre de deux, cubant chacun 3,600 mètres. Pour compléter cet
aménagement, M. Wolff fait construire en ce moment une étuve
destinée à sécher le bois par un procédé qui lui est propre et dont
il espère de fort bons résultats. On y pourra sécher environ 500
stères de bois en une seule opération. Dans cette usine ainsi approvisionnée sont occupés 600 ouvriers sur
lesquels s'étend un patronage fortement organisé. Cette organisation
a pour traits essentiels :
1° une société de secours mutuels, qui,
outre les secours en cas de maladie ou d'accident, fournit une
pension de 365 francs aux ouvriers âgés de 60 ans et ayant travaillé
au moins trente ans dans la maison (25 pensionnaires sont
actuellement en possession de ce bienfait);
2° une caisse de prêts
aux ouvriers ;
3° une école pour leurs enfants ;
4° un apprentissage
avec caisse spéciale pour les jeunes apprentis ;
5° un orphéon ;
6°
une société d'archers ;
7° une bibliothèque;
8° quatre bourses à
l'école commerciale;
9° placement facultatif des fonds des ouvriers
à la fabrique au taux fixe de 5 p. 0/0 (le capital placé s'élève en
ce moment à 2 50,000 francs environ). Quant à la partie technique de ses travaux, la maison Pleyel, Wolff
et Cie croit pouvoir citer à son honneur, dans la période des vingt
dernières années, les travaux, perfectionnements ou inventions qui
suivent : 1° création d'un instrument à clavier de pédales, nommé pédalier et destiné à faciliter aux organistes l'étude de leur instrument; l'importance de cet instrument repose sur ce fait, que l'organiste ne peut facilement étudier le jeu des pédales à l'église à cause des nécessités du service religieux, ni dans les écoles spéciales, qui sont seulement au nombre de deux, le Conservatoire national de musique et l'Ecole spéciale de musique religieuse ; 2° invention d'un échappement double pour pianos à queue ; 3° construction de pianos à queue, à cordes croisées, d'après des principes propres à cette maison; 40 construction d'un clavier transpositeur pouvant s'adapter aux pianos et aux orgues, et permettant de transposer dans tous les tons ; 4° nombreux travaux d'acoustique en vue du perfectionnement des pianos, études du mouvement vibratoire des cordes, construction d'un tonomètre d'après le principe de Scheibler (méthode des battements), etc. La maison Pleyel, Wolff et Cie déclare fabriquer annuellement 2,750 pianos. Jetant un coup d'œil général sur l'industrie française, on peut diviser en deux catégories les fabricants de pianos. Dans la première sont les véritables fabricants, ceux qui construisent entièrement le piano, c'est-à-dire au moyen de bois achetés bruts, débités et desséchés par eux; font le barrage, la caisse, le tablage, la finition, la mécanique, le vernissage, etc. ; fabriquent les tôles, les cuivres, la serrurerie, la quincaillerie spéciale; en un mot, ceux chez lesquels il entre des arbres et d'où il sort des pianos finis. Ainsi opèrent complètement les maisons S. et P. Erard, et Pleyel, Wolff et Cie, puis, un peu moins complètement, celles de MM. Henri Herz, Bord, kriegelstein. Les autres facteurs rentrent dans la seconde catégorie; ils achètent, en tout ou en partie, les éléments constitutifs du piano chez des fabricants spéciaux, tels que Schwander, Rohden, pour les mécaniques, Corbeel, Bôhne, pour les claviers, etc. Leur industrie consiste à assembler ces éléments fabriqués par d'autres; trop souvent elle ne tient aucun compte du rôle artistique de l'instrument et ne se préoccupe que de fournir au moindre prix de revient un meuble d'un joli aspect, dont le bon marché assure le facile placement.
Cela est particulièrement vrai pour beaucoup de
petits fabricants de pianos droits, obliques et surtout
demi-obliques."
Rapport / Expositions internationales, Londres
1872 ; France, Commission supérieure, édité en 1873, p. 112-114 (gallica.bnf.fr)
LONDRES -
"9. The four pianos shown by the firm of Pleyel cannot be be too
highly praised. The mechanism in all of them is well carried out.
The tone is pleasant, singing, and powerful, and devoid of the
“metallicism,” if one may say so, of foreign pianos, wherein much
iron is introduced. Messrs. Pleyel use wrought iron now, instead of
cast-iron, as formerly.
In their semi-grand instrument they
meet with the difficulty of the tone influenced by the superposing
of the lower strings over the middle ones, and the variation of tone
is perceptible to some extent.
