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Facteurs de pianos en France
ERARD Pierre Orphée
à Paris
(°1775)
1834 – 1851
le 1° est un point de contact entre le marteau et un ressort qui lui sert de support après qu'il a frappé la corde; le second consiste dans un autre point de contact entre le ressort et le marteau, plus près du centre de celui-ci, pour préparer la chute du marteau au moment de l'échappement; le troisième est un point d'arrêt du mouvement du pilote, monté sur le levier intermédiaire pour opérer l'échappement; le quatrième est un point de contact entre le marteau et le levier intermédiaire, pour fixer le premier après qu'il a frappé la corde, de manière qu'il ne peut ni resister à la corde ni s'en éloigner. Il suffit donc, pour faire parler le marteau faiblement, de lever le doigt de dessus la touche d'une manière que nous pouvons appeler imperceptible. Veut-on augmenter sa force? on n'a qu'à laisser à chaque coup la touche se lever un peu plus et par degré, jusqu'à ce qu'on emploie la profondeur entière du clavier. Ainsi, l'enfoncement de la touche, qui est un obstacle aux exécutans dans un échappement ordinaire, devient ici un véritable avantage; car on peut obtenir beaucoup de force en faisant enfoncer le clavier, et cela sans produire cet empâtement que l'on trouve dans les claviers à échappement ordinaire. La supériorité de cet échappement, fruit des recherches constantes de l'homme le plus capable dans cette application de la mécanique, est une chose positive qu'on ne peut pas nier. On y trouve pour le clavier du piano la perfection si long-temps désirée par les pianistes. (Perfect. dans le mécan. des pianos; Érard, in-fol. avec pl., 1834.)" François Malepeyre, Mémorial encyclopédique et progressif des connaissances, Volumes 4-5, 1834
Son neveu vient de publier un Mémoire sur les perfectionnemens apportés dans le mécanisme du piano par Les Erard ; j’y renvoie les lecteurs qui voudraient avoir des notions plus précises à ce sujet. J’arrive à l’exposition. Nous avons en première ligne le triumvirat dont la célébrité est devenue européenne : Erard, Pleyel et Pape. Tous trois portent le litre de facteurs du roi, et il serait très possible que Louis Philippe eût plus de facteurs que d’instrumens. Il est difficile de donner la préférence à l’un des trois ; chacun fournit dans son genre des travaux également remarquables. Erard est le plus ancien ; son établissement, un des premiers du monde, existe de puis un demi-siècle, et c’est lui qui a affranchi la France du tribut qu’elle payait à l'étranger. Parmi les nombreuses améliorations et inventions qui lui sont dues, nous citerons ici seulement le double échappement qui lui appartient, et qui peut être appelé le nec plus ultra du mécanisme. Son système, compliqué il est vrai, mais merveilleuse ment combiné, a résolu un problème jusqu’alors insoluble; c’est de faire parler une touche déjà enfoncée, par le plus léger mouvement du doigt, sans avoir besoin de le relever tout-à-fait. Tous ses instrumens sont établis d’après ce système. Ses adversaires prétendent que ce mécanisme n’est point solide : le temps décidera de ce reproche. Quant à ses instrumens exposés, on est d’abord frappé par un piano richement orné auquel il a donné le nom de piano d'or (Cet instrument a été enlevé depuis quelques jours.). Le style de la caisse est du règne de Louis XIV, chargé de pein tures sur un fond d’or, et puis décoré de sculptures dorées. Je ne sais de quels sons il frappe l’oreille, car on refuse de l’ouvrir et de le toucher; et je ne sais jusqu’à quel point ceux qui prétendent qu’il n’y a que la caisse de terminée et que l’intérieur est vide, ont raison. L’autre piano est un piano à queue ; je l’ai en tendu sous lu main de Listz [sic], et en vérité un tel instrument, joué par un tel maitre, est tout ce qu’il y a de plus ravissant et de plus enchanteur." La Quotidienne, 27/06/1834, p. 3 (retronews.fr)
Première médaille pour PAPE ou ERARD ?
Cette assertion est inexacte; la première médaille d'or pour cette fabrication a été décernée à M. Pape, facteur de pianos du roi. M. P. Erard n'a obtenu que le rappel de la médaille d'or qui avait été accordée en 1827 à feu Sébastien Erard. Pour s'en convaincre, il suffit de voir dans le Moniteur du 15 juillet dernier la liste des récompenses décernées par le jury." Journal du Loiret, 07/08/1834, p. 2 (Aurelia.Orléans.fr)
La commission spéciale du jury chargé d'apprécier les instrumens de musique s'était adjoint une commission bénévole, composée de MM. Cherubini, Aubert, Baillot et Gallay. C'est après le concours ou vert en présence de cette commission qu' il a été décidé, ainsi que l' attestent les procès-verbaux, que M. Pierre Erard serait placé en première ligne pour les pianos, et M. Pape après. Le rapport fait par M. Savard a été basé sur cette décision et adopté par le jury général. En conséquence, la première médaille d'or a été votée à M. P. Erard ; mais le jury avait décidé en principe, avant de décerner les récompenses, que pour économiser le metal on ne donnerait de médailles qu'aux fabricans qui n'en n'auraient pas obtenu à des expositions précedentes, et que ceux dont la personne ou le nom aurait été honoré d'une distinction de ce genre seraient portés dans les rappels de médailles. C'est par suite de cette jurisprudence adoptée par le jury, que M. Erard conservant toujours sur les procès-verbaux du jury et sur les rapports officiers le titre et la position de première médaille d'or pour les pianos, et qui en outre était porté comme médaille d'or unique pour les harpes, a été placé dans les rappels, attendu que son père et son oncle, fondateurs de sa maison, avaient obtenu des médailles d'or aux expositions précédentes. C' est ainsi que M. Bosquillon, fabricant de châles cachemire, à qui le jury avait voié la médaille d'or, a été placé dans les rappels comme précédemment recompensé d'une médaille d'or; c'est ainsi encore que M. Chenavard fabricant de tapis, dont le père avait obtenu précédemment une médaille d'or, et à qui le jury décernait la même récompense, a été placé dans les rappels, eu raison de la distinction déjà obtenue par le nom qu'il porte. Au surplus, c'est parce que M. Pierre Erard avait été mis en première ligne pour la fabrication de pianos, que la décoration de la legion-d'honneur lui a été accordée sur la recommandation des membres du jury. Les procès-verbaux et le rapport général du jury d'exposition, qui doivent être incessamment publiés, établiront jusqu'à l'évidence la sincérité de ces explications." Journal du Loiret, 17/08/1834, p. 2-3 (Aurelia.Orleans.fr) & Journal de la Meurthe, 21/08/1834, p. 3 (kiosque.limedia.fr)
Voici ce que nous avons successivement remarqué: Deux pianos à queue, l'un simple dans le goût des meubles du jour, l'autre en style gothique; Un grand piano vertical à six octaves et demie; Un piano de nouvelle forme pour remplacer le piano carré dans un salon. Ces instrumens avaient tous le nouveau mécanisme. Les autres étaient à échappement ordinaire perfectionné. Deux pianos carrés, l'un à trois, l'autre à deux cordes; Trois pianos droits dont deux à cordes verticales, l'un à cordes obliques. Ce dernier était le seul à sept octaves; tous les autres n'avaient que six octaves et demie, et nous aurions voulu féliciter M. Érard de ne pas avoir fait cette concession a un abus, qu'un facteur pianiste s'obstine à répandre par ses instrumens et ses compositions. [...]" Gazette musicale de Paris, Volume 1, 1834
Devant le jury de 1834, les pianos de M. Pierre Erard l'ont emporté sur tous les autres par la beauté de leur son et la facilité du toucher; l'un d'eux surtout, a été jugé tellement supérieur qu'il a servi de point de comparaison à plus de 80 pianos envoyés au concours. C'est pour ce piano modèle que la première médaille d'or de 1834 a été votée par le jury à M. Pierre Erard. Cependant il exposait pour la première fois. Aussi l'a-t-on eu outre jugé digne de la plus haute récompense que l'on accorde à l'industrie, la croix de la Légion-d'Honneur. C'est la seconde distinction de ce genre dans cet honoable famille. Feu -Sébastien Erard, avait été décoré en 1827." Le Courrier de la Drôme et de l'Ardèche, 29/07/1834, p. 2 (memoireetactualite.org)
C'est le premier tamtam fabriqué en France il n'en est pas moins d'une horrible sonorité. Il faut savoir pourtant que ce n'est pas du fameux piano en or que sortent ces sataniques accords le piano peint, enjoliva, mordoré, le piano régence, le piano Pompadour a disparu. Où est-il ? peut-être en Angleterre d'où il était venu, dit-on. Je n'en sais rien. Le fait est qu'il s'est évaporé car il ne figure plus parmi les produits de l'industrie française. Bon voyage. C'est probablement un piano en fer qui sert à ce sabbat musical. On le dirait vraiment tant les oreilles en sont écorchées. Tenez, vous pouvez vous en assurer; tendez la main, on plutôt ne la tendez pas; vous n'avez pas besoin de vous déranger, il ne vous en arrive pas moins une pluie, une ondée de notices ce sont les pompeuses explications de l'exposition instrumentale de l'exposant. C'est bien, que chacun fasse valoir sa marchandise et prêche pour son saint et pour son église. Je n'en ferai pas un reproche à M. Erard, mais il faudrait, ce me semble, ne pas mettre l'exposition de ces pianos sous le nom de M. Sébastien Erard qui est mort. M. Sébastien Erard n'expose pas, et pourtant j'ai vu de bonnes et simples gens s'y tromper et ressusciter le défunt sur la foi de l'enseigne fichée contre un pilastre. Puis avant tout il faudrait laisser le passage, déjà si étroit des galeries, abordable et libre au public. L'exposition de M. Pierre Erard, sa musique, son instrumentiste, ses notices sont vraiment un obstacle à la circulation et une attaque à la liberté individuelle. Voilà ce que j'avais,à dire, la foule m'étouffe, m'assassine le piano maudit et le tamtam me brisent la tête encore deux coups de coude. Dieu soit loué ! je suis dehors. Dieu vous garde de tomber devant les pianos de M. Pierre Erard quand la foule s'amasse pour recevoir ses notices et entendre son Orphée." Le Figaro : journal littéraire : théâtre, critique, sciences, arts, moeurs, nouvelles, scandale, économie domestique, biographie, bibliographie, modes, etc., etc., 18/06/1834, p. 2 (gallica.bnf.fr)
Successeur de son père et de son oncle avaient déjà porté ces instrumens à une grande perfection, il a su les rendre encore plus parfaits. Son exhibition était riche, et comprenait des articles nombreux; il n’y avait pas moins de dix harpes, dont sept a double mouvement, et neuf pianos dont deux à queue, deux carrés, quatre verticaux et un horizontal de forme particulière. Les deux pianos à queue qui étaient pourvus du double échappement que l'oncle de l'exposant a imaginé, étaient parfaitement construits. M. Erard, fournisseur des cours de France et d’Angleterre, a donné une grande extension à sa fabrique de Paris; nous disons de Paris, parce qu’il en a une a Londres. Cent cinquante ouvriers y trouvent une occupation habituelle, et produisent 400 instrumens par année. Elle avait reçu la médaille d’or aux Expositions précédentes, et le jury de 1834 l'a jugée digne de la même distinction; celui qui la dirige et l'exploite avec habileté et talent, a été, en outre, décoré de l'ordre royal de la légion d’honneur." Le musée artistique et industriel : exposition 1834, p. 191
Quelques-unes de celles qui sont exposées sont dignes d'éloge. Nous avons remarqué particulièrement un piano droit de M. Erard, d'une forme simple, commode et élégante. Comme œuvre d'ébénisterie, c'est un des produits de meilleur goût de l'Exposition. Il est en bois d'amboisie, avec incrustations en bois de corail et d'ébène. Dans les premières semaines de l'Exposition, M. Erard avait un piano qui a été l'objet d'une attention très-vive et de beaucoup de critiques aussi. Ce piano, commandé par le roi d'Angleterre, a été exécuté, dans ce pays, sur des dessins du temps de Louis XV. La commande était faite ainsi; M. Erard a dû s'y soumettre. Toute la caisse du piano se compose d'un fond d'or, sur lequel sont dessinés des attributs et des allégories de musique, à la manière de Vatteau, des bergères avec des robes à paniers, des singes au galop sur des chiens, des nains grotesques, tous jouant d'instrumens divers. Toutes les peintures, à part leur goût ridicule, sont faites avec une exquise délicatesse. Il n'en est pas de même des ornemens sculptés en bois qui accompagnent la caisse entre les pieds qui la supportent. Les sculpteurs anglais qui les oui exécutés n'y ont pas fait preuve de talent. Et comme, ce piano est étrange; généralement, il n'a pas plu. Cette commande du roi d'Angleterre est l'expression au reste du goût aujourd'hui dominant dans ce pays, le goût du temps de Louis XV, et les artistes anglais paraissent en borner à en copier servilement les formes. Nous avons déjà vu que ceux de nos artistes industriels qui font ce genre parce qu'ils y trouvent des débouchés importans, ont eu, du moins, le courage et le talent de l'améliorer en l'imitant. M. Erard a fait succéder à ce piano un autre piano à queue, d'une belle simplicité; il est en bois de palissandre avec incrustations parfaitement ménagées en cuivre. Il y a joint un autre piano plus étroit sur l'une des faces que sur l'autre; cette forme ne nous paraît pas heureuse, on y a d'ailleurs porté à l'extrême l'abus et le mélange des incrustations. Deux autres pianos, l'un en palissandre, avec cadre en courbari, et l'autre tout entier en courbari de premier choix, avec de légères incrustations en bois de houx, meubles de la plus élégante et de la plus riche simplicité, montrent que ce n'est que pour satisfaire à des goûts bizarres que M. Erard confectionne des produits semblables à son piano Pompadour ou à son piano incrusté." Stéphane Flachat, L'industrie, 1834, p. 94
M. Erard vient de faire imprimer, avec un luxe typographique digne de sa magnifique industrie, une brochure dans laquelle il rend compte de tous les perfectionnemens apportés au mécanisme des pianos par les facteurs célèbres dont il porte le nom. Les détails techniques de cette brochure ne sauraient être analysés dans notre feuille plus curieuse de connaître, dans une pareille question, les résultats que les moyens par lesquels on les obtient; mais ils offrent un intérêt véritable pour tous les pianistes." La Romance. Journal de musique, 1834-35, p. 82 (gallica.bnf.fr)
MM. Erard, qui se sont livrés les premiers en France à cette industrie, n’ont pas seulement l’ancienneté pour eux : la confection des pianos leur doit un assez grand nombre de perfectionnemens, dont le premier est le mécanisme à échappement établi par MM. Erard frères, en 1796. Un piano à queue, exposé cette année par M. Pierre Erard, joint la beauté de la forme et la richesse du bois à une qualité et un volume de son fort remarquables. Il a également un piano dont la caisse rappelle, par sa forme, celle des clavecins du règne de Louis XIV ; nous n’avons pu en con naître que l’extérieur." Le Charivari, 22/07/1834, p. 1 (retronews.fr)
