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BOISSELOT
à Marseille (°1827)

1837

NOURRIT dans un lettre 16 juin 1837
- Lettre XXIII à Mme Nourrit

"En sortant de table, nous nous sommes arrêtés chez Boisselot, et là je lui ai fait entendre plusieurs morceaux de musique, que j'ai d'abord commencés à demi-voix, et que, me sentant bien disposé, j'ai achevés avec toute la fraîcheur et la plénitude de mes moyens ; et cette fois je ne me trompais pas, car j'avais toute liberté de m'arrêter, si je voulais.

Demain je chante dans un concert que donne une jeune pianiste qui m'a été recommandée par Boisselot. Vous trouverez peut-être que ce n'est pas sage de chanter dans un concert, quand on fait manquer des spectacles; mais j'avais promis depuis longtemps, et je ne suis pas fâché d'ailleurs de m'essayer tout à mon aise, avant de remonter sur les planches.

D'ailleurs le concert a lieu dans les salons de Boisselot : c'est une occasion de faire entendre ses pianos, et c'est bien le moins que je reconnaisse par mes complaisances tous leurs bons soins : je leur dois presque les seuls bons moments que j'ai passés ici." Adolphe Nourrit, sa vie, son talent, son caractère, sa correspondance, par L. Quicherat, 1867, p. 51 (gallica.bnf.fr)

1838

"Extrait d'un rapport sur les ateliers de MM. BOISSELOT pèré et fils, à Marseille, pour la fabrication des Pianos, etc. par M. BARTHELEMY, Conservateur du Museum d'histoire naturelle, membre actif de la Société.

L'art musical a été un grand honneur a Marseille. Pour le trouver dans toute sa splendeur, il nous faut remonter à 25 ans environ en arrière.

Plusieurs d'entre vous se souviennent avec moi de ces concerts renommés, où nos célébres artistiques accouraient se faire entendre, où l'élite de notre cité se donnait rendez-vous et n'avait garde d'y manquer.

Ces concerts se sont soutenus à la même hauteur pendant longues années. Je ne puis vous dire là cause qui vint les interrompre pour jamais. Qu'elles étaient, je vous îe demande, à cette époque de culte assidupour la musique les ressources offertes aux personnes initiées à cet an divin?

Nous les aurons bientôt analysées en citant deux noms recommandables, sans doute ceux de LIPPI et de PAQUET, alors marchands de musique, et que l'on connaissait plus particulièrement sous la désignation de luthiers ou facteurs d'instrumens; mais il faut convenir que ces ressources n'étaient pas en rapport avec les besoins des nombreux amateurs.

Il existait donc, sous ce point de vue, une pénible lacune. La maison BOISSELOT père et fils se chargea de la remplir en s'établissanl à Marseille.

Dès ce moment, on trouva à se procurer sans difficulté tout ce que la musique française el étrangère produisait sûccessivemenl et incessamment de morceaux graves ou légers, suaves d'harmonie ou simplement gracieux.

Les partitions les plus complètes les oeuvres les plus choisies furent colligées avec soin. En un mot, une riche bibliothèque musicale fut formée par les soins de ces industriels, de manière à offrir aux maîtres des matériaux précieux pour renseignement; aux élèves les méthodes les plus récentes, les plus pures; aux amateurs en général tous les caprices du jour.

C'est donc à partir de cette époque que datent, pour moi, les premiers titres de MM. Boisselot a la gratitude publique.

Nous allons bientôt les voir se lancer dans de plus grandes entreprises et méditer en faveur de la prospérité de leur ville adoptive, et conquérir ainsi ce droit de cilé qui jadis étaît le prix des services les plus signalés.

J'ai dit tantôt que l'on connaissait anciennement à Marseille sous le nom de luthiers, les facteurs d'instrumens à vent ou à cordes.

Toutefois, il importe de dire aussi que le nombre d'inslrumens à cordes sortant des mains de ces artistes était bien moindre que celui des instrumens réparés par eux, tels que basses et violons, contre-basses, altos, hatpes et guitares.

En fait les instrumens à vent l'industrie se bornait à la fabrication des serinettes populaires, auxquelles succédèrent plus lard les orgues portatifs, enfin à celle de. orgues majestueux qui remplissent si convenablement les vaisseaux de nos églises de leurs religieux et mâles accens.

1829

La maison BOISSELOT et fils jeta la première, en 1829, à Marseille, les fondemens d'une industrie nouvelle, en créant des ateliers pour la fabrication des pianos, établissement qui a fait eu peu de temps des pas immenses et qui marche aujourd'hui l'égal, pour ses produits avec les établissemens les.plus en renom dans les capitales du monde, civilisé. Le siège en est aujourd'hui boulevard des Parisiens, n° 56, et le magasin n° 2, rue Saint-Ferréol, lui sert de succursale ou d'annexé.

C'est là que se confectionnent et se débitent des pianos de tous formats, pianos verticaux ou carrés, pianos à queue réduits à deux cordes, conséquemnieril d'un plus petit volume, dont le son et la qualité sont supérieurs en douceur, au son, et à la qualité de son des pianos à trois cordes, semi-pianos qui réunissent au mérite, dont il vient d'être parlé celui d'être, plus solides, plus durables, de conserver l'accord plus longtemps de même temps que leur prix, est moins élevé.

Veuillez observer, Messiéurs, que cette facture n'est point une imitation servile. Elle est l'oeuvre des conceptions heureuses, de MM. BOISSELOT père et fils ; elle leur a valu de nombreux amis.

1835

Dans un concours ouvert à Toulouse, en 1835, concours où figuraient plusieurs des principaux fabricans de Paris et de la province, nos compatriotes remporterent le premier prix. Déjà en 1834, à Paris, au sein de l'exposition nationale et sur 56 concurrens, la quatrième palme leur, avait été décernée.