In their concert grand, although a
precisely similar arrangement is resorted to, the tone is even,
full, and “singing” throughout. In this instrument Messrs. Pleyel
introduce their recently-perfected repetition action, which seems to
be capable of easy regulation, so that the repetition may be
obtained by the movement of the hammers a half, a quarter, or an
eighth the usual striking distance. The tuning-pin block in all
Messrs.
Pleyel's instruments is of wood; the
strings pass, through brass studs fixed into the wooden block, to
the wrought iron string plate or sommier. The lid to protect the
tuning pegs is a useful addition."
Journal of the Royal Society of Arts, 1872,
p. 890-891
LYON - "Les
pianos Pleyel font concurrence à ceux d'Erard, mais ils sont
inférieurs au point de vue de la solidité. Quelques artistes les
préfèrent, parce que, disent-ils, les sons en sont moins cuivrés.
Mais les goûts sont si divers !"
Nouvelle technologie des arts et métiers des
manufactures, des mines, de l'agriculture, 1872, p. 223
(gallica.bnf.fr)
1874
PARIS -
"La maison Pleyel-Wolff a
exposé les principaux modèles de son importante et consciencieuse
fabrication.
Plus préoccupé de faire ses preuves
au point de vue factural qu'au point de vue décoratif, M. Wolff n'a
exposé que des types de sa fabrication courante; le seul luxe qu'il
se soit permis, luxe sévère et de bon goût, a été de faire polir les
barrages en fer de ses grands instruments, au lieu de les mettre en
couleur comme on le fait d'habitude.
Les instruments de cette maison se
sont fait remarquer par leurs qualités habituelles : sonorité
distinguée et chantante, clavier facile et obéissant, qui permet à
l'artiste de faire le son, étouffement parfait, absences de fausses
résonnances dans les basses.
On a surtout admiré le piano à queue
petit format, à cordes croisées, qui réunit sous un petit volume
toutes les qualités d'un grand instrument.
Sans aucun doute, ce
charmant piano serait insuffisant dans une grande salle de concert;
mais, dans un salon, que de ressources ne présente-t-il pas !
C'est par un emploi judicieux des
cordes croisées que M. Wolff a pu donner à ce petit modèle des
basses dont la sonorité a une ampleur vraiment remarquable.
Il est bien à désirer que ce petit
modèle, dont le prix est très-modéré, contribue à ramener en France
l'usage du piano à queue, si supérieur au piano droit pour
l'accompagnement du chant et l'exécution de la musique d'ensemble."
Bulletin de l'Union centrale. Revue mensuelle
des beaux-arts appliqués à l'industrie, 01/08/1874, p. 57 (gallica.bnf.fr)
1876
PARIS -
"PLEYEL, WOLFF ET Cie - Hors
concours. - MM. Pleyel, Wolff et Cie ont exposé des pianos dont nous
n'avons rien à dire au point de vue de la fabrication de
l'instrument.
Nous ferons remarquer, seulement, que
les caisses qui les contiennent sont gracieuses et bien exécutées."
Bulletin de l'Union centrale. Revue mensuelle
des beaux-arts appliqués à l'industrie, 01/08/1876, p.
185 (gallica.bnf.fr)
ORLÉANS -
"Exposition des Arts appliqués à l'Industrie. Nous avons exposé à
différentes reprises les raisons qui ont empêché le jury de faire
bénéficier les fabricants d'instruments de musique des récompenses
dont il disposait.
On ne sera donc que
médiocrement surpris d'apprendre que les fabricants de pianos
n'aient été l'objet d' aucune distinction. Le programme de l'Union
centrale peut donner lieu à des critiques et, pour notre part, nous
l'avouons, nous comprenons difficilement que cette association ne
considère dans un piano que sa structure extérieure, n'y voie qu'un
meuble de luxe, et ne se préoccupe en aucune façon de la valeur
musicale de l'instrument; mais le jury n'avait point à tenir compte
de ces considérations, et, en somme, on ne peut le blâmer d'être
resté fidèle à la mission qui lui avait été imposée.
Comme nous n'avons pas
les mêmes motifs que lui pour nous abstenir, nous croyons devoir
accorder une mention spéciale aux pianos envoyés à notre Exposition.
Le public a été à même
de juger de leur valeur tout récemment. Un artiste d'un talent
reconnu, — nous avons nomme M. Bernardel — a bien voulu essayer il y
a huit jours, en présence d'un nombreux auditoire, les instruments
exposés.
Est-il besoin de dire
que, dans cette sorte de concours, le succès est resté aux pianos de la maison Pleyel, Wolff et Cie, qui, bien que placés dans des
conditions d'acoustique défavorables, ont soutenu leur réputation si
bien établie ?
Ce succès toutefois
leur a Été chaudement disputé, et si un jury eût été appelé à
apprécier ce concours, son choix eût hésité entre les instruments
signés Schwander, Bûcher, Guillot, Tessereau, Eigenschenk (ces trois
derniers fabricants sont d'Orléans).