Parmi ces instrumens, les pianos tiennent la place la plus importante. Le piano, le plus moderne, le plus cultivé, le plus répandu et le plus compliqué dans son mécanisme, de tous les instrumens de musique, est aussi par cela même celui sur lequel doit s’exercer plus particulièrement le génie inventif des luthiers. Il est à croire pourtant qu’il a atteint déjà son plus haut point de perfection et de simplicité, car, en mécanique, ces deux mots sont synonimes, et que les divers efforts et la louable émulation des fabricans, n’ont point pour but que de se surpasser réciproquement en excellence. Quand bien même, ce que nous sommes loin d’admettre, M. Erard ne serait pas aujourd’hui au premier rang des facteurs qui se distinguent le plus dans la confection des pianos, il serait impossible de se livrer à l’examen de ses instrumens, sans que ce nom se présentât d’abord à la pensée. En effet, le nom d’Erard ne peut être prononcé sans réveiller à la fois un sentiment d’admiration et un sentiment de reconnaissance. Ce sont les deux frères Sébastien et Jean-Baptiste Erard qui nous ont affranchi de la nécessité de recourir aux étrangers pour ce genre d’industrie. Ce sont ces deux ouvriers célèbres qui, en popularisant une foule de découvertes, fruits de cinquante années de méditations, de travaux et de nombreux sacrifices, ont contribué aux progrès d’un instrument dont ils peuvent être regardés comme les créateurs, en même temps qu’ils ont procuré une industrie et une existence honorable à tous les facteurs leurs compatriotes, qui ont multiplié parmi nous les instrumens dont nous parlons. Désormais, ce nom doit être consacré par un souvenir national, et s’il est à désirer que l’établissement Erard voie s’élever des établissemens rivaux, du moins il est impossible qu’il puisse compter des ennemis parmi eux, puisqu’ils lui doivent en partie leur prospérité et leur fortune. Ce fut vers 1775 que Sébastien Erard, arrivé depuis quelques années de Strasbourg à Paris, fonda sa réputation par son clavecin-mécanique, chef-d’oeuvre d’invention et de facture, dit une notice publiée par la Revue musicale, qui causa la plus vive sensation parmi les artistes et les amateurs de Paris. Ce morceau remarquable avait été construit pour le cabinet de curiosités de M. de La Blanchaie. L’abbé Roussier en fit une description détaillée qui fut insérée dans le Journal de Paris, et qui fut ensuite reproduite dans l’Almanach musical de Luneau de Bois-Germain.» En 1780, Erard publia le piano à pilotes, à deux cordes et à cinq octaves. Cet instrument présentait d’importantes améliorations, parmi lesquelles plusieurs sont encore en usage, tel est le mécanisme de la grande pédale forte. Après ce premier perfectionnement, vinrent successivement ceux qui consistent dans le faux marteau ou double pilote, dans l’addition d’une corde, ce qui portait les cordes de chaque note à trois, dans l’extension du clavier qui fut fixé à six octaves et demie et enfin dans le mécanisme à échappement. Ces diverses inventions et améliorations sont parfaitement analysées et exposées dans un Mémoire récent, intitulé: Perfectionnemens apportés dans le mécanisme du piano par les Erard, depuis l’origine de cet instrument jusqu’à l’exposition de 1834, et qui nous dispense de le détailler ici. Les frères Erard étant morts, l’un, Jean-Baptiste, en 1824, l’autre, Sébastien, 1831, ce fut sur M. Pierre Erard, fils du premier, que retomba le fardeau des deux grands établissemens de Londres et de Paris. Toutefois la perte irréparable de Sébastien apporta quelque rallentissement à l’activité de la manufacture de pianos de Paris. M. Pierre Erard, obligé de partir pour Londres, où il avait passé une partie de sa jeunesse dans le but de former des ouvriers, après avoir été lui-même formé par ses parens, consacra plusieurs années à réaliser les conceptions de son oncle pour l’amélioration du piano et de la harpe. Pendant son absence, des facteurs de Paris se firent une réputation juste et méritée, et il est aisé de concevoir qu’ils profitèrent de cette sorte de lacune avec d’autant plus d’avantages que la mort de Sébastien Erard semblait les avoir débarrassés d’un rival redoutable. Cependant M. Pierre Erard s’occupait avec persévérance du perfectionnement du grand piano à nouvel échappement. Quelle que soit la carrière que ce jeune artiste est appellé à parcourir, on doit le louer de consacrer ses efforts, son zèle et son temps à soutenir l’honneur de son nom : on doit le louer surtout, dans la position brillante où l’ont mis les travaux de ses parens, et pouvant jouir de l’indépendance que donne une fortune considérable, de ne reculer devant aucune sorte de sacrifice pour apporter, lui aussi, son tribut à l’industrie et à l’art, et de donner l’exemple de cette noble émulation héréditaire qui, à la longue, se perd souvent dans les familles, lorsqu’elles se sont à la fois illustrées et enrichies. Avant de songer à faire de nouvelles découvertes, M. Pierre Erard a dû chercher à porter à la perfection, qu’il conçoit, celles qui ont été laissées par son oncle Sébastien. C’est ce que nous pensons qu’il a fait dans la fabrication du grand piano à queue avec le système de nouvel échappement, dont nous venons de parler. Le premier piano qui offrait l’application de ce procédé, était le bel instrument de la duchesse de Berry, possédé aujourd’hui par M. Troupenas. Cet instrument avait été fabriqué en Angleterre. A son arrivée à Paris, il fit l’admiration de tous les pianistes et de tous les facteurs. Mais ces derniers prétendirent que M. Erard n’en pourrait confectionner de semblables en France, et que le concours des ouvriers anglais lui était absolument nécessaire pour maintenir le piano à ce degré de perfection. Que fit M. Erard? Il s’adressa à ses ouvriers français dont plusieurs travaillent dans son établissement depuis nombre d’années; il les forma de telle sorte qu’ils rivalisèrent bientôt avec les ouvriers de Londres, et, en obtenant les mêmes résultats avec moins de tâtonnemens encore, il se mit en état de prouver aux yeux de tout le monde que l’excellence de ses produits ne devait pas être uniquement attribuée à l’habileté de ses ouvriers, mais qu’elle dépendait principalement de sa direction éclairée et de l’active surveillance qu’il exerçait. Or, les produits de cette nature sont ceux qu’il a présentés au concours. La supériorité de ces pianos, soit par la plénitude et la puissance du son, telles qu’ils semblent pouvoir lutter contre un orchestre, soit pour la flexibilité du mécanisme qui se prête à toutes les nuances de l’exécution, est attestée par la préférence que leur donnent les grands artistes qui se font entendre journellement à Paris et à Londres. On sait que Litz [Liszt] a adopté exclusivement les pianos d’Erard. A Londres, Hummel, Moscheles, Mendelshon [Mendelssohn], Pixis, Schunck [Schuncke], Mme Dulcken, Herz, n’ont pas dissimulé la préférence qu’ils donnent à ces instrumens, même sur ceux du célèbre Broadwood. Nous avons entendu nous-même un pianiste du plus grand talent, M. Bertini, dire que le mécanisme appliqué par M. Erard se prêtait à certains effets auxquels la nature du piano s’était constamment refusée. Enfin, quelques personnes peuvent se rappeler qu’à l’époque de l’arrivée de Hummel à Paris, on plaça dans sa chambre un piano dont il fut assez satisfait, mais que dès qu’il eut vu un piano d’Erard, il ne voulut plus du premier et choisit le second pour se faire entendre. Ce piano était justement celui de la duchesse de Berry, aujourd’hui entre les mains de M. Troupenas. Mais les artistes que nous venons de nommer ne s’en tinrent pas à ce témoignage. Ils engagèrent M. Pierre Erard à appliquer le même mécanisme aux instrumens de toutes les dimensions, dès-lors ce facteur songea à l’adapter au piano carré et au piano vertical. Le piano triangulaire, orné dans le genre de Boule, et qui attirait tous les regards à l’exposition, nous semble offrir, tant sous ce rapport que sous celui de sa forme élégante et simplifiée, les résultats les plus satisfaisants. Ce fut en 1785 que la harpe devint à la mode à Paris. La reine Marie-Antoinette en jouait, et toutes les dames de sa cour suivirent son exemple. Krumpholtz, le célèbre harpiste, contribuait aussi à la vogue de cet instrument. Mais bien que le son de la harpe fût délicieux, son mécanisme était dans un tel état de barbarie, que Krumpholtz sentit la nécessité de l’en tirer. Mais cet artiste n’était qu’excellent musicien, il s’adressa à Sébastien Erard, dont la réputation, comme mécanicien, était déjà établie. Celui-ci se mit à l’ouvrage, et inventa, en 1787, le nouveau principe de mécanisme connu sous le nom de mécanisme à fourchette, aujourd’hui universellement adopté. En 1794, ce mécanisme perfectionné fut établi en Angleterre, comme l’atteste un brevet pris à Londres à cette époque. Quatre ans plus tard, il fut établi à Paris. En 1810, nouveaux perfectionnemens. La pédale fut en une seule branche et le ressort fut appliqué à cette pédale au lieu d’être placé dans le bras de la harpe. Ces diverses inventions portèrent la harpe à simple mouvement à une telle perfection qu’elle est restée à peu près stationnaire. Ce fut en 1801 que Sébastien Erard conçut la première idée des moyens mécaniques d’après lesquels il devait établir sa harpe à double mouvement. Il y travailla dix ans, et dès 1810 elle parut en Angleterre. Cette belle invention fut importée en France en 1814 et présentée en 1815 à l’Institut, qui publia à ce sujet un rapport imprimé. Cinq mille harpes à double mouvement répandues bientôt dans toute l’Europe et les Indes attestèrent l’excellence de cette invention et de son exécution. Toutes les recherches auxquelles se livra Sébastien Erard depuis 1810 jusqu’à l’époque de sa mort, en 1831, lui confirmèrent que nul procédé plus simple ne pouvait être appliqué à cet instrument. Le principe était donc trouvé. Cependant la harpe laissait encore quelque chose à désirer pour la puissance du son et la facilité du toucher. L’inventeur prévoyant qu’il n’aurait pas le temps de s’occuper des perfectionnemens qu’elle pourrait acquérir, communiqua ses idées à son neveu, et le nouveau modèle de harpe présenté aujourd’hui par M. Pierre Erard, doit être regardé comme le résultat de ses efforts pour atteindre la réunion de tous les avantages que son oncle n’avait pu que pressentir. Nous pensons que nos lecteurs nous sauront gré de leur faire connaître, en terminant cet article, un brevet par lequel Louis XVI constata les services que Sébastien Erard avait rendus à l’industrie française. «Aujourd’hui cinq février mil sept cent quatre-vingt-cinq, le roi étant à Versailles, informé que le sieur Sébastien Erard est parvenu, par une méthode nouvelle, de son invention, à perfectionner la construction de l’instrument nommé forté-piano, qu’il a même obtenu la préférence sur ceux fabriqués en Angleterre, dont il se fait un commerce dans la ville de Paris, et voulant Sa Majesté fixer les talens du sieur Erard dans ladite ville, et lui donner des témoignages de la protection dont elle honore ceux qui, comme lui, ont, par un travail assidu, contribué aux arts utiles et agréables, lui a permis de fabriquer, faire fabriquer et vendre dans la ville et faubourgs de Paris, et partout où bon lui semblera, des forté-pianos, et d’y employer, soit par lui, soit par ses ouvriers, le bois, le fer et toutes autres matières nécessaires à la perfection ou à l’ornement dudit instrument, sans que pour raison de ce il puisse être troublé ni inquiété par les gardes, syndics et adjoints des corps et communautés d’arts et métiers, pour quelque cause et sous quelque prétexte que ce soit, sous les conditions néanmoins, par ledit sieur Erard, de se conformer aux règlemens et aux ordonnances concernant la discipline des compagnons et ouvriers, et de n’admettre dans ses ateliers que ceux qui auront satisfait auxdits règlemens; et, pour assurance de sa volonté, S. M. m’a commandé d’expédier audit sieur Erard le présent brevet, qu’elle a voulu signer de sa main et être contresigné par moi, secrétaire-d’état et de ses commandemens et finances. - Signé LOUIS. - Le baron de BREUTEUIL.» " LA QUOTIDIENNE, 10 juillet 1834, p. 1–2.
Les deux pianos à queue ont été jugés de beaucoup supérieurs à tous les instruments du même genre. Dans les pianos à queue, M. Érard emploie le double échappement imaginé par son oncle. Ce mécanisme permet de reprendre le son avant que la touche soit entièrement relevée; par ce moyen les exécutants habiles peuvent graduer à volonté l'intensité du son et donner à leur doigt une vitesse, une légèreté beaucoup plus grandes. Le piano horizontal, à forme particulière, présenté par M. Erard, est considéré comme un très-bon instrument. Neveu du célèbre Sébastien Érard, mort il y a peu d'années dans un âge fort avancé, M. Pierre Erard a relevé la fabrique que son oncle avait fondée et qu'il avait laissée languir, sur la fin de sa carrière. L'établissement occupe aujourd'hui 150 ouvriers et confectionne annuellement 400 instruments. Cette fabrique a reçu la médaille d'or aux expositions précédentes, et le jury la juge autant que jamais digne de cette haute distinction." Charles Dupin, Rapport du jury central sur les produits de l'industrie française exposés en 1834, p. 284-285
L'objet de ses recherches était de donner au mécanisme une sensibilité telle que le doigt pût modifier le son à volonté, sans nuire à la force ni à la légèreté. Dans les pianos à échappement du système anglais comme du système allemand, aussitôt que l'échappement a fait son effet, le marteau retombe, et le doigt ne peut le relever qu'après avoir quitté la touche pour la frapper de nouveau. Erard voulut que l'abaissement du marteau, après qu'il a frappé les cordes, fût proportionnel au degré d'enfoncement où le doigt maintient la touche, et que, quel que fût cet enfoncement, il fût toujours possible de faire frapper de nouveau le marteau sur les cordes, sans relever absolument le doigt; de telle sorte que le pianiste pût donner au son tel degré d'intensité qu'il jugerait convenable, et qu'il pût sans peine répéter les notes autant de fois qu'il voudrait sans quitter les touches. Ce problème de mécanique, le plus difficile peut-être qu'un facteur de piano pût se proposer, a été résolu de la manière la plus ingénieuse par Sébastien Erard, au moyen de deux leviers agissant en sens inverse et mis en contact par des ressorts.
Le mécanisme, qui
résulte de cette combinaison, présente une certaine complication au
premier coup-d'reil qui ne lui est pas favorable; mais, si on
l'étudie avec soin, on comprend que rien d'inutile ne s'y trouve, et
que le but, vers lequel tendaient les efforts de l'inventeur, ne
pouvait être atteint autrement.
Un pianiste, dont
le jeu est brillant, dont les doigts sont doués d'une puissante
énergie et dont la rapidité dans l'exécution des traits difficiles
forme le caractère distinctif d'habileté, tirera peu d'avantage de
l'extrême sensibilité du mécanisme d'Erard ; mais qu'un musicien,
dans toute l'acception du mot, veuille exécuter un quatuor, un trio,
une fantaisie de Mozart ou de Beethowen [sic], aucun mécanisme ne se
prêtera aussi bien que celui-là à l'impression dont il sera animé;
en ce sens, le mécanisme d'Erard paraît le chef-d'œuvre de la
facture du piano. Il a rendu à cette fabrique toute son ancienne activité, et a établi en grand la construction des pianos, d'après ce nouveau mécanisme inventé par son oncle. Il l'a appliqué au piano carré, et, dans tous les produits qu'il a exposés cette année, il s'est rendu digne de l'approbation des artistes, autant à cause de la beauté du son de ses instrumens, que par le fiui de tous les détails de leur construction." L'industrie ... recueil ...: Exposition des Produits de l'industrie en 1834, Stéphane Flachatn 1834, p. 100
La fabrique de Pans, la plus ancienne de ce genre en France, est toujours la première par la supériorité de ses produits ; rien n'approche de la perfection des pianos à nouvel échappement d'Erard; et les harpes à double mouvement, qu'on s'efforce de copier à Paris comme à Londres, sont toujours sans concurrence.
La supériorité de ces deux instrumens repose sur une expérience de
cinquante années et sur les inventions précieuses de Sébastien
Erard, conservées dans toute leur perfection par Pierre Erard, son
élève. L'importance de la maison Erard, unique dans son genre, et les grands progrès que le chef actuel de ce bel établissement à fait faire tout récemment aux pianos et aux harpes à Paris et à Londres, ne peuvent manquer de fixer l'attention publique a l'exposition de 1834. Voici le détail aussi varié qu'intéressant des principaux instrumens fabriqués par M. Erard:
- Piano d'or.
Un piano carré à six octaves et demi, trois cordes, avec le
système d'agrafes pour attacher les cordes; sommier-table et
tous les perfectionnemens et ornemens de sculpture et
d'incrustation dans le style grec.
NOTTICE SUR LES PIANOS D'ERARD
Nous nous bornerons ici à consigner le résultat des travaux d'une
famille de mécaniciens, dont le talent, se transmettant comme un
héritage sacré, de génération en génération, aborda le piano à
l'état de clavecin, vers la fin du, dernier siècle, pour produire le
magnifique instrument que nous venons d'entendre dans les concerts
du Conservatoire.
Un changement de modèle dans la confection des pièces du piano fit
retomber l'habite facteur dans tous les inconvénient, dans toutes
les diffcultés que présentait la fabrication des premiers
instrumens. S'ils avaient voulu se borner comme tant d'autres à faire, par contination de la routine, des pianos en manufacture, ils auraient employé à réaliser de grands bénéfices le temps que réclamait leur seconde entreprise, et ils auraient ainsi conservé le monopole des affaires qui ont enrichi d'autres facteurs.
Mais aussi, ces dignes et laborieux artistes n'auraient pas doté
l'art d'une amétioration précieuse en portant an plus haut degré de
perfection le mécanisme du piano. Cet instrument (qui réunit deux qualités moins homogènes qu'on ne croit, la force et !a beauté) est particulièrement remarquable par la qualité de ses sons, dont la pureté, le moelleux et l'énergie réalisent le rêve de la perfection.
En effet, On n'entend plus dans cette nouvelle merveille de M. Erard
le martellement si désagréable de certains pianos. Le son jaillit
avec facilité, reproduisant dans le haut et dans le médium du
clavier toutes les qualités des meilleurs instrumens à vent dans les
basses, la vibration des cordes présente les avantages d'un
violoncelle, et certes, les contrebasses n'ont jamais produit de
sons aussi nets et aussi mordans que les notes graves de ce piano,
qui, du reste, pour la portée de ses effets de haute sonorité, lutte
avec sucées contre le fracas d'un orchestre. La supériorité de telle ou telle maison dépend donc entièrement
aujourd'hui du principe de là fabrication, puisqu'on trouve à peu
près partout les mêmes qualités dans la main-d'œuvre.
