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BOISSELOT
à Marseille (°1827)

1834

PARIS - "Quatre pianos ont été admis à l'exposition publique, deux fournis par M. Boisselot, sous le n° III, et deux sortant de l'atelier de M. Chavan, sous le n° IV. Tous ces pianos à queue, carrés et à tiroir, se recommandent par le fini de leur exécution et la beauté le leur son.

Jusqu'à 1831 les fabriques de pianos de Marseille ne fournissaient qu'un petit nombre de mauvais instrumens, parce que chaque ouvrier faisait toutes les pièces de son piano. Depuis cette époque, le grand principe de la division du travail a été mis en usage, et deux des trois fabriques ont pris un grand accroissement.

Elles emploient toutes trois ensemble 65 ouvriers, et donnent des produits dont la valeur est de 200,000 fr. environ. La manufacture de M. Boisselot se fait remarquer par son activité et sa bonne ordonnance; elle fait seule les 2/3 de l'ouvrage total produit à Marseille.

Cette fabrique a introduit plusieurs petits perfectionnemens de détail qui augmentent la solidité de la caisse de l'instrument; le bon goût et l'élégance de forme doivent en être aussi signalés. Le Jury recommande ces deux fabricans à toute la bienveillance du gouvernement.

Certainement des facteurs de Paris les dépasseront, mais les difficultés qu'ils ont eu à surmonter pour fonder des établissemens tout nouveaux doivent les rendre recommandables. Il faut bien que l'on encourage ceux qui a mérite égal produisent à plus bas prix." Annales des sciences et de l'industrie du Midi de la France. Publiées par la Société de statistique de Marseille, 1832

PARIS - "Le récent établissement de plusieurs manufactures dans la province, prouve assez combien le goût musical se répand en France, et promet pour l'avenir une propagation plus active encore.

Non a ne parlons pas de quelques facteurs isolés qui confectionnent avec peine quelques pianos par an, mais de véritables fabriques telles que celle de M. Boisselot à Marseille, qui, occupant quarante a quarante-cinq ouvriers, fait sa besogne en gros.

Il n'y a pas plus de quatre ans que M. Boisselot a fondé son établissement, et déjà il a acquis une importance que voudraient atteindre beaucoup de ses confrères de la capitale.

On nous assure que cent a cent vingt pianos, de différens formats, sortent annuellement des ateliers de M. Boisselot, parmi lesquels un certain nombre a la destination de l'étranger. Ce résultat est d'autant plus beau qu'il n'est dû qu'au véritable mérite.

Le piano à queue, qui figurait a l'exposition, fait preuve du soin que ce facteur met à la confection de ses instrumens; belle qualité de son, égalité et facilité de la touche, construction soignée dans tous les détails et garantissant la solidité; voila ce que nous avons constaté en examinant cet instrument. Aussi des artistes distingués, qui en ont joué, ont-ils exprimé leur entière satisfaction." Gazette musicale de Paris', Volume 1, 1834

PARIS - "1462 (1780). MM. Boisselot père et fils avaient envoyé de Marseille un piano à queue et un piano carré. Ils en fabriquent déjà 150 par an, quoique leur fabrique n’ait pas encore toute l'extension qu’elle est susceptible d’acquérir. Leurs instrumens sont exécutés avec beaucoup de soin, et il s’en vend une partie à l'étrangier. Le jury les a mentionnés honorablement." Le musée artistique et industriel: exposition 1834, p. 188

PARIS - "M. BOISSELOT, à Marseille (Bouches-du-Rhône) - Un piano à queue; un piano carré, dans le genre anglais. M. Boisselot fabrique par an 150 pianos, dont une partie est envoyée à l'étranger. Ces instruments, bien exécutés, méritent la mention honorable." Expo 1834, Rapport du jury central sur les produits de l'industrie française exposés en 1834, Charles Dupin, p. 291

1835

TOULOUSE - "MM. BOISSELOT et fils, de Marseille, ont présenté cinq pianos, dont deux à queue et trois carrés, de grand patron, à deux et trois cordes.

Ces pianos sont construits de la manière la plus soignée; les précautions les plus minutieuses sont prises pour en assurer la solidité en même temps que leur extérieur présente le plus grand luxe.

Chacun de ces instrumens, comparé aux meilleurs pianos du même format exposé dans nos salles, a soutenu la comparaison, pour la rondeur, l'égalité et la qualité des sons.

Leurs touches sont faciles, et ne laissent entendre que le son des cordes, qui disparaît instantanément sous le poids de l'étouffoir. L'établissement que MM. Boisselot et fils ont fondé à Marseille occupe cinquante ouvriers et prend chaque jour un plus grand développement.

A l'Exposition de 1834, ces facteurs obtinrent, à Paris, une mention honorable. Le juri de Toulouse, s'étant assuré que depuis cette époque les produits de ces fabricans avaient acquis un plus haut degré de perfection, leur a décerné une médaille d'argent." Exposition des Produits des Beaux-Arts et de l'Industrie : Dans les Galeries du Capitole à Toulouse en 1835, p. 140

TOULOUSE - "53. Boisselot et fils, facteurs de pianos, Rue Saint-Ferréol, n° 2, à Marseille.
Un piano à six octaves et demie, grand format, bois d'acajou, filet blanc, pieds à X.
Un dit. carré, à 3 cordes, six octaves et demie, bois de palissandre, incrusté en bois blanc, filet en métal à frise, pieds à X.
Un dit. à trois cordes, six octaves et demie, bois d'érgris satiné, incrusté en bois blanc, filet en métal à frise, bois de courbary, pieds à X.
Un dit. à queue, à deux cordes, bois d'acajou, de six octaves et demie, de cinq pieds de longueur.
Un dit. à queue, à trois cordes, six octaves et demie, grand format, bois de palissandre, filet blanc." Exposition produit de Beaux Arts de l'industrie à Toulouse, 1835, p. 92 (num.bibl.toulouse.fr)

1838

MARSEILLE - "Extrait d'un rapport sur les ateliers de MM. BOISSELOT pèré et fils, à Marseille, pour la fabrication des Pianos, etc. par M. BARTHÉLEMY, Conservateur du Museum d'histoire naturelle, membre actif de la Société.

L'art musical a été en grand honneur a Marseille. Pour le trouver dans toute sa splendeur, il nous faut remonter à 25 ans environ en arrière. Plusieurs d'entre vous se souviennent avec moi de ces concerts renommés, où nos célébrités artistiques accouraient se faire entendre, où l'élite de notre cité se donnait rendez-vous et n'avait garde d'y manquer.

Ces concerts se sont soutenus à la même hauteur pendant longues années. Je ne puis vous dire la cause qui vint les interrompre pour jamais. Qu'elles étaient, je vous le demande, à cette époque de culte assidu pour la musique les ressources offertes aux personnes initiées à cet an divin?

Nous les aurons bientôt analysées en citant deux noms recommandables, sans doute: ceux de LIPPI et de PAQUET, alors marchands de musique, et que l'on connaissait plus particulièrement sous la désignation de luthiers ou facteurs d'instrumens; mais il faut convenir que ces ressources n'étaient pas en rapport avec les besoins des nombreux amateurs.

Il existait donc, sous ce point de vue, une pénible lacune. La maison BOISSELOT père et fils se chargea de la remplir en s'établissant à Marseille.

Dès ce moment, on trouva à se procurer sans difficulté tout ce que la musique française et étrangère produisait successivemenl et incessamment de morceaux graves ou légers, suaves d'harmonie ou simplement gracieux.

Les partitions les plus complètes les oeuvres les plus choisies furent colligées avec soin. En un mot, une riche bibliolhèque musicale fut formée par les soins de ces industriels, de manière à offrir aux maîtres des matériaux précieux pour renseignement; aux élèves les méthodes les plus récentes, les plus pures; aux amateurs en général tous les caprices du jour.

C'est donc à partir de celle époque que datent, pour moi, les premiers titres de MM. Boiselot à la gratitude publique. Nous allons bientôt les voir se lancer dans de plus grandes entreprises et méditer en faveur de la prospérité de leur ville adoptive, et conquérir ainsi ce droit de cité qui jadis étaît le prix des services les plus signalés.

J'ai dit tantôt que l'on connaissait anciennement à Marseille sous le nom de luthiers, les facteurs d'instrumens à vent ou à cordes. Toutefois, il importe de dire aussi que le nombre d'instrumens à cordes sortant des mains de ces artistes était bien moindre que celui des instruments réparés par eux, tels que basses et violons, contre-basses, altos, harpes et guitares.

En fait d'instrumens à vent, l'industrie se bornait à la fabrication des serinettes populaires, auxquelles succédèrent plus lard les orgues portatifs, enfin à celle des. orgues majestueux qui remplissent si convenablement les vaisseaux de nos églises de leurs religieux et mâles accens.

La maison BOISSELOT et fils jeta la première, en 1829, à Marseille, les fondemens d'une industrie nouvelle, en créant des ateliers pour la fabrication des pianos, établissement qui a fait en peu de temps des pas immenses et qui marche aujourd'hui l'égal, pour ses produits, avec les établissemens les plus en renom dans les capitales du monde, civilisé.

Le siège en est aujourd'hui boulevard des Parisiens, n° 56, et le magasin n° 2, rue Saint-Ferréol, lui sert de succursale ou d'annexé.

C'est là que se confectionnent et se débitent des pianos de tous formats, pianos verticaux ou carrés, pianos à queue réduits à deux cordes, conséquemnieril d'un plus petit volume, dont le son et la qualité sont supérieurs en douceur, au son, et à la qualité dé son des pianos à trois cordes, semi-pianos qui réunissent au mérite, dont il vient d'être parlé celui d'être, plus solides, plus durables, de conserver l'accord plus longtemps, en même temps que leur prix, est moins élevé. Veuillez observer, Messiéurs, que cette facture n'est point une imitation servile.

Elle est l'oeuvre des conceptions heureuses, de MM. BOISSELOT père et fils ; elle leur à valu de nombreux amis.

Dans un concours ouvert à Toulouse, en 1835, concours où figuraient plusieurs des principaux fabricans de Paris et de la province, nos compatriotes remportèrent le premier prix. Déjà en 1834, à Paris, au sein de l'exposition nationale et sur 56 concurrens, la quatrième palme leur avait été décernée.

Enfin une distinction non moins flatteuse, celle qui ressort du titre de Facteurs de pianos du Roi des Français, obtenu sur le rapport du ministre de l'ultérieur, a été le prix du perfectionnement remarquable introduit dans la fabrication d'un instrument dont l'usage esl singulièrement répandu dans la société.

Nous allons maintenant chercher à connaître quels sont les élémens divers de cette nouvelle branche d'industrie manufacturière dont jouit la ville de Marseille.

Et d'abord, quant au personnel des ateliers de MM. Boisselot père et fils, nous trouvons qu'il se compose de 60 ouvriers dont le salaire est de 3 fr. 50 c. jusqu'à 10 fr. par jour, selon l'aptitude et la capacité de chacun d'eux, et qui donne une moyenne de 6 fr, 50, qui élève par jour le salaire de ces 60 ouvriers à 390 fr,, à 11,700 fr. par mois, enfin à 140,400 fr. par an.

Les principaux matériaux de la fabrication, tels que bois d'essences diverses, cuivres, fer, peaux, draps, etc., etc., sont tirés simultanément de France eldes pays étrangers.

Le nombre des pianos manufacturés s'élève moyennement par année à 200, représentant aussi moyennement une valeur en numéraire de 180,000 à 200,000 fr.

Les principaux débouchés de cette fabrication sont le midi et le centre de la France. Nous pouvons citer parmi les viiles principales, Toulon, Montpellier, Toulouse et Lyon. Paris et quelques villes de l'étranger ont demandé plus d'une fois, des expéditions de ces produits.

Sans doute, tous ces triomphés ont de quoi satisfaire l'amour-propre d'un homme, de même que l'écoulement des objets manufacturés doit répondre, par l'avantage des placemens, aux vues spéculatives qui dirigent chacun dans son industrie.

Mais une pensée plus grande, plus généreuse s'est unie chez M. Boisselot aux calculs positifs à rivaliser avec la capitale pour la vente, dans une partie de la France, de pianos fabriqué en Province; surtout chercher â détruire le monopole dont jusqu'à ce jour l'Allemagne et l'Angleterre se sont emparées presque exclusivement en Espagne, en Italie et dans le Levant; tel a été le but essentiel de nos honorables compatriotes, et c'est avec un juste sentiment d'orgueil national qu'ils peuvent se dire n'être pas éloignés de l'atteindre.

Pour ce qui touche aux interêts proprés de Marseille, MM. Boisselot l'ont dotée d'une industrie nouvelle, noble, fructeuse, qui ririvalise en tous points avec les premiers établissemens de la capitale, dont sur 300, deux seulement sont plus importans sous le rapport de la quantité des pianos fabriqué.

Ils y occupent des bras nombreux. Ils y consomment des matériaux: qui avaient besoin d'un débouche plus considérable.

Ils ont puissamment contribué, pour leur part, à déchirer à jamais, ce voile d'obscurantisme imprudemment jeté sur une ville dont le beau ciel rechauffe sans cesse les imaginations les plus ardentes, sur une ville dont l'activité commerciale et émînemment florissante est un sujet de mortelle jalousie pour d'autres villes jadis ses rivales.

En faisant ainsi, qu'ont fait MM. BOISSELOT père et fils, on n'est pas seulement un industriel habile, un homme aux idées nettes et justes, on est encore un citoyen reeommandable, on est un excellent citoyen." Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, 1838, p. 481-485

1839

PARIS - "MM Boisselot et fils, à Marseille. Ils ont établi à Marseille une fabrique dans laquelle ils occupent soixante-dix ouvriers qui confectionnent deux cent cinquante à trois cents pianos par an, dont un grand nombre est exporté en Italie.

Parmi les instruments que ces facteurs ont exposés, un piano à queue d'un très-petit patron, a soutenu honorablement la comparaison avec les pianos à queue des meilleurs maîtres et a mérité d'être placé le cinquième parmi les instruments de cette espèce, qui, comme nous l'avons déjà dit, étaient presque tous d'une qualité supérieure." Rapport du Jury Central, Exposition, des produits de l'Industrie Française en 1839, M. Savart, rapporteur, 1839

PARIS - "BOISSELOT et FILS, à Marseille (Bouches-du-Rhône).—Médaille d'argent en 1827, rappel en 1834 - Pianos.- M- Boisselot, de Marseille, sont les premiers facteurs de province qui aient exposé en 1827 et 1834, des instrumens à clavier. Ces facteurs ont établi à Marseille de grands ateliers où sont journellement occupés soixante à quatre-vingts ouvriers. MM. Boisselot veulent jouter avec Paris.

Le piano qui figurait à la dernière exposition avait une fort belle qualité de son, une parfaite égalité et sa construction était très-finie dans tous ses détails; aussi a-t-il mérité et obtenu l'approbation de beaucoup d'artistes. MM. Boisselot se sont présentés cette année avec une invention nouvelle, par laquelle ils prétendent maintenir l'unisson parfait des cordes.

Les pianos ont éprouvé de nombreux changemens, ils présentent encore plusieurs imperfections dont les plus saillantes se font remarquer surtout dans-la peine qu'éprouvent les amateurs à repasser eux-mêmes l'accord ou à remettre des cordes.

C'est à la campagne que l'on éprouve surtout cet inconvénient qui a fixé depuis loag-temps l'attention des facteurs. Nous avons, dans un de nos précédens articles, indiqué le moyen présenté par MM. Le Père et Roller pour y obvier. MM. Boisselot, de leur côté, sont parvenus à faire, que le premier musicien venu puisse accorder son piano, ou remplacer facilement les cordes rompues.

La première difficulté que l'on éprouve en accordant les pianos ordinaires est celle de distinguer, en frappant une touche du clavier, à quelle cheville cette touche correspond : pour faire disparaître cette indécision, MM. Boisselot ont appliqué à leur piano une invention qui rend l'erreur impossible, et qui n'exige pour les pianos à deux cordes les plus généralement répandus que quatre-vingts chevilles au lieu de cent soixante employées jusqu'ici.

Chacune des chevilles tend à la fois, en les maintenant dans un état d'unisson parfait, les deux cordes dont le concours est nécessaire pour former la note.

Cette tension, qu'un enfant peut opérer sans aucune clé, est douce et graduée.

MM. Boisselot fixent à la partie du sommier des pointes les extrémités d'une corde métallique ayant une fois plus de longueur que les anciennes, et décrivait une anse allongée dont la courbe se trouve déterminée par le diapoètre d'une poulie fixe dans la gorge de laquelle elle est reçue.

Les extrémités de la corde sont passées dans deux petites ouvertures latérales pratiquées dans les tubes qui remplacent les pointes d'attache ; elles s'y croisent et s'y trouvent maintenues par une vis de pression qui entre dans, la partie supérieure et vient s'appuyer sur les bouts-croisés de la corde.

Les branches parallèles formées par l'anse donnent des cordes jumelles, dont le diapason est limité par le sillet et le chevalet.

La tension ou le relâchement de chaque paire de cordes s'obtient d'une manière uniforme, en conservant l'unisson, au moyen de la poulie qui, se trouvant fixée il l'extrémité d'une vis horizontale, obéit à Faction d'un écrou dont la surface dentée vient s'engrener à une vis sans fin placée verticalement.

Ce procédé est simple et semble ne pas pouvoir manquer de réussir; il faut absolument une corde dont toutes les molécules soient homogènes; sans cela, point d'unisson possible ; on a obvié à cet inconvénient au moyen de la poulie qui est rendue mobile à volonté, et qui sert à régler les cordes ; cependant, en supposant même la possibilité d'une corde bien homogène dans toutes ses parties, l'unisson sera encore difficile à maintenir.

C'est, il est vrai, toute objection à part, une idée ingénieuse qui doit faire honneur à la sagacité de ces facteurs.

MM. Boisselot ont perfectionné l'idée qui a servi de base à leur nouveau procédé, et on pourra obtenir par la suite d'heureux résultats d'un mécanisme qui permet à tout musicien d'accorder ou de repasser lui-même son piano sans le secours d'aucune clé, avantage inappréciable à la campagne ou dans les localités isolées.

MM. Boisselot ont exposé aussi un piano à corde doublée sur une pointe d'attache et montée sur des chevilles. Depuis quelque temps il existe de ces sortes de pianos en Angleterre.

Nous avons remarqué également au nombre de leurs instrumens un piano à queue de cinq pieds deux pouces seulement, qui a mérité, en 1837, par sa construction, l'approbation de l'Académie des Beaux-Arts, et qui doit remplacer avantageusement le piano carré.