Une nouvelle audition
a eu lieu hier, avec le même succès que la précédente. Un tel succès
est bien digne de faire oublier aux fabricants de ces merveilleux
instruments l'exclusion dont ils ont été l'objet."
Journal du Loiret, 17/06/1876, p. 3
(Aurelia.Orleans.fr)
1878
Ce procédé nouveau consiste à faire lever les étouffoirs de la sixième octave par les notes correspondantes de la septième octave; les cordes qui doivent vibrer par influence, étant précisément celles qui sont attaquées sur l’instrument, se trouvent dont et se trouveront toujours d’accord, autant du moins que le piano lui-même est bien accordé. On le voit, c’est aussi un effet de duplex scala, mais simplifié. Toutefois, comme cet effet est faible, nous doutons que MM. Pleyel, Wolff et Cie persistent dans cette tentative. Cette maison, ennemie de la routine et dirigée par un chef qui est à la fois un artiste et un savant, se livre encore à l’étude comparative des cordes parallèles et des cordes croisées. Dans ses pianos de concert, elle a su adopter le métal dans la proportion convenable pour résister à l’effort des montures de cordes usitées a présent; mais elle a soin d’employer le fer forgé de préférence au fer fondu, et elle y gagne le double avantage d’une plus grande légèreté comme construction et d’un moindre danger au point de vue des ruptures, la fonte, par suite des fortes épaisseurs qu’on lui donne, étant à la fois très lourde et très sujette à se casser. La maison Pleyel, Wolff et Cie a exposé des instruments d’une sonorité fine et distinguée, dont le clavier facile, l’action précise des étouffoirs et tout le mécanisme permettent à un pianiste de faire à son gré, de pétrir le son, pour ainsi dire. L’esprit progressif qui ranime se reconnaît dans deux nouveautés, le clavier transpositeur et la pédale tonale. Bien de plus ingénieux que ce premier appareil. Il consiste en un clavier auxiliaire de six octaves seulement, qui se pose sur le clavier même du piano ordinaire, dont l’étendue est de sept octaves. On peut donc le faire glisser soit au grave, soit à l’aigu, selon le degré de la transposition qu’on désire effectuer, On assure la correspondance exacte du. clavier mobile avec le clavier fixe à l’aide d’un ressort d’arrêt qui s’engage dans une plaque dentée. L’appareil est si bien construit qu’il permet d’exécuter avec netteté et sans le moindre effort dans l’attaque la musique la plus rapide ou la plus compliquée. Le clavier transpositeur nous paraît appelé à rendre de grands services, étant léger, obéissant et bien préférable, par conséquent, à tous ceux qu’on avait imaginés jusqu’à ce jour. Nous n’osons pas affirmer que la pédale tonale soit destinée à obtenir le même succès. Sans doute nous apprécions les ressources qu’elle assure aux musiciens et aux improvisateurs; nous reconnaissons qu’elle présente cet avantage remarquable de ne laisser vibrer que les notes fondamentales du ton, mais nous croyons que les organistes tireront meilleur parti de cette innovation que les pianistes ordinaires. En voyant qu’on demande aux doigts non seulement de parcourir les sept octaves du clavier de l’instrument, mais encore d’enfoncer les touches d’un autre petit clavier d’une octave à l’aide desquelles agit la pédale tonale, un amateur trouvera qu’on exige trop de sa dextérité, et peut-être aura-t-il raison." Chouquet, Rapport sur les instruments de musiques à l'exposition universelle de 1878
PARIS - "Voici d'abord les pianos Pleyel, Wolff et Cie, ils sont bien connus, mais ce qui l'est moins, c'est une amélioration récente que nous devons signaler. Cette amélioration s'appelle la pédale tonale, elle épure l'harmonie et le sentiment du son, et détruit l'insupportable grasseyement de l'ancienne pédale." Les merveilles de l'Exposition de 1878 : histoire, construction, inauguration, ..., 1878, P. 486 (gallica.bnf.fr)
PARIS - "On peut observer dans les pianos modernes plusieurs mécanismes qui. sans altérer le son de l'instrument, lui donnent une résonnance plus étendue. C'est d'abord la pédale tonique ou harmonique de la maison Pleyel Wolf et Ce. Elle consiste en une troisième pédale placée entre celles du piano. Elle a pour but de laisser résonner librement certaines notes, tandis que les autres restent soumises à l'action de l'étouffoir.
A cet effet, un petit clavier
supplémentaire d'une octave est encastré au-dessus du grand clavier. Quand
on abaisse une note de ce petit clavier et qu'on met le pied sur la pédale
tonale, toutes les notes de même nom restent libres et leurs étouffoirs
levés sur toute l'étendue du clavier.