Enfin une distinction non moins flatteuse celle qui ressort du titre de Facteurs de pianos du Roi des Français obtenu sur le rapport du ministre de l'ultérieur, a clé le prix du perfectionnement remarquable introduit dans la fabrication d'un instrument dont l'usage est singulièrement répandu dans la société.

Nous allons maintenant chercher à connaître quels soûl les élémens divers de celle nouvelle branche d'industrie manufacturière dont jouit
la ville de Marseille.

Et d'abord, quant au personnel des ateliers de MM.-Boisselot père et fils, nous trouvons qu'il se compose de 60 ouvriers dont le salaire est de 3 fr. 50 c. jusqu'à 10 fr. par jour, selon l'aptitude et la capacité de chacun d'eux, ce qui donne une moyenne de 6 fr, 50, qui élève par jour Jesalaire de ces 60 ouvriers à 390 fr,, à 11,700 fr. par mois, enfin à 140,400 fr. par an.

Les principaux matériaux de la fabrication, tels que bois d'essences diverses, cuivres, fer, peaux, draps, etc., etc., sont tirés simultanément de France et des pays étrangers.

Le nombre des pianos manufacturés s'élève moyennement par année à 200, représentant aussi moyennement une valeur en numéraire de 180,000 à 200,000 fr.

Les principaux débouchés de cette fabrication sont le midi et le centre de la France. Nous pouvons citer parmi les viiles principales, Toulon, Montpellier, Toulouse et Lyon. Paris et quelques villes de l'étranger ont demandé plus d'une fois, des expéditions de ces produits.

Sans doute, tous ces triomphes ont de quoi satisfaire l'amour propre d'un homme, de même que l'écoulement des objets manufacturés doit répondre, par l'avantage des placemens, aux vues spéculatives qui dirigent chacun dans son industrie.

Mais une pensée plusgrande, plus généreuse s'est unie chez MM. Boisselot aux calculs positifs : rivaliser avec la capitale pour la vente, dans une partie de la France, de pianos fabriqués en Province ; surtout chercher à détruire le monopole dont jusqu'à ce jour l'Allemagne et l'Angleterre se sont emparées presque exclusivement en Espagne, en Italie dans le Levant; tel a été le but essentiel de nos honorables compatriotes, et c'est avec un juste sentiment d'orgueil national qu'ils peuvent se dire n'être pas éloignés de l'atteindre.

Pour ce qui touche aux interêts proprés de Marseille, MM. Boisselot l'ont dotèe d'une industrie nouvelle noble, fructueuse, qui rivalise en tous points avec les premiers établissemens de la capitale y dont sur 300, deux seulement sont plus importans sous le rapport delà quantité dés pianos fabrïqués. Ils y occupent des bras nombreux.

Ils y consomment des matériaux qui avaient besoin d'un débouche plus considérable.

Ils ont puissamment contribué, pour leur part, à déchirer à jamais ce voile d'obscurantisme imprudemment jeté sur une ville dont le beau ciel rechauffe sans cesse les imaginations les plus ardentes, sur une ville dont l'activité : commerciale et éminemment florissante est un sujet de mortelle jalousie pour d'autres villes jadis ses rivales.

En faisant ainsi, qu'ont fait MM. BOISSELOT père et fils, on n'est pas seulement un industriel habile, un homme aux idées nettes et justes, on est encore un citoyen reeommandable, on est un excélent citoyen." Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, 1838, p. 481-485

CONCERTS. NOUVEAUX PIANOS.

"La matinée musicale qui a eu lieu dimanche dernier dans les savons de M. Fournier, marchand de pianos, rue Choiseul, a vivement piqué la curiosité publique.

Entre autres artistes remarquables, nous avons entendu M. Dœhler, ce jeune pianiste du duc de Lucques, encore inconnu à Paris il y a deux mois, et aujourd'hui place à juste titre au milieu des illustrations de premier ordre.

La manière de M. Dœhler tient de toutes les écoles, son talent est complet; il possède la grâce de Thalberg, la fougue de Liszt et la coquetterie de Schopin [sic].

Son inspiration est brûlante, son jeu sait prendre toutes les formes et, sous ses doigts, la phrase musicale se nuance de couleurs splendides et variées. Il joint à cela un mécanisme merveilleux.

Le piano dont s'est servi M. Dœhler sort des ateliers de MM. Boisselot père et fils, de Marseille.

Cet instrument, de nouvelle invention, est d'un aspect, tout gracieux. Quoique sa forme soit celle des pianos à queue ordinaires, il a cependant sur ceux-ci cet avantage immense qu'étant plus court de dix-huit ou vingt pouces, il peut se placer beaucoup plus facilement dans les appartemens.

Le piano de MM. Boisselot, quoiqu'il ait beaucoup de force et de rondeur de son, n'est cependant qu'à deux cordes. Le toucher en est doux et facile et se prête admirablement à toutes les nuances de l'exécution la plus délicate.

Nous félicitons vivement MM. Boisselot de nous avoir fait connaître ces pianos, qui déjà, depuis trois ans, leur ont valu entr'autres récompenses le titre de Facteurs du Roi, deux médailles obtenues à diverses expositions, et enfin un rapport de l'Institut, longuement motivé et signe des sommités musicales de notre époque.

Certes, c'est là un beau résultat et une preuve irrécusable de la bonté des instrumens de ces habiles facteurs. [...] Théophile Gautier." La Presse, 09/04/1838, p. 2 (gallica.bnf.fr) - Voir FOURNIER P. à Paris

1842

"[...] Depuis, la fabrication des instrumens de musique a pris un grand développement à Marseille.