Mais ce qui doit mériter à MM. Boisselot les suffrages des artistes, c'est d'être parvenu à fixer la corde sans œillet et sans la tourner sur elle-même ; leur procédé simple et efficace mérite l'attention de tous les connaisseurs.

Nous n'avons que des éloges à adresser à MM. Boisselot, qui ont su donner à leur établissement, en Provence, une importance à laquelle n'atteint pas souvent la majeure partie des facteurs parisiens, et ce résultat n'est dû qu'à leur véritable mérite." Lucas Al. Panorama de l'industrie française publié par une société d'artistes et d'industriels sous la direction de M. Al. Lucas, 1839, p. 103

PARIS - "Disons d'abord qu'il nous arrive de Marseille, et sort des ateliers de MM. Boisselot.

Ces facteurs, qui fabriquent onze différents formats de pianos, en avaient choisi cinq pour les envoyer à l'exposition, et tous les cinq avaient été reçus par le jury d'admission de Marseille.

Mais arrivés à Paris, MM. Boisselot n'ont trouvé de place que pour trois de leurs instruments; et encore a-t-il fallu les serrer d'une manière peu commode pour les amateurs qui voudraient les essayer et en examiner tous les détails.

C'est là une suite fâcheuse de l'imprévoyance qui a présidé aux dispositions de la salle, imprévoyance dont nous avons déjà parlé, et qui a porté préjudice à un grand nombre de facteurs.

Il était cependant facile d'éviter cet inconvénient. En éliminant tout ce qui est médiocre, la place eût été suffisante pour ce qui est bon ; mais la faute est faite, il serait inutile d'insister.

clédiharmonique

Parlons du piano clédiharmonique. D'après ce mot barbare, on deviserait difficilement de quoi il s'agit dans, cet instrument, et nous délions les plus savants philologues d'expliquer les qualités d'un piano ainsi nommé.

Nous avons proposé cette énigme ii un homme qui se distingue par une profonde connaissance de la langue grecque; tout ce qu'il a pu trouver en épluchant le mot, c'est que ce piano devait être harmonieux au moyen de clé.

Nous n'entrerons pas ici dans une discussion grammaticale pour prouver que ce mot estfautif; nous engageons seulement MM. Boisselot à en choisir un autre plus rationnel et d'une composition plus régulière, à moins qu'ils ne préfèrent le conserver à cause du brevet dans lequel il est adopté.

Du reste, si MM. Boisselot ont eu du malheur dans le choix du mot qui devait désigner le perfectionnement de leur piano, ils ont été du moins heureux dans l'invention même de ce perfectionnement, qui est digne de fixer l'attention du public musical, et dont nous allons rendre compte à nos lecteurs.

C'est dans la manière d'attacher les cordes et d'en opérer l'accord que MM. Boisselot ont tenté une réforme complète en substituant à l'ancien système un mécanisme ingénieux qui permet de tendre deux cordes à la fois, ou, pour mieux dire, de n'employer qu'une seule corde dont les branches, tendues à l'unisson, tiennent lieu des deux que l'on accordait jusqu'ici séparément.

On sait que dans les pianos ordinaires les cordes sont fixées d'un côté à des pointes au moyen d'une bouclette qui se fait en tordant la corde, et de l'autre, à des chevilles sur lesquelles elles sont roulées et qui servent à les monter ou descendre au ton voulu. Dans le nouveau piano de MM. Boisselot il n'y a ni pointes d'attache, ni chevilles; toutes deux sont remplacées par les moyens que voici :

Sur la partie du sommier qu'on nomme sommier d pointu se trouve une rangée de tubes latéralement pere;s de deux petites ouvertures destinées à recevoir les extrémités de la corde qui viennent s'y croiser et y sont maintenues par une vis à pression.

Cette vis, qui entre par la partie supérieure des tubes, va s'appuyer sur les bouts croisés de la corde, et les tient fixés avec une puissance capable derésister à la tension la plus forte. On a souvent monté des cordes de toutes grosseurs ainsi fixées, d'un et même de deux tons au-dessus du diapason ordinaire, sans qu'elles aient cédé ou qu'elles aient rompu.

Du côté opposé, ou sur le sommier des chevilles, se trouve le mécanisme destiné à effectuer la tension de la corde; il se compose d'une petite poulie placée à l'extrémité d'une vis horizontale, qui obéit à l'action d'un écrou, dont la surface dentelée vient s'engrener à une vis sans fin posée verticalement; cette vis fait tourner l'écrou, elle est d'une action si facile qu'on la fait mouvoir sans le secours d'aucune clé et seulement avec deux doigts.

Avant de fixer les deux bouts de la corde dans le tube dont nous avons parlé, on la place par son milieu dans la poulie, qui la divise en deux parties égales.

La corde ainsi placée décrit une anse allongée, dont la courbe se trouve déterminée parle diamètre de la poulie, et les branches parallèles de cette anse forment les cordes jumelles dont le diapason est limité, comme à l'ordinaire, par le sillet et par le chevalet.

La poulie est surmontée d'une vis de pression qui sert à régler la tension de la corde. Cette tension une fois réglée, les deux branches de la corde eonservent parfaitement l'unisson.

Plusieurs personnes ont émis des doutes à ee sujet, nous-mêmes étions du côté des incrédules; mais l'examen tant du piano que du modèle que MM. Boisselot ont apporté nous semble prouver que le but qu'ils se propesaient est atteint d'une manière satisfaisante.

On a fait observer que les cordes ne pourraient pas toujours être entièrement homogènes, et que dans ce cas la tension ne serait pas exactement la même : cela est vrai; mais s'il y avait une légère différence, elle serait tellement minime qne l'oreille ne s'en apercevrait pas, lorsqu'on frappe les deux branches de la corde à la fois.

Du reste, MM. Boisselot ont prévu toutes ces objections; ce n'est qu'après de longues expériences qu'ils ont définitivement adopté leur système dont ils croient pouvoir garantir le succès.

Nous n'ignorons pas qu'on a antérieurement tenté d'accorder deux cordes à la fois. En 1788 Pascal Taskin, célèbre facteur d; pianos, à Paris, annonça un piano dans lequel il n'employait, suivant ses propres termes, qu'une seule teneur île corde pour les deux unissons.

Nous ne saurions dire en quoi consistait son mécanisme; il est possible qu'en tendant la corde d'un seul cêté après l'avoir fait tourner de l'autre, il opéra d'après un système vicieux qui ne pouvait effectuer qu'une tension inégale de la corde.

Quoi qu'il en soit, sa découverte n'eut pas de suite, el il fallait une combinaison pins habile telle que l'ont imaginée MM. Boisselot, pour triompher des obstacles qui s'opposaient à l'exécution du nouveau système.

Quant aux avantages que présente ce système, ils ne manqueront pas d'être appréciés, surtout par les amateurs qui, à défaut d'accordeur, voudraient monter eux-mêmes quelques cordes ou repasser l'accord de leur instrument.

Les difficultés qui les rebutaient jusqu'ici n'existeront plus pour eux.

En effet, c'était pour des mains peu exercées une opération laborieuse que de bien faire les bouclettes qui, tordues trop faillement, se relâchaient, et qui, par une torsion trop forte, faisaient rompre la corde à cet endroit.

Puis venait un travail non moins difficile, celui de tourner la corde autour de la cheville pour la bien fixer.

Enfin s'agissait-il de corriger l'accord d'une note fausse, l'amateur peu habituée cette-occupation s'égarait dans le labyrinthe des chevilles ne sachant laquelle attaquer avec la clef; quelquefois il attrapait la cheville voisine, et en la tournant mal a propos, faisait casser une corde, dont la rupture augmentait son embarras. Dans le nouveau piano de MM. Boisselot, tout est devenu facile.

Bien de plus aisé que de passer les bouts de la corde par les ouvertures des tubes, et de les y fixer au moyen de la vis de.pression; rien de plus aisé encore que de faire marcher la.poulie par la clé ou vis sans fin.

Remarquez aussi que les chevilles ordinaires se tournent avec secousses, qu'il faut une grande habitude pour attraper la note juste, et pour ne pas rompre la corde par suite de la fatigue que lui fait éprouver une main inhabile; tandis que lavis dans le nouveau piano se tourneïnsensiblcment avec une extrême facilité, qui rendimpossible de nuire à la corde par des mouvements trop brusques.

En général, nous croyons que le système des chevilles sera un jour complètement abandonné, pour faire place à celui d'engrenage, dont les avantages pour l'accord de l'instrument ne sauraient être contestés.

Déjà quelques facteurs célèbres ont tenté à ce sujet d'heureuses innovations.

C'est ainsi que dans l'un des pianos exposés par M. Erard, l'accord s'opère au moyen d'une lige ajustée à un pignon qui engrène dans une roue.

Tout le monde a vu les nouveaux pianos de MM. Rolleret Blanchet, construits sur le système de M. Lepère, où une vis de tirage sert à tendre les cordes. On ne tardera pas à suivre ces exemples, et les pianos y gagneront une qualité précieuse, celle de s'accorder plus aisément et de mieux conserver l'accord.

Quant à MM. Boisselot, nous nous plaisons à reconnaître les efforts qu'ils ne cessent de faire pour porter leurs instruments à un degré de haute perfection.

Aussi les encouragements du public ne leur manquent-ils pas ; la grande extension que leur manufacture a prise depuis quelques années en est la preuve.

Commencée en 1830 avec deux ouvriers seulement, cette manufacture en occupe aujourd'hui soixante-dix, et fournit, chaque mois, vingt à vingt-cinq pianos qui se débitent tant en France qu'à l'étranger. Voila un beau résultat obtenu en peu de temps.

Parmi les instruments que fabriquent MM. Boisselot, il en est un qui mérite une mention particulière; c'est un piano à queue de très petite dimension, car il n'a que cinq pieds deux pouces de longueur, tandis que les grands pianos de ce genre en ont jusqu'à sept.

La supériorité des pianos à queue sur les pianos carrés est généralement reconnue; mais ils occupent trop d'espace pour pouvoir être placés dans les petits appartements. Raccourcir ces pianos autant que possible, tout en leur conservant la force et la qualité de son, c'était rendre un service aux amateurs, et MM. Boisselot y ont parfaitement réussi.

En 1837, ces pianos ont été soumis à l'Académie des beaux-arts, qui en a fait l'objet d'un rapport des plus favorables.

Aussi ces instruments ont-ils acquis la faveur du public, comme le prouvent les nombreuses commandes qu'en reçoivent MM. Boisselot.

La fabrication de ces petits pianos est presque devenue leur spécialité.

Tous les instruments qui sortent des ateliers de ces facteurs consciencieux se recommandent en outre par une solidité à toute épreuve obtenue par les perfectionnements du barrage en fer dont nous nous dispenserons de donner les détails.

Nous félicitons sincèrement MM. Boisselot de leur persévérance et de leurs succès dans un art qu'ils exercent avec autant de zèle que de talent.

G.-E. Anders. " Revue et gazette musicale de Paris, Volume 6, 1839, p. 200-202

1840

TOULOUSE - "M. Boisselot présente plusieurs innovations. Il a imaginé un mécanisme pour les marteaux du piano, à axe fixe et à vis de rappel, qui sert de régulateur.

Cette combinaison permet, en cas d'accident, de réparer les marteaux isolément, au lieuque dans les mécanismes anglais, francais ou allemands, pour la moindre réparation, il est indispensable de démonter une série de douze marteaux.

Ces derniers peuvent encore attaquer, par une oscillation contraire, des notes qui ne leur sont point destinées.

M. Boisselot a encore inventé un piano à petite queue, avec barrage par dessous.

Ce barrage a été reconnu excellent par la commission de l'industrie, parce que ce système donnait une grande solidité à l'instrument, puisque le sommier des pointes et celui des chevilles ne fesaient plus qu'un seul corps avec la barre de dessous.

Cette construction donne en outre au son beaucoup d'intensité.

Mais ce qui mérite les plus grands éloges, et ce qui peut être considéré comme un progrès et une invention éminemment utile, c'est le piano clédiharmonique.

Tout le monde sait que le piano offre de grandes difficultés pourmonter deux cordes à la fois en leur fesant tenir un parfait accord.

Cette difficulté semblait devoir rester inhérente à la fabrication du piano; cependant M. Boisselot, par de grandes études et des épreuves réitérées, vient de remédier à cet inconvénient en inventant le clédiharmènique.

Cette invention n'a d'autre but que de simplifier l'opération de l'accord en la mettant à la portée de chaque pianiste, et lui permette demonter à la fois et avec la plus grande facilité les deux cordes, en les maintenant à l'unisson parfait aumoyende clés à vis sans fin, de roue d'engrenage, vis de pression, poulies, ovales, etc, etc., le tout formant unmécanisme des plus ingénieux et des mieux combinés, et par lequel toutes les chances d'un' bon accord sont prévues.

Un tel résultat est unpas immense dans l'art de la facture des pianos, parce qu'il résout un problème qui jusqu'à ce jour n'avait point été résolu malgré toutes les recherches des facteurs. Après avoir constaté et jugé ces différentes inventions, nous avions à prononcer sur lemérite de chacundes instrumens des exposans.

La besogne devenait rude, parce que le nombre de ces instrumens était considérable, et que l'industrie de chacun des fabricans pouVait se ressentir de notre décision. Cependant nous n'avons reculé devant aucune de ces corisidérations.

Forts de notre mandat, pénétrés. de nos devoirs de jurés, nous avons jugé tous ces pianos, et nous allons avoir l'honneur de rendre compte de nos jugemens.

Après avoir établi des catégories, les pianos carrés à deux cordes ensemble, ceux à trois cordes, les pianinos, les pianos à petite queue et ceux à grande queue; après les avoir essayés de toutes les manières; après les avoir comparés entr'eux, pesé le fort et le faible des uns et des autres, le jury a trouvé qu'en première ligne se présentaient MM. Pleyel et Pape, facteurs de Paris, dont la réputation est européenne.

Mais ces artistes sont si haut placés, ils ont un mérite si incontestable, ils ont été couronnés si souvent pour l'excellence de leurs produits, que le juri pas cru devoir faire entrer leurs instrumens en lutte avec ceux des différens facteurs du midi de la France.

M. Mazel, qui est leur 1e présentant à Toulouse, a dans ses magasins les meilleurs pianos qui soient sortis de leurs ateliers, et tout ce que nous pourrions dire n'ajouterait rien à leur réputation.

Nos pays méridionaux possèdent deux facteurs de pianos qui peuvent rivaliser avec les premiers de Paris pour quelques-uns de leurs instrumens : ce sont MM. Boisselot de Marseille, et Rousselot de Nîmes.

Ces artistes ont exposé des pianos à queue qui réunissent à une grande élégance, à une solidité à toute épreuve, les qualités si essentielles de la sonorité, de l'égalité dans le clavier, et de la perfection dans le mécanisme.

Une discussion très vive s'est engagée au sein du juri sur le mérite de ces instrumens; il a déclaré à l'unanimité que MM. Boisselot et Rousselot ne le cédaient en rien aux plus habiles facteurs de la capitale pour la fabrication des pianos à queue, et qu'ils pouvaient rivaliser avec eux, si même ils n'établissaient à de meilleures conditions et à des prix moins élevés.

Les instrumens de ces messieurs possèdent des qualités du premier ordre ; tous deux ont établi de ces pianos à deux et à trois cordes qui ne laissent rien à désirer dans aucune partie de leur facture.

Il était donc impossible d'établir la supériorité de l'un sur l'autre : cela devenait d'autant plus difficile, que les instrumens n'était pas identiques dans leur ensemble.

Ainsi, les pianos à petite queue de M. Rousselot ont quatre pouces de longueur en plus que ceux de M. Boisselot, et la qualité du son pouvait avoir, par cette raison, plus d'éclat çependant la différence est peu sensible.

De même que dans les pianos à grande queue, ceux de M. Rousselot ne sont armés que de deux cordes jusqu'au fa, cinquième ligne, clé de sol, tandis que ceux de M. Boisselot ont trois cordes dans toute l'étendue dit clavier.

Quoique ces derniers aient plus de son par cette cause, les instrumens de M. Rousselot ont un mérite bien grand aussi, puisque avec une corde demoins ils produisent de fort beaux effets de sonorité, et peuvent rivaliser avec ceux de M. Boisselot.

Cependant l'importance de l'industrie devant entrer en lutte avec l'excellence des instrumens, le juri a reconnu que M. Boisselot l'emportait sur MM. Rousselot et Moitessier, de Nîmes, et il a décidé que M. Boisselot aurait une médaille d'or pour la bonté de ses pianos à queue, son piano clédiharmonique, ses inventions diverses et l'importance de son industrie.

Il a encore arrêté que MM. Rousselot et Moitessier, de Nîmes, auraient une médaille d'argent avec éloges pour l'excellente facture de leurs pianos à queue.

Nous avons à rendre compte de notre jugement sur les pianos carrés à trois et à deux cordes, de MM. Boisselot, Rousselot, Cropet et Martin.

Les pianos carrés à trois cordes ont présenté au juri de grands défauts ; chez les uns, le son était sec et le clavier dur ou empâté ; chez d'autres, les sons graves écrasaient ceux du médium ; d'autres encore paraissaient être couverts d'une sourdine ; enfin ces instrumens offraient des défectuosités si patentes, que le juri les amis hors de concours, donnant ainsi une leçon sévère aux facteurs, et les avertissant qu'ils avaient de grandes améliorations à introduire dans ce genre d'instrument.

Les pianos à deux cordes ont offert dés résultats satisfaisans, et ceux d'un petit format ont mérité les éloges du juri.

La bonté de ces petites instrumens, la modicité de leur prix, qui les met à la portée des plus minces fortunes, ce qui permettra à l'art de se répandre chez les classes les moins aisées de la société, tout faisait un devoir au juri d'encourager ces produits de notre industrie.

Il a été très satisfait de voir que ces instrumens étaient soignés, que le son en était d'une excellente qualité et la mécanique très solidement établie.

Les facteurs qui méritent des encouragemens pour ces instrumens sont MM. Martin, de Toulouse, et M. Rousselot, de Nîmes.

Ce dernier avait envoyé un piano de meilleure qualité que ceux de M. Martin ; mais cet instrument étant arrivé après que le jugement avait été rendu, il a été écarté du concours, et la préférence est restée aux pianos de M. Martin.

Il a été accordé à ce facteur, pour ses pianos carrés à deux cordes, son gymnase digital, instrument dès plus recommandables pour le développement et la souplesse des doigts, etc., ses différentes inventions, a fin de l'encourager dans les efforts qu'il fait journellement pour le perfectionnement de ses instrumens, une médaille d'argent.