Que le marteau frappe sur le plan des cordes, ou qu'il les attaque
en dessous, c'est toujours le mécanisme à échappement ordinaire avec
ses avantages comme avec ses défauts, et dont le premier modèle (il
est juste de le mentionner ici) fut établi à Paris vers 1796 par MM.
Erard frères, dant les premiers pianos à queue fabriqués en France
dans leur manufacture déjà célèbre a cette époque. Depuis lors
chacune de leurs combinaisons nouvelles signala de nouveaux progrès
dans leur art, et quels progrès! C'est par ce nouveau principe que iespianos d'Erard l'emportent à Londres sur ceux desautres grands fabricans dont les instrumens méritent toujours leur première renommée, mais qui ne peuveut souvenir la comparaison avec les pianos du mécanisme d'Erard. C'est à ce nouveau principe que les pianos d'Erard doivent leurs récens succès à Vienne, où les pianos à échappement ordinaire, fabriqués à Paris et à Londres, n'ont jamais réussi, bien qu'ils aient été joués par les pius grands maîtres, et à différentes époques. Enfin, c'est à cause de ce nouveau principe que les pianos d'Erard sont adoptés par des hommes tels que Hummel, Moscheles, Thalberg, Pixiis, Bertini, Liszt, et par tous les grands pianistes de notre temps en exceptant seulement ceux qui font eux-mêmes le commerce des pianos du vieux système, et dont l'intérêt doit nécessairement influencer le jugement. - STEPHEN DE LA MADELAÏNE." Notice sur les pianos d'ERARD', grand article dans La Presse, 28/02/1838, p. 4 (gallica.bnf.fr)
LISZT
S. M. e le principesse espressero all'illustre artista tutta la loro sodisfazione di rivederlo e di intenderlo sopra un istrumento sì degno del suo talento." Gazzetta di Firenze, 15/05/1834, p. 246
ERARD
Le chef actuel de ce bel établissement qui répand depuis des années des milliers d'instrumens dans toute l'Europe et les Indes, vient d'ajouter encore à la réputation de ses parens. Devant le Jury de 1834, les pianos de M. Pierre Erard l'ont emporté sur tous les autres par la beauté de leur son et la facilité du toucher; l'un d'eux surtout a été jugé tellement supérieur, qu'il a servi de point de comparaison à plus de 80 pianos envoyés au concours. C'est pour ce piano modèle que la prmeière médaille d'or de 1834, a été votée par le Jury à M. Pierre Erard; cependant il exposait pour la première fois. Aussi l'a-t-on en outre jugé digne de la plus haute récompense que l'on accorde à l'Industrie : la Croix de la Légion d'honneur. C'est la seconde distinction de ce genre dans cette honorable famille : feu Sébastien Erard avait été decoré en 1827." Le Papillon : journal de l'entr'acte - littérature, arts, poésie, nouvelles, théatres, modes annonces, 27/07/1834, p. 7-8 et Le Courrier de la Drôme et de l'Ardèche, 29/07/1834, p. 2
ERARD
Cette assertion est inexacte : la première médaille d'or pour cette fabrication a été décernée à M. Pape, facteur de pianos du roi; M. P. Erard n'a obtenu que le rappel de la médaille d'or qui avait été accordée en 1827 à feu Sébastien Erard; pour s'en convaincre, il suffit de voir dans le Moniteur du 15 juillet dernier la liste des récompenses décernées par le jury." Le Courrier de la Drôme et de l'Ardèche, 10/08/1834, p. 1
ERARD
La commission spéciale du jury chargée d'apprécier les instrumens de musique, s'était adjoint une commission bénévole, composée de MM. Chérubini, Auber, Baillot et Gallay; c'est après le concours ouvert en présence de cette commission qu'il a été décidé, ainsi que l'attestent les procès-verbaux, que Pierre Erard serait placé en première ligne pour les pianos, et M. Pape après. Le rapport fait par M. Savar [Savart] a été basé sur cette désicion et adopté par le jury général. En conséquence, la première médaille d'or a été votée à M. P. Erard; mais le jury avait décidé en principe, avant de décerner les récompenses, que pour économiser le métal, on ne donnerait de médailles qu'aux fabricans qui n'en auraient pas obtenu à des expositions précédentes; et que ceux dont la personne ou le nom autait déjà été honoré d'une distinction de ce genre, seraient portés dans les rappels de médailles. C'est par suite de cette jurisprudence adoptée par le jury, que M. Erard, conservant toujours les proces-verbaux du jury et sur les rapports officiels le titre et la position de première médaille d'or pour les pianos et qui en outre était porté comme médaille d'or unique pour les harpes, a été placé dans les rappels, attendu que son père et son oncle, fondateurs de sa maison, avaient obtenu des médailles d'or aux expositions précédentes. C'est ainsi que M. Bosquillon, fabricant de schals cachemire, à qui le jury avait voté la médaille d'or, a été placé dans les rappels, comme précédemment récompensé d'une médaille d'or; c'est ainsi encore que M. Chenavard, fabricant de tapis, dont le père avait obtenu précédemment une médaille d'or, et à qui le jury décernait la même récompense, a été également placé dans les rappels, en raison de la distiction déjà obtenu par le nom qu'il porte. Au surplus c'est parce que M. Pierre Erard avait été mis en première ligne pour la fabrication de pianos, que la décoration de la Légion-d'Honneur lui a été accordée sur la recommandation des membres du jury. Les procès-verbaux et le rapport général du jury d'exposition, qui doivent être incessamment publiées, établiront jusqu'à l'évidence la sincérité de ces explications." Le Courrier de la Drôme et de l'Ardèche, 21/08/1834, p. 1-2
Au milieu de cette surabondance musicale, il doit en être des instrumens comme des artistes : beaucoup sont appelés, peu sont élus, et c'est, en effet, ce qui arrive. A part trois bu quatre facteurs habiles, il est difficile de citer les œuvres des no'mbr, ux fabricans dont les pièces figurent à l'exposition. C'est même une chose remarquable que chacun d'eux n'ait plus ou moins bien réussi que dans un seul genre ; ainsi nul ne surpasse M. Erard pour les pianos à queue ; M. Pape nous semble toujours un des facteurs les plus distingués pour les pianos carrés, et M. Pleyel présente le meilleur piano droit qu'il y ait à l'exposition. Autour de ces fabricans du premier ordre, se rangent les talens secondaires, qui sont en assez grand nombre, et, au-dessous, les médiocrités, qui sont plus nombreuses encore. Constatons toutelois uu progrès : c'est que les departemens commencent à se livrer à la fabrication des pianos avec assez de succès pour lutter avec Paris même sur les marchés étrangers, témoins les villes de Rouen et de Marseille, représentées cette année à l'exposition par MM. Eder et Boisselot ; le' premier, auteur de pianos droits, et le second de pianos à queue, dont on s'accorde généralement à dire beaucoup de bien. Les perfectionnems apportés à la fabrication des pianos sont surtout remarquables, lorsque l'on considère l'état dans lequel se trouvait cette intéressante industrie, il y a moins de cinquante ans. A peine quelques mauvaises épinettes à deux cordes, à cinq octaves, au son cuivreux, figuraient dans les salons les plus à la mode ; les meilleurs de ce temps, s'il en reste, ne vaudraient pas vingt-cinq francs aujourd'hui. Les cordes étaient plutôt grattées que touchées par des marteaux durs et grossiers, doift on entendait le bruit en même temps que le son de la corde, et qui produisaient l'effet le plus désagréable. Enfin les Erard vinrent, qui comprirent tout le parti qu'on pouvait tirer d'un clavier mieux construit, et ils le construisirent. Ce fut une véritable révolution dans l'art. Bientôt au mécanisme à double piloté, succéda le mécanisme à échappement, qui est devenu la base de toutes les améliorations de ce genre ; les étouffoirs ont été perfectionnés ; la table d'harmonie a été exécutée d'une manière plus conforme aux progrès de l'acoustique, et nous sommes parvenus à obtenirsur les pianos à queue des effets d'harmonie comparables à ceux'qu'on obtient d'un orchestre tout entier. Toutefois, c'est seulement dans les pianos à queue que l'on renpontre cette perfection tant désirée. La forme carrée s'oppose à ce que l'on produise les mêmes effets, parce que les cordes sont placées et frappées obliquement tandis que, dans les pianos à queue, les marteaux frappent la corde perpendiculairement et lui communiquent des vibrations plus larges et plus sonores. Nous n'hésitons donc point à mettre au premiér rang les pianos à queue, et nous voyons avec chaque jour plus de consistance. On a fiat par reconnaître que les pianos longs-n'étaient pas beaucoup plus gênans que les autres, sous le rapport de l'encombrement, et qu'ils joignaient à l'avantage de conserver plus long temps leur accord., celui de produire des sons plus harmoaieur et plus variés. Il n'y aura bientôt plus que des pianos à queue dans les salons fashionables de Paris, et nous sommes persuadés que le goût de la musique, si important à propager, ne pourr a qu'y gagner. M. Erard, dont nous plaçons toujours la maison au premier rang, surtout depuis qu'elle a été vivifiée parles travaux de M. Pierre Erard, son représentant et sou héritier, expose un magnifique piano à queue dont le son est véritablemment extraordinaire par sa plénitude, sa force et son étendue. Un piano carré à deux cordes, du même auteur, exposé seulement depuis quelques jours, est aussi très-remarquable par sa belle harmonie, les perfectionnemens récens que M. Erard a apportés dans l'exécution des pianos, sont d'ailleurs tellement reconnus, que ce facteur a pu établir une fabrique à Londres en concurrence avec Bradwood [Broadwood] et les plus habiles facteurs de l'Angleterre, sur lesquels il a obtenu la préférence même à la cour du roi Guillaume. Nous ne pouvons que féliciter M. Erard du succès qu'il a obtenu et surtout des efforts qu'il n'a cessé de faire pour augmenter la réputation plus qu'européenne de sa maison." Le Constitutionnel, 13/06/1834, p. 3 (gallica.bnf.fr)
Les pianos de Pierre Erard ont aujourd'hui une sonorité excellente et sont supérieurement finis; ils sont dignes entièrement de leur belle renommée. Depuis cette époque la fabrication des pianos a pris un développement considérable; un grand nombre de fabriques s'est élevé; de Paris, cette industrie s'est étendue en province, et quelques-uns de nos départements produisent maintenant des pianos extrêmement remarquables sous tous les rapports. La France, qui, il y a trente ans, ne produisait pas 500 pianos année commune, en fabrique aujourd'hui plus de 6000. Notre nation, qui recevait autrefois ses meilleurs pianos de l'étranger, exporte aujourd'hui les siens, et ses instruments rivalisent avantageusement avec les produits des manufactures étrangères. Les États Unis et l'Italie, qui tiraient exclusivement, il y a dix ans, leurs pianos de l'Angleterre et de l'Allemagne semblent préférer aujourd'hui les instruments français : l'année dernière le chiffre des exportations pour ces deux pays s'est élevé à 400. On compte en ce moment en France de 120 à 130 facteurs qui confectionnent l'un dans l'autre une moyenne de 40 à 50 pianos chacun et qui occupent 4000 bras environ. Parmi tous ces facteurs il en est beaucoup qui fabriquent d'excellents instruments, auxquels par conséquent nous aurions dû consacrer une mention particulière. Ne pouvant le faire et pour être juste envers tous, nous allons publier le jugement des savants et celui du public en donnant la liste des récompenses obtenues dans la dernière exposition, à laquelle chacun était libre de concourir, et le chiffre des pianos sortant annuellement des quinze manufactures qui occupent le plus grand nombre d'ouvriers.
Récompenses
obtenues. Nombre de pianos fabriqués chaque année ;
Revue étrangére de la littr̄ature, des sciences et des arts, Volume 37, 1839, p. 553-554
Cette tâche difficile, M. Érard l'a dignement remplie : ses pianos, dans trois genres différents, ont été mis en première ligne, et, nous devons le dire, leur supériorité était marquée. Les instruments qui sortent des ateliers de M. Érard se distinguent non-seulement par la qualité des sons, mais encore par le fini du travail, par la disposition du mécanisme et par la solidité de toutes les parties qui les constituent." Rapport du Jury Central, Exposition, des produits de l'Industrie Française en 1839, M. Savart, rapporteur, 1839
Elle en avait fabriqué un grand nombre destiné à figurer au concours industriel; mais n'ayant pas de place suffisante pour les exposer à la fois, elle n'a pu les faire paraître que successivement. Ainsi, l'enceinte occupée par M. Erard changeait continuellement d'aspect. Des pianos à queue, des pianos carrés, des pianos de toutes formes, se succédaient et se trouvaient groupés avec les harpes qui les entouraient d'une manière pittoresque. Nous ne saurions affirmer si tous ont passé sous nos yeux; mais nous croyons que rien de remarquable ne nous a échappé touchant les améliorations que M. Erard a introduites dans ses instruments. La manufacture de M. Erard est actuellement la plus ancienne de celles de Paris, fondée vers 1780 par Sébastien Erard, dont la célébrité a retenti dans toute l'Europe, elle ne tarda pas à se placer à la tête d'une branche d'industrie pour laquelle la France était jusqu'alors restée en arrière. C'est Sébastien Erard qui a donné l'élan à la fabrication française des pianos, devenue supérieure à celle des pays étrangers. La route étant frayée, d'autres s'y lancèrent avec plus ou moins de bonheur; de nouveaux établissements furent fondés successivement, et, grâce à une émulation toujours croissante, cette fabrication a pris une extension prodigieuse. Aujourd'hui les nombreux des facteurs, grands et petits, est tellement considérable qu'on a peine à comprendre comment ils trouvent tous des débouchés pour leurs produits. Il est vrai que le piano a pénétré partout, qu'il est devenu le meuble indispensable de tout salon, et qu'il occupe la mansarde comme la loge du portier. Au milieu de ces manufactures naissantes qu'il vit surgir autour de lui, Sébastien Erard ne s'effraya pas d'une concurrence qu'il balançait par la puissance de son génie. Toujours préoccupé de quelque idée nouvelle, il signala sa longue carrière par de nombreuses découvertes sur lesquelles nous ne pouvons nous étendre ici. et dont trois surtout, le double mouvement de la harpe, le double échappement du piano, et enfin l'orgue expressif, feront à jamais vivre son nom dans l'histoire de ces instruments. Sa manufacture s'agrandit toujours, et il en fonda une seconde à Londres qu'il mena de front avec celle de Paris. Après sa mort, M. P. Erard, neveu de Sébastien, prit la direction de cet immense établissement. Jaloux de lui conserver son éclat, M. Erard n'a cessé de déployer une louable activité, et sa maison, loin de rester stationnaire, marche toujours dans la voie du progrès. Tout en suivant les procédés de son oncle, il en a perfectionné les détails, et la harpe aussi bien que le piano lui doivent de notables améliorations. Les instruments qu'il a exposés cette année font preuve du soin qu'il apporte a leur confection, car on ne saurait rien voir de plus fini, de plus parfait. Dans un précédent article nous avons parlé des harpes; il nous reste aujourd'hui à examiner les pianos dont nous allons signaler les perfectionnements. Les pianos à queue, si remarquables pour la puissarce et la qualité du son, laissaient toujours quelque chose à désirer dans les notes aiguës. M. Erard est parvenu à faire disparaître ce défaut au moyen d'une barre de cuivre fixée dans le sommier, et qui s'étend sur les deux dernières octaves. Cette barre harmonique (comme l'appelle M. Erard, à cause de l'effet qu'elle produit, el qui consiste à rendre les sons plus purs et plus harmonieux) a été prolongée dans un des pianos exposés de manière à tenir toute à largeur de l'instrument. Le résultat de cette innovation est des plus satisfaisants. Les soins de M. Erard se sont aussi portés sur les agrafes qui servent, comme on sait, à comprimer les cordes sur le sillet. M. Erard, ayant remarqué que ces agrafes manquaient parfois de stabilité, ce qui ne pouvait être que nuisible à la pureté du son, a imaginé d'en faire une seule pièce en les pratiquant dans un bloc solide dont la forme et la disposition présentaient des difficultés à cause de la précision qu'il exigeait, mais qui ne pouvait manquer de réussir entre des mains aussi habiles. Comme il arrive quelquefois que l'idée d'une amélioration en fait naître une autre qui s'y lie naturellement, M. Erard s'est servi de ce sommier mécanique du côté des chevilles pour asseoir les barres longitudinales qui reposent du côté opposé sur le sommier métallique des pointes, et qui forment maintenant avec ces deux sommiers un châssis métallique indépendant de la caisse, lequel soutient presque tout le poids des cordes dont le corps sonore se trouve ainsi débarrassé. Il résulte de ce double perfectionnement des avantages réels pour la qualité de son et pour la solidité de l'instrument. Dans les pianos carrés nous avons a signaler une nouveauté importante. M. Erard vient d'y introduire le