MM. Boisselot y ont fondé un établissement où 80 ouvriers confectionnent annuellement 300 pianos, offrant une valeur de 300,000 francs.

MM. Boisselot, très versés dans cet art, y ont apporté de nombreuses améliorations, constatées parades brevets du roi et par des médailles ou mentions honorables obtenues àjtoutes les expositions des produits de l'industrie française.

Il existe, en outre, quatre établissemens de moindre importance pour la fabrication des pianos et autres instrumens de musique et deux fabriques de cordes de boyaux.[...]" Essai sur le Commerce de Marseille, 1842, p. 277

1845

LISZT & BOISSELOT

"Marseille, le 13 mars 1845. À M. le rédacteur en chef du JOURNAL DE TOULOUSE.

Nous lisons parmi les nouvelles diverses du Journal des Débats, du 5 mars, un article sur le séjour de M. Listz à Lisbonne, dans lequel il est dit que le célèbre artiste emmène avec lui un magnifique piano d'Erard.

Nous devons rectifier cette erreur ; M. Liszt, en Espagne comme en Portugal, n'a jamais joué d'autres pianos que ceux de notre fabrique.

Nous espérons, Monsieur le rédacteur, que vous voudrez bien insérer notre juste réclamation dans le plus prochain numéro.

Veuillez agréer, etc. BOISSELOT ET FILS, Facteur de pianos du Roi et de S. A. R. Mme la duchesse d'Orléans, à Marseille." Journal de Toulouse, 16/03/1845, p. 4 (Rosalis)

BOISSELOT & LISZT

"L'immense sitecés que Liszt a obtenu a Marseille s'est renouvelé dans toutes les villes qu'il a parcourues.

A Toulon, à Nimes, à Montpellier, partout où l'illustre pianiste s'est fait entendre, le plus vif enthousiasme a salué son admirable talent.

Les pianos dont Liszt s'est servi dans toutes les villes du midi, sortaient des ateliers de MM. Boisselot et fils, de Marseille; ils ont parfaitement secondé le talent merveilleux du musicien.

Ainsi, tandis que le jury de l'exposition décernait a MM. Boisselot une médaille d'or pour la supériorité de leurs pianos à queue, cette décision était pleinement justifiée par l'approbation que ces instruments obtenaient du premier pianiste de l'époque." Revue et gazette musicale de Paris: journal des artistes, des amateurs et ..., 1844, p. 288

"S. A. R.  Mgr le duc de Nemours continue avec un zèle non interrompu l’examen détaillé qu’il a entrepris des diverses catégories des produits de l’Exposition de l’industrie.

La dernière visite de S. A. R. a été consacrée aux instrumens de musique. Apres avoir entendu de nouveau avec un vif plaisir l'orgue de MM. Daublaine et Gallinet, les pianos de MM. Erard, Pape, Pleyel et Henri Herz S. A. R. a désiré connaître d’une manière toute spéciale le mécanisme du piano oclavié exposé par MM. Boisselot et fils, de Marseille.

Cette remarquable innovation a été parfaitement appréciée par le prince, qui s’intéresse vivement à tous les procédés nouveaux, à toutes les inventions fécondes. Après avoir entendu les autres instrumens de l’habile facteur provençal, S. A. R. lui a adressé les éloges les plus flatteurs, en insistant sur le mérite particulier d’un établissement aussi considérable et aussi constamment progressif que la belle manufacture de pianos créée à Marseille par cet honorable industriel." L'Indépendant de la Moselle, 21/06/1844, p. 2 (kiosque.limedia.fr)

"Liszt vient de parcourir le midi de la France ou homme qui n'a jamais parcouru autre chose. Toulouse et Bordeaux viennent d'être témoins de ses triomphes.

Nous avons déjà cité ses hauts faits à Marseille hormis un seul trait que l'histoire n'a point encore enregistré. Reportons-nous pour un moment au banquet fraternel offert par la cité des Phocéens au célèbre voyageur. Au dessert, Liszt se lève et ouvre un immense piano placé au milieu des fleurs et des trophées.

Le nom d'ERARD frappe sa vue. Aussitôt ses sens sont agités, le vertige s'empare de son esprit, sa physionomie prend un air inspiré :

"Messieurs les Marseillais, s'écrie-t-il avec une Sainte indignation, vous n'êtes pas de votre pays! Je serai donc patriote pour vous. Comment! vous possédez au sein de votre grande cité une splendide manufacture de pianos, créée par un Marseillais, par M. BOISSELOT, votre concitoyen, et vous osez m'offrir un piano d'ERARD!... Non, messieurs, je ne jouerai pas sur ce piano ! Tant que je serai dans le Midi, les pianos de M. BOISSELOT ont seuls droit à toute mon affection !..."

Comme vous le pensez bien, des bravos frénétiques accueillirent cette chaleureuse allocution, et séance tenante, Franz Liszt fut naturalisé Marseillais." Le Ménestrel, 01/09/1844, p. 2 (gallica.bnf.fr)

1859

"Rapports.— M. Léopold MÉNARD, au nom d'une commission spéciale composée de MM. FEAUTRIER, P.-M. ROUX, TOULOUZAN, VAUCHER et MÉNARD, lit un rapport sur la manufacture de pianos de M. BOISSELOT, à Marseille, fait connaître en quoi consiste le problème de cette fabrication, décrit la structure du piano et parle des principales difficultés que sa construction présente.

Puis, il fait l'historique de l'établissement depuis sa création jusqu'au moment ou M. Xavier BOISSELOT, sacrifiant les succès qu'il obtenait comme compositeur, vint à la place de son frère Louis BOISSELOT, mort prématurément diriger cet établissement dont l'existence était alors compromise.