MM. Boisselot, Martin et Cropet ont exposé chacun un piano droit.

Celui de M. Boisselot est un meuble en palissandre, forme moyen-âge, du style le plus gracieux et le plus élégant. Celui de M. Martin est un secrétaire-piano qui sert à la fois de bureau ; l'invention en est fort ingénieuse et lemeuble aussi des plus élégans et des plus riches.

Le piano droit de M. Cropet est tout simplement un piano droit fort gracieux et surtout fort bon. Ce piano a lutté avec avantage contre ceux de M. Martin et Boisselot, qui sont cependant fort remarquables.

Le juri a trouvé l'instrument de M. Cropet supérieur, et lui a accordé une médaille d'argent en récompense du laient et des soins qu'il a déployés dans la confection de cet instrument." Exposition des Produits des Beaux-Arts et de l'Industrie : Dans les galeries du Capitole à Toulouse en 1840, p. 106-107 - Voir ROUSSELOT de Nîmes (°1833) - MARTIN de Toulouse (°1810) et CROPET de Toulouse (°1840)

MONTPELLIER - "DÉPARTEMENS. - MONTPELLIER.- M. Boisselot, de Marseille qui avait envoyé plusieurs pianos à l'exposition de l'industrie de Montpellier vient d'obtenir une récompense qui ne peut qu'ajouter à l'éclat de son dernier succés de l'exposition parisienne. Le jury lui a décerné la médaille d'or." La France Musicale, 12/01/1840, p. 23

1844

PARIS - "La maison de MM. Boisselot et fils, de Marseille, doit être citée à côté des manufactures les plus importantes de la France. Déjà, aux expositions précédentes, MM. Boisselot étaient fait remarquer par l'application d'un mécanisme pour faciliter l'accord du piano, et par un pelit piano à queue d'un format excessivement réduit.

Cet instrument, qui réunissait presque toutes les qualités du grand piano à queue sous une forme beaucoup plus commode, obtint un très-grand succès et l'approbation des artistes.

Cette année, ces habiles facteurs ont continué les travaux pour lesquels ils avaient obtenu tant d'encouragements, el ils se font remarquer au premier rang par deux inventions qui sont sans doute appelées à jouer un grand rôle dans la fabrication des pianos.

A côté d'instruments dans le format ordinaire et d'une sonorité excellente, MM. Boisselot en ont exposé deux, appelés l'un piano octavié, l'autre à sons soutenus à volonté.

— Le piano octavié a la propriété de produire les octaves avec un seul doigt et par un seul mouvement. Il suffit pour cela d'appuyer le pied sur une pédale, et les deux sons sont frappés au même inslanl.

Il est évident que cette invention, qui date de 1845, enrichit beaucoup le piano, car elle permet au pianiste d'obtenir des effets nouveaux, et donne à l'instrument une plus grande puissance de son.

L'invention du piano à sons soutenus à volonté offre aux pianistes et aux compositeurs des ressources nouvelles, car elle rend possible l'exécution d'un chant en notes liées et de longues valeurs, sans qu'on soit obligé de laisser le doigt sur la touche, tandis que dans le même temps, on peut faire entendre des passages en notes brèves et piquées.

Ces deux inventions auront de fort beaux résultats; elles doivent exciter l'attention des pianistes modernes, et leur mérite est d'autant plus grand qu'elles ne changent rien à la nature du piano actuel.

Les travaux de MM. Boisselot père et fils, ont élé équilablemenl récompensés par une médaille d'or."  L'Exposition : journal de l'industrie et des arts utiles, 1844, p. 4 (gallica.bnf.fr)

PARIS - "MM. BOISSELOT et fils, à Marseille (Bouches du-Bhône). Près de quatre cents pianos sortent annuellement des ateliers de MM. Boisselot et fils. Établis à Marseille, ces fabricants se trouvent favorablement placés pour l'exportation.

Aussi, cent cinquante de leurs pianos sont-ils répartis chaque année entre l'Italie, l'Espagne, le Levant et les colonies. Cette maison a exposé un piano à queue, qui, dans la comparaison des instruments de même espèce, a mérité d'être mis au premier rang; un piano à queue de petit format et un piano carré à deux cordes, qui l'un et l'autre ont obtenu le second rang.

MM. Boisselot ont présenté en outre un piano dans lequel on fait entendre l'octave d'une note avec la note même, en ne frappant qu'une seule touche, et un autre piano où les élouflbirs sont indépendants l'un de l'autre. Ce dernier effet s'obtient par une disposition qui ne complique nullement la construction de l'instrument.

Le jury, prenant en considération l'importance manufacturière et commerciale de l'établissement de MM. Boisselot et fils, le chiffre élevé de leurs exportations et le rang distingué obtenu par leurs pianos dans les essais comparatifs, décerne une médaille d'or à ces habiles facteurs." Rapport du Jury central ..., Paris Jury central, Imprimerie de Fain et Thunot, 1844

incrustations

PARIS - "C'est à MM. Bœuf et Garaudy que sont dues les incrustations aussi remarquables par la délicatesse que par la grâce du dessin, qui ornent un des pianos exposés par MM. Boisselot et fils. Le jury accorde à MM. Bœuf et Garaudy une médaille d'argent." Rapport du jury central. Tome 3, Exposition des produits de l'industrie française en 1844, 1844, p. 208 (gallica.bnf.fr)

PARIS - "C'est à MM. Bœuf et Garaudy que sont dues les incrustations aussi remarquables par la délicatesse que par la grâce du dessin, qui ornent un des pianos exposés par MM. Boisselot et fils. Le jury accorde à MM. Bœuf et Garaudy une médaille d'argent." Rapport du jury central, Tome 3, Exposition des produits de l'industrie française en 1844, p. 208

PARIS - "La casa dei signori Boisselot e figlio, di Marsiglia, va annoverata a fianco delle fabbriche più importanti della Francia.

Fino dalle preccdenti esposizioni i signori Boisselot si sono fatti rimarcare per l'applicazione d'un meccanismo ad oggetto di facilitare l'accordatura del pianoforte, come pure per un pianoforte a coda, piccolo, di formato ristrettissimo; questo strumento, che riuniva pressochè tutte le qualità del gran pianoforte a coda sotto una forma assai più comoda, ottenne un successo grandissimo e l'approvazione degli artisti.

Anche ultimamente, questi abili fabbricatori continuando i lavori pei quali s'avevano meritato tanto incoraggiamento, si sono guadagnata la maggior considerazione per due invenzioni, destinate senza dubbio a portare una grande innovazione nella fabbrica dei pianoforti.

- Assieme agli strumenti di formato ordinario, ma d'una sonorità ecccllente, i signori Boisselot esposero altri due; l'uno, pianoforte ottavato (octavio), il secondo, pianoforte a suoni sostenuti a piacere.

Il pianoforte ottavato ha la proprietà di produrre le ottave con un solo dito e con un solo movimento. Per ottener ciò basta appoggiare il piede sopra un pedale, e i due suoni si ottengono all'istante medesimo.

E cosa evidente che questa invenzione, che data dal 1845, arricchisce d'assai il pianoforte, poichè permette al pia potendo servire per un tempo indefinito, non impraticabili nel pianoforte ordinario, si possono eseguire agevolmente.

L'invenzione del pianoforte a suoni sostenuti a piacere offre ai pianisti ed ai compositori nuovi mezzi d' effetto; poichè rende possibile l'esecuzione d'un canto a note legate e di lunghi valori, senza essere obbligati di tener poggiato il dito sopra il tasto, nel mentre che nello stesso tempo si possono far sentire dei passi in note brevi e pichettate.

Queste due invenzioni produrranno de' bellissimi risultati ; esse devono eccitare l'attenzione del pianisti moderni, e il loro merito mi sembra anche maggiore, perchè nulla cangiano della natura del pianoforte attuale.

Ma ecco qui un'altra rimarcabile invenzione ! - Trattasi d'un nuovo pianoforte verticale (droit), di cui i suoni si prolungano, si rinforzano e si diminuiscono a piacere." Gazzetta musicale di Milano, 11/05/1845, p. 82

PARIS - "Thalberg, Döhler e Pixis hanno ultimamente viitato all exposizione il nuovo pianoforte di Boisselot di Marsiglia, che ha la proprietà di produrre le ottave con un dito solo. Questa rimarchevole innovazione fu l'oggetto di un attendo esame per parte dei tre illustri artisti, che assai soddisfatti accodarono i più grandi elogi al signor Boisselot." Gazzetta Musicale di Milano, 02/06/1844, p. 90

PARIS - "La maison de MM. Boisselot et fils, de Marseille, doit être placée à côté des manufactures les plus importantes de France.

Déjà, aux Expositions précédentes, MM. Boisselot s'étaient fait remarquer par l'application d'un mécanisme pour faciliter l'accord du piano, et par un petit piano à queue d'un format excessivement réduit; cet instrument qui réunissait presque toutes les qualités du grand piano à queue, sous une forme beaucoup plus commode, obtînt un très grand succès et l'approbation des artistes.

Cette année, ces habiles facteurs ont continue les travaux pour lesquels ils avaient obtenu tant d'encouragemens, et ils se font remarquer au premier rang par deux inventions qui Sont sans doute appelées à jouer un grand rôle dans la fabrication des pianos." Journal des débats politiques et littéraires, 23/06/1844, p. 1

PARIS - [lire le texte sur le site suivant]  L'Illustration, No. 0071, 4 Juillet 1844

PARIS - "[...] Mais voici venir, à l'encontre des deux facteurs, un troisième prétendant, le chevalier de Girard, déjà célèbre par l'invention de la filature du lin à la mécanique. Son système ne serait pas complexe comme celui du piano Boisselot; il se réduirait aux le

viers obliques du piano Pleyel. Un brevet de 1842 protégerait en* core le mécanisme du chevalier de Girard.

Mais pendant que ces trois artistes se disputent la priorité de cette invention, les anciens amateurs évoquent leurs souvenirs et y retrouvent l'idée du piano octaviant, réalisée dans le temps et sans beaucoup de succès, il est vrai, par Valmuller eu Allemagne, et chez nous par Petzeld et par Lemmé, facteurs de pianos.

Ce dernier produisit notamment dans ce but, à l'exposition de 1827, un double piano à queue, le piano supérieur à trois cordes et l'inférieur à deux cordes; celles-ci étaient à l'octave grave du piano supérieur; au moyen d'un mécanisme facile à comprendre, il suffisait d'attaquer le clavier du premier piano pour faire entendre l'octave sur le second.

En exposant les faits qui sont venus à notre connaissance sur ce point délicat, nous n'entendons en rien préjuger les droits des trois contendans. Les tribunaux saisis, dit-on, de la question, en réuniront soigneusement tous les élémens et donneront une solution qu'il ne nous convient ni de pressentir ni de contrôler.

Mais M. Boisselot a proposé à l'examen du jury une autre invention non moins importante et devant laquelle se courbent avec résignation les prétentions, même de ces facteurs qui, dans leurs incessantes recherches, ayant rencontré le germe d'un certain nombre de choses utiles, disputent d'ordinaire, en vertu d'embryons informes, la priorité de toutes les inventions menées à bonne fin par leurs confrères.

La seconde invention de M. Boisselot consiste à soutenir le son à volonté. Elle permet au pianiste de faire résonner une note avec toutes ses vibrations naturelles, tandis que dans le même temps les autres notes restent en état.

On peut ainsi, sans être obligé de garder le doigt sur la touche, faire entendre un chant en notes longues et liées, pendant que les accompagnemens se dessinent, sous ce chant, en notes brèves et détachées.

Cet effet si désiré par les pianistes modernes, et auquel, par des artifices curieux et qui causèrent tout d'abord de l'étonneinent, quelques artistes, Dreyschok entre autres, ont chercVié à suppléer, est obtenu sans difficulté sur le piano de M. Boisselot.

Il doit être bien compris que le son soutenu ne change pas de nature; il ne se prolonge pas à la manière de l'orgue; ce son reste celui du piano; seulement les étouffoirs levés sur une note donnée permettent aux vibrations de cette note d'en faire durer la perception.

D'ailleurs la maison Boisselot, dont le siège est à Marseille, et qui ne date que de 1830, a pris en peu d'années un développement extraordinaire ; ses pianos, de divers formats, peuvent soutenir la comparaison avec les meilleurs pianos de Paris, pour la solidité, pour l'égalité et la puissance du son.

Plusieurs artistes de premier ordre, entre autres Thalberg et Doëhler, dans leur tournée dans les provinces du midi de la France, s'en sont servis dans les concerts.

La consécration publique de ces deux, grands artistes est concluante en faveur des pianos de la maison Boisselot; croyer bien qu'ils se garderaient, par complaisance, de faire aux pianos d'Erard, qui les suivent dans toutes leurs pérégrinations, une infidélité qui pourrait, en définitive, tourner au préjudice des intérêts de leur réputation, de leur gloire." Archives du Commerce ..., Volume 36, 1845, p. 393-394

PARIS - "Nous regrettons que l'instrument exposé par MM. Boisselot n'ait pu être entièrement terminé (ils nous ont eux-mêmes prévenus de son imperfection), sans cela nous aurions pu juger plus parfaitement de l'intensité et de la qualité du son ; mais néanmoins, tel que nous l'avons entendu, il ne nous a pas paru inférieur d'une manière sensible aux autres instruments.

Nous croyons donc que l'invention de MM. Boisselot est bonne; nous les engageons sérieusement à poursuivre son application, et nous attendons avec impatience un instrument tout à fait terminé.

S'il réunit l'intensité et la rondeur de son des bons pianos, les inventeurs auront résolu un problème cherché déjà depuis longtemps sans heureuse solution, celui des pianos unicordes." Annales de la Société libre des beaux-arts, 1847, p. 195-196

PARIS - "Enlever à Paris une petite portion de monopole que les facteurs d'instrumens imposaient à une grande partie de l'Europe, tel a été le but des travaux de MM. Boisselot.

En s'établissant à Marseille, et en construisant de beaux et bons pianos, ils ont rendus tributaire une grande partie du midi de la France, l'Italie, l'Espagne, l'Egypte et tout le littoral de la Méditeranée, car la facture parisienne ne saurait soutenir la concurrence le prix de revient, les frais d'établissemens étant bien inférieurs à Marseille qu'à Paris, l'acheteur n'ayant qu'un faible port à payer mais il fallait pour rivaliser avec la capitale, faire aussi bien qu'elle c'est là qu'était toute la question.

MM. Boisselot ont en foi dans leur capacité et dans leur intelligence et à chaque exposition ils ont soumis à l'examen du public des instrumens dignes de lutter avec ceux de nos meilleurs facteurs MM. Boisselot occupent plus de cent cinq ouvriers sa fabrication, estimée par tous les artistes, se monte à près de quatre cents instrumens par an.

En 1839 ils obtinrent la médaille d'argent pour leur piano à queue qui fait classé le cinquième au concours de ce genre d'instrument; ils avaient montré cette même année des petits pianos à queue qui eurent beaucoup de succès.

Ils Imaginèrent et exposèrent à cette époque un mécanisme nouveau clediharmornique dont te but était de simplifier et d'améliorer l'accord, mais laissant lit tous ces perfectionnemens des détails ils dirigent maintenant leurs travaux vers un but plus général MM. Boisselot recherchèrent quelles étaient les exigences de la musique moderne, quels étaient les effets que les pianistes voulaient faire rendre au piano, et surtout quelles étaient les difficultés d'exécution par lesquels lis se trouvaient arrêtés.

Ils ont reconnu qu'il fallait obtenir une plus grande puissance de sonorité et donner au pianiste le moyen de produire des effets nouveaux.

MM. Boisselot ont cru que trouver au piano le moyen de faire deux notes par un seul mouvement et lui donner la faculté de soutenir le son dans un chant tandis que l'accompagnement pourrait ne faire entendre que des sons brefs, serait une invention féconde.

Voici les deux problèmes qu'ils se sont posés :

1.* Faire entendre l'octave d'une note avec la note même en ne frappant qu'une touche seulement;

2.* Une note étant frappée, lui laisser donner toutes ses vibrations naturelles à la volonté de l'exécutant sans que celui-ci soit obligé de laisser son doigt sur la touche, les autres notes conservant d'ailleurs leurs qualités ordinaires. MM. Boisselot (1839) ont résolu le premier problème de deux manières l'une par l'emploi de la pluralité des cordes, l'autre par l'emploi des leviers obliques.

Dans le système de la pluralité des cordes ils ont placé à côté des cordes l'unisson da piano ordinaire et sur le même plan, des cordes à l'octave; de telle sorte que, lorsque le marteau frappe toutes les cordes de chaque, note il ait entendre deux sons à la fois.

Dans le système des leviers-obliques, ils ont placé vers le centre de chaque touche, un levier qui, étant mis en mouvement par l'impulsion de cette touche, et correspondant par son extrémité au marteau d'une autre touche fait entendre l'octave avec le son réel.

En réunissant cet deux systèmes on obtient donc la double octave. Cette invention enrichit beaucoup le piano, elle apporte avec elle a grand nombre d'effets nouveaux, elle facilite et simplifie l'exécution en octaves des gammes naturelles, chromatique et des trilles qu'il était presque impossible de faire avec une seule main dans les mouvemens rapides.

MM. Boisselot ont inventé, pour résoudre le second problême, un mécanisme qui rend tons les étouffoirs indépent dans l'on de l'autre, et par le moyen d'une pédale, lorsque l'exécutant le désire la note se trouve étreinte et l'étouffoir empêché de retomber sur la corde, laissant à celle-ci la possibilité de donner toutes les vibrations, sans que le pianiste soit obligé de laisser le doigt sur la touche.

Ainsi on peut faire entendre un chant en sons soutenus et de longues valeurs tandis que les accompagnemens peuvent être en notes brève et détachées.

C'est ce que nos plus célèbres pianistes moderne avaient jusqu'à ce jour vainement demandé au piano. Ce sont là deux inventions qui peuvent avoir de grand résultats; elles appellent l'attention des artistes et méritent d'être étudiées sérieusement.

On doit les prendre d'autant plus en considération qu'elles laissent au piano toutes ses qualités ordinaires et qu'elles ne changent rien au jeu de cet instrument.

A coté des instrumens que nous venons de signaler MM. Boisselot ont exposé des pianos dans les formats ordinaires d'une sonorité excellente qui réunissent la rondeur et la force à l'égalité et à la douceur.

Le clavier est d'un ton cher agréable et facile. Nous avons remarqué aussi un grand piano droit en bois d'ébène, avec incrustation en relief, à nacre et en corail; c'est à la fois un bon instrument et un objet d'art d'un bel effet.