mécanisme à double échappement, qui jusqu'à présent n'avait été appliqué qu'aux pianos à queue. On sait que ce mécanisme, inventé par Sébastien Erard, qui en exposa le premier modèle en 1823, permet de reprendre le marteau lorsque la touche est à moitié abaissée, de sorte qu'on peut répéter la note sans avoir besoin de relever entièrement le doigt de la touche. Conçu d'une manière très ingénieuse, et exécuté dans une rare perfection, ce mécanisme frappa d'étonnement tous ceux qui savaient en apprécier le mérite. Mais en même temps les objections ne manquèrent point; on prétendait qu'il était trop compliqué pour pouvoir être durable, et que le succès n'en serait que passager. Sébastien Erard persista dans son œuvre, et tous les pianos à queue qui sortirent depuis de ses ateliers furent munis de ce mécanisme, dont quinze années d'emploi ont constaté la solidité. Aujourd'hui M. P. Erard s'est décidé à l'adopter pour les pianos carrés; mais quelques modifications étaient nécessaires par suite de la différence dans la construction des deux instruments, et M. Erard a triomphé de toutes les difficultés. Sans entrer ici dans une description comparative des deux mécanismes, qui ne serait d'ailleurs que difficilement comprise sans le secours de planches, nous dirons que les deux leviers qui agissent en sens inverse dans celui de Sébastien ont été remplacés par deux pilotes dont l'un saisit le marteau au moment où l'autre l'abandonne. Le piano, dans lequel nous avons vu ce nouveau mécanisme se fait remarquer encore par une amélioration du système de barrage. Les sommiers de chevilles et de pointes y sont réunis par des barres longitudinales formant ainsi une assise métallique qui soutient le poids des cordes. Construit de cette manière, ce piano réunit toutes les qualités désirables, facilité et nuance dans le clavier, solidité dans la construction, et volume de son presque égal a celui d'un piano à queue. Parmi les pianos en forme verticale dont M. Erard a présenté plusieurs, tant à cordes perpendiculaires qu'à cordes obliques, il y en avait un qui se distinguait par un nouveau système d'accord dont les avantages ne sauraient être contestés. Nous avons parlé dans un précédent article des inconvénients attachés aux chevilles ordinaires, dont les mouvements se font par secousses, et qui, maniés par une main inhabile, font non seulement rompre les cordes, mais finissent par fatiguer l'instrument au point de lui faire perdre une qualité précieuse, celle de bien conserver l'accord. Nous avons mentionné les essais que plusieurs facteurs viennent de faire à la fois pour substituer au système des chevilles des systèmes d'engrenage qui permettent de tendre les cordes insensiblement. Le procédé de M. Erard est aussi simple que solide; il consiste dans une vis sans lin qui engrène dans une roue dont la rotation fait monter ou descendre la corde attachée à l'axe de cette roue. Le mouvement de la vis s'opère au moyen d'une clef de pendule ou de montre, et se fait avec une extrême facilité. Voilà une innovation utile qui ne peut manquer d'être favorablement accueillie de tout pianiste. M. Erard l'appliquera-t-il aux autres pianos. C'est ce que nous ne saurions affirmer; nous l'engageons à en faire l'essai. Outre les perfectionnemens que nous venons d'indiquer, M. Erard a porté ses soins sur l'extérieur de ses instruments, dont il a cherché à varier les formes, tant pour les rendre agréables à la vue que dans un but d'utilité. C'est sous ce dernier rapport qu'il a diminué les dimensions en construisant des pianos à queue qu'il nomme demigrands pianos, et qui sont d'un pied plus courts que les grands sans être inférieurs de beaucoup pour le volume du son. Les pianos carrés ont subi le plus de changements: En coupant ou évasant les coins de derrière, M. Erard a fait des pianos pentagones, hexagones, trapèze et autres; il y en avait même un auquel nous ne saurions appliquer un nom, parce qu'il n'est ni carré ni ovale, mais moitié l'un moitié l'autre. Ce dernier, de même que le piano pentagone et hexagone, possède le nouveau mécanisme à double échappement et la construction du barrage dont nous avons parlé plus haut. Un goût exquis a présidé à la confection de tous ces instruments, dont l'exécution est parfaite, comme on peut l'attendre lorsqu'on prononce le nom d'Erard. Quelques uns de ces pianos sont des instruments de luxe et de haut pénibles autres se distinguent par une élégante simplicité. Parmi les premiers on a remarqué le piano en forme de trapèze, décoré avec toute la magnificence du style des meubles de Buhl, et un piano vertical orné d'incrustations dans le style étrusque; mais la pièce capitale était un piano à queue, avec dorures, peintures et sculptures, qui attirait tous les passants et excitait leur admiration. On se rappelle le fameux piano d'or qui brilla à l'exposition de 1834, et qui passa ensuite en Angleterre où il fut vendu à un prix très élevé. Après cet instrument d'une richesse sans exemple, que pouvait faire M. Erard pour ne pus rester au dessous de lui-même? On s'attendait à voir quelque chose d'extraordinaire, et cette attente n'a pas été trompée; seulement M. Erard nous a ménagé une surprise en présentant un piano qui réunit le luxe à la simplicité. Ce piano à queue grand modèle à six octaves et demie, montant au sol n'est arrivé à l'exposition que peu de temps avant la clôture. Beaucoup de personnes, qui ont fréquenté la salle auparavant, n'auront pus vu cette merveille de l'ait, et voudront en avoir une idée au moyen de la description qu'ils espèrent en trouver ici. Hélas ! une tâche pareille et au-dessus de nos forces; notre mémoire se trouve eu défaut, et nous aurions besoin du secours de la muse qui inspira jadis la description du bouclier d'Achille. Disons toutefois simplement que ce piano est en bois de noyer auquel on a laissé sa couleur naturelle, sans vernis, sans altération aucune. Des tètes d'hommes et de femmes sculptées dans le même bois, également en couleur naturelle, ornent les côtés de la caisse. Entre ces têtes se trouvent des panneaux contenant des peintures sur fonds doré, et qui contrastent avec lu simplicité du bois. L'ensemble de ce piano a quelque chose qui frappe par la nouveauté, nous dirons même par la singularité, car à la première vue on croirait que c'est un piano non achevé dont le bois attend le vernis ou la dorure. Les sculptures aussi bien que les peintures sont d'une finesse extrême; elles font honneur aux artistes qui, en cette occasion, ont aidé M. Erard de leur talent. Nous apprenons que les dessins et peintures sont dus à MM Cavelier et Jozan; les sculptures à M. Chabreau. Espérons que ce piano, précieux comme instrument et comme objet d'art, ne suivra pas son devancier au-delà du détroit, mais qu'il se trouvera en France un amateur opulent qui voudra en faire l'acquisition. De reste, nous approuvons peu cette émulation ruineuse qui semble s'être emparée de quelques facteurs, à pousser les ornements extérieurs de leurs instruments à un degré qui touche à la folie. En continuant cette lutte, on finira un jour par exposer des pianos garnis de rubis, d'émeraudes et de diamants. Mais, on ferait ainsi un piano de la valeur de quelques millions, en serait-il meilleur pour les qualités essentielles ? et quel mérite y aurait-il à le faire, sinon celui d'avoir une fortune colossale, pour suffire à la dépense qu'en exigerait la construction ? Quant à nous, nous préférerons toujours un piano d'un extérieur simple, pourvu que le goût ait présidé à cette simplicité, comme dans tous ceux que M. Erard fabrique ordinairement. Après les éloges qui sont dus à M. Erard, et que nous lui avons donnés de grand cœur, il sera permis à la critique d'élever sa voix au sujet d'une innovation que nous ne saurions approuver, et que nous persistons à regarder comme un abus. Nous voulons parler de l'addition de quelques touches dans le haut pour compléter la septième octave. Il nous a toujours semblé que six octaves étaient la limite dans laquelle on aurait du se renfermer. On a ajouté une demi-octave dans la basse. Bien que ces touches ne rendent qu'un bourdonnement dont l'oreille ne distingue pas les rapports, cette augmentation du clavecin est encore excusable, parce que ces touches de la basse, frappées ensemble avec leur octave supérieure, peuvent servir à renforcer celle-ci. Mais les touches ajoutées dans le haut, à quoi seraient elles utiles? Leurs cordes, qui n'ont pas la longueur suffisante pour vibrer, ne rendent aucun son, et elles ne font qu'un claquement qui pourrait tout au plus servir à imiter les castagnettes ou tout autre bruit rythmique. L'émulation peut être utile dans les arts: elle mène à des découvertes, elle fait chercher et trouver de nouveaux précédés, mais elle entraîne aussi dans des écarts qu'il serait bon d'éviter. Parce qu'un virtuose célèbre devenu facteur de pianos s'obstine à faire des instruments à sept octaves, est-ce une raison de donner dans le même excès? Nous savons du reste que M. Erard n'est pas ici imitateur. Il nous a prouvé que déjà en 1814 son oncle avait fait un piano de sept octaves, mais qu'il avait abandonné cette innovation. Nous engageons M. Erard à y renoncer également, pour ne pas donner un-exemple, qui deviendrait contagieux sous l'égide de son nom." Revue et gazette musicale de Paris, Volume 6, 1839, p. 237-239
PIANOS DE PREMIÈRE CLASSE A ÉCHAPPEMENT DOUBLE. 1. Grand modèle à 7 octaves complètes, avec barres et sommiers harmoniques et tous les perfectionnemens. 2. Modèle ordinaire à 6 octaves et demie, avec barres et sommiers harmoniques et tous les perfectionnemens. 3. Petit modèle ou demi-grand à 6 octaves et demie, avec barres et sommiers harmoniques et tous les perfectionnemens. 4. Grand piano à 6 octaves et demie, montant au sol, avec barres et sommiers harmoniques et tous les perfectionnemens. ( Cet instrument est décoré dans un style classique, avec dorures, peintures et sculptures d'un fini précieux). 5. Piano forme carrée, grand modèle, à 3 cordes, 6 octaves et demie, montant au sol, avec un nouveau mécanisme, possédant les avantages du piano à queue d'Érard, nouveau barrage en châssis métallique pour résister au tirage des cordes. 6. Forme carrée, modèle ordinaire à 6 octaves et demie. 7. Forme pentagone irrégulière déterminée par les proportions harmoniques des cordes et par les exigences de l'instrument. (Ce piano repose sur trois pieds comme un piano à queue. ) 8. Forme hexagonne régulière, avec les mêmes perfectionnemens que les précèdes. (Ce piano, supporté par des colonnes torses, est décoré de moulures guillochées.) 9. Forme trapèze, possédant les mêmes avantages que les précédens. (Ce piano est décoré avec toute la magnificence du style des meubles de Boule.) N. B. Ces trois derniers instrumens prennent moins de place qu'on gond piano carré. C'ait dans le but d'utilité seulement, et pour faciliter le placement d'un instrument supérieur dans un salon peu spaciau, que ces formes nouvelles ont été présentées au public.
PIANOS DE DEUXIÈME CLASSE A ÉCHAPPEMENT ORDINAIRE, 1. Grand modèle à 6 octaves et demie, montant au sol avec le nouveau barrage ou châssis métallique. (Cet instrument est supporté par un X à colonnes torses d'un style élégant et nouveau.) 2. Modèle ordinaire au fa. A DEUX CORDES.
3. Grand modèle à 6 octaves et demie. PIANOS-DROITS. CORDES PERPENDICULAIRES.
5. Petit piano ou pianino à 6 octaves, orné
d'incrustations dans le style étrusque. ( Cet instrument n'était
exposé que comme objet d'art. CORDES OBLIQUES.
9. Grand piano droit à 3 cordes 6 octaves et demie,
montant au sol. Mais, tout-à-coup, il arrive d'Angleterre avec un mécanisme sur lequel il méditait depuis long-temps, et d'un genre absolument différent de tout ce qu'on avait fait jusqu'alors. L'objet de ses recherches était de donner au mécanisme une sensibilité telle, que le doigt put modifier le son à volonté, sans nuire à la force ni à la légèreté. Dans les pianos à échappement du système anglais, comme du système allemand, aussitôt que l'échappement a produit son effet, le marteau retombe et le doigt ne peut le relever qu'après avoir quitté la touche pour la frapper de nouveau. Sébastien Erard voulut que l'abaissement du marteau, après qu'il a frappé les cordes, se proportionnât au degré d'enfoncement où le doigt maintient la touche, et que, quelque fut cet enfoncement, on eut toujours la possibilité de faire frapper de nouveau le marteau sur les cordes sans relever absolument le doigt, de telle sorte que le pianiste put donner au son tel degré qu'il jugerait convenable, et qu'il pût, sans peine, répéter les notes autant de fois qu'il voudrait sans quitter les touches.
Ce problème difficile de mécanique fut résolu d'une
manière fort ingénieuse par Sébastien Erard, au moyen de deux
leviers agissant en sens inverse et mis en contact par des ressorts
; ce que Sébastien Erard fit pour le piano à queue, Pierre Erard le
fit pour le piano carré : il construit aujourd'hui ce genre de piano
à double échappement ; au lieu de deux leviers, ce sont deux pilotes
qui agissent, le second venant-saisir le marteau au moment où le
premier l'abandonne.
Pour engager cette lutte à
l'étranger, et la continuer pendant un demi-siècle, il fallait le
génie de son fondateur qui, à une époque où les Anglais inondaient
la France de leurs instrumens, à une époque où on ne voulait que des
pianos anglais, fit, à Londres, adopter, par un peuple jaloux et
orgueilleux de son savoir faire, la construction française. La patente allait expirer, il allait perdre une propriété qu'il n'était parvenu à établir qu'avec beaucoup de temps et d'argent ; ses ouvriers, qu'il avait formés, allaient porter à d'autres facteurs ses moyens de fabrication, il profita d'une loi récente, dont il n'y avait pas encore eu d'application, qui permettait au roi de proroger de sept ans la durée d'une patente, lorsque l'utilité d'une invention était reconnue et lorsqu'il était établi que l'inventeur n'était pas rentré dans ses premières dépenses.
Ainsi il demanda une enquête, laquelle fut dirigée
par les lords Brougham et Lindurst, membres du conseil de la reine,
et eut pour résultat de prolonger de sept ans son brevet.
M. Pierre Erard a établi trois modèles différens de
pianos à queue : le premier, ayant 7 octaves complètes, est destiné
aux grands artistes et compositeurs, qui trouvent toujours les
bornes d'un instrument trop rétrécies ; le second, ne monte qu'au
sol et peut suffire pour l'usage ordinaire ; le troisième modèle,
composé par M. Erard, est un piano à queue destiné à être placé dans
des petits salons. Cet instrument, appelé demi-grand est d'un pied
plus court que le modèle ordinaire, bien qu'il possède comme lui 6
octaves et demie de ut au fa; sa force d'harmonie est étonnante pour
sa dimension.
Ce perfectionnement apporté dans la fabrication en a
amené un autre. M. Erard s'est servi de ce sommier métallique du
côté des chevilles pour appuyer les barres longitudinales qui
reposent à l'autre bout sur le sommier métallique; maintenant, ils
forment, avec les deux sommiers de pointes et de chevilles, un
châssis indépendant de la caisse, dont le corps sonore se trouve
ainsi débarrassé. Les pieds de cet instrument sont ingénieusement tracés ; cependant nous regrettons ces pauvres petits chiens lévriers dont les pattes servent de pédales, il nous semble toujours que nous allons les entendre crier. Nous voudrions également que la barre du clavier fut dans le même style que la caisse; les incrustations dont cette partie est surchargée font tort à l'ensemble plein de goût de cet instrument. Le luxe extérieur n'est souvent destiné qu'à cacher la médiocrité du mécanisme ; dans celui-ci, il en relève la valeur. On assure que ce beau piano a été acheté par une sommité industrielle. Parmi les personnes désignées, nous avons entendu nommer M. Sallandrouze Lamornais." Lucas Al. Panorama de l'industrie française publié par une société d'artistes et d'industriels sous la direction de M. Al. Lucas, 1839, p. 91 (gallica.bnf.fr)
ERARD Ier.
Cette découverte, on le conçoit, devait augmenter les ressources de l'artiste; aussi fit-elle révolution dans la facture. Petzold introduisit en même temps les longues tables qui régnent dans toute l'étendue de l'instrument et couvrent la place occupée par les touches et leurs accessoires.
Ces pianos étaient excellents; l'harmonie n'en était
pas forte; mais elle était agréable. Les sons étaient homogènes d'un
bout à l'autre du clavier et possédaient un beau timbre dans les
phrases de chant. Mais cet habile facteur eut longtemps à lutter contre la routine. On accusait ses instruments d'avoir des sons sourds, sans portée et sans mordant, et sur lesquels, disait-on, il était impossible de faire nettement les traits rapides, sans confusion; mais chaque artiste trouve aisément une expression de louange pour le facteur qu'il patronise, et s'évertue à chercher une expression de décri plus ou moins saillante contre les autres.