1880
Photo de l'exposition à Melbourne Australie en
1880, section pianos français
SYDNEY - "On wednesday the same pianiste [Mdlle. Alice Charbonnet] gave a recital on the world-renowned Pleyel concert grand, exhibited in the French court, Eastern nave; the allegro Grandoise Hercz, Iota Aragonese - Gottschalk, and Sextuor de Lucia - Liszt, were in each programme, and, with the other section, were approved by the audience. The piano used is a truly magnificent instrument; the makers, although exhibitors, are not competitors." The Sydney Morning Herald, 09/12/1880, p. 4
SYDNEY - "Of Pleyel's instruments five are exhibited, but not for competition. Some ten years since Pleyel sent an artist of exceptional skill (Charles Wehle) with some of his instruments on a tour through Australia, New Zealand; Honolulu, and America. In all places concerts were given, and the merits of the pianos made known in the most agreeable manner by a musician thoroughly capable of appreciating and interpreting them. Since that time these instruments have held their own ground. In the full grand in the Exhibition Pleyel's especialties can be seen. The action is the double repeating fly, Pleyel's patent. The iron frame is partly cast, the bars screwed to the metal plate. It is double oblique, extreme overstrung, in the damper the felt is divided, to render the action immediate. On the hammers are double felt - one coloured, one white. The metal agraffes by which the strings are bound are supposed to give additional brilliancy to the tone. In the sounding-board, of Swiss pine, special care is displayed. The compass is of 7 1/4 octaves. The tone is full, rich, and melodious, the wearing power unquestioned, the frame of deep rosewood, inlaid with brass. In No. 2, the semi-grand, the same careful finish is everywhere observable. In connection with this is an invaluable recent discovery or application by Pleyel in the patent movable transposing keyboard, an apparently remarkably simple contraction, by whose means any piece of music can be played in any key at the will pf the pianist. The transposition is effected by means of a screw, which moves the whole apparatus in intervals of semitones. No. 3 is a full cottage, iron frame, double oblique overstrung, with double-felted hammer and pin to secure the felt from any accident through the aiding of the glue ; the case, as in all the other instruments, is almost severe in its simplicity. No. 4 is a cheaper form, scmi-obliquo, and lighter frame, in loth er respects the caso evidently as great as in the more expensive instruments, full size, and excellent action and tone. No. 5 is a cottage on a new model, with a strong metal frame, a full rich tone, and the thorough characteristics of Pleyel's uniform make and merits." Pianofortes in the exhibition, The Sydney Morning Herald, 12/01/1888, p. 6
1882 PARIS - "144. PLEYEL, WOLFF et Cie, facteurs de pianos à Paris. Mag., administration et salle de concert. 22, r. Rochechouart. Succursale pour la location, 95, r. Richelieu. Chantiers, ateliers et usineà vapeur, 15, route de la Révolte et route d'Épinay (S‘-Denis)." Catalogue des oeuvres et des produits modernes, exposés dans le Palais de l'industrie : Le bois, les tissus, le papier. 7e exposition, 1882, p. 78 (gallica.bnf.fr)
1885
- 1 grand piano à queue (dit de concert), - 1 piano à queue moyen modèle, [voir image catalogue 1884] - 1 petit piano à queue, cordes croisées. - 1 grand piano droit, cordes croisées. [voir image catalogue 1884] - 1 grand piano cordes obliques (non croisées). [voir image catalogue 1884] - 1 moyen modèle. [voir image catalogue 1884] - 1 oblique petit modèle. [voir image catalogue 1884] - 1 cordes droites (pianino d'exportation, spécial). - 1 pianino ordinaire. Nous avons obtenu toutes les récompenses depuis la première exposition en 1827 et M. Wolff a été associé ou membre du jury depuis l'Exposition universelle de 1862, décoré à cette Exposition. " Exposition d'Anvers 1885, p. 22
LONDON - "PLEYEL, WOLFF, & Co. - Pianos." The Musical Standard: A Newspaper for Musicians, Professional and Amateur, 22/08/1885, p. 121
1887 MANCHESTER - "THE Manchester Exhibition was opened by the Prince and Princess of Wales on the 3rd inst. The following are the exhibits in the musical section:- Pleyel, Wolff & Co., Rue Rochechouart, Paris; London Agency, 170, New Bond Street. Semi-grand piano, parallel strings, in mahogany and marqueterie case; upright piano, with oblique stringing, mahogany and marqueterie case, style Louis XVI.; patent transpositeur; cottage piano, rosewood case, vertical stringing, style Louis XVI." Music Trades Review, 15/05/1887, p. 19
PLEYEL
PLEYEL contra SAX
(1851)
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