Quant à la solidité, au fini du travail et au choix des matières premières, ce sont là des qualités trop ordinaires, trop secondaires pour que nous croyons devoir en félicite ces habiles facteurs il y a, dans la fabrication de MM. Boisselot, de grands progrès; nous en voyons exposés de très beaux résultats qui méritent l'éloge de tous les gens de l'art. "
La France Musicale, 1844, p. 180-181

PARIS - "Exposition des produits de l'industrie - Troisième article - Pianos. - MM. Boisselot. Ce ne fut qu'en 1834, à la huitième exposition, que les facteurs de province envoyèrent pour la première fois des pianos au grand concours.

Jusqu'alors la capitale seule y avait représenté cette branche de l'industrie musicale; la province s'était contentée d'y apporter des violons et des instruments à vent, provenant, les uns de Mirecourt, les autres de La Couture, lieux depuis longtemps renommés pour la fabrication de ces produits.

Le début de ces pianos, sans être brillant, fixa l'attention publique; c'était une nouveauté, un commencement de progrès qui donnait des espérances pour l'avenir.

Ces espérances ont été réalisées depuis; des facteurs, bien qu'en petit nombre, se sont établis dans plusieurs villes départementales, mais c'est surtout Marseille qui s'est mis à la tète de ce mouvement et possède aujourd'hui une manufacture de pianos qui se place dignement à côté des fabriques de Paris. On devine que nous parlons de MM. Boisselot.

Nous avons eu plus d'une fois l'occasion de signaler les efforts que ces actifs et intelligents facteurs ne cessent de faire pour le perfectionnement de leur art.

Encouragés en 1834 par une mention honorable, récompensés en 1839 parla médaille d'argent, ils ont redoublé de zèle et apportent aujourd'hui deux inventions remarquables qui nous semblent destinées à un grand succès, car elles augmentent les ressources du piano en fournissant à l'exécutant des moyens que refusait jusqu'ici le clavier ordinaire.

Les pianistes de l'école moderne ont complètement changé le jeu de l'instrument.

Ce que l'on veut aujourd'hui, c'est d'abord la plus grande force, la plus grande sonorité possible, car le piano doit représenter ou résumer tout un orchestre; de là ces accords si pleins à intervalles doublés et triplés qui exigent des écarts de doigts accessibles seulement aux mains gigantesques de nos virtuoses; de là ces traits en octaves exécutés avec la rapidité de l'éclair et une foule de difficultés qui ne sont pas à la portée de l'amateur.

D'un autre côté on s'efforce à faire chanter l'instrument en accompagnant des cantilènes soit d'arpèges détachés, soit d'une fusée de notes qui se groupent alentour.

Mais les traits en octaves exigent une main vigoureuse, une force physique que ne possède pas tout le monde; quant aux passages chantants, ils se produisent, comme on sait, au moyen de la pédale qui laisse aux cordes toute la durée de leur vibration.

Mais cette pédale, en levant tous les étouffoirs à la fois, a l'inconvénient de laisser vibrer ensemble toutes les notes indistinctement, d'où il résulte quelquefois de la confusion ou une harmonie peu agréable, et qui d'ailleurs gène souvent l'artiste en le forçant d'abandonner la tenue de quelques notes pour éviter cette cacophonie.

Frappés de ces inconvénients, MM. Boisselot se sont proposé deux problèmes, celui de pouvoir exécuter les octaves (ou en général plusieurs notes ensemble) en ne frappant qu'une seule touche, et celui de pouvoir soutenir à volonté chaque note indépendamment des autres, c'est-à-dire de pouvoir produire une phrase chantante, entourée soit d'arpèges soit de notes détachées.

Ces deux problèmes, ils les ont résolus d'une manière très satisfaisante, l'un dans le piano octavié, l'autre dans le piano à sons soutenus à volonté.

Le piano octavié se construit d'après deux systèmes, dont l'un consiste dans l'emploi de la pluralité des cordes, l'autre dans la combinaison de leviers obliques. C'est d'après le premier système qu'est construit le piano à queue qui se trouve au palais de l'industrie. En voici le mécanisme:

Chaque note, au lieu d'avoir trois cordes comme dans les pianos ordinaires, en a cinq, dont trois sont accordées à l'unisson, et les deux autres, placées à gauche, sonnent l'octave inférieure.

Lorsque le clavier est dans sa position naturelle, le marteau ne frappe que les trois cordes de l'unisson. Pour obtenir l'octave, on se sert d'une pédale, qui, faisant marcher latéralement le clavier de droite à gauche, amène le marteau au point voulu pour frapper les cinq cordes à la fois. MM. Boisselot ont prévu le cas où l'on ne voudrait produire l'octave que dans une partie du clavier, soit seulement pour la basse, soit pour le dessus.

A cet effet la barre des marteaux se trouve divisée en deux parties, dont chacune est mue par une pédale particulière. Si cette disposition a des avantages dans certains cas, elle a aussi dans certains autres des inconvénients; car il peut arriver qu'un passage en octaves dépasse la limite de la division dont nous parlons. D'ailleurs la multiplicité des pédales est un embarras pour l'exécutant.

Le second système consiste, comme nous l'avons dit, dans l'emploi de leviers obliques, et ici l'octave s'obtient avec le nombre ordinaire des cordes.

Vers le centre de chaque touche se trouve placé un de ces leviers qui est mis en mouvement par l'impulsion de la touche louche même au moyen d'un petit crochet fixé sur elle, et qui correspond par son extrémité au marteau d'une autre touche à l'octave. Ainsi, en frappant une seule touche, deux marteaux frappent simultanément les deux notes.

Lequel des deux systèmes est préférable? Nous n'hésitons pas à nous prononcer pour le second; d'abord parce qu'il n'exige pas l'augmentation des cordes, dont le tirage excessif pourrait être nuisible à la solidité de l'instrument, puis pour la raison que voici :

L'instrument étant plus souvent joué dans son état naturel, c'est-à-dire sans l'emploi de la pédale d'octaves, le marteau, qui s'use plus vite du côté où il ne frappe que les trois cordes, perdra, après un certain temps, l'égalité primitive pour l'attaque simultanée des cinq cordes.

Il est vrai que cet inconvénient ne sera sensible que lorsque l'instrument sera fatigué ; mais c'est toujours un inconvénient qui n'existe pas dans le système à leviers. Du reste, hâtons-nous de le dire, les deux systèmes sont exécutés avec la précision qui distingue tous les pianos de MM. Boisselot.

Il n'a été question ici que d'une seule octave obtenue par le même mouvement. Le système à leviers va plus loin: il peut en faire entendre deux, c'est-à-dire, le levier étant double et opérant des deux côtés, peut faire résonner avec la note de la touche môme que l'on frappe la note de l'octave inférieure et de l'octave supérieure.

Ce n'est pas tout : les deux systèmes peuvent se combiner dans le même instrument en sorte qu'avec un seul doigt attaquant une seule touche on fait sonner quinze cordes à la fois! Que l'on juge des masses sonores qui doivent sortir d'un piano ainsi construit, lorsque l'exécutant prodigue à pleines mains les accords.

Car un accord de quatre notes fait entendre soixante cordes; si vous le doublez de l'autre main, vous obtenez les sons simultanés de cent vingt cordes. C'est à donner le vertige à l'auditeur.

Un piano à queue, réunissant les deux systèmes, était destiné à faire partie de l'exposition; il n'a pas été terminé à temps; mais nous avons vu le modèle établi sur cette combinaison, et qui fonctionne parfaitement.

Avant de quitter cette invention, disons quelques mots à ceux qui voudraient la contester à MM. Boisselot.

Que ces habiles facteurs aient puisé leur idée dans les anciens clavecins, où, comme on sait, on obtenait l'octave avec un seul doigt par l'accouplement des touches de deux claviers, c'est possible; il se peut même qu'ils aient eu connaissance de l'essai d'un célèbre facteur allemand qui, en 1824 produisit un piano sur lequel on faisait entendre l'octave avec une seule touche; mais le procédé est-il le même? là est la question.

Il nous semble que le procédé de MM. Boisselot, la manière surtout dont ils ont combiné les divers mécanismes, leur appartient. Du reste, si néanmoins on voulait les priver de ce mérite, ils pourraient facilement se consoler, car l'autre découverte, dont nous allons parler maintenant, ne saurait leur être disputée; et celle-là est, suivant nous, bien supérieure et sera préférée par tous les vrais amis de l'art.

Une invention qui donne au piano des qualités chantantes, du charme, de la grâce, vaut mieux que des procédés qui, en augmentant la force sonore, à l'aide du redoublement d'octaves, prêtent facilement aux abus et peuvent devenir, sous des mains trop fougueuses, des moyens de bruit et de tapage trop fréquent déjà dans l'exécution sur les pianos ordinaires.

Nous arrivons au piano à sons soutenus à volonté.

Comme on l'a vu plus haut, il ne s'agit pas ici de moyens propres à prolonger le son des cordes au-delà de leurs vibrations naturelles produites par le coup du marteau, tels que l'emploi du vent ou d'une espèce d'archet, que l'on a plusieurs fois appliqué au piano, mais qui dénature entièrement son caractère.

Il s'agit seulement de laisser vibrer au gré du pianiste, chaque note en levant séparément son étouffoir, tandis que dans les pianos ordinaires, tous les étouffoirs se levant ensemble, les cordes que l'on frappe, continuent à vibrer indistinctement. Ce résultat, MM. Boisselot l'ont obtenu par le procédé que voici:

Une pédale particulière fait agir un levier à échappement, qui lève l'étouffoir et le tient en cette position à l'aide d'une bascule. L'étouffoir reste ainsi levé autant que l'on tient le pied sur la pédale, sans qu'il soit besoin de laisser le doigt sur la touche.

Celle-ci conserve toute son indépendance et peut être frappée de nouveau pendant que la pédale retient l'étouffoir. Il est à remarquer que la pédale agit sur une ou plusieurs touches, à la volonté de l'exécutant.

A voir ce mécanisme si simple, on est étonné que l'idée n'en soit venue à personne et qu'un semblable instrument n'ait pas été fait plus tôt. Cette invention précieuse, dès qu'elle se sera répandue, exercera une grande influence sur la manière d'écrire pour l'instrument favori de nos jours.

On conçoit quelle variété d'effets nouveaux les compositeurs, les pianistes improvisateurs pourront obtenir désormais. Le chant, au lieu de se confondre ou de s'embrouiller avec les notes qui l'entourent, se dessinera nettement distinctement et l'on croira souvent entendre un morceau joué par deux artistes sur deux pianos différents.

Parlerons-nous des autres pianos exposés par les mêmes facteurs du piano en ébène, incrusté de nacre et de corail, instrument de luxe digne de fixer les regards des passants d'un piano droit, plus petit, moins riche, mais d'une sonorité non moins éclatante? d'un piano à queue avec le mécanisme ordinaire, et des pianos carrés qui ont successivement pris leur place au palais de l'industrie !

Nous les passerons sous silence, car quelles que soient leurs qualités, ils sont éclipsés par les deux pianos nouveaux dons nous avons entretenu nos lecteurs. Ces deux instruments forment, à nos yeux, la véritable exposition de MM. Boisselot.

Ils ont réuni les suffrages d'artistes tels que Thalberg, Liszt et Doehler. Que pourrions-nous ajouter à des éloges aussi flatteurs que compétents?

A côté d'instruments dans le format ordinaire et d'une sonorité excellente, dit M. Berlioz, dans son remarquable feuilleton du Journal des Débats, MM. Boisselot en ont exposé deux appelés, l'un piano octavié, l'autre, piano à sons soutenus à volonté.

Ces deux inventions auront de fort beaux résultats ; elles doivent exciter l'attention des pianistes modernes, et leur mérite me paraît d'autant plus grand, qu'elles ne changent rien à la nature du piano actuel.

Un pareil éloge joint à l'autorité d'un pareil nom nous dispense de tout commentaire.

Nous n'en finirions plus si nous voulions citer tout ce qui a été écrit depuis trois mois sur les instruments, et particulièrement sur les remarquables propriétés des deux pianos octavié et à sons soutenus exposés par MM. Boisselot.

Nous l'avons dit déjà, la presse a été unanime : la Gazette et la France musicale, la Revue de Paris, dans un remarquable travail de M. Castil-Blaze; la Presse, par la plume élégante et pittoresque de M. Théophile Gautier; les Débats, que nous avons cités, le Messager, le Moniteur parisien, le Courrier français, et tant d'autres que nous oublions, ont rendu hommage au mérite de cet habile facteur, de cet intelligent et courageux industriel qui a fait faire, en si peu d'années, de si grands progrès à l'art qu'il cultive, à l'industrie dont il a enrichi toute une partie de la France.

Nous terminerons par un fragment emprunté au feuilleton du Courrier français, et qui résumé admirablement bien tout ce que nous pourrions avoir à dire sur l'habile facteur marseillais :

« Lorsque, il y a douze ans, MM. Boisselot père et fils fondèrent à Marseille leur fabrique de pianos, ils eurent à créer à la fois et les ouvriers, et les produits, et les débouchés. L'activité, l'habileté, la persévérance, ont vaincu tous les obstacles.

Ils ont commencé avec deux ouvriers, ils en ont cent cinquante aujourd'hui, et l'on sait que ce nombre n'est atteint que par les ateliers des maisons les plus considérables de Paris.

L'esprit inventif, les ingénieuses tentatives des facteurs marseillais les ont conduits à ce haut point, qu'ils peuvent maintenant rivaliser avec les producteurs les plus fameux, et que partout leurs pianos j'outiennent heureusement la comparaison avec les meilleurs produits des ateliers de la capitale.

La maison de MM. Boisselot père et fils fabrique annuellement de quatre cents à quatre cent cinquante instruments qu'elle expédie sur toutes les places de France et de l'étranger. Cette prospérité méritée ne peut que s'accroître encore, et nous ne doutons pas que les heureuses inventions dont nous avons parlé plus haut ne leur donnent une impulsion nouvelle.

incrustations

Comme objet d'art et de luxe, MM. Boisselot ont exposé un piano droit avec des incrustations de corail et de nacre sur ébène, exécutées par M. Garaudy (C'est ce piano dont nous donnons la gravure aujourd'hui.). C'est, d'ailleurs, un instrument dont les qualités musicales ne le cèdent à aucun de ceux admis aux honneurs de l'exposition.

Il y a dans ce fait, d'une maison qui se fonde en province, loin de Paris, à l'extrémité du royaume, et qui parvient à fabriquer des produits rivaux de ceux de la capitale, un enseignement qui nous fait insister sur les pianos de MM. Boisselot.

Personne n'ignore les difficultés que les industries rencontrent toujours à leur naissance; il faut, pour les vaincre, une persévérance, une activité et en même temps des connaissances toutes spéciales dont l'union est toujours rare.

MM. Boisselot ont commencé avec peu de chose, nous allions dire avec rien, et ils sont arrivés, après quatorze ans de travaux toujours progressifs, à se placer au premier rang parmi les facteurs français, aussi bien pour le nombre que pour la qualité de leurs instruments.

Ils ont ouvert avec les nations étrangères des rapports fréquents qui profitent à l'industrie nationale et popularisent leurs produits. Grâce à eux, les pianos français luttent avantageusement en Italie avec les pianos.

Les allemands, qui, jusqu'alors, avaient seuls le privilége de fournir à la consommation du royaume de Naples, des provinces milanaises, des États romains, de la Toscane. Ils en exportent aussi en Espagne, et ce n'est pas là un mince résultat : l'indiquer c'est même signaler toute son importance au point de vue commercial.

Il nous semble donc que c'est un devoir pour la presse que de signaler cette industrie marseillaise à l'attention publique. Il ne faut.pas que les efforts constants de la maison Boisselot restent inconnu.

Quand on rencontre les facteurs intelligents, doués de l'amour et du sentiment de leur profession, doués à un haut degré de l'esprit d'invention, c'est bien le moins qu'on applaudisse à leurs efforts et à leurs succès.

Paris est trop riche dans tous les genres pour ne pas se montrer généreux : si Marseille se montre son égal dans l'industrie des pianos, c'est à Paris de soutenir Marseille." Revue et gazette musicale de Paris : journal des artistes, des amateurs et ..., 1844, p. 220-221 ou L'Industrie. Exposition des produits de l'industrie française en 1844, 1844, p. 114-117

PARIS - "L'immenso successo che Liszt ha ottenuto a Marsiglia si è rinnovato in tutte le città da lui percorse. A Tolose [Toulouse], a Nimes, a Montpellier, ovunque l'illustre pianista fecesi sentire, il più vivo entusiasmo ha salutato il suo ammirabile talento.

I pianoforti di cui Liszt si è servito in tutte le città del Mezzogiorno, uscivano dalla fabbrica dei signori Boisselot e figlio di Marsiglia; essi hanno perfettamente secondato il talento maraviglioso dell'artista.

Così, mentre che il giurì dell'esposizione decretava la medaglia d'oro per la superiorità de' loro pianoforti a coda, questa decisione era pienamente giustificata dall'approvazione che questi stromenti ottenevano dal primo pianista dell'epoca. - Così la Gazzette Musicale." Gazzetta Musicale di Milano, 08/09/1844, p. 152

PARIS - "S. A. R. M. le duc de Nemours continue avec un zèle non interrompu l'examen détaillé qu'il a entrepris des diverses catégories des produits de l'Exposition de l'Industrie. La dernière visite de S. A. R. a été consacrée aux instruments de musique.

Après avoir entendu de nouveau avec un vif plaisir l'orgue de MM. Daublaine et Gallinet, les pianos de MM. Erard, Pape, Pleyel et Henri Hertz [sic], S. A. R. a désiré connaître d'une manière toute spéciale le mécanisme du piano octavié exposé par MM. Boisselot et fils, de Marseille.

Cette remarquable innovation a été parfaitement appréciée par le prince, qui s'intéresse vivement à toutes les inventions fécondes.