Ainsi le
mot de nasillard fut souvent lancé contre la qualité de son des
anciens pianos d'Érard, et au plus fort de sa vogue, le célèbre
chanteur Bordogni s'écria, en essayant un de ces instruments: « Ze
ne sais, ma cet outil cante de la gorze. »
ERARD II Ce ne fut que lorsque son établissement eut pris un peu d'importance que Sébastien appela son frère Jean à Paris. Les pianos de leurs contemporains Merken [sic], Zimmerman, Armand Blanchet, Freudenthaler,it mécanicien, c'est à lui que la France est redevable du perfectionnement qui consiste à tailler en biais la hache de la guillotine.), etc. n'étaient que des copies plus au moins heureuses des innovations faites par les frères Erard.
Les
ateliers de ces derniers étaient à eux seuls plus considérables que
tous ceux de leurs confrères ensembles. Ils ont même fondé une
fabrique à Londres. Mais la maison de Paris était tombée en
décadence entre les mains de Jean Erard, qui dirigea seul les
ateliars de Paris de 1815 à 1823. Erard II faillit perdre la
dynastie. ERARD III.
A tout
seigneur, tout honneur. Voici ie facteur des princes qu'un
journaliste a appelé le prince des facteurs: Facteur des princes,
parce que ses instrumens sont d'un haut prix, entre autres ce
magnifique piano à queue, en noyer sculpté, orné de peintures sur
fond d'or, qui ne saurait figurer convenablement que dans un palais;
Prince des facteurs, parce qu'en effet ses pianos à queue sont d'une
puissance, d'une intensité et d'une pureté de sons admirables, et
peut-être à cause de la munificence avec laquelle il sait traiter
les grands artistes. VOIR BLANCHET (°1750), MERCKEN (°1770), ZIMMERMAN (°1780), SCHMIDT (°1785), SYSTERMANS (°1785), et FREUDENTHALER (°1789) sur la page des Pianos français 1700-1799. ET VOIR PETZOLD (°1806), ENDRES (°1802), ROLLER Père (°1808), ROLLER Fils de ROLLER & BLANCHET (°1826) tous sur la page des Pianos français 1800-1829.
Déjà, en 1787, il avait substitué au mécanisme défectueux des crochets celui qu'on appelle mécanisme à fourchettes, fonctionnant an moyen d'un disque armé de deux boutons qui, par un mouvemeni de rotation, saisit la corde dans la position naturelle et la raccourcit de la quantité nécessaire pour l'élever d'un demi ton, et cela avec une solidité, une fermeté à toute épreuve. Mais ce ne fut qu'en 1794 que sa première harpe, ainsi construite, parut à Londres où il avait établi une maison En 1798 il l'introduisit en France et y obtint un brevet de quinze ans. Après l'expiration de ce brevet le mécanisme d'Erard fut imité par tous les facteurs de harpes, dont plusieurs l'avaient combattu dans l'origine. Erard augmenta le mérite de ses harpes en perfectionnant la courbe de la console de manière à donner une meilleure proportion au diapason, et il améliora une foule de détails que nous passons ici sous silence.
Tous ces
travaux, auxquels il ne cessa de se vouer, ne furent que
l'avant-coureur de la harpe à double mouvement, invention qui mit le
comble à sa gloire. Elle eut un succès prodiieux; prétend qu'Erard vendit, dans le cours de la pren née, pour 625,000 francs de ces nouvelles harpes importa son invention en France, et toutes les harpes de ses ateliers de Paris et de Londres ont été construites sur ce principe aujourd'hui adopté par tous facteurs. Dans cette harpe chaque pédale fait une double fonction pour élever, à volonté, chaque corde d'un demi-ton ou d'un ton. Il y a deux fourchettes semblables à celles qu'Érard emploie dans ses harpes simples. Au premier mouvement de la pédale, la première fourchette saisit la corde et l'élève d'un demi-ton; au second mouvement, la seconde fourchette agit et porte l'élévation à un ton. Le relâchement de la corde peut s'opérer ou successivement ou d'un seul coup. En 1815 cette harpe fut soumise à l'examen de l'Académie des Sciences et de l'Académie des Beaux-Arts réunies qui en firent un rapport très favorable auquel nous renvoyons ceux de nos lecteurs qui voudraient avoir de plus amples détails sur ce mécanisme ingénieux. La supériorité des nouvelles harpes ne pouvait être méconnue. Cependant un artiste distingué, Henri Nadermann, attaqua le rapport de M. de Prony et osa nier les avantages de l'invention d'Erard. Réfuté victorieusement par le directeur de la Revue musicale, Nadermann s'est obstiné toute sa vie à défendre les harpes qu'il continuait à fabriquer suivant l'ancien système.
Le temps a
fait justice de cette prévention, et la harpe à double mouvement
ayant été adoptée par les harpistes es plus renommés de l'époque, la
question de sa supériorité est désormais résolue sans réplique.
Nous
reviendrons à cette maison célèbre lorsque nous parlerons des pianos
qu'elle a envoyés et qu'elle enverra encore à l'exposition.
Aujourd'hui nous n'avons à nous occuper que des harpes.
Ce sont du
reste des choses qu'on est en droit d'attendre des instruments qui
sortent des ateliers d'Erard, et sur lesquelles nous n'appuierons
pas. Pirions plutôt des perfectionnements que nous avons remarqués.
A cet effet
la table a été allongée, et la longueur de la baguette, sur laquelle
les cordes sont attachées, a été augmentée de trois pouces sept
lignes ; ce changement permis d'ajouter trois cordes, une dans le
haut et deux dans la basse, de sorte que le clavier de la harpe a
acquis l'étendue de celui du piano, c'est-à-dire qu'il est
maintenant de six octaves et demie. Il a substitué des équertes doubles aux équerres simples pour transmettre, à l'aide des deux tringles d'attache, le mouvement des fourchettes inférieures, aux fourchettes supérieures. Chaque équerre double à deux joints ou articulations distinetes pour les deux tringles d'attache et le mécanisme ainsi combiné, fonctionne avec une extrême précision. On conçoit que ce changement a dù en nécessiter d'autres ; c'est ainsi que les dillérentes perforations de la plaque de métal pour les centres et tous des boutons ont dù être combinées d'une nouvelle manière. Nous n'entrerons pas ici dans les détails minutieux de plusieurs améliorations qu'il serait difficile de faire comprendre sans le secours d'un dessin. Ce que nous avons dit suffit pour faire juger des soins que M. Erard apporte à la confection de ses harpes. Nous engageons les artistes et les amateurs à voir ces beaux instruments et surtout à les entendre, ce sera le meilleur moyen d'en apprécier la haute valeur." Revue et gazette musicale de Paris, Volume 6, 02/06/1839, p. 172-174
Pianos droits à cordes obliques
Mais, puisque'il nous
est permis d'exprimer ici nos prédilections personnelles, c'est le
son même, sa qualité, sa pureté, sa faîcheur, son égalité de nature
dans toute l'échelle du clavier, qui nous plaît et nous charme, mais
hélas ! trop rarement; or ces qualités précieuces et réellement
musicales, que des doigts conduits par une âme d'élite et non par la
frénétique manie des tours de force savent faire valoir, nous les
savons trouvées, au degré le plus éminent, dans les pianos longs et
carrés de MM. Wolfel et Laurent."
La France Industrielle, 22/08/1839,
p. vii - voir les expositions de
In external appearance the first of these three contributed the most beautiful instrument that we ever saw or heard of — a long piano a queue, in native walnut, carved in the most exquisite and masterly manner, to the style of the Renaissance, while the pannels were all painted with the delicacy and finish of miniatures. The sound, and internal merits of this instrument, we understand, are quite as remarkable as its external beauty; it is, altogether, a work of art of the highest kind; but its price is said to be so elevated that no purchaser has as yet been found for it." Niles' National Register: Containing Political, Historical, Geographical ..., 1840, p. 89
Au jugement d'une commission dont notre concitoyen, M. F. Savart, membre de l'Institut, était le rapporteur, M. Erard a vu ses pianos à queue, ses pianos carrés et ses pianos droits, obtenir le premier rang parmi les instruments exposés par des facteurs rivaux, dans ces divers genres de construction. On sait que M. Erard reçut, à cette occasion,, une nouvelle médaille d'or en récompense des services qu’il venait de rendre à un art généralement cultivé. En rappelant ce fait, nous avons pensé que les amateurs n’apprendraieut pas sans intérêt, qu'un dépot des excellens pianos d’Erard est établi à Metz, rue des Clercs, chez M. Desvignes, directeur de l’École municipale de musique." Courrier de la Moselle, 09/05/1840, p. 1 (kiosque.limedia.fr)
Les grands pianos d'Erard et de Pape appartiennent aux grandes salles de concerts et aux théâtres; les pianos de Pleyel sont mieux placés dans les salons de peu d'étendue; ils conviennent mieux à la musique intime." L'Exposition : journal de l'industrie et des arts utiles, 1844, p. 4 (gallica.bnf.fr)
Les instruments qui sortent des ateliers de M. Érard viennent de prouver encore une fois qu'ils méritent à, tous égards la réputation dont ils jouissent. Ils ont été, d'une voix unanime, placés au premier rang parla commission. Le jury décerne à M. Pierre Erard le rappel de la médaille d'or, qui lui a été accordée en 1839." Rapport du Jury central ..., Paris Jury central, Imprimerie de Fain et Thunot, 1844, p. 547
MM. Erard fabriquent des pianos de différents genres et de différentes grandeurs. La réputation de leur maison est européenne, et leur commerce à l'étranger a été très avantageux pour la France. La fabrication de cette maison, la «plus anciennede toutes dans cette partie, se distingue par un nouveau système de mécanisme, inventé par Sébastien Erard, qui rend leurs pianos supérieurs à ceux de Londres et de Vienne, et que tous les grands artistes (dont l'opinion est désintéressée) ont adoptés en France, en Angleterre etc. Telle est la supériorité de ce système, qu'il oblige les autres facteurs à abandonner leur ancienne manière de travailler pour soutenir la concurrence. Ce système de mécanique, que MM. Erard ont sans cesse perfectionné leur a constamment valu le premier rang à toutes les expositions et notamment une nouvelle médaille d'or à celle de 1839. Harpes à double mouvement, à 6-8 et demi, mises également au premier rang par le jury de 1839." Catalogue explicatif et raisonné des produits admis à l'exposition quinquennale de 1844, p. 79 (gallica.bnf.fr)
Ils n'offrent d'ailleurs rien de différent sur ceux de la dernière ex position; c'est toujours la même solidité, la même qualité de son ; nous noterons seulement l'application du système de double échappement aux pianos carrés ; c'est une bonne chose sans doute mais nous ne croyons pas qu'elle sauve cette forme de pianos de l'arrêt qui l'a frappée; le piano droit pour l'étude et la musique intime dans des appartements de médiocre étendue; les pianos à queue pour les artistes et les grandes réunions sont les seules formes raisonnables." Mémorial du commerce, 1844, p. 521 (gallica.bnf.fr)
Le piano à queue d'Erard, avec son excellent clavier à double échappement et les belles qualités de ses sons, est construit encore aujourd'hui sur le modèle de Sébastien Erard; rien n'est changé que l'enveloppe qui a subi, dans ses formes, l'influence de la mode. Il est vrai de dire que le créateur de la maison avait devancé ses confrères de cinquante années. Le mérite de M. Pierre Erard est d'avoir, par un respect qui honore autant ses sentimens que son intelligence, suivi les données de son oncle, en ayant soin d'apporter chaque jour son attention éclairée au perfecttionnement des détails du mécanisme et du fini de l'exécution. Le système d'échappement a notamment subi, grâce à ses soins, d'heureuses modifications, qui ont fait marcher de pair le mécanisme du piano avec lesprogrès des pianistes. L'application du double échappement aux piaos carrés, essayée avec succès depuis peu de temps par la maison Erard, est destinée à rendre put-être son ancienne vogue à cette forme négligée depuis quelques années au profit des pianos à queue et des pianos droits. Inventa perficere non inglorum. C'est ainsi qu'en mettant à profit pour sa maison le double mérite de l'artiste et du fabricant, M. Pierre Erard en a maintenu la supériorité à toutes les expositions, et qu'il a rendu tributaires de sa fabrication les pays étrangers dans lesquels les pianos d'Angleterre et d'Allemagne avaient jusque-là régné en maîtres." Archives du Commerce ..., Volume 36, 1845, p. 388
Ainsi on a souvent dit que le piano moderne d'Erard était si parfait qu'it était impossible de faire mieux, et pourtant, il s'améliore chaque jour. L'introduction de la barre harmonique est un perfectionnement récent. Avant cette addition importante, les destus des grands pianos n'étaient jamais bien en rapport avec le médium et les basses. Le son manquait généralement d'intensité et de pureté dans cette partie.
Ce défaut a complètement disparu dans les pianos
d'Erard, par l'applicatin des brevets de 1838 et 1843. En
récapitulant les points importans dans la construction du grand
piano, nous trouvons : [M. Erard ne se borne pas à chercher sans cesse et à trouver des améliorations nouvelles dans l'art qu'il exerce avec tant de succès, il consacre aussi les plus grands soins à l'ébénisterie et à l'ornementation de ses instruments. Le grand piano en chêne sculpté, point et doré, qu'il a exposé celle année n'était pas seulement un admirable instrument, c'était encore un meuble plein de richesse, d'élégance et degoùt, un meuble vraiment superbe; il attirait, dans les galeries industrielles, tous les regards par la magnificence de son aspect; mais bientôt la foule devenait plus compacte et demeurai longtemps, ainsi pressée, devant ce splendide instrument, attentive aux sons pleins de puissance et d'expression qu'en lirait une jeune et jolie personne, d'un talent hors ligne comme pianiste, talent mâle et énergique, comme le caractère de sa beauté.] Après le piano à queue, le piano carré est celui qui mérite le plus l'attention du facteur, puisqu'il figure plus souvent dans les salons que le piano droit, qui se place ordinairement dans les salles d'étude. C'est aussi le plus dificile à bien construire. C'est le modèle qui présente le plus de difficultés à surmonter dans son plan, pour placer les pièces composant le mécanisme, tant pour l'échappement que pour l'étouffoir c'est celui où le tirage des cordes est le moins aisé à vaincre; c'est encore celui ou la forme de la caisse permet le moins d'étendue à la table d'harmonie c'est par conséquent le plus difficile à bien faire sonner. M. Erard présente aujourd'hui tm piano de ce genre, supérieur dans son ensemble à tout ce qu'on a fait jusqu'à présent, possédant toute la précision et les nuances des claviers des pianos à queue, une solidité à toute épreuve, et, pour le son, un développement que l'on ne trouvait auparavant que dans les pianos à queue." Journal des débats politiques et littéraires, 23/06/1844, p. 1 (gallica.bnf.fr) et un texte dans l' Exposition de l'industrie française, année 1844 : description méthodique..... Tome 2 / texte de M. Jules Burat ; publ. par M. Challamel, 1845, p. 51 (gallica.bnf.fr) et L'Exposition : journal de l'industrie et des arts utiles, 1844, p. 3 (gallica.bnf.fr)
PLEYEL ET ERARD.
Ces deux maisons sont placées en première ligne dans l'opinion du monde musical, nous avons cru utile de faire connaître par quels moyens elles sont arrivées toutes les deux à balancer son suffrage. Mettre en lumière les élémens qui ont servi à former leur réputation et l'influence que leur fabrication peut exercer sur l'exécution des grands artistes, c'est rendre le public juge définitif du mérite relatif des deux chefs de la facture instrumentale. La sonorité le mécanisme et la construction, telles sont les parties constitutives du piano. D'après toutes les expériences d'acoustique, il est à peu près reconnu que les qualités de son les plus agréables a l'oreille, sont celles qui proviennent du bois aussi en lutherie comme en facture générale, l'habileté du facteur se reconnaît au choix des parties qui concourent à former la table d'harmonie. L'expérience et l'habileté sont les meilleurs guides quand il s'agit de faire ce choix, qui est la base de tout instrument à cordes. M. Pleyel, avant de songer à la facture, et alors qu'il ne s'exerçait sur le piano qu'en artiste, était surtout préoccupé de cette idée, que l'un devait chercher à faire produire à cet instrument un son analogue aux effets des Stradivarius et des Amati. Il crut avoir rencontra cette qualité a un degré supérieur dans les pianos fabriqués par John Broadwood, l'un des plus habiles facteurs de l'Angleterre et dès lors il créa sa belle manufacture de pianos, dans laquelle, sans janais abandonner le type admirable de cette sonorité il apporta d'immensis modifications.
C'est ainsi qu'il a
perfectionné tour à tour les formes verticales ou carrées, en leur
appliquant le principe qui pouvait le mieux rapprocher ces
instrumens de la sonorité du piano à queue, le véritable piano
normal. De ces points de départ, il résulte que la facture Pleyel s'attache principalement à obtenir un timbre homogène dans toutes les parties du clavier, et que la facture Érard fait participer à la fois le bois et le métal à sa sonorité. Pour suivre une analyse méthodique, nous devons examiner si l'expérience peut, dés aujourd'hui nous donner les moyens de constater d'une manière rigoureuse les résultats de ces deux systèmes. MM. Érard et Pleyel ont mis dans la circulation un si grand nombre de leurs instrumens, que nous croyons cette tâche facile, car chacun peut, en consultant ses impressions, peser la valeur de notre jugement.