M. le rapporteur entre dans dés détails sur l'état actuel de la manufacture, les matières qu'elle emploie, la quantité et l'importance des produits fabriqués, etc., et il démontre que M. Xavier BOISSELOT n'a pas seulement soutenu la juste réputation de l'oeuvre de sa famille, déjà récompensée deux fois par la Société de statistique de Marseille, mais qu'il l'a perfectionnée de manière à en faire l'une des industries les plus remarquables.

En conséquence, M. le rapporteur conclut à ce qu'une éclatante récompense soit accordée par notre Société à cet honorable industriel. La commission a,-en outre, été d'avis de voter une récompense à M. TIMMERMANS (Jn-Gaspard), contre-maître de la fabrique de la mauufacture BOISSELOT, homme modeste et qui, par son zèle, autant que par son intelligence, a beaucoup concouru, pendant 28 ans, au développement et au progrès de cet établissement. La Société approuve ce rapport et en ordonne le renvoi à la commission générale d'industrie pour statuer sur la valeur des récompenses à accorder." Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, 1859, p. 425 (gallica.bnf.fr)

"Rapport fait par M. Léopoid MENARD, membre actif de la Société de Statistique de Marseille., au nom d'une Commission spéciale (Cette commission était composée de MM. FEAUTRIER, MENARD, P.-M. ROUX, TOULOUZAN et VAUCHER. ) sur la manufacture de pianos de MM. BOISSELOT et fils, à Marseille.

Messieurs,

Votre compagnie s'est déjà occupée deux fois, depuis sa fondation, de la fabrication des pianos à Marseille, et de la manufacture de MM. BOISSELOT et fils. En 1836, elle signalait l'introduction de cette industrie dans notre cité, et accordait une médaille d'argent à son introducteur M. BOISSELOT père.

En 1844, elle constatait les immenses progrès accomplis dans l'établissement de cet industriel, les perfectionnements obtenus dans sa fabrication, l'importance considérable de ses exportations, et il recevait une nouvelle el plus éclatante marque de votre satisfaction par le vote d'une médaille de vermeil.

Nous avons, à douze années d'intervalle, à nous occuper de nouveau de la maison BOISSELOT, fidèles en cela à noire programme qui nous fait un devoir de constater et d'annoter périodiquement le mouvement industriel qui s'accomplit autour de nous.

Disons d'abord, en peu de mots, en quoi consiste le piano, nous rendrons compte ensuite de la manière dont le problème de sa construction est résolu par M. BOISSELOT ainsi que des transformations, des progrès de son établissement, et de son importance actuelle.

Le piano, instrument de percussion, se compose essentiellement de cordes métalliques tendues sur une table sonore et frappées par des marteaux, de manière à obtenir d'elles suivant leur longueur, leur grosseur et leur tension, la progression, chromatique des sons.

Le piano dérive directement du clavecin qu'il a commencé à remplacer vers le milieu du siècle dernier et qu'il a définitivement supplanté vers sa fin, alors que les instruments fabriqués par ERARD eurent démontré son incontestable supériorité.

Tout en devant son origine au clavecin, il en diffère cependant, d'une manière radicale, en ce sens que dans ce dernier la corde, au lieu d'être frappée par un marteau convenablement garni, était pincée par une sorte de bec de plume ou de cuir très-résistant, agissant par l'intermédiaire d'un organe appelé sauter eau et fonctionnant sous l'action de la touche.

Il y a toute une révolution dans la fabrication et les effets de l' instrument provenant de cette seule différence dans la manière d'attaquer la corde et de la faire vibrer : plénitude et amplitude du son, facilité de le prolonger pendant toute la durée de la vibration de la corde, et, surtout, possibilité de lui donner une intensité plus ou moins grande suivant le degré de force avec lequel l'exécutant attaque la touche qui dirige le marteau.

Cette révolution s'est étendue à l'art lui-même, auquel cette modification du clavecin a ouvert une voie toute nouvelle par la révélation d'effets tous nouveaux .

Le piano se compose de trois parties bien distinctes : la caisse destinée à recevoir l'appareil sonore, la table d'harmonie sur laquelle les cordes sont tendues dans l'ordre qui résulte de ia gradation naturelle des tons el demi-tons, dans les octaves successives que comporte l'instrument, la mécanique au moyen de laquelle l'artiste attaquera les cordes pour leur faire rendre le son qui leur est propre.

Le piano affecte trois formes différentes : le piano dit à queue rappelant l'aspect d'une harpe couchée, le piano carré, le piano vertical ou oblique. Il doit ces formes à la manière dont les cordes.sont placées et attaquées par le marteau.

Dans le piano à queue qui est le type réel de l'instrument, sa forme logique et rationnelle, la corde placée horizontalement est frappée dans le sens de sa longueur de manière à produire son maximum de vibration.

Dans le piano carré, la corde également horizontale mais placée obliquement par rapport à la direction générale de l'appareil, est de plus attaquée par un marteau dont l'axe fait angle avec elle ; elle produit un effet bien moindre. Ce modèle est presque entièrement abandonné.

Il tient, il est vrai, moins de place dans nos appartements que le piano à queue, mais il en occupe encore.plus que le piano droit ou oblique, qui, sous un volume moindre, donne des résultats bien supérieurs.

Dans celui-ci la corde, placée dans un plan vertical, est mieux attaquée par le marteau, son obliquité plus ou moins grande permet d'en accroître la longueur et d'obtenir des effets qui, sans balancer ceux du piano à queue, sont encore très satisfaisants, Indépendamment de ces classifications, on distingue aussi ces instruments, en pianos à deux ou à trois cordes, suivant que le marteau frappe simultanément deux ou trois cordes accordées à l'unisson.

Le système à deux cordes est presque totalement abandonné par les bons facteurs.