Après avoir entendu les autres instruments de l'habile facteur provençal, S. A. R. lui a adressé les éloges les plus flatteurs, en insistant sur le mérite particulier d'un établissement aussi considérable et aussi constamment progressif que la belle manufacture de pianos créée à Marseille par cet honorable industriel." Le Courrier de la Drôme et de l'Ardèche, 20/05/1844, p. 3

PARIS - "Un fabricant de la province, M. Boisselot, mérite de figurer ici pour son piano octavié, (disposition dont on lui conteste d'ailleurs la priorité), et pour son mécanisme propre à soutenir le son à volonté; ces deux dispositions vont rendre, nous ne dirons pas de grands services aux artistes, mais permettre à tous les amateurs de produire facilement des effets que les plus habiles pianistes obtenaient seuls, grâce à des artifices de doigter d'une habileté presque impossible." Mémorial du commerce, 1844, p. 522 (gallica.bnf.fr)

PARIS - "[...] On admirera également le magnifique piano en ébène, exposé par MM. Boisselot et fils, et dont ces incrustations en corail, nacre et or, sortent des ateliers de MM. Bœuf et Garaudy." Catalogue explicatif et raisonné des produits admis à l'exposition quinquennale de 1844, p. 25 (gallica.bnf.fr)

PARIS - "Noi abbiamo avuto più d'una volta occasione di segnalare gli sforzi che i signori Boisselot di Marsiglia, attivi ed intelligenti fabbricatori di pianoforti, fanno incessantemente onde raggiungere il perfezionamento dell'arte loro.

Incoraggiati nel 1834 da una onorevole menzione, ricompensati nel 1839 con una medaglia d'argento, essi hanno raddoppiato di zelo, ed in oggi ci presentano due notevoli invenzioni che ci sembrano destinate ad un grande successo, perocchè esse aumentano le risorse del pianoforte somministrando all'esecutore dei mezzi che finora gli ricusava il clavicembalo ordinario.

I pianisti della moderna scuola hanno interamente cangiato il giuoco dell'istrumento.

Ciò che si vuole in giornata si è, avanti tutto, la più gran forza, la più grande possibile sonorità, perchè il pianoforte deve rappresentare o riunire in sè tutta un'orchestra; quindi quegli accordi sì pieni a doppia e tripla distanza i quali esigono un distacco delle dita accessibile soltanto alle gigantesche mani dei nostri virtuosi; quindi que passi di ottave eseguiti colla rapidità della folgore ed una moltitudine di difficoltà che non si trovano a portata del dilettante.

Da un'altra parte si sforza di far cantare l'istrumento sia in accompagnare delle cantilene con arpeggi staccati, sia con una fila di note che vi si aggruppano all' intorno.

Ma i passi di ottave esigono una mano vigorosa, una forza fisica della quale non tutti gli uomini possono disporre; quanto poi ai passi cantabili, questi si producono, come ognun sa, col mezzo del pedale che lascia alle corde tutta la durata della loro vibrazione.

Ma questo pedale, coll'innalzar d'un tratto tutti gli smorzatoj, ci porta l'inconveniente di lasciar vibrare simultaneamente tutte le note indistintamente, d'onde alcuna volta ne risulta una confusione od una armonia poco piacevole, e che d'altronde infastidisce di sovente l'artista, forzandolo d'abbandonare la tenuta di alcune note per cvitare una tale discordanza.

Colpiti da questi inconvenienti, i signori Boisselot si sono proposti due problemi, quello di poter eseguire le ottave (o in generale molte notc in una volta) non toccando che un solo tasto, e quello di poter sostenere quanto vogliasi ciascuna nota indipendentemente dalle altre, vale a dire di poter produrre una frase cantabile, circondata d'arpeggi oppure di note staccate.

Questi due problemi essi li hanno risolti in modo soddisfacentissimo, l'uno nel piano-forte ottavato, l'altro nel piano-forte de' suoni sostenuti a piacimento.

Il pianoforte ottavato si costruì dietro due sistemi, de' quali l'uno consiste nell'impiego della pluralità delle corde, l'altro nell'unione delle leve oblique.

Si è secondo il primo sistema che fu costruito il pianoforte a coda che si trova nel palazzo d'industria.

Eccone il meccanismo : Ciascuna nota, in luogo d'avere tre corde come nei pianoforti ordinari, ne ha cinque, delle quali tre sono accordate ad unisono, e le altre due, messe a sinistra, suonano l'ottava bassa.

Quando il clavicembalo si trova nella sua posizione naturale, il martello non batte che le tre corde in unisono.

Per ottenere l'ottava, si adopera un pedale, il quale, facendo scorrere lateralmente la tastiera da dritta a sinistra, tra il martello al punto voluto per battere le cinque corde simultaneamente.

I signori Boisselot hanno reveduto il caso in cui non si volesse produrre 'ottava che in una parte sola della tastiera, sia nell'alta o nella bassa. A questo effetto la barra di martelli si trova divisa in due parti, ciascuna delle quali vien mutata da un pedale particolare.

Se questa disposizione presenta dei vantaggi in certi casi, essa però in alcuni altri offre degli inconvenienti; perchè può avvenire che un passo in ottave oltrepassi il limite della divisione di cui noi parliamo.

D'altronde la moltiplicità dei pedali diventa un imbarazzo per l'esecutore.

Il secondo sistema consiste, come l'abbiamo multaneo delle cinque corde.

E ben vero che questo inconveniente non si renderà sensibile che dopo un lungo uso dello strumento; ma è però sempre un inconveniente che non esiste nel sistema delle leve.

Del resto, affrettiamoci di dirlo, i due sistemi furono eseguiti con quella precisione che distingue tutti i pianoforti dei signori Boisselot.

Finora non si è parlato che di una sola ottava prodotta dal medesimo movimento.

Il sistema delle leve va più lungi: egli può produrne due, vale a dire, la leva essendo doppia ed operando da due lati, può far risuonare insieme alla nota del tasto che si percuote anche la nota dell'ottava inferiore e dell' ottava superiore.

Non basta ancora : i due sistemi possono riunirsi nello stesso istrumento, in modo che con un dito solo toccando un solo tasto si fanno suonare quindici corde in una volta !

Si giudi chi ora delle masse sonore che devono sortire da un pianoforte così costrutto, quando l'ese cutore ne prodiga gli accordi a piene mani.

Perocchè un accordo di quattro note fa vibrare sessanta corde; se voi lo raddoppiate coll'altra pmanno ne Otterrete venti corde. ncll' uditore.

Un pianoforte a coda, riunente i due sistemi, era destinato a formar parte dell' esposizione, ma non fu terminato a tempo; noi però abbiamo veduto il modello stabilito su questa combinazione, e che agisce perfettamente.

Avanti di partirci da questa invenzione, diciamo alcune parole a coloro che vorrebbero disputarla ai signori Boisselot.

Può esser possibile che questi abili fabbricatori abbiano attinta la loro idea negli antichi clavicembali, da'quali, come si sa, si otteneva l' ottava con un solo dito per l'accoppiamento dei tasti delle due tastiere; potrebbero ancora essi avere avuto conoscenza dell'esperimento d'un celebre fabbricatore alemanno il quale, nel 1824, produsse un pianoforte sul quale si faceva sentire l'ottava con un solo tasto; ma il procedimento è forse lo stesso? Ecco dove sta la questione.

Pare a noi che il modo del procedere dei signori Boisselot, e particolarmente la maniera colla quale essi hanno combinato i diversi meccanismi, loro appartenga.

Non ostante, se tuttavia si volesse privarli di questo merito, potranno essi ben facilmente confortarsi, chè l'al i suoni simultanei di cento una cosa da produrre le vertigini tra scoperta, della quale noi ora parleremo, non potrà esser loro contrastata; ed essendo essa, a nostro giudizio, molto superiore e da preferirsi da tutti i veri amici dell'arte.

Una invenzione che dà al pianoforte delle qualità cantanti, dell'incantesimo, della grazia, vale ben che que' procedimenti i quali, aumentandone la forza sonora, col soccorso del raddoppiamento delle ottave, porgono facilmente occasione agli abusi e possono divenire, sotto delle mani troppo focose, mezzi di rumore e di strepito di già troppo frequente nell' esecuzione sui pianoforti ordinari.

Eccoci a parlare del pianoforte dei suoni sostenuti a piacimento. Come si è veduto più sopra, non si tratta quivi dei mezzi atti a prolungare il suono delle corde al di là delle loro vibrazioni naturali prodotte dal colpo del martello, quali sono l' impiego dell'aria o di una specie d'archetto, come fu più volte applicato al pianoforte, ma che ne travisa intieramente il suo carattere.

Trattasi solamente di lasciar vibrare, a volontà del pianista, ciascuna nota levandone separatamente il suo smorzatojo, mentre che nei pianoforti comuni, tutti gli smorzatoj levandosi unitamente, le corde che si percuotono continuano a vibrare indistintamente.

Questo risultato i signori Boisselot lo hanno ottenuto mediante il seguente procedimento: Un pedale particolare fa agire una leva a scappamento, che solleva lo smorzatojo e lo tiene in questa posizione col soccorso d' un contropeso.

Lo smorzatojo rimane in tal modo sollevato finchè si tiene il picde sul pedale, senza che vi sia bisogno di tenere il dito sul tasto. Questo conserva tutta la sua indipendenza e può essere nuovamente percosso mentre il pedale sostiene lo smorzatojo.

Devesi rimarcare che il pedale agisce sopra uno o più tasti, secondo la volontà dell' esecutore. Nel vedere questo meccanismo tanto semplice, sorprende come l'idea non sia venuta ad alcuno e che un simile istrumento non sia stato fatto più presto.

Questa preziosa invenzione, quando si sarà estesa, eserciterà una grande influenza sul modo di scrivere per l'istrumento favorito de' nostri giorni. Si può concepire quale varietà di nuovi effetti i compositori ed i pianisti improvvisatori potranno oggimai ottenere.

Il canto, in luogo di confondersi e d'imbrogliarsi colle noto che lo circondano, si farà sentir chiaro e distinto, e si crederà soventi voltc di sentire un pezzo eseguito da due artisti sopra due pianoforti differenti.

Parleremo noi degli altri pianoforti, esposti dagli stessi fabbricatori ? del pianoforte in ebano, intarsiato di madreperla e di corallo, istrumento di lusso degno di attrarre gli sguardi dei passanti ? d'un pianoforte diritto, più piccolo, meno ricco, ma d'una non meno strepitosa sonorità ? d'un pianoforte a coda col meccanismo ordinario, e dei pianoforti quadrati, che hanno preso successivamente il loro posto al palazzo dell'industria ?

Noi li passeremo sotto silenzio perchè qualunque sieno le loro qualità, essi sono ecclissati dai due nuovi pianoforti, de' quali abbiamo discorso. Questi due stromenti formano, a mio credere, la vera esposizione dei signori Boisselot.

Essi hanno riunito i suffragi di artisti tali quali sono Thalberg, Liszt e Döhler; cosa potremmo noi aggiungere ad elogi tanto lusinghieri che validi ?

Questo articolo è tolto dalla Gazzetta Musicale di Parigi, e fa parte d'una serie di articoli dello stesso signor Anders, relativi alla grande esposizione, che ebbe luogo l'anno scorso in Parigi nel Palazzo d'industria.

Noi vorremmo poter inserire almeno i più interessanti articoli di questa serie, ma la quantità delle materie e la ristrettezza delle nostre colonne ce lo impediscono. Daremo però quanto prima un sunto de'principali oggetti musicali di questa ricca Esposizione compilato da celebre critico.

Abbiamo però voluto riportare questo articolo del signor Anders, essendochè ora che i Pianoforti del signor Boisselot di Marsiglia han traversato le Alpi e son giunti presso alcuni dei nostri negozianti di strumenti e fanno anzi bella mostra di sè in parecchi de' nostri salons musicali, è bene che si conoscano e si apprezzino nel loro giusto valore." Gazzetta Musicale di Milano, 12/01/1845, p. 12-13

PARIS - "M. Boisselot, de Marseille, réclame aussi un brevet de 1843 à la main, l’invention du piano oclaviant. Le piano Pleyel n’a que trois cordes ; c’est au moyen d’un levier oblique qui va chercher la note grave et la fait parler simultanément, que résonne l’octave grave.

Dans le piano Boisselot, les cordes sont au nombre de cinq ; trois répondent à la note attaquée et la produisent à son diapason ; lorsqu’on veut octavier, on touche une pédale qui imprime un mouvement à la ligne des marteaux, et place chacun d’eux en face non plus des trois mais des cinq cordes , dont deux représentent l’octave grave.

M. Boisselot prétend, quoique son modèle se borne aux cinq cordes, que son brevet comprend aussi les leviers obli ques ; de sorte que ce facteur aurait deux moyens de faire parler l’octave, lesquels, combinés, formeraient des redou blements d’octaves, d’où résulterait une plus grande puis sance de l’elfet octaviant.

Mais voici venir, à l’encontre des deux facteurs, un troi sième prétendant, le chevalier de Girard, déjà célèbre par l’invention de la filature du lin à la mécanique. Son système ne serait pas complexe comme celui du piano Boisselot ; il se réduirait aux leviers obliques du piano Pleyel. Un brevet de 1842 protégerait encore le mécanisme du chevalier de Girard.

Mais pendant que ces trois artistes se disputent la priorité de cette invention, les anciens amateurs évoquent leurs sou venirs et y retrouvent l’idée du piano oclaviant, réalisée dans le temps et sans beaucoup de succès, il est vrai, par Valtnuller en Allemagne, et chez nous par Petzold et par Lemmé, facteurs de pianos.

Le dernier produisit notamment dans ce but, à l’exposition de 1827, un double piano à qneue, le piano supérieur à trois cordes et l’inferieur à deux cordes; celles-ci étaient à l’octave grave du piano supérieur ; au moyen d’un mécanisme facile à comprendre, il suffisait d’at taquer le clavier du premier piano pour faire entendre l’octave sur le second.

En exposant les faits qui font venus à notre connaissance sur ce point délicat, nous n’cutcudons eu rien préjuger les droits des trois contondants. Les tribunaux saisis, dit-on, de la question, en réuniront soigneusement tous les éléments et donneront une solution qu’il ne nous convient ni de pres sentir ni de conliôler.

Mais M. Boisselot a proposé à l’examen du jury une autre invention non moins importante et devent laquelle se cour bent avec résignation les prétentions, même de ces facteurs qui, dans leurs incessantes recherches, ayant rencontré le germe d’un certain nombre de choses utiles, disputent d’or dinaire, en vertu d’embryons informes, la priorité do toutes les inventions menées à bonne fin par leurs confrères. La seconde invention de M. Boisselot consiste à soutenir le son à volonté.

Elle permet au pianiste de faire résonner une note avec toutes ses vibrations naturelles, tandis que dans le même temps les autres notes restent en état. On peut ainsi, sans être obligé de garder le doigt sur la touche, faire en tendre un chant en notes longues et liées, pendant que les accompagnements se dessinent, sous ce chant, en notes brèves et détachées.

Cet effet si désiré par les pianistes modernes, et auquel, par des artifices curieux et qui causèrent tout d’a bord de l'étonnement, quelques artistes, Dreyschok entre autres, ont cherché à suppléer, est obtenu sans difficulté sur le piano de M. Boisselot.

Il doit être bien compris que le son soutenu ne change pas de nature; il ne se prolonge pas à la manière de l’orgue; ce son reste celui du piano ; seulement les étouffoirs levés sur une note donnée permettent aux vibrations de cette note d’en faire durer la perception.

D’ailleurs la maison Boisselot, dont le siège est à Marseille, et qui ne date que de 1830, a pris en peu d’années un déve loppement extraordinaire ; ses pianos, de divers formats, peu vent soutenir la comparaison avec les meilleurs pianos de l’aris pour la solidité, pour l’égalité et la puissance du son.

Plusieurs artistes de premier ordre, entre autres Thalberg et Doubler, dans leur tournée dans tes provinces du midi de la France, s’en sont servis dans les concerts.

La consécration publique de ces deux grands artistes est concluante en faveur des pianos de la maison Boisselot; croyez bien qu’ils se gar deraient, par complaisance, de taire aux pianos d’Erard, qui les suivent dans toutes leurs pérégrinations, une infidélité qui pourrait, en définitive, tourner au préjudice des intérêts de leur réputation, de leur gloire." Gazette nationale ou le Moniteur universel, 26/04/1844, p. 5 (retronews.fr)


1845

TOULOUSE - "Dix facteurs de pianos ont placé des instruments à l'exposition de Toulouse. Ce sont MM. Erard, Pleyel, Liegant, Paurelle de Paris, Rousselot de Nimes, Boisselot de Marseille, Cropet, Lataste et Kœnigs de Toulouse.

Je parlerai d'abord des facteurs locaux qui méritent spécialement d'étre encouragés. [...] Boisselot, facteur de pianos à Marseille, est aujourd'hui au premier rang de cette industrie.

Il est accepté par les premiers artistes comme le rival d'Erard et de Pleyel, et nos éloges paraîtront superflus aux personnes qui savent que Liszt joue de préférence, et que Thalberg, Doehler, etc., jettent très volontiers les intruments de cet excellent et laborieux facteur.

Liszt a étendu dans tout le Midi, dans Espagne, le Portugal la réputation si méritée de M. Boisselot, qui occupe aujourd'hui plus de cent ouvriers, et dont la renommée est européenne.

Les pianos que M. Boisselot a présentés à l'exposition de Toulouse ne le cèdent en rien à ceux qui lui ont valu à Paris, l'année dernière, la médaille d'or, distinction d'autant plus honorable qu'elle lui était disputée par de nombreux et habiles concurrents." Revue et Gazette Musicale, 24/08/1845, p. 258

TOULOUSE - "268. Boisselot et Fils, fabr. de pianos à Marseille.
Plusieurs pianos de divers genres. (Salles G. et H.)"
Exposition de Produits de Beaux-Arts et de l'Industrie, Toulouse, 1845, p. 107

TOULOUSE - "Rappel de Médaille d'Or AVEC ÉLOGES. MM. BOISSELOT et fils, à Marseille ( Bouches- du-Rhône ). Les instruments que ces facteurs ont exposés justifient la réputationqu'ils ont acquise.

Ils sont remarquables, tant par la bonté du son, la perfection du mécanisme, que par les innovations qu'ils y ont introduites, innovations portant toutes sur l'agrandissement des ressources du piano.

Parmi ces instruments, on distingue un piano à sons prolongés, c'est-à-dire, où les étouffoirs sont indépendants l'un de l'autre et n'agissent que d'après la volonté de l'exécutant.

Cet effet est produit par unmécanisme simple et ingénieux. C'est une heureuse invention susceptible d'être perfectionnée.

Le juri a encore remarqué un piano dans lequel on fait entendre l'octave d'une note avec la note elle-même, en ne frappant qu'une seule touche.

On sait tout le parti qu'on pourra tirer de cette invention, lorsqu'elle aura subi les perfectionnements dont elle est susceptible.

MM. Boisselot et fils, placés à la tête de la fabrication de la province, ont obtenu en 1840, à Toulouse, une médaille d'or, ainsi qu'à Paris en 1844.