Le piano Pleyel joué
pendant quelques années, conserve à un degré remarquable la qualité
de son qu'il avait en sortant de l'atelier, le piano Érard, sans
perdre les belles proportions de sa sonorité, offre seulement une
modification dans le timbre qui devient plus métallique. Ceci tient
au principe générateur des deux fabrications.
C'est l'époque où ont
brillé des facteurs habiles, lesquels, n'ayant a satisfaire qu'aux
exigences d'une école qui ne demandait pas une grande intensité,
donnèrent à la facture des pianos carrés une célébrité bien méritée.
Mais aujourd'hui cette célébrité a perdu tous ses prestiges. Dès lors, la fabrication a pris les plus larges proportions. Ici les deux systèmes de Pleyel et d'Erard offrent surtout une différence plus tranchée car si Erard acquiert une suprématie momentanée sous le rapport du grand piano à queue de concerts, il la doit notamment à l'emploi des doubles moyens de sonorité dont nous venons de parler, tandis que Pleyel, tout en marchant progressivement vers le but qu'exige l'école nouvelle, s'attache à ne pas altérer le principe qui assure la remarquable pureté de son de ses instrument.
Nous avons vu alors
les grands pianistes employer, dans les vastes salles, les pianos
d'Erard; nous avons vu aussi le piano Pleyel régner en maître dans
tous les salons où le charme du son a autant, sinon plus d'attrait
que la force. Depuis ce temps, M. Pleyel a fabriqué des pianos grand format de sept octaves où la percussion est portée à un très haut degré d'énergie, et beaucoup d'artistes les ont adoptés pour les concerts publics donnés dans les grandes salles, soit à Paris, soit en province. Voici en effet, ce qu'un de nos critiques les plus distingués, M. Fétis, a proclamé dans la presse belge à la suite d'une audition d'un nouveau piano, sept octaves, de Pleyel, dans la plus vaste salle de l'Europe, celle de la Grande Harmonie. Après avoir parlé d'Emile Prudent, parlons de l'instrument. Nous considérions les pianos d'Erard comme les seuls admissibles au concert; cette opinion se trouve modifiée depuis que nous avons entendu l'excellent piano de Pleyel, touché par M. Prudent, au concert de samedi (19 avril 1844). La force, la plénitude, l'éclat tempéré des sons de ce bel instrument le rendent parfaitement propre au même usage; pour en être convaincu, il suffit d'avoir été témoin de l'effet qu'il a produit dans la vaste salle de la Grande Harmonie. Evidemment, il s'est fait depuis peu, dans les ateliers de M. Pleyel, un progrès considérable.
La marche de la
facture Pleyel a été plus lente, mais le résultat a été complet. Les
deux facteurs, arrivés par des routes différentes à ce point de
perfection, honorent l'industrie française. Les travaux de MM.
Pleyel et Erard doivent assurer à ces deux maisons des profits bien
mérités et une suprématie incontestée à l'étranger, car leur facture
résume les diverses qualités qui peuvent satisfaire tous les goûts. Au point de vue le plus rationnel en mécanique, il est évident que les pianos Pleyel doivent être préférés, puisque leur mécanisme est le plus simple et par conséquent celui dans lequel il doit y avoir le moins de chances de détérioration. C'est là ce qui nous semble le cachet distinct et persistant de la fabrication Pleyel. Mais remarquons cependant que le mécanisme dit à double échappement d'Erard a une apparence de facilité pour l'exécution des œuvres modernes de quelques uns de nos grands pianistes et compense, par cet avantage, les inconvéniens de sa complication. Aussi cet maison semble-t-elle attacher l'importance et le principal mérite de ses produits a l'application de ce principe. Voila ce qui explique la diversité des opinions sur la valeur des deux mécanismes comparés, de la part d'artistes d'un talent éminont, mais chez lesquels une étude toute différente de l'attaque du clavier amène des exigences différentes.
Somme toute, sur
chacun des pianos d'Erard et de Pleyel, nous voyons aujourd'hui tour
à tour, a Paris et dans les grandes villes où l'art du piano est
cultivé d'une manière sérieuse et intelligente, les premiers
pianistes traduire leurs ouvres et celle des maîtres de la manière
la plus satisfaisante. La maison Pleyel, fondée depuis vingt ans, a établi de vastes ateliers de construction, où se trouvent, classés par époques, les bois les plus recherchés et les meilleurs. Dans cet espace de temps, M. Pleyel a mis dans la circulation environ douze mille pianos de toutes les formes. Sa manufacture est devenue la plus considérable de l'Europe continentale. M. Erard possède aussi des ateliers considérables. Après une lacune de quelques années, il se replace, avec la maison Pleyel, à la tête de la fabrication et fonde, en Angleterre, une facture rivale des meilleures factures anglaises.
Ces deux maisons,
luttant entre elles d'efforts persévérons, obtiennent à l'étranger,
par l'excellence de leur fabrication, une confiance qui, en
définitive, réagira puissamment et avec fruit en faveur de cette
industrie aujourd'hui exploitée en France par un nombre vraiment
remarquable de fabricans. Nous devons cependant appeler l'attention des artistes et du public sur les nouveaux pianos à queue, à double percussion, présentés par M. C. Pleyel, et qui produisent une vive sensation parmi les artistes. Ces instrumens seront l'objet d'un examen tout spécial dans les colonnes de la France Musicale. Nous avons dû nous montrer sobres d'éloges à l'égard des divers genres de pianos fabriqués par MM. Pleyel ou Erard, car nous avons eu pour but surtout de constater des mérites différens en en appelant à la propre expérience de nos lecteurs. Nous avons en besoin d'oublier la brochure écrite par M. Erard, en son propre honneur, au sujet de ses pianos de l'exposition pour rester dans les termes d'une appréciation impartiale. Où en serions-nous, bon Dieu ! si désormais chaque manufacture en venait à imiter cet exemple et se croyait obligée de faire imprimer des éloges in-folio, pour prouver la supériorité de ses produits ? - Escudier." La France Musicale, 07/01/1844, p. 193-194 (gallica.bnf.fr)
A la fois tête de colonne et centre de ralliement, cette disposition locale paraît dominer les groupes voisins, tout en leur donnant de l'unité. Il semblerait qu'on a voulu figurer par cet arrangement matériel la place que MM. Érard occupent parmi leurs confrères. Telle est, en effet, la position de ces grands fabricants, que leur supériorité est incontestée, même par leurs collègues les plus distingués. Recourir aux preuves de ces assertions, ce serait retracer l'histoire presque complète du piano, et cette tâche rentre plutôt dans l'étude générale que nous aurons à faire de cette importante fabrication, qu'elle ne constitue l'examen d'un industriel considéré individuellement.
Toutefois, nous prendrons notre parti sur des répétitions qu'on ne
saurait éviter qu'au prix d'une injustice réelle et en passant sous
silence des plus beaux titres de la maison Érard. Aussi ont-ils pu créer pour la facture des instruments de musique un de ces centres de fabrication analogues par leur étendue à ces grands établissements où la haute industrie accumule les ouvriers par centaines et entasse les capitaux par millions. Grâce à cette importance et aux habitudes industrielles qu'ils ont puisées en Angleterre, où ils sont allés combattre l'ancienne facture de pianos sur son propre terrain, ils ont introduit dans leurs vastes ateliers tous les procédés de la science economique la plus avancée. Si leurs instruments se trouvent toujours à la tête de ce genre de produits, on se tromperait en en attribuant exclusivement la supériorité à l'esprit d'invention et aux savantes combinaisons mécaniques dont cette famille semble avoir reçu l'apanage. Il convient d'en reporter en partie le mérite sur l'organisation des travaux et des moyens matériels d'exécution.
Le grand principe de la division des fonctions, la méthode des
approvisionnements de longue date, les spécialités classées dans les
nombreuses. industries accessoires dont le concours est nécessaire à
la facture, tout cet ensemble de conditions pratiques a été depuis
longtemps amené à un haut degré de perfection dans le grand
établissement de la rue du Mail et dans celui de Londres.
Il était donc aisé d'imiter avec moins de frais le procédé suivi par
la plus grande partie des facteurs de la capitale, et qui ne
consiste qu'à assembler ces membres épars, ces organes disjoints,
pour eu composer un instrument de toutes pièces, sans se préoccuper
du résultat plus ou moins heureux de cette association. Des
bénéfices énormes étaient au bout d'une production ainsi organisée. Dès 1785, à l'époque où Sébastien inventait le piano français et s'apprêtait à repousser de notre pays les factures anglaise et allemande, seules admises dans nos salons, les marchands de ces pianos, qui les débitaient à Paris avec les priviléges de leur corporation, cherchèrent à entraver cette industrie nationale à sa naissance, et il fallut l'intervention Auguste de Louis XVI, pour que les ateliers d'Érard restassent ouverts. Ce brevet royal est le premier titre de noblesse de la famille ; les autres sont les découvertes successives de son chef et les combats qu'il eut à soutenir pour triompher sans cesse de la routine aveugle et de la concurrence commerciale.
Chose remarquable c'est contre elle-même en quelque sorte que la
maison Érard a eu les plus rudes assauts à livrer. C'est pour
substituer à ses propres procédés adoptés peu à peu par les
fabricants des procédés plus parfaits et plus récents, qu'elle a été
obligée d'employer la plus persévérante énergie.
Y a-t-il beaucoup d'industriels, disons même de théoriciens savants,
dont la vie offre un pareil amour du progrès, un pareil culte de la
perfection ?
L'emploi d'un barrage métallique pour consolider la caisse de
l'instrument, soumise à un tirage constant qui s'élève parfois
jusqu'à 12,000 kilogrammes, enfin l'application de la barre
harmonique pour égaliser, dans les grands pianos à queue, les dessus
avec les basses et le médium, telle est, rapidement et à vol
d'oiseau, la série des améliorations introduites dans la facture,
soit par Sébastien Érard, soit par ses continuateurs. MM. Érard étaient les souverains de la facture. Ils ont usé pour son bien de cette autocratie, et comme les grands artistes se comprennent vite et se prêtent un mutuel concours, tous les exécutants prodigieux qui depuis trente ans parcourent l'Europe au bruit des applaudissements ont adopté pour organe de leurs inspirations et pour instruments de leurs succès une des créations de MM. Érard.
C'est sur un piano de Sébastien que Steibelt et Dussek charmaient
les salons de l'empire; c'est sur le premier piano de sept octaves à
barrages métalliques que Liszt, en 1824, se faisait connaître à
Londres et à Windsor; et, vingt ans plus tard, c'est encore sur des
pianos d'Érard qu'il se livre aux élans de ses fougueuses
inspirations. Ils ont eu en vue de doter le piano carré de l'intensité et des nuances de son que le piano à queue a seul possédées jusqu'à présent, tout en lui donnant une solidité qui assure l'accord et la précision. Attendons l'opinion du jury sur cette dernière création, destinée en quelque sorte à résumer tous les procédés supérieurs introduits depuis vingt ans dans cette fabrication savante." L'Industrie. Exposition des produits de l'industrie française en 1844, p. 85-87 (gallica.bnf.fr)
On y chercherait vainement quelque chose de précis, de suffisamment technique sur les conditions employées dans les instruments qui sortent des magasins de cette maison. La seule chose qui ait un caractère de nouveauté, et dans laquelle je puisse voir franchement figurer les propriétaires actuels de l'établissement, c'est l'application aux pianos carrés de la mécanique de Sébastien Erard, que, jusqu'alors, on n'avait appliquée qu'aux pianos à queue.
Ils annoncent, en
outre, des essais pour faire la même application aux pianos
verticaux.
Nous ne pouvons que joindre nos éloges à ceuxdonnés par les différents juris qui les ont jugés : sanctionner leurs décisions, c'est rendre pleine et entière justice à ces facteurs hors ligne. Si Paris possède des facteurs aussi distingués, la province n'est pas non plus restée stationnaire; elle est entrée dans une large voie de progrès et de perfectionnement, nous pouvonsmême ajouter d'inventions utiles qui doivent amener avant peu une révolution nouvelle, soit dans le toucher du piano, soit dans lamanière d'écrire pour cet instrument." Exposition des Produits des Beaux-Arts et de l'industrie : A Toulouse dans les galeries du Capitole, 1845, p. 171
Il appartenait à M. Erard de créer un piano de concert en rapport avec les exigences de l'époque, c'est-à-dire un véritable piano-orchestre par la variété et la puissance de ses moyens d'action. Son nouveau piano à clavier de pédales, qui, par le secours d'une tirasse fort ingénieusement agencée, fait parler, sous la pression des pieds, les deux octaves de notes graves, réalise en effet un pas immense dans la fabrication des pianos. [...]" Le Ménestrel, 29/07/1849, p. 3 (gallica.bnf.fr)
Sans la
supériorité du principe de fabrication établi par cette maison,
saris la perfection d'exécution d'un travail extrêmement précis, il
lui eût été impossible de lutter, sur les marchés étrangers, avec
les fabriques anglaises et allemandes, renommées, les unes, pour de
bons instruments, et les autres pour la modicité de leurs prix. C'est un fait constant, appuyé sur des preuves irréfragables, et dont il sera facile de se convaincre, si l'on veut examiner avec nous l'opinion publique musicale des diverses contrées où les instruments français s'exportent. ESPAGNE. Les événements politiques influent toujours d'une manière plus ou moins fâcheuse, sur notre commerce d'exportation; et bien souvent, depuis cinquante ans, les efforts de nos manufacturiers, pour étendre nos relations au dehors, ont été contrariés par les chances de la guerre. C'est ainsi que le commerce de la maison Erard, autrefois florissant en Espagne et en Portugal, a été complètement paralysé à Madrid et à Lisbonne par l'influence anglaise, au dénoûment de la guerre de la Péninsule.
Partout depuis, à de rares exceptions près, les pianos anglais
avaient succédé à ceux d'Erard; et la jeune reine d'Espagne,
Isabelle II, avait fait venir à grands frais, d'Angleterre, un piano
pour orner son salon de Madrid; mais ayant eu, il y a deux ans,
l'occasion d'entendre, sous les doigts de Thalberg, un piano
perfectionné d'Erard, elle fut séduite par la beauté du son et la
précision du clavier, et en fit venir un de Paris immédiatement. Le
succès de ce piano fut complet.
Il s'était promptement détérioré, tandis que celui de la nouvelle
construction d'Erard se maintient parfaitement. La reine, satisfaite
de trouver dans ce nouveau piano toutes les qualités réunies, en
voulut témoigner sa satisfaction à MM. Erard en leur conférant le
titre de ses Facteurs ordinaires. ITALIE.
Dans cette belle patrie de la musique, ce n'était pas l'influence
anglaise que les fabriques françaises avaient à combattre; c'était
celle de l'Allemagne, et les fabriques de pianos de Vienne en
exportaient annuellement en Italie pour des sommes considérables.
Il
est vrai de dire que ces instruments étaient construits si
légèrement, qu'ils duraient très-peu, même sous les doigts d'un
amateur; et quand ils tombaient par hasard sous la main énergique de
quelques-uns de nos grands pianistes, les marteaux et les cordes
volaient souvent en éclats avant que le concert fût fini.
Le public de Naples fut tout étonné
d'entendre, un jour, le merveilleux effet d'un piano d'Erard dans la
vaste salle de San-Carlo; et son étonnement redoubla lorsqu'il vit
le piano résister à la fatigue de tout un concert sans éprouver le
moindre accident, ni dans le mécanisme, ni dans l'accord.
Aussi la maison Erard vit-elle bientôt arriver les commandes de
Naples, Florence, Milan, Venise, Turin, Rome et Gênes ; d'où l'on
peut conclure que la supériorité du principe des pianos Erard sur
ceux de Vienne a fait pencher la balance du côté de notre commerce,
et que les fabriques de France ont profité largement de ce
revirement de l'opinion publique, amené, sans contredit, par la
perfection des pianos d'Erard. LA SUISSE. Cette contrée se trouvant à peu près dans les mêmes conditions que l'Italie, notre exportation fut produite et étendue de ce côté de la même manière. Les amateurs et professeurs ont payé volontiers le double du prix d'un piano allemand pour un piano d'Erard, quand ils ont voulu posséder un piano parfait. LA RUSSIE. Pendant longtemps la Russie faisait venir des
pianos d'Angleterre et d'Allemagne; mais aujourd'hui on fabrique,
sur les anciens principes, d'aussi bons instruments à
Saint-Pétersbourg qu'à Londres ou à Vienne : les fabriques indigènes
sont soutenues par des droits protecteurs fort élevés,
indépendamment des frais de transport. LA PRUSSE.
Berlin n'a jamais
été aussi célèbre que Vienne pour les fabriques de pianos. Les
facteurs de Vienne ont eu le mérite d'adopter les premiers le
principe de construction de Stein d'Augsbourg; leurs confrères de
Berlin se sont bornés à les copier avec plus ou moins de perfection. L'invention d'Erard, moins bien comprise par les imitateurs, laissa beaucoup à désirer sous le rapport de l'exécution. La supériorité de fabrication se conserva dans la fabrique-modèle de Paris.