Rien de plus simple en théorie que la construction du piano tel que nous l'avons défini, rien de plus compliqué, de plus délicat dans la pratique.

La caisse qui apparaît à nos yeux comme un simple ouvrage de menuiserie et d'ébénisterie doit satisfaire à des exigences.de solidité et de rigidité dont on se rendra compte en réfléchissant qu'elle doit résister à l'énorme tirage de 225 cordes métalliques accordées à un degré de tension très-voisin de celui où elles doivent casser, et dont l'effet total ferait équilibre, d'après certaines évaluations, à un poids d'environ 10,000 kilogrammes ; quand on saura que le moindre jeu de cette caisse, provenant, soit de ce tirage des cordes dont on ne se serait pas rendu suffisamment maître, soit même des effets de la température ou de l'hygrométricité de l'air, qu'on n'aura pas suffisamment conjurés par une combinaison savante des matériaux ; que le moindre jeu de la caisse, disons-nous entraînant celui de la table d'harmonie, compromet à tout jamais l'instrument.

La table d'harmonie elle-même, est le fruit d'un minutieux travail et d'une longue expérience ; le facteur aura étudié les conditions de sonorité des bois qu'il y emploie, il en aura fait un savant assemblage où il aura même tenu compte du sens dans lequel les fibres auront été coupées et placées.

Il aura, en outre, expérimenté avec soin les angles sous lesquels les cordes devront être appliquées sur le chevalet pour produire leur maximum d'effet, résister à la tension sans casser ; .... autant de détails dont l'observation ou l'oubli fait un bon ou un mauvais instrument.

Que dirons-nous enfin de la mécanique du piano? Nous renonçons à la décrire sans figure ni modèle, mais nous rappelerons ce qu'on exige de ce marteau qui, frappant la corde, a détrôné le vieux clavecin pour donner le jour au Forté-Piano, c'est-à-dire à l'instrument avec lequel on joue fort et doucement.

La mécanique est l'organe par lequel l'artiste fait passer son âme dans l'instrument, il exige d'elle qu'elle réponde à toutes les subtilités du toucher : les marteaux devront attaquer la corde, l'abandonner aussitôt, repeter le son avec l'intensité et la rapidité, voulue, parfaitement égalisés, ils devront obéir avec la même fidélité dans toute l'étendue du clavier au doigt qui les presse.

Les 85 organes de cette mécanique doivent être un comme poids, comme subtilité, s'allier également avec les pédales, selon que l'exécutant veut disposer de toute la vibration des cordes ou l'étouffer dès qu'il lui a donné naissance.

Enfin, si ce mécanisme doit être un comme agent matériel, il doit encore produire un effet homogène comme sonorité, c'est-à-dire donner dans toute l'étendue de l'échelle harmonique, des sons d'un caractère identique.

Pour compléter cette esquisse de qualités multiples souvent contradictoires, que doit réunir le mécanisme d'un piano, ajoutons que si l'usage a supprimé la moitié du nom de cet instrument, les exagérations de sonorité de la musique moderne sont loin de l'avoir dispensé de la première des qualités que ce nom rappelait ; on joue Forte sur le piano ; aussi ce mécanisme si subtil, si égal, si délicat, doit-il encore être solide. N'hésitons pas à dire qu'un piano parfait est certainement un des chëfs-d'oeuvres de l'art allié à la mécanique.

1830

Tel est l'instrument, Messieurs, dont BOISSELOT père, modeste luthier, mais esprit industrieux, intelligent, persévérant, voulut, en 1830, introduire la fabrication à Marseille, de manière à.lutter avec les grands centres : Paris, Londres, Vienne, qui en avaient èujusqu'alors le monopole, de manière à se créer un nom à côté des noms célèbres dans cette industrie.

Il s'adonna d'abord à la fabrication des pianos carrés à deux et trois cordes. Deux de ces instruments, puis six furent d'abord mis en construction ; nous avons retrouvé avec intérêt dans lés livres que M. BOISSELOT a bien voulu nous communiquer, la date de la vente du premier instrument fabriqué par cette maison qui devait plus tard répandre ses produits dans les quatre parties du monde, c'est un piano carré à trois cordes, livré le 4 février 1831, à M. CHANCEL, élève de M. BARSOTTI.

Dans les premières années, la fabrication s'éleva aune moyenne annuelle de 20 pianos.

1834

En 1834, BOISSELOT père envoie son fils aine étudier son art dans les grands établissements d'Angleterre, il introduit dans sa fabrication le piano à queue, une première récompense encourage ses efforts, c'est une mention honorable à l'exposition de Paris en 1834.

1838

En 1838, il s'associe son fils aîné, et l'industrie qu'il a fondée prend bientôt un rapide essor que notre compagnie fut heureuse de constater, ainsi que nous le disions en commençant ce travail.

1847

En 1847, BOISSELOT père en terminant une carrière utilement remplie, put, après avoir doté notre pays d'une industrie importante, emporter la consolante conviction que son oeuvre ne périrait pas avec lui; son fils aîné donna une nouvelle impulsion à la fondation paternelle dont la position désormais faite dans les arts comme dans l'industrie, peut être regardée comme un triomphe éclatant de décentralisation industrielle obtenu sur la capitale même, où les noms d'ERARD, de PLEYEL, de PAPE semblaient devoir monopoliser la fabrication du piano.

À cette époque, la maison BOISSELOT répandait déjà ses instruments sur tout le littoral de la Méditerranée et commençait à les envoyer dans les Colonies, où ils étaient recherchés à cause de l'excellence de leur fabrication appropriée aux exigences d'un climat exceptionnel.

1850

C'est alors qu'un événement cruel, inattendu, parut un instant compromettre tout cet édifice industriel: une mort prématurée enleva, en 1850, le regrettable Louis BOISSELOT au milieu de la sympathie de notre ville entière, vous vous le rappelez, Messieurs.