Le juri, voulant témoigner à ces facteuis toute sa satisfaction pour leurs beaux produits, leur rappelle, avec éloges, les hautes récompenses qui leur ont été décernées dans ces deux villes." Exposition des Produits des Beaux-Arts et de l'industrie : A Toulouse dans les galeries du Capitole, 1845, p. 172

TOULOUSE - "2° à MM. BOISSELOT et Fils, facteurs de pianos, une médaille de Vermeil, pour le remarquable développement qu'ils ont donné à leur manufacture depuis 1836, époque à laquelle la Société de Statistique de Marseille leur décerna une médaille d'argent en reconnaissance de ce qu'ils avaient introduit dans notre Cité une branche d'industrie dont aujourd'hui l'importance est devenue considérable.

Elle est telle que la concurrence faite par la manufacture de MM. BOISSELOT, aux pianos anglais et allemands sur tous les marchés, ne tend à rien moins qu'à doter Marseille de a fourniture exclusive des pianos dans toute la méditerranée." Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, 1845, p. 547

1849

PARIS - "Voici Boisselot qui vous offre 100 francs par an si vous voulez le mettre en possession d'une illusion qui lui est d'autant plus chère, qu'elle lui a coûté davantage.

Boisselot croit qu'en remplaçant les cordes rondes d'un piano par des rubans métalliques une seule corde platte tiendra lieu de trois cordes, mettra une plus grande masse d'air en vibration, et sera d'ailleurs plus aisé à accorder que trois cordes rondes; il obtiendra certainement plus de son dans les notes du haut, ce que Pape a déjà vérifié ça composant sa huitième octave de lames vibrantes." La Presse, 29/08/1849, p. 3 (gallica.bnf.fr) - voir PAPE (°1815)

PARIS - "A la suite du concours pour les pianos de l'Exposition, M. Séguier, président du jury, a acheté immétiatament un des excellens pianos à queue de MM. Boisselot et Cie, de Marseille." La Presse, 26/08/1849, p. 3 (gallica.bnf.fr)

PARIS - "MM. Boisselot et fils, de Marseille, ont reproduit cette année leur piano octavié, c'est-à-dire qui fait entendre l'octave d'une note avec la note même, en ne frappant qu'une seule touche, et un autre piano dont les étouffoirs sont indépendants l'un de l'autre ; ce dernier effet s'obtient par une disposition qui ne complique nullement la construction de l'instrument.

Ces habiles facteurs ont, pour ces perfectionnements, obtenu en 1844 une médaille d'or.

L'invention qu'ils ont présentée cette année nous paraît, si elle réalise les espérances qu'ils en ont conçues, devoir apporter une amélioration des plus importantes dans les pianos.

Ils ont imaginé de remplacer les cordes cylindriques ordinaires par des cordes plates ou rubans d'acier. Aussi nomment-ils l'instrument monté de ces nouvelles cordes, piano-planicorde.

La largeur de ces cordes varie suivant leur longueur et leur destination : les plus larges, celles des bases, nous ont paru avoir un peu plus d'un centimètre, et les plus étroites, celles de dessus, de deux à trois millimètres.

Par ce nouveau système, une corde suffit pour chaque note, et si foutes les conditions de sonorité sont obtenues, il en résulte évidemment un avantage immense pour la perfection et la durée de l'accord, et une facilité très-grande pour accorder l'instrument, puisque la nécessité de mettre à l'unisson plusieurs cordes n'existe plus. Huit à dix minutes suffisent pour accorder un piano planicorde.

Nous regrettons que l'instrument exposé par MM. Boisselot n'ait pu être entièrement terminé (ils nous ont eux-mêmes prévenus de son imperfection), sans cela nous aurions pu juger plus parfaitement de l'intensité et de la qualité du son ; mais néanmoins, tel que nous l'avons entendu, il ne nous a pas paru inférieur d'une manière sensible aux autres instruments.

Nous croyons donc que l'invention de MM. Boisselot est bonne; nous les engageons sérieusement à poursuivre son application, et nous attendons avec impatience un instrument tout à fait terminé.

S'il réunit l'intensité et la rondeur de son des bons pianos, les inventeurs auront résolu un problème cherché déjà depuis longtemps sans heureuse solution, celui des pianos unicordes." La Tribune des artistes : journal publié sous les auspices de la Société libre des ..., 1849, p. 138 (gallica.bnf.fr)

PARIS - "PIANOS DE MM. BOISSELOT ET FILS. - M. Louis Boisselot, le chef actuel de la maison Boisselot et fils, de Marseille, vient d'appliquer à la construction des pianos une innovation que beaucoup de facteurs de premier ordre cherchaient vainement depuis long-temps.

Voici quel était le problème à résoudre : remplacer par une corde unique les cordes multiples qui sont employées pour chaque note dans les pianos ordinaires, tout en conservant la quantité et la qualité du son.

La solution de ce problème était très importante; elle devait faire disparaître le manque de justesse qui existe dans les pianos ordinaires par l'emploi de trois cordes pour chaque note. C'était là un grave inconvénient que tous les musiciens avaient signalé depuis longtemps.

En 1827, un célèbre facteur parisien exposa un piano à corde unique pour chaque note ; et, pour que cette seule corde pût rendre autant de son que deux ou trois autres cordes réunies, il en augmenta le volume.

Mais, soit que, pour obtenir la tension usuelle de ce corps sonore, il se présentât des difficultés à peu près insurmontables, soit tout autre motif, l'intensité de son obtenue dans ce nouvel instrument fut beaucoup moins considérable que celle obtenue dans les instruments précédents; et, par conséquent, cet essai, quelque ingénieux qu'il fût, ne réussit pas.

Aujourd'hui, l'habile facteur marseillais, en s'appuyant sur les magnifiques découvertes que la science de l'acoustique a faites pendant ces trente dernières années, a compris qu'un corps élastique, tel qu'une verge de fer ou d'acier, vibre non-seulement d'une manière relative à sa capacité, mais encore et surtout par la surface qu'elle.présente dans l'air qui l'environne, et qu'elle doit ébranler.

Il a donc résolu le problème en employant une corde plate au lieu de trois cordes cylindriques qu'on employait ordinairement.

Par ce moyen, il est arrivé, avec une même quantité de métal, à mettre en mouvement une plus grande masse d'air, et, par conséquent, la sonorité obtenue s'est trouvée beaucoup plus considérable.

Il est évident que l'emploi de trois cordes pour chaque note devenait oomplétement inutile, puisqu'une seule pouvait présenter une plus grande surface que les trois cordes réunies.

Dans ce nouvel instrument, que MM. Boisselot et fils ont appelé piano-planicorde, la maigreur du son, qu'on avait remarquée dans les tentatives
précédentes, n'existe plus.

Non-seulement, dans ce premier essai de MM. Boisselot et fils, la force du son est aussi grande que dans les pianos ordinaires, mais la qualité en est bien plus pure, et tout porte à croire que la puissance sonore sera bien plus considérable par l'emploi de ce nouveau système que par celui des systèmes anciens.

Aux avantages que nous venons de signaler, le piano planicorde en ajoute encore un autre d'une très haute importance.

Chacun a remarqué que le feutre des marteaux, en frappant les cordes rondes des marteaux ordinaires, se coupait après un très court espace de temps, ce qui rendait tout de suite le son de l'instrument aigre et criard, et le privait ainsi de l'égalité et de la suavité des sons qui constituent les meilleures qualités d'un bon piano.

Ainsi un piano, au bout d'un certain temps de service, avait perdu ses plus précieux avantages. Il est évident que, dans le nouveau piano à cordes plates, cet inconvénient ne peut nullement exister.

Nous ne parlons pas d'un autre avantage qui devait être nécessairement le corollaire de cette découverte. C'est l'emploi de la vis de rappel remplaçant la cheville qui sert à accorder le piano, appliqué déjà depuis dix ans par MM. Boisselot et fils à un piano clédi-harmonique qu'ils apportèrent à l'exposition de 1839.

Cette vis de rappel donne le moyen à chaque musicien d'accorder lui-même en très peu de temps son piano.

Ainsi, pour nous résumer, voici quels sont les avantages du PIANO PLANICORDE : force et beauté de sonorité, facilité, perfection et durée de l'accord, conservaiion complète de la qualité primitive du son.

On le voit, c'est là une magnifique découverte, qui occupera certainement le monde musical autant que le monde scientifique, et qui, probablement, va changer toutes les lois de sonorité, qui président à la construction du piano.

Toutefois, MM, Boisselot ne se sont pas bornés à cette seule invention, et ils ont exposé un autre piano, qui, dans un autre genre, ne mérite pas moins d'attirer l'attention des artistes. Nous voulons parler du piano à sons soutenus ou à vibrations libres, que MM. Boisselot avaient exposé en 1844, et qu'ils ont perfectionné aujourd'hui.

Quand nous parlons de sons soutenus à volonté, nous n'entendons pas parler de moyens propres à prolonger le son des cordes au-delà de leurs vibrations naturelles produites par le coup de marteau, tels que l'emploi du vent ou d'une espèce d'archet que l'on a plusieurs fois appliqué au piano, mais qui dénature entièrement son caractère.

Il s'agit seulement de laisser vibrer, au gré du pianiste, chaque note, en levant séparément son étouffoir, tandis que, dans les pianos ordinaires, tous les étouffoirs se levant ensemble, les cordes que l'on frappe continuent à vibrer indistinctement, et produisent une espèce de confusion. Ce résultat a été parfaitement ob'enu par MM. Boisselot et fils.

Le piano à sons soutenus, exposé en 1844, fut parfaitement accueilli par les musiciens; cependant il présentait une difficulté pour l'exécutant, qui, étant obligé de mettre la pédale chaque. fois que l'étouffoir devait rester levé, pour ne pas arrêter les vibrations de la corde, courait le risque d'accrocher les notes qui devaient être étouffées, s'il n'usait de beaucoup de dextérité.

Pour remédier à ce grave inconvénient, MM. Boisselot et fils ont inventé cette fois un mécanisme par lequel, la pédale une fois mise, il suffit que l'exécutant frappe la note qu'il veut faire vibrer dans toute sa durée naturelle, pour obtenir ce résultat.

Il est incontestable qu'un piano muni de ce mécanisme présente des avantages et des ressources qu'on ne peut rencontrer dans les pianos ordinaire. Aussi toute la musique moderne, dans laquelle les pianistes font entendre des chants en notes larges et soutenues, encadrés dans des traits brillants et rapides, pourra être rendue avec une bien plus grande facilité et beaucoup plus de netteté que sur les anciens pianos.

De plus, l'exécution d'une mélodie en sons liés, accompagnée par des sons détachés et piqués, effet que l'on rencontre à chaque instant dans la musique symphonique, et qui était impossible à rendre avec le mécanisme des anciens pianos, devient excessivement simple et facile à rendre sur le piano à vibrations libres de MM. Boisselot et fils.

Ce perfectionnement est, suivant nous, de la plus haute importance. Il obtiendra, nous en sommes certains, l'approbation des artistes, car il leur permettra d'obtenir des effets entièrement neufs.

A l'aide de ce mécanisme, le piano aura la faculté de rendre tout ce qui constitue la sonorité spéciale et individuelle de cet instrument.

C'est encore là un grand pas de plus pour l'art du pianiste, et un nouveau champ ouvert à la science musicale.

Après avoir mentionné dès découvertes aussi remarquables, il devient inutile peut-être de signaler l'importance de la maison qui a pu les réaliser.

Aussi éviterons-nous de parler longuement de la supériorité des produits sortis des ateliers de MM. Boisselot et fils. Nous ne citerons que pour mémoire le rapport de MM. les membres du jury central de l'Exposition de Paris, en 1844, qui accorde la médaille d'or à ces facteurs.

Voici les termes de ce rapport, qui porte la signature de nos sommités scientifiques et musicales :

Près de 400 pianos sortent annuellement des ateliers de MM. Boisselot et fils, établis à Marseille. Ces fabricants se trouvent favorablement placés pour l'exportation. Ainsi, 150 de leurs pianos sont répartis chaque année entre l'Italie, l'Espagne, le Levant et les Colonies.

Cette maison a exposé un piano à queue, qui, dans la comparaison des instruments de même espèce, a mérité d'être mis au PREMIER RANG ; un piano à queue, de petit format, et un piano carré à deux cordes, qui, l'un et l'autre, ont obtenu le second rang.

MM. Boisselot et fils ont présenté en outre un piano dans lequel on fait entendre l'octave d'une note avec la note même, en ne frappant qu'une seule touche, et un autre piano où les étouffoirs sont indépendants l'un de l'autre. Ce dernier effet s'obtient par une disposition qui ne complique nullement la construction de l'instrument.

Le jury, prenant en considération l'importance manufacturière et commerciale de l'établissèment de MM. Boisselot et fils, le chiffre élevé de leurs exportations et le rang distingué obtenu par leurs pianos dans les essais comparatifs, décerne UNE MÉDAILLE D'OR à ces habiles facteurs. Sylvain St-Étienne." La Mode : revue des modes, galerie de moeurs, album des salons, 25/07/1849, p. 182-185 (gallica.bnf.fr)

PARIS - "Von Herrn Boisselot aus Marseille, sah ich einen Flügel und ein aufrechtstehendes Piano. Der Aussteller ist in den Ausstellungen 1834, 1839, 1844 stufenweise die Ehrenleiter von der mention honorable bis zur goldenen Medaille hinauf gestiegen, und besigt ein bedeutendes Etablissement in Marseille.

Als frühere Erfindungen nimmt Herr Boisselot ein Pianoforte Namens cledi-harmonique, welches ich nicht fenne, dann ein Piano octavie u. ein anderes à son soutenu in Anspruch.

Beide Legten habe ich 1844 gesehen, und die Erfindung des Piano octavié bestand darin, daß jeder Ton 4 Saiten zählte, deren Zweie den Normal-Ton, die zwei anderen aber dessen Octave angaben, wobei man durch Verschieben der Tastatur nach Belieben mit oder ohne Octave spielen konnte.

Un dem zweiten Flügel hatte Herr Boisselot einfach, wie es früher Herr Andreas Stein hier machte, zwei Pedale für die Dämpfung angebracht, um dieselbe ganz oder auch nur zur Hälfte heben zu können, und dieses also verbesserte Instrument mit dem appetitlichen Namen: Piano à son soutenu getauft. Herr Boisselot möge es mir verzeihen, wenn ich diese beiden Versuche als keine von besonderem Gewichte bezeichnen kann.

– Mehr Aufmerksamkeit wenigstens, erregte Herr Boisselot in der dießjährigen Ausstellung durch ein Piano planicorde, daß heißt durdy ein Pianoforte welches er mit Bandsaiten bezogen hatte.

Diese Bandsaiten bestehen aus mehr oder weniger breit gewalzten Saiten, deren man statt Dreien für jeden Ton nur eine anwendet. Die Erfindung wäre interessant, wenn man hoffen könnte, sie vervollkommt zu sehen, denn jetzt entbehrt das Instrument beinahe noch allen Gesanges. Auf eine Verbesserung darf man aber kaum rechnen, da die Erfindung nicht neu ist, da schon vor 9 Jahren in einem Warschauer Blatt von Bandsaiten die Rede war, und noch vor 2 Jahren mir der verstorbene Instrumentenmacher Hr. Kisting von einen ähnlichen Pianoforte sprach, was in Deutschland, er wußte aber nicht wo, gemacht worden sein sollte. Wäre die Sache einer Verbesserung fähig gewesen, so würde man sie schwerlich haben fallen lassen." Verhandlungen des niederösterreichischen Gewerb-Vereins, 1849, J. B. Streicher, p. 350


1850

TOULOUSE - "Boisselot et Fils, de Marseille, représentés par M. Meissonnier.
81. Un piano à queue, bois de Courbary. [A]
82. Deux pianos droits, 3 quarts, marqueté et acajou. [A]" Exposition de Produits de Beaux-Arts et de l'Industrie, Toulouse, 1850, p. 42

TOULOUSE - "La commission, nommée pour l'examen des instruments demusique, avait annoncé dans sa première réunion qu'elle allait d'abord s'occuper de l'appréciation des nombreux pianos envoyés à l'exposition.

Elle déclarait en même temps que trois exposants devaient êtremis hors de concours : M. Erard, qui, par l'excellence de ses produits, a été nommé, il y a déjà quelques années, membre de la Légion-d'Honneur, et qui n'envoie plus ses instruments aux différentes expositions de France et de l'étranger que pour prouver qu'il est toujours à la tête des facteurs de tous les pays ; M. Boisselot, facteur de pianos, à Marseille, qui a obtenu, à Paris et à Toulouse, des médailles d'or et les rappels de ces hautes distinctions; enfin, M. Kriegelstein, qui vient d'obtenir à l'exposition nationale de 1819 la médaille d'or, comme témoignage de la supériorité de ses instruments.

Il est de notre devoir de rapporter l'incident qui s'est produit dans cette séance. M. Boisselot, qui avait été introduit pour donner quelques explications, a déclaré vouloir concourir avec M. Erard.

Sur l'observation qui lui était faite, que M. Erard, d'accord avec la décision de la commission, n'entendait plus concourir dans aucune exposition de France, M. Boisselot s'est alors écrié vivement, qu'il était las d'être traîné à la remorque de M. Erard ; que ses pianos étaient meilleurs que ceux de ce facteur ; qu'il construisait mieux que lui ; et qu'il allait faire retirer ses instruments, puisqu'il n'y en avait pas un capable de lutter avec les siens.

La commission du jury, étonnée de cette assurance, résolut alors, tout en maintenant sa première résolution, de comparer les instruments de ces deux facteurs, et d'émettre son opinion avec toute l'indépendance dont elle était animée.

Il est résulté de cet examen approfondi que, tout en rendant justice à la bonne facture de M. Boisselot, celle de M. Erard l'emportait de beaucoup dans les différents genres de pianos exposés.

Ainsi, les pianos droits à cordes verticales de M. Erard ont été jugés meilleurs que ceux de M. Boisselot, soit dans l'égalité, l'intensité, la rondeur du son et surtout dans la facilité du clavier.

Il en a été demême d'un piano oblique où les qualités les plus essentielles et les plus indispensables l'ont encore emporté sur les instruments de M. Boisselot.

Passant aux pianos à queue, la commission a déclaré un animement que ces instruments pouvaient servir demodèle aux facteurs les plus en renom, et que M. Erard avait obtenu dans ces pianos une admirable sonorité, ronde, brillante dans toutes ses parties.

Elle a trouvé que les basses étaient excellentes de profondeur et d'intensité, que le médium était d'un moelleux exquis et d'une égalité parfaite, que les parties élevées du clavier offraient une pureté de son qui ne laissait rien à désirer, et que cette partie n'était jamais écrasée par les extrémités graves de l'instrument.