Comment,
en effet, serait-il possible d'imiter parfaitement les produits de
cet ancien établissement, dont le personnel, aussi habile qu'exercé,
est constamment occupé à perfectionner un nouveau genre de travail
excessivement difficile et coûteux. BELGIQUE. La Belgique, comme la Prusse, ne peut pas se flatter de nationalité en fait de pianos. Les instruments que l'on y fabrique sont des copies des Anglais, des Allemands et des Français : aussi la maison Erard s'y trouve-t-elle, vis-à-vis des contrefacteurs, à peu près dans la même situation qu'en Prusse. Pour
sauvegarder ses intérêts et ceux des amateurs, elle a formé à
Bruxelles, conjointement avec M. Rummel, une maison où les artistes
trouvent des pianos Erard pour se faire entendre en public, et où
les amateurs ont à leur disposition un choix d'instruments qui ne le
cèdent, sous aucun rapport, à ceux que l'on trouve dans la maison de
Paris. [voir
HOLLANDE. Avant que les pianos d'Erard fussent connus dans ce pays, les fabriques allemandes et anglaises étaient en possession exclusive de cette branche de commerce. La supériorité du nouveau principe des pianos d'Erard sur les autres vint changer cet ordre de choses, et ouvrir de nouveaux débouchés au commerce français dans le Nord. Il est hors de doute que, si les pianos français, eussent tous été des copies des modèles anglais, on ne serait pas venu les cherchera Paris, car les sympathies et les tendances commerciales de la Hollande et de la Belgique inclinent plutôt vers l'Angleterre et l'Allemagne; mais ces sympathies ont été d'abord ébranlées par la supériorité du nouveau système d'Erard, et ensuite définitivement conquises, lorsque les amateurs et professeurs hollandais ont eu les oreilles frappées par la beauté et l'étendue du son des pianos Erard joués en public par nos grands pianistes. Les facteurs étrangers mirent tout en oeuvre pour arrêter ce succès, mais leurs efforts furent impuissants. Lorsqu'il s'agit de leur réputation, les artistes choisissent toujours, pour se produire en public, l'instrument qui leur offre les avantages réunis de la beauté du son, de la précision du clavier, et de la solidité à toute épreuve du mécanisme et de l'accord; ce sont là les qualités qui distinguent au plus haut degré les pianos d'Erard. L'ANGLETERRE. La réputation justement méritée de la fabrication anglaise pour les pianos sert encore à faire ressortir tout le mérite de l'invention de Sébastien Érard, puisque cette invention l'a emporté, à Londres même, sur l'ancien principe de fabrication. Il faut le dire à la gloire d'un mécanicien français, pour arriver à un résultat aussi honorable, il fallait le génie et la persévérance de Sébastien Érard. Il débuta, en Angleterre, par la fabrication des harpes, instrument national dans les îles Britanniques.
La carrière
de cet inventeur, marquée par tant de découvertes précieuses, avait
commencé à Londres, en 1794, par la harpe à simple mouvement. La
harpe à double mouvement, chef-d'oeuvre de mécanisme, et, comme
instrument à sons fixes, le plus remarquable peut-être sous le
rapport des ressources harmoniques, parut également à Londres en
1810. C'était le résultat de ses laborieuses recherches. Ce mécanisme, fruit de sa longue expérience, est si parfait, qu'il ne laisse rien à désirer; et l'on peut appliquer au piano à double échappement, ces mots du rapport de l'Institut sur la harpe à double mouvement :
« que Sébastien Erard
était du petit nombre d'hommes privilégiés qui ont commencé et fini
leur art. »
Après vingt-cinq ans de
lutte et de persévérance, la prééminence de cette invention est
irrévocablement établie sur l'ancien principe, bien que ce dernier
ait été soutenu par la toute-puissance des grands fabricants anglais
qui l'exploitent exclusivement depuis trois quarts de siècle. La fabrique de pianos du nouveau principe, établie par Érard en Angleterre, est un bienfait pour l'art musical en général. L'Angleterre, en protégeant cette fabrique, appréciait le nouveau service qu'elle rendait à l'art par la propagation d'un perfectionnement précieux dans le grand centre de l'industrie anglaise. L'importance que l'on attache, en Angleterre, à toute invention dont le but est de faire avancer les arts manufacturiers, a été prouvée en cette circonstance d'une manière bien remarquable.
Le conseil privé de la reine, après s'être fait rendre un compte
détaillé des mérites de l'invention d'Érard, et de l'influence
qu'elle pouvait exercer sur le commerce extérieur de la branche
d'industrie à laquelle elle s'appliquait, a rendu un arrêt pour
étendre la durée ordinaire du brevet de quatorze ans à vingt et un
ans ; juste récompense des services que cette maison a rendus à son
art, en stimulant par ses inventions et ses perfectionnements
l'émulation de la concurrence. A Londres, à Edimbourg, à Dublin et dans les autres principales villes du royaume, le concert d'un grand pianiste est-il annoncé, c'est un piano d'Erard qui préside dans l'orchestre! A l'exemple des professeurs, les vrais amateurs et connaisseurs recherchent les pianos de ce nom avec un égal empressement.
Il est glorieux pour cette maison de compter à leur tête S. M. la
reine Vittoria, qui a pris sous sa royale protection la fabrique
anglaise d'Erard. S. A. R. le prince Albert, en choisissant aussi
pour la résidence favorite d'Osborne un piano perfectionné d'Erard,
est venu confirmer la popularité des pianos de cette fabrique en
Angleterre. La réputation dont jouissent les pianos d'Érard dans les îles Britanniques s'étend chaque jour davantage dans les colonies anglaises et dans les possessions des Indes.
Les relations établies
par cette voie avec les climats des tropiques les plus contraires à
la nature de cette fabrication, ont doté les ateliers d'Erard d'une
expérience fructueuse des effets variés que les différents climats
d'outre-mer exercent sur les instruments de musique. Cette expérience, résultat de tant d'années de patientes observations, cette sollicitude persévérante dans la recherche du mieux, ont porté leurs fruits dans les dernières circonstances qui sont venues paralyser les relations habituelles de la société française et bouleverser l'Europe.
Les affaires, réduites subitement
à moitié, l'auraient été dans une bien plus grande proportion sans
les relations que cette maison a conservées à l'extérieur, et
qu'elle s'efforce de maintenir et d'étendre par le perfectionnement
indéfini de sa fabrication. Indépendamment de la belle qualité du son, de la précision exceptionnelle des claviers, basée sur le principe du mécanisme de l'invention d'Erard, la condition la plus importante pour l'exportation, celle de la solidité, a été résolue d'une manière incontestable pour les différents genres d'instruments, à queue, carrés et verticaux." Exposition des produits de l'industrie française, 1849 : exportation. Pianos d'Érard en Espagne, Italie et le Levant, Suisse, Russie, Prusse, Belgique, Hollande, Angleterre et les Indes, Amérique, 1849, p. 3-15 (gallica.bnf.fr)
Mais s'il a une sonorité puissante dans les passages de force, il
peut rendre également les nuances les plus délicates, et c'est là
surtout ce qui fait la supériorité de ces facteurs, et ce qui fait
rechercher davantage leurs produits exportés aujourd'hui dans les
quatre coins du monde.
Ces facteurs, qui ont beaucoup de commandes pour l'étranger, se
sont surtout attachés à rendre leurs pianos capables de résister aux
influences des climats contraires d'Europe et d'outre-mer. Ils ont droit à la reconnaissance de tous les amis de l'art et du progrès." La Mode : revue des modes, galerie de moeurs, album des salons, 15/07/1849, p. 117-118 (gallica.bnf.fr)
Für die anerkannten Leistungen seines Hauses Anno 1839 mit der goldenen, Anno 1844 mit dem rappel de médaille, außerdem aber durch den Orden der Ehrenlegion ausgezeichnet, war Herr Erard diesesmal als membre du jury außer Preisbewerbung. Ausgestellt erschinen von ihm 2 Flügel denen er einen seiner ältesten Flügel vom Jahre 1779 als Folie dienend, zur Seite gegeben hatte, dann 3 aufrechtstehende, 1 Tafel-Fortepiano und 2 Harfen. An einem der neuen Flügel hatte der Aussteller eine Pedaltastatur angebracht, deren Lasten mit den Tasten des Pianoforte der Art in Verbindung gesegt waren, daß man vom sub contra A bis zum kleinen e jeden Ton nach Belieben mit dem Finger oder dem Fuße anschlagen konnte. Unter einem der ausgestellten Instrumente zeichnete sich in musikalischer Beziehung vorzüglich ein aufrechtstehendes Pianoforte größeren Formates, durch schönen Ton und vortreffliche Ausgleichung aus, während sonst bei den anderen Instrumenten, mehr dem überhand genommenen Geschmacke grellen, schreienden Tones gehuldiget war. Ueberhaupt fand ich in dieser Beziehung einen ziemlich allgemeinen Rüdschritt an den Pariser Instrumenten, den ich jedoch durchaus nicht den Instrumentenmachern, sondern jenem Rudel untergeordneter Virtuosen zur Last lege, welche vom Tone gar keinen Begriff haben und ihn möglichst gemein und kurz wünschen, nur damit man ihr Geklöppel um so deutlicher unterscheide! — Eine um so lobenswerthere Veränderung fand ich dagegen sowohl an den Pianoforten des Hrn. Erard, so wie im Allgemeinen an den Pariser Clavieren. Die französischen Claviere spielen sich jest leicht; ja manche beinahe zu leicht. Leidet vielleicht auch die Größe des Tones bei leichter Spielart, so wird der wahre Musiker doch ohnedem zugeben müssen, daß es die Natur und Schönheit des Instrumentes verkennen heißt, wenn man aus einem Pianoforte ein Orchester machen will, oder machen zu können glaubt. Keinesfalls wird aber wenigstens legterer Ansicht, auf den neuen Pariser Clavieren mehr ein Opfer fallen. Gelähmte Hände und Finger, Bluthrechen u. dergl. werden nicht mehr vorkommen und keine geknickte Blüthe ins Grab sinken, wie wir es leider an dem talentvollen Filtsch erlebt haben! Verhandlungen des niederösterreichischen Gewerb-Vereins, 1849, J. B. Streicher, p. 349
Elle déclarait en même temps que trois exposants devaient êtremis hors de concours : M. Erard, qui, par l'excellence de ses produits, a été nommé, il y a déjà quelques années, membre de la Légion-d'Honneur, et qui n'envoie plus ses instruments aux différentes expositions de France et de l'étranger que pour prouver qu'il est toujours à la tête des facteurs de tous les pays ; M. Boisselot, facteur de pianos, à Marseille, qui a obtenu, à Paris et à Toulouse, des médailles d'or et les rappels de ces hautes distinctions ; enfin, M. Kriegelstein, qui vient d'obtenir à l'exposition nationale de 1819 la médaille d'or, comme témoignage de la supériorité de ses instruments. Il est de notre devoir de rapporter l'incident qui s'est produit dans cette séance. M. Boisselot, qui avait été introduit pour donner quelques explications, a déclaré vouloir concourir avec M. Erard. Sur l'observation qui lui était faite, que M. Erard, d'accord avec la décision de la commission, n'entendait plus concourir dans aucune exposition de France, M. Boisselot s'est alors écrié vivement, qu'il était las d'être traîné à la remorque de M. Erard ; que ses pianos étaient meilleurs que ceux de ce facteur ; qu'il construisait mieux que lui ; et qu'il allait faire retirer ses instruments, puisqu'il n'y en avait pas un capable de lutter avec les siens. La commission du jury, étonnée de cette assurance, résolut alors, tout en maintenant sa première résolution, de comparer les instruments de ces deux facteurs, et d'émettre son opinion avec toute l'indépendance dont elle était animée. Il est résulté de cet examen approfondi que, tout en rendant justice à la bonne facture de M. Boisselot, celle de M. Erard l'emportait de beaucoup dans les différents genres de pianos exposés. Ainsi, les pianos droits à cordes verticales de M. Erard ont été jugés meilleurs que ceux de M. Boisselot, soit dans l'égalité, l'intensité, la rondeur du son et surtout dans la facilité du clavier. Il en a été de même d'un piano oblique où les qualités les plus essentielles et les plus indispensables l'ont encore emporté sur les instruments de M. Boisselot. Passant auxpianos à queue, la commission a déclaré un animement que ces instruments pouvaient servir demodèle aux facteurs les plus en renom, et que M. Erard avait obtenu dans ces pianos une admirable sonorité, ronde, brillante dans toutes ses parties. Elle a trouvé que les basses étaient excellentes de profondeur et d'intensité, que le médium était d'un moelleux exquis et d'une égalité parfaite, que les parties élevées du clavier offraient une pureté de son qui ne laissait rien à désirer, et que cette partie n'était jamais écrasée par les extrémités graves de l'instrument. Quant au clavier, au double échappement dont M. Erard est l'inventeur, à la douceur extrême de son toucher, à la facilité avec laquelle on adoucit et on renforce les sons, aucune expression ne peut donner une idée de cette ingénieuse mécanique ; c'est l'exécutant seul qui peut apprécier les immenses avantages que lui donne cet admirable clavier, qui est composé de touches qui semblent disparaître sous les doigts, et qui, par leur extrême souplesse, leur rapidité de percussion, permettent à l'artiste de donner à son exécution les plus délicates nuances, et d'imprimer à son jeu ce que l'expression a de plus difficile et de plus chaleureux. Toutes ces qualités font des pianos de M. Erard des instruments hors ligne, et leur assurent une supériorité que personne, jusqu'à ce jour, n'a pu leur enlever. Les pianos droits et mi-obliques de M. Boisselot ont été jugés d'une bonne facture, quoique les sons ne soient pas toujours d'une égalité parfaite, et que les claviers laissent à désirer sous le rapport de la douceur du toucher. Ses pianos à queue, grand format, sont sans doute d'excellents instruments, et, s'ils ne réunissent pas les avantages de ceux de M. Erard, ils n'en sont pas moins recommandables, et classent la facture de M. Boisselot parmi les premières fabriques de la capitale, enmême temps qu'ils le placent à la tête des facteurs de la province. En résumé, les sons de ces instruments possèdent une grande puissance, une excellente égalité, un clavier facile qui fuit bien sous les doigts ; ils méritent, sous tous ces rapports, la haute réputation dont ils jouissent. Telle est l'appréciation impartiale qui a été faite des pianos de M. Erard et de M. Boisselot, et que je jury a cru devoir publier dans ce rapport." Exposition des Beaux-Arts et de l'Industrie à Toulouse dans les galeries du musée : Année 1850, p. 177-179
This calls to our mind having seen, long ago, an instrument with an octave and a half of pedals, by Kirkman, belonging to the celebrated Bartleman, and which he considered a great curiosity." The Crystal Palace, and its contents : being an illustrated cyclopaedia of the great exhibition of the industry of all nations, 1851, p. 42 (archive.org)
It is of tulip-wood banded with panels of elegant design, richly inlaid with gold, silver, and tortoiseshell, with ormoulu mouldings, while the instrument is supported by well-executed figures in gilt metal, springing from a stand of the same wood. As a piece of elegant musical furniture it is perfect in design and execution. (see picture just her above)" The Crystal Palace, and its contents : being an illustrated cyclopaedia of the great exhibition of the industry of all nations, 1851, p. 200-201 (archive.org)
In these pianofortes considerable improvements have been made with regard to the mechanical part of the action, which has become one of the most perfect existing, — answering the purposes of the most intricate manual dexterity of the performers of modern times. This maker combines with his improved mechanical action a peculiar structure of the body of the pianoforte, by which a highly-successful result is attained. Various patented improvements in the mechanism, See., of pianofortes, are displayed in the instruments exhibited by Mr. Erard, of which the following is a description :
British Department.
French Department.
This calls to our mind having seen, long ago, an instrument with an octave and a half of pedals, by Kirkman, belonging to the celebrated Bartleman, and which he considered a great curiosity. Messrs. Collard, among other instruments, send specimens of their square and cabinet pianos, for which they are so famous. [...] We have had our attention directed to the new repetition mechanism introduced into tlie concert grand pianoforte exhibited by the same firm, which, while it is as effective as that patented by the late Mr. Erard, is of a totally different construction; and the tendency of those actions to get deranged and to become noisy is here removed, and with a perfect repetition the touch is as smooth and light as can be desired. [...] In regard to the foreign pianofortes, we may safely say. without any undue assuraption of national superiority, that they by no means rival the productions of English skill and industry. The Paris pianofortes, next to our own, are the best; and the best of them are those of Erard, also an English manufacturer." The Crystal Palace, and its contents : being an illustrated cyclopaedia of the great exhibition of the industry of all nations, 1851, p. 42 (archive.org)
Pianofortes of various patterns, Carved pianoforte. This instrument is represented in the annexed Plate, 249. Harp, from an invention patented in England." Official descriptive and illustrated catalogue of the Great exhibition of the works of industry of all nations, 1851
New patent pianofortes — ornamented extra-grand; extra-grand with pedal keys; small grand, improved new scale; grand oblique, ornamented in the Elizabethan style, adapted to extreme climates; grand cottage; reduced cottage; extra-grand and grand oblique.