On se demanda un instant ce qu'il allait advenir du vaisseau laissé sans gouvernail, on crut notre ville dépouillée à tout jamais d'une industrie dont elle était fiôre ; mais il y avait bien des ressources dans cette famille digne de son chef : un fils que BOISSELOT père avait dirigé dans la culture des arts pendant que son fils aîné s'initiait à la précieuse industrie qui s'y rapporte, Xavier BOISSELOT, l'artiste déjà aimé du public, l'auteur applaudi de Ne touchez pas à la Reine, se présenta pour soutenir l'oeuvre paternelle.

Certes, le sacrifice était grand être vainqueur dans cette lutte où s'use la moitié de la vie d'un homme ; s'être l'ait un nom dans les arts, avoir connu le succès dans sa plus large acception et se transformer subitement eu industriel ! Il fallait du courage.

Le courage a réussi à Xavier BOISSELOT, il a présenté à votre commission une manufacture oui emploie directement de 120 à 140 ouvriers, qui produit environ 500 pianos par an et peut en livrer 600 au commerce. il a augmenté ie chiffre de ses exportations, créé de nouveaux débouchés lout en développant l'importante succursale de Barcelonne qui alimente la Péninsule Hispanique en y maintenant la réputation de la fabrication française.

L'artiste aidant l'industriel, il a produit des instruments dont la perfection nous a charmés et qui ont assigné à l'établissement une place distinguée à l'exposition universelle, en même temps que son chef recevait la haute récompense à laquelle notre ville entière a applaudi.

Nous avons parcouru cette manufacture dans le plus grand détail. Après avoir jeté en coup-d'oeil sur d'immenses approvisionnements de bois de toutes essences, combinés de telle sorte que le billot débité aujourd'hui ne sera peut être employé que dans quelques années, nous avons suivi dans les ateliers tous les détails de la fabrication.

Les pianos sont construits dans la maison par séries de six dont toutes les parties marchent parallèlement ; le plus grand ordre préside à cette division du travail.

Nous avons d'abord assisté à la confection des caisses, solide combinaison de bois juxtaposés après avoir produit naturellement ou artificiellement par l'immersion dans l'eau ou le' passage dans des étuves lout leur effet possible ; de là nous avons visité les ateliers de barrage el de tablage, là nous avons constaté les précautions sans nombre dont on s'entoure pour assurer à la machine cette solidité, cette rigidité dont nous avons plus haut relevé toute l'importance.

Passant légèrement sur les beaux ateliers consacrés à l'ébénisterie proprement dite, qui, indispensables à l'ensemble de l'établissement, ne constituent point pour nous une spécialité de fabrication, nous avons donné toute notre attention aux ateliers consacrés à la mécanique, c'est là que votre commission a pu le mieux se convaincre de l'admirable direction donnée aux travaux de cette manufacture.

Là, un riche outillage confié à des mains habiles et exercées permet de résoudre ce problème si compliqué dont nous avons essayé de vous faire connaître les données.

Nous avons vu naître comme par enchantement sous les doigts des ouvriers les pièces les plus délicates produites avec une incroyable rapidité et une précision, une netteté mathématiques : les formes les plus bizarres sont sciées, découpées, percées, fraisées avec l'exactitude d'un mouvement d'horlogerie, et toutes ces pièces garnies avec une minutie, qu'une longue expérience peut avoir seule enseignée, sont ensuite montées, pour former le tout homogène qui devra répondre à la moindre, impulsion des doigts de l'artiste et traduire sa pensée.

M. Xavier BOISSELOT a donné des soins extrêmes à l'organisation de ses ateliers; ils réalisent un des progrès les plus importants de la fabrication dont il a pris la direction.

Chaque jour amène un perfectionnement délicat que peut seul apprécier le sens exercé du pianiste, un frottement imperceptible, un bruit presque insaisissable à l'ouïe la plus subtile, une résistance ou une indolence de la touche que nos balances les plus sensibles suffiraient à peine à traduire en chiffres, tout cela est étudié, réformé, perfectionné, et cependant M. BOISSELOT a toujours quelque chose de nouveau à nous faire faire, nous disait dernièrement l'un des chefs d'atelier auquel nous exprimions toute notre satisfaction.

C'est une garniture dont la matière aura été changée vingt fois, un levier dont le point d'appui sera déplacé d'une fraction de millimètre, un trou dont le diamètre subira une modification presque imperceptible et tout cela exige la confection d'un nouvel outil ou d'un appareil spécial.

Remarquons, Messieurs, que la doctrine de la construction du piano, sauf en ce qui regarde la donnée générale, ne saurait être traduite mathénratiquement, un piano entièrement construit d'après la donnée géométrique, comme la plus savante machine à vapeur, serait un instrument imposisible.

Vous aurez beau tracer des échelles rigoureusement exactes, tenir compte de toutes les conditions physiques de vos matériaux, de tous les théorèmes de l'accoustique la plus transcendante, tout cela ne subira pas pour satisfaire, l'artiste, c'est empiriquement qu'il faut arrivera satisfaire son toucher el son ouïe. C'est ce caractère essentiel oui élevé la fabrication du piano à une question d'art.

Aussi noire instrument sorti de tous ces ateliers si précis que nous venons devons décrire, n'est-il encore qu'un corps sans âme, une ébauche imparfaite, il faut le suivre avec votre Commission chez les finisseurs, puis chez les égaliseurs, artistes animés de l'esprit de leur chef pour le voir se transformer, recevoir la vie, devenir digne en un mot de traduire à l'oreille les immortelles conceptions des maîtres.