Quant au clavier, au double échappement dont M. Erard est l'inventeur, à la douceur extrême de son toucher, à la facilité avec laquelle on adoucit et on renforce les sons, aucune expression ne peut donner une idée de cette ingénieuse mécanique ; c'est l'exécutant seul qui peut apprécier les immenses avantages que lui donne cet admirable clavier, qui est composé de touches qui semblent disparaître sous les doigts, et qui, par leur extrême souplesse, leur rapidité de percussion, permettent à l'artiste de donner à son exécution les plus délicates nuances, et d'imprimer à son jeu ce que l'expression a de plus difficile et de plus chaleureux.

Toutes ces qualités font des pianos deM. Erard des instruments hors ligne, et leur assurent une supériorité que personne, jusqu'à ce jour, n'a pu leur enlever.

Les pianos droits et mi-obliques de M. Boisselot ont été jugés d'une bonne facture, quoique les sons ne soient pas toujours d'une égalité parfaite, et que les claviers laissent à désirer sous le rapport de la douceur du toucher.

Ses pianos à queue, grand format, sont sans doute d'excellents instruments, et, s'ils ne réunissent pas les avantages de ceuxdeM. Erard, ils n'en sont pas moins recommandables, et classent la facture de M. Boisselot parmi les premières fabriques de la capitale, enmême temps qu'ils le placent à la tête des facteurs de la province.

En résumé, les sons de ces instruments possèdent une grande puissance, une excellente égalité, un clavier facile qui fuit bien sous les doigts ; ils méritent, sous tous ces rapports, la haute réputation dont ils jouissent.

Telle est l'appréciation impartiale qui a été faite des pianos de M. Erard et de M. Boisselot, et que je jury a cru devoir publier dans ce rapport." Exposition des Beaux-Arts et de l'Industrie à Toulouse dans les galeries du musée : Année 1850, p. 177-179


1855

Piano droit de M. Boisselot Fils,
Histoire illustrée de l'exposition universelle, 1855,
Charles-Joseph-Nicolas Robi
n, 1855, p. 101

PARIS - "M. Boisselot père comprit, avec cette pénétration dont il a donné de si belles preuves, qu'il fallait entrer résolument dans la voie nouvelle. De là cette activité incroyable qu'il déploya. Ses pianos, que les virtuoses du midi et de l'étranger ne tardèrent pas à remarquer, rivalisaient avec les meilleurs instruments fabriqués dans les premières maisons d'Europe.

Mais Paris suffisait aux besoins de la France; et il eût été imprudent de marcher sur ses brisées. M. Boisselot, inspiré par le génie phocéen, tourna ses regards ailleurs. L'Espagne, le Portugal, l'Italie, les Indes, l'Amérique offraient à ses produits de vastes débouchés. Il essaya de rivaliser avec la fabrication anglaise sur toutes les places; et il parvint à établir à meilleur marché des pianos d'une qualité supérieure.

Loin de se borner toutefois à poursuivre la fortune comme tant d'autres eussent fait à sa place, il s'attacha à bien mériter de l'art et du pays, en simplifiant la fabrication du piano, en augmentant sa sonorité, et surtout en lui garantissant une solidité susceptible de résister aux changements de température sous toutes les latitudes.

M. Louis Boisselot fils, animé par l'exemple et les conseils de son père, fit un voyage en Angleterre pour compléter ses études. Il en rapporta une foule de procédés ingénieux qu'il avait surpris dans ses pérégrinations à travers les ateliers d'outre-Manche.

La mécanique du toucher, et les instruments de précision dont les Anglais faisaient usage, pour donner au piano plus de sonorité et une égalisation plus juste dans l'ampleur et le timbre des notes, préoccupèrent avant tout son esprit analytique.

Il revint en France, riche de renseignements précieux et d'une idée toute féconde. Nous voulons parler du petit piano à queue dit de salon, dont la sonorité étonne tous les connaisseurs; car il permet aux artistes de traduire toutes les délicatesses de la musique sérieuse.

Le piano clédiharmonique, dont l'invention remonte à 1836, et au moyen duquel chaque musicien peut sans peine accorder son instrument, a marqué la deuxième étape des recherches combinées de MM. Boisselot père et fils. Une année après, ils abordèrent l'exposition de Toulouse avec un piano d'un nouveau système, rendu plus remarquable par l'adjonction d'une invention de Pascal Taskin, célèbre facteur de clavecins du xvine siècle.

A l'exposition de 1844, la maison Boisselot soumit deux remarquables pianos à l'appréciation du jury.

Avec le premier, dit piano octavié, l'exécutant pouvait en frappant une seule touche obtenir un double ton; on entendait à la fois la note réelle et son octave.

Avec le second, dit à vibration libre, le pianiste prolongeait à volonté une note quelconque en appuyant un peu plus fortement sur sa touche que sur les autres. Jusqu'alors on s'était exclusivement servi des pédales qui présentent l'inconvénient d'allonger toutes les notes ensemble, et d'enlever par conséquent à la partie mélodique sa véritable physionomie.

En 1847, un deuil profond interrompit les études et les travaux de ces valeureux industriels. La mort, sans pitié pour une carrière si richement fournie, frappa la maison de Marseille dans son chef et fondateur, M. Boisselot père.

M. Xavier Boisselot, son deuxième fils, qui avait embrassé la composition lyrique et moissonné bien des couronnes sur les théâtres de France, voulut aider son frère Louis à porter le fardeau glorieux qui leur avait été légué. La succession n'eut pas à souffrir dans leurs mains habiles. Ils crurent ne pouvoir mieux honorer la mémoire de leur père, qu'en mettant en pratique ses dernières idées.

Aussi à l'exposition de 1849, avons-nous vu reparaître, enrichi de notables perfectionnements, le piano à vibration libre et à sons soutenus, et un autre piano dit planicorde.

M. Louis Boisselot ne devait pas survivre longtemps à son père. En 1850, une nouvelle douloureuse se répandit parmi les artistes. La mort venait de briser cette existence si riche d'avenir, et qui déjà avait tant de droits à la reconnaissance publique.

M. Xavier Boisselot sut résister à cette double détresse. Seul, il se mit à la tête de l'importante maison de Marseille; il ne recula pas devant la tâche immense qui lui était imposée; et si depuis cinq ans il a maintenu dans sa splendeur la tradition d'intelligence, d'activité, de génie industriel dont son père et son frère lui ont en mourant confié la garde, le monde musical applaudit à de si nobles efforts.

Au grand concours de 1855, M. Xavier Boisselot a exposé six pianos: un piano droit, à six octaves trois quarts en palissandre; — un piano droit à sept octaves, et de deux mètres de hauteur (système du piano à queue); —un piano à cordes obliques à six octaves trois quarts, en bois de rose avec décorations élégantes— un piano à queue, format de salon, et à six octaves trois quarts; —et un grand piano à queue, dit de concert.

Le piano à queue, format de salon, est remarqué par tous les visiteurs pour sa sonorité. Le mécanisme du clavier est construit de façon à permettre à l'artiste la traduction de toutes les nuances, de tous les grands effets, de toutes les difficultés musicales." Histoire illustrée de l'exposition universelle, 1855, Charles-Joseph-Nicolas Robin, 1855, p. 100 - 104

PARIS - "A l'Exposition nationale de 1844, MM. Boisselot, de Marseille, firent entendre deux pianos jouant en octaves, par des combinaisons différentes. Dans le premier, dont le volume était trop considérable, chaque note était montée de cinq cordes.

Quand le clavier était à sa place, trois cordes seulement étaient frappées par un seul marteau; dans cette position, l'instrument n'oclaviait pas; mais lorsqu'on voulait jouer par octaves, une pédale faisait faire un léger mouvement au mécanisme et au clavier; alors un levier faisait agir un marteau auxiliaire sur deux cordes accordées à l'octave des trois autres, que frappait le premier marteau.

L'autre piano, d'une construction plus simple et préférable, ne changeait rien à la disposition ordinaire des cordes.

Le mécanisme du jeu par octaves consistait en un mouvement de pédale qui mettait en jeu des leviers, par lesquels les cordes de l'octave inférieure de la note touchée étaient frappées.

Ces inventions n'ont point eu de retentissement et sont tombées dans l'oubli." Exposition universelle de 1855 : Rapports du jury mixte international, Volume 2, Napoléon Joseph Charles Paul Bonaparte

PARIS - "M. Xavier Boisselot a réclamé pour son frère la priorité d‘invention du moyen mis en usage pour la production de l’effet dont il s’agit.

Nous lisons en effet dans le rapport sur l’Exposition nationale de 1844, qu’un piano à son; soutenu à volonté, construit par MM. Boisselot de Marseille, fut. soumis alors à l‘examen de la commission.

L’instrument était semblable à celui qui a été mis sous les yeux du Jury et dont nous avons entendu les effets.

Une pédale particulière fait agir un levier à échappement qui lève l‘étoufl'oir d‘une note quelconque, à la volonté de l’exécutant, et le tient en cette position à l’aide d‘une bascule.

L’étouffoir reste levé, et le son se prolonge aussi longtemps que le pied de l’exécutant appuie sur la pédale, sans qu’il soit nécessaire de laisser le doigt sur la touche.

L’effet qui se produit pour une note peut aussi se faire pour un accord. La touche, demeurée libre, peut être refrappée autant de fois qu’on veut, pendant que les sens se soutiennent par l‘action de la pédale." Rapports du jury mixte international: Exposition Universelle de 1855, Volume 2, 1856, p. 700

PARIS - "Deux pianos jouant à volonté par octaves. à l‘aide d‘une pédale, figuraient à l'Exposition, sous le nom de piano octaviant. Les instruments à clavier jouant en octaves ne sont pas une chose nouvelle, car nous connaissons une épinette construite en 1610 par Hans Ruckers, d’Anvers, sur laquelle on joue, avec un clavier seul, ou avec deux claviers à l‘octave, par un registre qui réunit deux instruments.

Il a été fait aussi des claviers de cette espèce dans le cours du XVII siècle et au commencement du XVIII.

En 1824, un facteur de pianos allemand, apliqua au piano l‘ancienne combinaison de l’épinette double.

Quelques années plus tard, le célèbre mécanicien Philippe de Girard, inventeur des premières mécaniques à filer le lin, construisit en Pologne un piano octaviant, qui fut transporté à Vienne, en 1842, et sur lequel Léopold de Mayer, puis Liszt, jouèrent devant la famille impériale.

Cet instrument parut à l‘Exposition nationale de 1844, et dans cette même exposition, MM. Boisselot, de Marseille firent entendre deux pianos jouant en octaves, par des combinaisons différentes.

Dans le premier, dont le volume était trop considérable, chaque note était montée de cinq cordes.

Quand le clavier était à sa place, trois cordes seulement étaient frappées par un seul marteau; dans cette position, l‘instrument n’octaviait as; mais lorsqu’on voulait jouer par octaves, une pédale faisait faire un léger mouvement au mécanisme et au clavier; alors un levier faisait agir un marteau auxiliaire sur deux cordes accordées à l‘octave des trois autres, que frappait le premier marteau.

L‘autre piano, d’une construction plus simple et préférable, ne changeait rien à la disposition ordinaire des cordes.

Le mécanisme du jeu par octaves consistait en un mouvement de pédale qui mettait en jeu des leviers, par lesquels les cordes de l'octave inférieure de la note touchée étaient frappées.

Ces inventions n‘ont point en de retentissement et sont tombées dans l’oubli." Rapports du jury mixte international: Exposition Universelle de 1855, Volume 2, 1856, p. 701  - Voir DE GIRARD (Expositions)

PARIS - "M. BOISSELOT Fils, à Marseille (France). Ses instruments exposés étaient excellents; seulement un piano à cordes verticales, auquel il avait donné la hauteur inusitée de deux mètres deux centimètres, afin d'obtenir avec puissance les sons de la basse, manquait de clarté dans le clavier, et tombait dans le bourdonnement, à cause de la longueur même des susdites cordes.

Mais le titre de gloire de cet habile facteur, c'est l'invention du piano à sons soutenus à volonté, qui détruit la principale imperfection du piano, celle résultant de l'uniformité de caractère de ses accents.

L'importance hors ligne de fa fabrication de M. Boisselot Fils l'a fait créer chevalier de la Légion d'honneur par S. M. Napoléon III, et lui a valu du Jury la Médaille De Première Classe." Album de l'Exposition universelle, Léon Brisse, 1855, p. 427

PARIS - "BOISSELOT et fils, à Marseille (Bouches-du-Rhone), fabricants de pianos, médailles d'or en 1844 et 1849.

Cette maison, fondée depuis vingt-cinq années, s'est élevée depius longtemps au premier rang, et lutte aujourd'hui avec succès contre les principaux facteurs de pianos de l'Europe, tant par la qualité irréprochable de ses produits que par la quantité de ses exportations.

Ce qui fait surtout rechercher les pianos de cette maison, par les artistes et par les connaisseurs, c'est leur sonorité à la fois douce et puissante, qualités unies à celle d'une sotidité qui peut défier le temps, les climats, et les angers de l'exportation.

Quatre cents pianos environ, parmi lesquels une centaine à queue, sortent annuellement de cette maison, et sont vivement recherchés par tous les marchands, tant de France que de l'étranger.

Diverses inventions importantes ont signalé à l'attention publique le zele et l'intelligence des chefs de cette honorable maison. Depuis quelques années, MM. Boisselot et fils, ont fondé une succursale de leur maison en Espagne, et, bien que cette nouvelle fabrique ne soit établie que depuis peu de temps, elle a déjà pris une extension considérable et obtenu de brilliants résultats.

Les produits exposés par MM. Boisselot et fils, proviennent de ces deux maisons." Histoire illustrée de l'exposition universelle par catégories d'industries, 1855

PARIS - "PIANOS BOISSELOT et Fils. - Ainsi que nous le disions dans un précédent article, la fabrication des pianos est une industrie toute nouvelle, née pour ainsi dire hier, et dont les principes généraux sont à peine posés d'une manière incontestable. On n'en sera pas surpris, si l'on réfléchit à l'état de cette branche importante de la facture instrumentale jusqu'à 1830.

A l'exception de trois ou quatre maisons et de trois ou quatre fabricants déjà en réputation, on ne trouvait guère que des ouvriers inintelligents et routiniers, dont tout le mérite consistait à assembler des pièces de bois avec plus ou moins de justesse et de solidité. Les bons finisseurs étaient extrêmement rares, et il fallait les payer fort cher.

De là le prix élevé des instruments dans les grandes maisons; de là aussi l'immense quantité de pianos médiocres ou mauvais dont le monde musical fut si longtemps encombré.

la crise

La crise qui s'approchait et qui devait faire entrer la facture dans de nouvelles voies ne produisait encore que des convulsions incohérentes. On s'acharnait à vouloir perfectionner le piano carré, lequel s'obstinait, lui, dans son imperfection native, et pressentant sa fin, voulait finir comme il avait vécu, c'est-à-dire dans une impénitence que l'art et les artistes lui pardonneront difficilement.

Un de nos habiles facteurs, M. Pape, fut un de ceux qui recherchèrent avec le plus d'ardeur les moyens d'obvier aux défauts inhérents aux instruments de cette forme.

Sa bonne volonté et ses talents reconnus vinrent échouer contre des difficultés insurmontables. M. Pape d'ailleurs, comme il lui est arrivé tant de fois durant sa longue et laborieuse carrière, ne vit pas alors de quel côté éclatait la lumière; il prit une route opposée à celle que suivaient déjà la plupart de ses confrères, et il s'y égara.

Peu de temps après que ce célèbre facteur eut mis au jour son nouveau système de piano carré, cet instrument disparut tout à coup du monde musical. Une ère meilleure devait prendre sa place.

C'était au tour du piano droit, dont la destinée devait être beaucoup plus longue et plus brillante. M. Pape, conservant d'une tradition épuisée tout ce qui a droit de survivre, commença dès lors à établir son activité sur d'autres fondements. Nous aurons lieu de parler bientôt des services signales qu'il a rendus à la facture.

C'est de cette époque, toute de renouvellement et d'espoir, que date la maison Boisselot et fils, de Marseille. Elle doit prendre place parmi les maisons de France, fort rares du reste, qui ont donné de grands développements à la fabrication du piano à queue.

Elle devait, en peu de temps, acquérir une extension considérable sous la direction de M. Boisselot père, son fondateur.

Un esprit nouveau venait de se lever; le vieux génie disparaissait, laissant son œuvre interrompue. M. Boisselot père comprit le mouvement qui s'opérait autour de lui, et il sut en profiler.

Ses produits ne tardèrent pas à ôtre remarqués des artistes du midi de la France et de l'étranger. De 1840 à 1846, les virtuoses s'en servaient dans les concerts, et peu d'années après, en Italie, à Malte, à la Havane, au Brésil, dans toute l'Espagne, les pianos de l'importante fabrique marseillaise rivalisaient avec les meilleurs instruments des premières maisons d'Europe.

Cette rapide prospérité doit être attribuée à l'esprit d'initiative et d'observation qui caractérisait les chefs de cet établissement. M. Boisselot père, non-seulement était un praticien éclairé et connaissant son art à fond, mais de plus il possédait cette aptitude commerciale qui semble, chez les enfants de l'antique Phocée, bien plus un don de la nature qu'une faculté acquise.

En fondant sa maison à Marseille, il se rendit compte des avantages et des inconvénients qui résultent de la disposition topographique de la ville qu'il occupait. Si les uns étaient de nature à tenter le commerçant, les autres étaient bien faits pour décourager l'artiste.

En effet, Marseille, situé à deux cents lieues de la capitale, par son éloignement, par les frais de transport, ne pouvait guère faire connaître et écouler à l'intérieur les produits d'une maison qui alors s'essayait dans une industrie représentée à Paris par de magnifiques établissements.

D'un autre côté, Marseille, avec son admirable port qui commande tout le bassin méditerranéen, avec son commerce immense, offrait de vastes débouchés aux produits sortant de son sein. De pareils avantages ne pouvaient échapper à l'esprit perspicace de M. Boisselot père. C'était de l'exportation qu'il fallait s'occuper.

La maison eut d'abord à lutter contre les pianos anglais, qui alors encombraient l'Espagne, le Portugal, et tous les points importants du Lovant; mais bientôt l'excellence de ses produite, leur prix relativement inférieur, lui permirent de soutenir avec la fabrication anglaise une concurrence sérieuse. Les artistes surtout, frappés de la supériorité des instruments marseillais, en racontaient au loin des merveilles.

Les négociants avaient su du premier coup en apprécier la solidité et la simplicité qui en assuraient la conservation sous toutes les latitudes.