The plate 22 represents a front and side elevation of the Elizabethan pianoforte. New patent metal frames for pianofortes, intended to carry the principal part of the weight or pull of the wires, independent of the wood frame, with a new screw apparatus for tuning attached to the same; particularly adapted to extreme climates. Harps:—full and second size, newly improved; third size; highly ornamented; fourth size, adapted for young beginners. "Prince of Wales' harp" decorated. [The difficulty of keeping harps in order in extreme climates is greatly lessened by always placing them, when not used, in a common mahogany case. — H. E. D.]" Official, Descriptive and Illustrated Catalogue. Class X. Philosophical, Musical, Horological and Surgical Instruments, 1851, p. ?
De naam van het huis Erard heeft dan ook met
regt niet alleen eene Europesche vermaardheid verkregen, maar, zelfs
in alle anderen oorden der wereld zijn de voortbrengselen dezer
kunstenaars mede op de grootste waarde geschat. Eveneens ging het met al zijne latere
verbeteringen, en had hij zich toen laten ontmoedigen, voorzeker,
zoo zouden wij thans niet den dubbelen hamerval van Erard bezitten,
en wij betwijfelen ook of de uitvinding van de trom (waarvan thans,
Goddank, geen sprake meer is), in dien tijd door zekeren
piano-fabrikant zoo zeer aangeprezen, de groote pianisten wel
schadeloos zou hebben gesteld voor het gemis der voordeelen van de
nieuwe Piano van Erard, welke zij thans zoo goed weten te
behandelen. Het is hier de geschikte plaats, om, met een
enkel woord, de voornaamste punten aan te stippen, die nog, behalve
het mechanismus, door de Heeren Erard in de Piano-fabrikatie zijn
verbeterd, terwijl tevens de datums der aan hen verleende octrooijen
daarvan ten bewijze strekken kunnen. Zij bereikten dit doel geheel met de snaren
door een metalen oog te laten gaan, en ze vandaar in eene schuinsche
rigting opwaarts aan de stempennen vast te hechten. Het was nu noodig, hierin te voorzien, en ook in dat opzigt zijn de Heeren Erard volkomen geslaagd door de uitvinding van hun Barrage métallique (1822), waarmede de Piano's tegenwoordig van snaren kunnen voorzien worden, die tweemaal zoo dik zijn als vroeger, zonder dat daardoor de kas in het minst te lijden heeft. Door dit middel kan men de kas eener piano
eene voortdurende trekking doen ondergaan, gelijkstaande met
eenekracht van ongeveer 12000 Ned. pond. zonder ontstemming van het
instrument. De grootste verbetering der Piano is echter door het
nieuwe mechanismus van den hamerval van Sebastiaan Erard, in 1823,
aangebragt. Met de harp toch werkt de kunstenaar ommiddelijk op de snaren, en kan haar alle bewegingen, zoowel zacht en slepend als krachtvol, mededeelen; doch tusschen de vingers van den pianist en hetgeen hij wil voordragen, bevinden zich de toets, de hamer en nog vele andere bijzaken. In het oude systema kon men den hamer niet op nieuw doen aanslaan, voordat de toets weder op gelijke hoogte met de anderen teruggekomen was. De verhelping van dit belangrijk gebrek is de muzijkale wereld aan het vernuft van Sebastiaan Erard verschuldigd : hij plaatste tusschen de toets en den hamer een hefboom, een meesterstuk van werktuigkunde, waardoor de beweging van den hamer aanzienlijk werd vergroot, zonder het aanslaan der toonen te verzwaren; door bijvoeging eener springveer, kan de hamer worden opgehouden na de aanraking der snaar, teneinde, bij de minste drukking, den aangegeven toon te kunnen herhalen. Het instrument, nu onderworpen en gehoorzaam,
trilt en zucht onder de hand, die het bespeelt, alsof een onzigtbare
geest, aan elke snaar verbonden, daar aanwezig is, om de gedachten
van den spelenden kunstenaar volkomen juist te ontboezemen. Wij herinneren ons nog goed den tijd, waarin de pause van een Concert altijd onaangenaam werd aangevuld door een Solo van den stemmer, die de bassnaren meestal 1/4 toon moest komen optrekken. Volgens de nieuwe methode van Erard ontstemmen
de Piano's niet meer, en de snaren springen nooit, terwijl vroeger,
door het dikwijls afbreken der koperen snaren, het instrument
onophoudelijk moest worden herstemd. De hooge toonen
der groote staartstukken waren nooit in goede verhouding met de
middenen bastoonen; over het algemeen, waren zij minder zuiver en
krachtig; dit gebrek is thans echter ook geheel verdwenen. Opgewekt door de dringende aanzoeken der grootste meesters, zette hij zijnen arbeid gedurende 30 jaren onafgebroken voort, en het was niet dan na eene menigte proeven, groote tijd- en geldopofleringen, dat het hem gelukte, omstreeks 1841, zijn nieuw systema geheel volmaakt te bestendigen, op den oogenblik, dat, bij vergevorderden leeftijd, de rust van ligchaan en hoofd voor hem noodzakelijk werd. De hoofddirectie zijner uitgebreide Fabrieken,
zoowel te Parijs als te Londen, ging toen over aan zijnen neef en
opvolger Pierre Erard; en, in hoeverre ook deze dien tak van
nijverheid heeft weten op te voeren en in stand te houden, gedurende
zoo vele jaren, getuigt de aanzienlijke massa keurige instrumenten,
die jaarlijks uit zijne fabrieken in de geheele wereld worden
verspreid; terwijl, wat de zorgvuldige en smaakvolle uitvoering
daarvan aangaat, wij wel niet beter kunnen doen dan te verwijzen
naar het prachtstuk, door den Heer Erard op de
Wereldtentoonstelling, dit jaar, te Londen, ter beoordeeling
ingezonden.
Il serait superflu de faire ressortir ici l'excellence des pianos de M. Erard, au point de vue de la beauté des sons, de la sensibilité du clavier, et de la solidité de construction de l'instrument. Leur diffusion dans toutes les parties du monde, la préférence que leur accordent presque tous les grands virtuoses, parlent assez haut en leur faveur. L'influence des inventions de cet habile facteur, de son mécanisme à répétition surtout, a été très-grande sur les progrès de l'art du pianiste, et telle, que les meilleurs fabricants de pianos, aujourd'hui, sont ceux qui imitent les siens le plus fidèlement." Travaux de la Commission française sur l'industrie des nations : publiés par ordre de l'Empereur. Tome 3, Partie 2, Exposition universelle de 1851 ; introduction par le Baron Charles Dupin, 1851, p. 4 (gallica.bnf.fr)
Le souffle violent des révolutions n'a pu ébranler sa dynastie qui règne des deux côtés de la Manche, et par droit de conquête et par droit de naissance. Je ne veux pas laisser passer sans vous en dire un mot son admirable piano, style Louis XVI pour le dehors, façon Erard pour le dedans, qui a excité au plus haut degré l'attention des connaisseurs." La Presse, 27/07/1851, p. 2 (gallica.bnf.fr)
Tout ce que nous pouvons affirmer, c'est que depuis longtemps Sa Majesté a fixé son choix sur un magnifique piano exposé a Londres par M. Montal qui a mérité à ce facteur, avec médaille de prix, la croix de la Légion-d'Honneur. Cet instrument est placé à l'Elysée, où il a
fait l'admiration de tous connaisseurs, non seulement par sa
richesse artistique, mais encore par la perfection de son mécanisme
et sa sonorité, tout à la fois agréable et puissante."
La Presse, 02/03/1853, p. 2 (gallica.bnf.fr) -
Voir
I piano-forti di Érard si fanno distinguere fra tutti gli altri per la loro semplicità." L'Italia musicale, Volume 3, 1851, p. 172
Celui dont nous donnons ici le dessin, est un des plus luxueusement orné de l'Exposition." Le Palais de cristal : journal illustré de l'exposition de 1851, 26/07/1851, p. 181 (gallica.bnf.fr)
I pianoforti d'Erard sono una delle meraviglie dell'Esposizione. Quello di cui diamo oggi il disegno, oltre la precisione della fabbrica interna, va ammirato per sontuosi fregi." Il Palazzo di Cristallo. Album dell esposizione universale di Londra nell ..., 1851, p. 133
Ja es sand sich selbst ein Engländer in der musikalischen Jury, der, von der bekannten musikalischen Lärmtrompete verführt, in dem Wahne stand, nur auf einem Erardischen Pianoforte laffe fich eigentlich mit Virtuosität spielen ! Aus dem Gesagten geht von selbst hervor, daß nur die wenigsten der fremden Instrumente, die von Deutschen herrührten, in ihren bescheidenen Erscheinungen dem Engländer genügen konnten, theils weil sie wirklich für andere Käufer gebaut waren, theils weil sie zu diesem noch den Nachtheil hatten, nach einer Seereise, lange Zeit verpackt, hin und her geworfen zu werden und zuletzt auch noch allen Einflüssen des feuchten Klima's ausgesetzt zu sein, ohne daß es möglich war, im Gebäude selbst später andern als den gröbsten hervorstechendsten Mängeln, durch solch ein Mißgeschick entstanden, abzuhelfen. Auf ein schönes Instrument, das gerade nach dem Verpacken, der Reparatur halber, offen stand, hatte es sogar während eines plötzlichen Regenschauers herabgeregnet und Resonanzboden und Mechanik überschwemmt ! Ein anderer Uebelstand war das von dem Deutschen so sehr abweichende Englische Klima. Es ist der Wechsel des Klima's auch auf die besten Instrumente von größerem Einflusse, als man gewöhnlich zu glauben pflegt. So beginnen z. B. die Erardschen Instrumente in dem auf einer Hochebene liegenden München in einem nur mäßig geheizten Zimmer so rasch im Holze zu schwinden, daß in wenigen Wochen z. B. die Deckel springen, die Mechanik zu klappern und so außer Ordnung zu gerathen anfängt, daß das Instrument ohne große Reparatur nicht mehr zu brauchen ist. So sand sich bei allen Deutschen Instrumenten fast ohne Ausnahme der Umstand, daß sie beinahe gar nicht in richtiger Stimmung zu erhalten waren, selbst wenn man ihnen mehr Sorgfalt hätte widmen können, als Zeit und Umstände gestatteten. Selbst für Englische Fabrikanten an Ort und Stelle war die Instandhaltung ihrer Pianoforte's mit großen Auslagen verknüpft. So hatten z. B. Erard die Erhaltung und Ueberwachung c. seiner zwölf Instrumente schon in der ersten Hälfte der Industrieausstellung 30000 Franks gekostet." Amtlicher Bericht Über Die Industrie-Austellung Aller Völker Zu London Im ..., 1852, p. 874
This, in conjunction with the longitudinal bars and the string-plate, form an entire metallic framing, extending from one end of the instrument to the other. Entire frames of metal have previously been used for upright instruments, and grands and Squares, with entire metallic frames, are exhibited by American and Danish manufacturers ; Messrs. Erard have, however, a patent for their peculiar method of application. We are inclined to fear that there is a growing tendency to use too much metal in the construction of piano-fortes. Up to a certain point it may, no doubt, be very valuable for its strength-giving powers; but there will probably be found a limit beyond which it may be injurious to the quality of the tone; it undoubtedly would be so if used to any extent in the violin tribe, whose resonance is produced in a way very analogous to that of the piano-forte. It must be considered also that so much metal adds greatly to the weight and the cost of the instrument, and diminishes proportionately its portability and general usefulness. Another full-sized grand, by the same house, 7 octaves, A to A, has a pedal clavier, similar to that of an organ. The pedal notes act on the lower notes of the piano, and have a Compass of about two octaves. This is not new, as organ builders and organ players have frequently adapted pedals to piano-fortes; and, some years ago, Messrs. Coventry and Hollier, of Dean-street, Soho, sold piano-fortes with pedals attached. We must say, however, that Messrs. Erard’s adaptation is superior to any former ones we have seen. Many of our readers probably know, that the attainment of proficiency in organ playing requires great practice with the pedal clavier ; and, since practising at churches is very inconvenient, it is obvious that an arrangement of piano-forte pedals for the chamber would be of service to organists ; but if, as we understand, the cost of the addition, as made by Messrs. Erard, amounts to nearly 30 or 40 per cent. extra on the price of the piano, we fear its use will be much circumscribed. A small upright, 7 octaves, A to A, by Messrs. Erard, differs in many respects from the ordinary English construction. In the first place, it has three strings to each note; whereas most English pianos of this kind have only two. Secondly, the strings, instead of being placed vertically, run obliquely across the instrument, by which a greater length is gained without increasing the height of the case. (This is a. very old plan, having been patented by Mr. Womum about 1810. The piano, thus made, was called the “unique,” and was the first low variety of the upright form. Several hundreds were made by the firm of Wilkinson and Womum.) Thirdly, it has a metallic bracing in front of the sound-board, on the same principle as that applied to the grand form. Fourthly, it is provided with a new repetition action, lately patented by this firm. Fifthly, it has a soft pedal acting in a peculiar way. The ordinary method of producing the soft tone in grands and uprights, is by shifting the action, so that the hammers strike only two strings instead of three, or one instead of two. Now this is inconvenient to accomplish where the strings run obliquely; and therefore the soft effect is here produced by interposing a piece of soft cloth between the hammer and the string, which deadens or softens the blow.
It is an old French invention, and was originally called the “jeu
céleste” — its effect is pleasing; and it avoids the tendency to
throw the piano-forte out of tune, which is often the result of
giving the blow to one string. By applying the tuning key to turn this fixed screw, the nut attached to the string may be drawn or relaxed (according to the direction in which the tuning key is turned), and the pitch raised or lowered at pleasure. This plan is by no means new; it was adopted by a Mr.Lewis about a quarter of a century ago; and we have seen drawings and models of his instruments, shewing the arrangement precisely as now revived by Messrs. Erard. The evils of the ordinary wrest-pins are stated to be, that they require considerable force to turn, and become in time liable to slacken and let the piano-forte go out of tune. These are not of so much weight as is generally supposed; the latter objection, however, increases in importance, as the strings are made thicker, and the tension is consequently greater; and this is further enhanced by the heavier blows given in modern piano-forte playing. The ordinary friction wrest-pin is, it must he confessed, a primitive contrivance; but its extreme simplicity has retained it in use. If a firmer method, equally simple, could be devised, it would doubtless be an improvement ; but we do not think the plan exhibited by Messrs. Erard is the most advisable. There are other modes to be Seen in the Exhibition for attaining the same object; and we shall notice them in due course." Newton's London Journal of Arts and Sciences, 1851, p. 30-32
Dagegen war eine große Zahl von aufrecht stehenden Instrumenten aller Art ausgestellt, mit Abänderungen und Zugaben in Hinsicht auf den Bau des Körpers sowohl als der Klaviatur, die indessen alle, wie gewöhnlich, sehr wenig Einfluß auf Verbefferung des Tons ausübten." Amtlicher Bericht Über Die Industrie-Austellung Aller Völker Zu London Im ..., 1852, p. 871
Im Jahre der Erfindung des
Pédale à deux mouvement8 verkaufte
er nach London Harfen für 25.000 L, Die Revolution verscheuchte Erard
von Paris; er etablirte in London 1794 eine ähnliche Fabrik. 1796 nach
Paris gekommen, baute er da sein erstes großes, aber in der Mechanik
noch zu schwerfälliges Clavier, dessen Vereinfachung ihm jedoch schon
1808 glänzend gelang.
Er hat den hölzernen Stimmstock durch
einen aus Kupfer ersetzt. Die Saite selbst verfertigte er im Basse aus
Stahl, der mit Messing umsponnen ist, da die früher verwendeten
Kupfersaiten bei leichter Orydirung dem Reißen mehr unterliegen; die
Stahlseite (wovon nur eine für jeden Ton verwendet wird) ist dagegen
dauerhafter, leichter zu stimmen, klangvoller, und unterliegt dem
Temperatur-Wechsel minder.
Eines seiner Pianofortes war 6 Zoll breiter, als die gewöhnlichen, und hatte 7 Octaven Umfang (von A zu A). Die breitere Anlage geschah deshalb, um die Saiten etwas weiter von einander zu theilen und die Schwingungen der dieselben umgebenden Luftmasse dadurch mächtiger in Bewegung zu setzen. Sein Stutzflügel, "Short-grand" von 7 Octaven zeichnete sich ebenso durch klaren, edlen Ton aus, wie sein tafelförmiges Instrument, und an einem aufrechtstehenden Piano hatte Erard die Repetitionsmechanik an gebracht, deren er sich bei grossen Instrumenten bediente. Sein Pedal mit zwei Octaven Umfang erschien zur Ausführung Bach'scher Compositionen vorzüglich geeignet." Geschichte des Claviers vom Ursprunge bis zu den modernsten Formen dieses ..., exhibition 1851, by Oscar Paul, 1868, p. 160
ERARD
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