Vous comprenez maintenant, Messieurs, comment un artiste tel que Xavier BOISSELOT devenu industriel, est retourné à l'art en donnant à ce que j'appellerai volontiers la partie psychologique de sa fabrication, la haute importance d'une mission artistique. Ces résultats, nous les avons vus et constatés.

X. BOISSELOT a présenté à notre examen tous les modèles qu'il produit en ce moment : un petit piano droit, instrument des modestes fortunes, destiné à vulgariser l'art dans les familles, objet dans ces dernières années des plus patientes recherches ; nous avons été charmés de la qualité de son qu'on est parvenu à obtenir dans ce format généralement si sec, si peu sonore.

Des pianos dits demi-obliques et grands obliques qui, se répandant de plus en plus dans les salons aisés, ont complètement remplacé le piano carré.

Puis le piano à queue dit de salon, excellent instrument, instrument de l'artiste, du pianiste, et auquel on a depuis quelque temps apporté d'importants perfectionnements.

Enfin, un grand piano de concert que nous n'hésitons pas à placer à côté de ce que l'art du facteur produit de plus parfait comme mécanisme, sonorité, harmonie, et qui a élé entendu par votre Commission avec une satisfaction, dont nous pourrons difficilement traduire ici l'expression.

Après cet exposé nous manquerions. Messieurs, à vos habitudes d'exactitude si. nous ne mettions sous vos yeux les faits matériels de cette fabrication qui sont de nature à donner sous le rapport purement statistique, des renseignements utiles à consigner. La manufacture BOISSELOT employé directement de 120 à 140 ouvriers classés sous les dénominations suivantes :
1. Serruriers, forgerons.
2. Scieurs de long.
3. Menuisiers et ébénistes spéciaux pour :

A. caisses,
B. grilles,
C. couvercles,
D. pieds,
E. pupitres et consoles,
F. caisses d'emballage.

4. Sculpteurs.
5. Tourneurs.
6. Tableurs.
7. Vernisseurs.
8. Mécaniciens.
9. Facteurs de marteaux.
10. Facteurs de claviers.
11. Monteurs et fileurs de cordes.
12. Accordeurs.
13. Réparateurs.
14. Finisseurs.
15. Egaliseurs.
16. Employés, administrateurs.
17. Emballeurs et hommes de peine, etc.

La plupart des ouvriers sont payés à la tache, le taux des salaires varie de 3 fr. 50 à 12 fr. pour une moyenne de 5 francs par jour.

Elle transforme directement la matière première : bois, cuivre et fers, et elle utilise directement et en la transformant la matière déjà manufacturée.

Pour les bois elle emploie à peu près toutes les essences, soit dans la fabrication spéciale, soit dans l'ébénisterie. Dans la fabrication spéciale les essences sont réparties de la manière suivante :

Caisses  

Chêne,

Sapin,
Tremble,
Noyer,
Hêtre.

Tables d'harmonie. — Sapin de la Forêt-Noire, dit Sapin résonnant.

Claviers

Tilleul,

Chêne.

Placage en ivoire

 

Mécanique

Acajou,

Poirier,
Erable,
Frène,
Cèdre.

Pour le meuble proprement dit : tous les bois en usage dans l'ébépisterie courante et de luxe.

1857

La valeur brute des bois ouvrés, en 1857, s'élève d'après les écritures qui ont été mises sous nos yeux, à 55,600 fr., il faut y ajouter pour les bois demi-ouvrés, placages et autres, une valeur de 12,000 fr. En ce qui regarde les métaux, la tôle brute et le fer brut sont transformés :

En

Plaques,
Barres,
Tirans,
Ecrous,
Sommiers.

de pianos en tôle

Le cuivre brut est transformé en barres harmoniques et pièces nombreuses pour mécaniques. Enfin, sous le nom de fournitures, la manufacture emploie les matières premières métalliques ou autres, déjà transformées dans les usines spéciales, tels que vis, cordes métalliques, poignées, serrures, pédales, flambeaux, etc. Elle transforme pour son usage les matières ouvrées suivantes :

Peaux diverses, Feutres, Draps, molletons.

La valeur première de toutes ces fournitures est représentée pour 1857, par un chiffre de 115,000 fr. Depuis son origine jusqu'à ce jour, l'établissement a constamment modifié ses calibres et ses modèles suivant les progrès de l'art; en classant par catégorie sans tenir compte des modifications de détail, ceux qui ont été successivement fabriqués et abandonnés, on trouve :

Pour les pianos à queue.
 Le semi-piano à 2 cordes 6 octaves.  
Petit piano à 2 cordes 6 oct.
½
Grand piano à 3 cordes 6 oct. ½. Id. id 3 6 oct. 3/4

Pour les pianos carrés. 
Pianos carrés à 3 cordes 6 octaves.

 Id. id. 3 id. 6 oct. ½.
 
Id. - id. 3 id. 6 oct. 3/4. Id. id. 3 id. 7 ocL

Pianos carrés à 2 cordes 6 oct. 
Id. id. 2 id. 6 oct. ½.
 
Id. id. 2 id. 6. oct. 3/4. Id. id. 2 id. 7 oct.

La maison ne fabrique plus de pianos carrés que sur demandes spéciales, elle a abandonné complètement la fabrication du piano à 2 cordes.

Elle a commencé à introduire dans ses produits le piano vertical dès 1835. De toutes ces modifications qui attestent une activité el une ardeur de recherches remarquables, est résultée la fabrication actuelle qui se compose des modèles suivants que nous classons sans tenir compte des modifications purement de luxe ou d'agrément qui n'influent en rien sur la qualité de l'instrument.

Pianos à queue.  
Piano de salon à 3 cordes 7 octaves.
 
Id. à queue de concert 3 cord. 7 oct.