Ce dernier point préoccupa d'abord sérieusement MM. Boisselot.

M. Boisselot père avait de l'imagination, de la science; l'œuvre, une fois commencée, s'acheva rapidement.

L'expérience des principes exceptionnels inaugurés par l'habile facteur tut une victoire et une récompense une victoire, car la prospérité de rétablissement marseillais augmentait chaque jour, à mesure que ses produits étaient mieux appréciés une récompense, puisque l'honneur et la considération universelle couronnaient une existence toute pleine de travail et de dévouement.

Le succès à l'étranger des pianos Boisselot et fils, désormais assuré, M. Louis Boisselot, qui avait étudié la facture en France, entreprit un voyage en Angleterre, il se rendit notamment compte de la multitude de procédés ingénieux et d'instruments da précision mis en usage dans les travaux de la grande facture anglaisât et surtout en ce qui concerne ia mécanique du toucher, partie si importante de l'art, il s'appropria de notables connaissances.

De retour à Marseille, en 1836, il fit, avec son père, de nombreuses expériences sur la sonorité du piano.

Plus tard, ils mirent au jour des inventions importantes. A l'exposition de 1839, leurs instruments parurent avec distinction des perfectionnements nombreux firent classer leurs produits au premier rang.

Nous donnerons la liste de ces inventions et de ces perfectionnements il importe qu'on sache au juste ce que les progrès de la facture doivent à la maison Boisselot et fils.

En 1838, M. Louis Boisselot apporte d'Angleterre l'idée du petit piano à queue, idée féconde, et dont la présente exposition va permettre d'apprécier les résultats longtemps inespérés.

Nous n'avons pas besoin d'insister sur les avantages qu'offrent à la consommation les instruments de ce format Avec une sonorité égale à celle du piano-concert, et tenant moins de place, ils sont d'un prix beaucoup moins élevé, et peuvent ainsi contribuer à étendre l'usage du piano à queue, le seul instrument de construction véritablement rationnelle et le seul qui convienne aux exécutants de première ligne.

Peu de temps après, venait le piano clédiharmonique, au moyen duquel chaque musicien pouvait sans peine accorder son instrument. Ensuite, à une exposition de Toulouse, MM. Boisselot présentèrent un piano d'un nouveau système, considérablement perfectionné par l'adjonction d'une invention de Pascal Taskin, célèbre facteur de clavecins du dernier siècle.

Le piano Octavié, qu'ils exposèrent en 1844, et à l'aide duquel, en frappant une seule touche, le pianiste pouvait à volonté doubler la note de son octave, fixa l'attention des artistes et des facteurs.

Nous ne sachions pas qu'il ait été donné suite à cette invention, et nous le regrettons, en ce sens qu'elle est une simplification réelle dans les procédés du jeu moderne si chargé de nuances et si compliqué. Elle doit permettre en outre de rendre certains effets de fortissimo avec une puissance double de celle qu'on obtient sur le clavier ordinaire.

A la même époque, parut le piano dit à vibration libre ou à sons soutenus à volonté. Cette invention fait le plus grand honneur à la maison Boisselot, et il y a lieu d'espérer qu'au moins elle restera comme un témoignage de l'intelligence et de la capacité des inventeurs.

Elle est d'une haute importance et parachève en quelque sorte toute la sonorité qu'on peut attendre du piano. Elle consiste dans la faculté donnée à l'exécutant de soutenir une note à volonté, sans pour cela que les autres soient affectées de la même manière, ce qui permet d'exécuter sous une mélodie tous les agréments et les contre-points si fort en usage dans les fantaisies modernes, et notamment dans les ouvrages de Thalberg et de Liszt.

On obtient cette prolongation en appuyant un peu plus fortement sur la touche cocale que sur les autres, et sans qu'il soit besoin d'y laisser le doigt. Les artistes comprendront le parti qu'ils peuvent tirer de cette innovation.

Quant aux facteurs qui ont inventé soi-disant la pédale expressive, qui n'est autre chose qu'une application nouvelle du principe imaginé par M. Boisselot, il faut leur rendre cette justice qu'ils se sont empressés de rendre à César ce qui appartient à César; en d'autres termes, ils ont reconnu la priorité du système Boisselot sur le leur, et ils applaudissent les hommes de génie qui ont heureusement concouru à étendre le domaine de la sonorité du piano.

Trois ans après cette exposition, M. Xavier Boisselot s'associe avec son frère Louis. Les hautes connaissances musicales du premier, auteur d'oeuvres lyriques applaudies à l'Opéra-Comique et sur toutes nos scènes départementales, l'expérience et le génie pratique du second exercent sur les progrès de la fabrication des pianos Boisselot et fils la plus heureuse influence.

Sous la direction des deux frères, on voit parattre de nouveau à l'exposition de 1849 le piano à sons soutenus. Ils firent connaître en même temps le piano planicorde, qui produisit une véritable sensation.

Maintenant, si nous passons à la liste des récompenses accordées à la suite des expositions, nous avons à noter, en 1834, une mention honorable; en 1839, une médaille d'argent en 1844, une médaille d'or enfin, en 1849, un rappel de médaille d'or.

La mort enleva M. Boisselot père en 1847, ce fut une porte réelle pour la facture instrumentale, un deuil pour les artistes qu'il aimait. C'est encore à cette heure pour sa famille un cher et pieux souvenir et des regrets que lo temps ne saurait altérer.

Trois ans après, M. Louis Boisselot suivait son frère dans la tombe. Respect aux mânes de ces deux hommes de bien 1 lis n'ont recherché durant leur existence ni les ovations souvent décevantes de la publicité, ni les justes récompenses auxquelles ils pouvaient prétendre.

Certaines natures sont ainsi faites qu'elles se refusent au fiat lux, et préfèrent au vif rayonnement les teintes amoindries du demi-jour. Les jouissances du beau, la satisfaction du mieux réalisé conviennent à ces natures d'élite.

La presse n'en a pas moins un véritable devoir à remplir à leur égard. Elle doit les signaler hautement, elle doit enregistrer les faits qui les recommandent à la reconnaissance publique.

Telle est, quant à nous, la pensée qui nous dicte ces lignes, que nous voudrions rendre pins éloquentes et plus dignes des objets qui les inspirent.

M. Xavier Boisselot a recueilli avec courage et dévouement le glorieux héritage qui lui était légué. Depuis cinq ans qu'il est seul à diriger la fabrique de Marseille, il a su la maintenir à la hauteur où l'avaient élevée les fondateurs.

Il en a même augmenté l'influence et la portée, si l'on en juge par le nombre des instruments qui sont sortis de ses ateliers pour se répandre en France et à l'étranger.

Les pianos de M. Xavier Boisselot devaient prendre part au grand concours de 1855. Cette maison de premier ordre expose six pianos un piano droit, a six octaves trois quarts, en palissandre un piano droit, à sept octaves et de deux mètres de hauteur (système du piano à queue) un piano à cordes obliques, à six octaves trois quarts; un piano à cordes obliques, en bois de rose et élégamment décoré; un piano à queue, format de salon et à six octaves trois quarts, et un grand piano à queue, dit de concert.

Entre ces instruments de formes diverses et de systèmes différents, nous en avons particulièrement remarqué deux qui nous paraissent hors ligne, tant par les heureuses proportions des détails et le fini de la construction intérieure, qu'on raison de leur majestueuse sonorité nous parlons du piano à queue de salon et d'un piano droit en bois de chêne et à sept octaves.

M. Xavier Boisselot présente notamment ces deux instruments au concours, ainsi que le piano de deux mètres de hauteur, dont le système est exactement celui du piano à queue.

Le piano à queue, quoique de moyen format, lutte avantageusement avec les plus grands instruments de ce genre; les sons offrent dans toute l'étendue du clavier une égalité parfaite, le toucher est facile la note répond docilement sous le doigt qui la presse.

Les mêmes qualités distinguent les pianos droits de M. Boisselot. A l'égard du mécanisme du toucher, ils reunissent toutes les conditions de puissance, de légèreté, de délicatesse.

On n'y découvrirait pas la moindre imperfection. Au résumé, suivant notre sentiment et ce que nous pouvons avoir de connaissances en la matière, nous ne craignons pas de déclarer que parmi les pianos de cette remarquable exposition, il en est trois, et ce sont de ceux-là que nous parlons, qui nous semblent atteindre les dernières limites de l'art. On rencontrera peut-être aussi bien, mais mieux, cela nous paraît à coup sûr difficile.

La maison Boisselot et Cie, de Barcelone, qui n'est qu'une succursale de la maison Boisselot et fils de Marseille, a exposé trois pianos qui, par la solidité et la sonorité, ne le cèdent en rien aux pianos français.

Ils sont classés au palais de l'Industrie parmi les produits de la nation espagnole. Tous les pianos qui sortent de cotte succursale sont entièrement fabriqués en Espagne, sur les plans de la maison de Marseille et sous la direction de M. Francesco Bernareggi.

La renommée des pianos de la maison Boisselot et fils, les succès qu'ont obtenus ses pianos à queue dans nos salles de concerts, sont aujourd'hui des faits incontestables et qui nous dispensent de plus longues explications.

Nous ajouterons seulement, pour donner une idée du développement considérable qu'a pris l'établissement marseillais, qu'il ne s'y fabrique pas moins de quatre à cinq cents pianos par an.

Ces instruments s'écoulent sur tous les points des deux mondes et jusqu'en Australie et en Californie.

De pareils chiffres parlent d'eux-mêmes. Enfin, un dépôt vient de s'ouvrir à Paris. Les artistes et les gens du monde auront lieu de se féliciter d'une mesure que réclamait l'empressement avec lequel les pianos Boisselot et fils ont été accueillis dès leur apparition dans la capitale." La France Musicale, 1855, p. 233-235 (gallica.bnf.fr)

1858

TOULOUSE - "Boisselot et fils, facteurs de pianos, à Marseille (Bouches-du-Rhône). — Un piano à queue; un piano droit." Histoire de l'exposition des beaux-arts et de l'industrie de Toulouse en 1858, 1858, p. 101 (rosalis.bibliotheque.toulouse.fr)

1861

MARSEILLE - "Quant à M. Boisselot, que pourrions-nous en dire après les récompenses obtenues par cet honorable industriel à toutes les Expositions de Paris et de Londres ?

Ce ne sont pas les éloges non plus qui ont manqué à M. Boisselot ; pour notre compte, nous nous félicitons d'y avoir pris une large part, et si quelque chose nous restait à dire à cet endroit, nous n'aurions qu'à donner le chiffre des instruments fabriqués dans les ateliers de Notre-Dame-du-Mont dans le courant de chaque année.

L'an dernier M. Boisselot a confectionné plus de quatre cents pianos."  Le Ménestrel, 18/08/1861, p. 2 (298)

1862

LONDRES - "La réputation de M. Boisselot, déjà vieille dans te midi de la France, a été sanctionnée à Paris par des succès obtenus dans plusieurs expositions.

Les instruments présentés par ce facteur à Londres sont d'une construction solide et soignée leur sonorité se fait surtout remarquer par sa richesse et sa rondeur." Rapports des membres de la section française du jury international sur l'ensemble de l'exposition. M. Michel Chevalier, Exposition universelle de Londres de 1862, p. 210

LONDRES - "M. Boisselot and Son of Marseilles (1673) exhibit a grand and two uprights, and have a Medal for richness and roundness of tone and excellence of manufacture." Reports by the Juries on the subjects in the thirty-six classes into which ..., 1862, p. 149

LONDRES - "Dans l’industrie de Paris, je trouve MM. Kriegelstein, Montal et Bord; à Marseille, M. Boisselot, qui, tous, ont exposé des pianos à queue et des pianos-buffets à cordes obliques et verticales. On se souvient que ces noms ont été honorés par une médaille de première classe à l’exposition universelle de Paris, en 1855. [...]

M. Boisselot, dont la maison est connue depuis longtemps par de bons instruments dont l’exportation est considérable, s’est livré à de nouvelles expériences sur les effets de l’augmentation de la longueur et du volume des cordes, relativementà l’accroissement de la puissance du son; il en a présenté les résultats dans le grand piano placé à l’exposition internationale de cette année.

Les cordes de cet instrument sont effet plus longues et plus grosses que dans les autres pianos à queue, bien que les dimensions de la caisse sonore ne soient pas augmentées.

La sonorité que produit leur percussion a une ampleur remarquable, sans confusion.

Boisselot, véritable artiste par son organisation sensible, par ses tendances poétiques et par de sévères études musicales, s’est trouvé, par les événements, jeté en dehors de sa sphère naturelle, depuis un certain nombre d’années.

Après de brillants succès à la scène, la mort de son père et de son frère l’ont enlevé par le fait aux beaux rêves du monde idéal et l’ont obligé d’entrer dans la vie réelle et positive, en le plaçant à la tête d’une grande fabrique de pianos.

Ces sortes de transformations subites sont toujours une crise pour l’imagination, habituée qu’elle est à ses allures indépendantes ct quelque peu vagabondes; mais une intelligence active trouve à s’exercer partout.

M. Boisselol a pu en faire la remarque sur lui-même, lorsque le développement de la prospérité de sa maison fut confié a ses soins.

A l’Exposition universelle de Paris, en 1855, ses instruments ont tenu le rang honorable qui lui a valu la croix de la Légion d'honneur; mais à celle dont je rends compte dans ces lettres, le sentiment de l’artiste s’est révélé d’une manière plus remarquable par la recherche couronnée de succès d’une grande sonorité en rapport avec les tendances actuelles de l’art.

Le grand piano de M. Boisselot, placé à cette exposition, a été considéré par lejury comme un des meilleurs instruments de ce genre, et l’examen de ses pianos droits a confirmé l’opinion avantageuse donnée par ses produits.

J'ajouterai que les pianos de la maison de M. Boisselot, destinés en grande partie à l'exportation, sont construits avec une grande solidité." Le Guide Musical, 31/07/1862, p. 90

1867

PARIS - "M. Boisselot, qui appartient à la classe dix, instruments de musique, et dont la vieille réputation est bien connue, me paraît avoir exposé ses pianos plutôt pour l'acquit de sa conscience de fabricant que pour concourir au grand tournoi international. M. Boisselot est bien placé.

Il pourrait, s'il le voulait, à l'exemple de ses confrères, faire toucher une heure par jour ses pianos par un artiste.

Le jeu en révélerait la beauté des sons. Je parle de M. Boisselot parce que je connais particulièrement ses mérites.

Il se recommande, à l'égal de nos meilleurs facteurs parisiens, moins par la forme artistique des caisses que par la solidité de ses pianos, la pureté de ses notes basses, et parce qu'il sait éviter, dans les notes élevées, les tons criards qui sont si désagréables.

Or, comme je l'ai dit, il ne suffit pas au visiteur de voir un piano hermétiquement fermé pour juger de ses qualités. Il est des facteurs qui n'offrent aux yeux que des caisses artistement sculptées; je n'hésite pas à conseiller à M. Boisselot de les imiter en ne négligeant pas le complément décoratif qui ne doit jamais faire défaut à tout meuble destiné à notre usage.

L'art de la forme ne nuit pas à la perfection des mécanismes intérieurs, mais la rehausse, au contraire, en l'entourant d'un charme nouveau, qui est à l'instrument mécanique ce que les agréments extérieurs du corps sont aux qualités de notre intelligence." Lettres d'un Marseillais sur l'Exposition universelle de 1867 à Paris, D. Chirac, 1868, p. 30

PARIS - "M. BOISSELOT (Marseille). - On ne peut pas dire ici : tel père tel fils ; car les instruments présentés au nom de M. Boisselot font tort à la réputation de l'ancienne facture marseillaise.

Cela ne veut pas dire que ces instruments soient mauvais; mais quand on porte le nom de Boisselot, on doit avoir des pianos excellents, ou on n'affronte pas la comparaison." La musique à l'Exposition universelle de 1867, Louis-Adolphe le Doulcet Pontécoulant, p. 151

1871

MARSEILLE - "A MM. F. BOISSELOT et C°, médaille de vermeil pour avoir conservé à Marseille la fabrication des pianos et donné a cette industrie une nouvelle impulsion." Répertoire des travaux de la Société de Statistique de Marseille, Volume 32, 1871, p. 164

MARSEILLE - "Trois récompenses ont été accordées dans l'espace de 35 ans, par notre Société à la fabrication des pianos à Marseille.

En 1836, une médaille de bronze récompensait M. Boisselot père, de l'introduction de cette industrie dans le département. M. L. Boisselot, dont l'intelligence et l'activité surent donner à son commerce un si puissant développement, obtint une médaille de vermeil dans le concours de 1845.

Enfin, en 1858, M. Xavier Boisselot recevait la plus haute de nos récompenses, la médaille d'or.

Il suffit de prononcer le nom de Boisselot pour réveiller des souvenirs chers à l'industrie et aux beaux-arts.

Cependant la fabrique marseillaise, après avoir répandu ses produits dans le monde entier, fut un moment compromise. Il appartint à un membre de la famille Boisselot de la relever, en groupant autour de lui des notabilités commerciales jalouses de la conserver à notre cité.

La Commission chargée d'examiner la demande adressée par MM. Boisselot fils et C°, a constaté que le nouvel établissement n'était point en fait l'ancienne maison Boisselot; qu'il était remarquable par sa disposition et la bonté de ses produits. La Société, par ces motifs, et considérant surtout que la maison Boisselot fils et Ce est destinée à conserver dans notre ville une importante industrie, a décerné à ces messieurs une médaille de vermeil."
Répertoire des travaux de la Société de Statistique de Marseille, Volume 32, 1871, p. 156

1880

MELBOURNE - "Boisselot, Marseilles, exhibits pianos the touch of which is agreable; the action is good, but the tone somewhat woody. They are made on the ordinary French principle. Second award." Official record, 1882, Melbourne, p. 49

MELBOURNE - "[...] and Boisselot, Fils, Marseilles, send six uprights, so that France is well represented in pianos." The Sydney Morning Herald, 09/12/1880, p. 7 (trove.nla.gov.au)

MELBOURNE - "COTTAGE PIANOS. [...] BOISSELOT, Marseilles, exhibits pianos the touch of which is agreeable; the action is good, but the tone somewhat woody. They are made on the ordinary French principle. Second award." Official Record: Containing Introduction, History of Exhibition, Description ..., 1882, p. 49

1902

HANOI - "MANUFACTURE MARSEILLAISE DE PIANOS, à Marseille, boulevard Notre-Dame, 81 (Anciens Etablissements BOISSELOT). Facteurs de Pianos, Pianos fabriqués pour les climats extrêmes." L'Exposition de Hanoi, 05/11/1902, p. 5

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