Pianos obliques.
Pianos obliques ordinaires 3 cordes 7 oct.
 
Id. id. mécanisme perfectionné 3 cord. 7 oct.
 
Id. grands obliques 3 cord. 7 oct.
 

Pianos droits.
Ordinaires 3 cordes 7 oct.
 
A mécanisme perfectionné 3 cord. 7 oct.

La maison BOISSELOT livre au public dans ses magasins ces divers instruments, qu'elle fabrique d'après le prix courant suivant qu'elle nous a communiqué.

Piano droit n° 1 800  à 850 fr
id. n° 2 900 950
Piano oblique n° 3 1,000 1,100
id. n° 4 1,100 1,200
Grand oblique n° 5 1,300 1,400
Piano à queue n° 6 1,600 1,700
Id. de concert. n° 7 2,200 2,400

L'établissement prépare de plus des instruments spéciaux pour les pays d'outre-mer, présentant une combinaison particulière des bois et des armatures en fer nécessitée par le climat des Colonies.

Les produits de cet établissement s'écoulent de la manière suivante : Un quart en France, trois-quarls à l'exportation. Vous apprendrez avec élonnement, messieurs, que dans ce quart qui représente la consommation de la France, notre ville n'a qu'une part très-modeste, et cependant vous savez si le piano est répandu parmi nous.

Il ne faut voir dans ce fait qu'une application du vieil adage. Ce ne sont pas les grands noms de PLEYEL et d'ERARD qui font sur le marché concurrence à celui de BOISSELOT désormais leur rival souvent heureux, ce sont les facteurs de troisième ordre.

La classe moyenne qui achète tant de lapis de Paris fabriqués à Nîmes, tant de meubles de Paris fabriqués à marseille, achète bien réellement des pianos de Paris fabriqués à Paris, séduite par le double appât de ce nom magique et d'un bon marché auquel ne peut atteindre aucun fabricant décidé à être plus qu'un ébéniste.

Cette erreur funeste encombre nos maisons d'instruments déplorables, aigres, discords, impossibles à toucher et se tordant sous les ardeurs de noire climat, pour le désespoir de toute oreille musicale et de tout malheureux condamné à y poser ses doigts.

Nous voudrions que notre parole put être entendue, et nous dirions aux acquéreurs de ces instruments :

si vous ne voulez pas que votre compatriote soit prophète en son pays, permis à vous, d'autres apprécieront ses produits; mais de grâce, s'il vous faut un piano de Paris, qu'il soit signé d'un nom sérieux, évitez une économie mal entendue de 100 ou 206 francs, contentez-vous d'un acte inintelligent, n'y joignez pas une mauvaise affaire, n'encouragez pas une industrie dangereuse, forcez ceux qui l'exploitent à fabriquer des commodes et des secrétaires et qu'ils ne nous fassent plus maudire chaque jour l'art, la musique et surtout le piano.

- Nous terminons ce travail, Messieurs, en vous donnent la liste des récompenses publiques dont la manufacture BOISSELOT et fils se fait un juste titre de gloire.

1834.   Exposition de Paris, mention honorable.
1835.   Exposition de Toulouse, 1er prix.
1836.   Société de Statistique de Marseille, médaille d'argent.
1837.   Rapport de l'Institut de France.
1839.   Exposition de Paris, médaille d'argent.
1839.   Exposition de Montpellier, médaille d'or.
1849.   Exposition de Toulouse, méd. d'or.
1844.   Exposition de Paris, méd. d'or.
1845.   Société de Statistique de marseille, méd. de vermeil.
1849.   Exposition de Paris, méd. d'or.
1856.   Médaille de lre classe à l'exposition universelle.   X. BOISSELOT est nommé chevalier de la Légion-d'Honneur.

Avant de conclure, nous tenons à vous signaler avec M. Xavier BOISSELOT lui-même, un homme remarquable, qui, depuis 28 ans, concourt à la prospérité de son établissement, a pris part à toutes ses luttes, contribué à ses progrès, à son développement.

C'est son contre-maître, M. TIMMERMANS, homme modeste, laborieux, instruit. M. TIMMERMANS a dévoué son existence à l'établissement dont Marseille s'honore, son expérience pratique est immense.

Une dissertation de M. TIMMERMANS sur les propriétés physiques des diverses essences de bois, est un enseignement que nous voudrions voir conservé dans l'intérêt de l'industrie et de la science ; ses plans, ses dessins, sont admirables de clarté et d'exactitude. En associant cet homme de coeur à tous ses succès et en nous le présentant comme son coopérateur, M. X. BOISSELOT a accompli un acte qui honore l'un et l'autre.

Votre commission conclut, Messieurs,

1° à ce que l'une de vos récompenses les plus éclatantes soit décernée à Xavier BOISSELOT pour avoir soutenu, agrandi et perfectionné l'oeuvre de son père et de son frère, déjà récompensée par vous et pour avoir ainsi doté Marseille d'un établissement de premier ordre et d'une haute importance commerciale et industrielle ;

2° à ce que vous accordiez à M. TIMMERMANS, contre-maitre de la manufacture, une médaille à raison de ses remarquables connaissances pratiques et de 28 années d'une coopération intelligente et dévouée dans ce même établissement. - Louis Ménard." Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, 1859, 102-117

1870

"M. L. Ménard lit, au nom d'une Commission spéciale, le rapport suivant sur la manufacture de pianos de Boisselot fils et Comp.

Rapport de la Commission chargée de l'examen de la manufacture de pianos de Boisselot fils et Comp. ; membres, MM. AlBrand, l'abbé Gras, docteur Maurin, docteur Ménécier, Gentet;M. Ménard, rapporteur.

Messieurs, trois récompenses ont été accordées, dans l'espace de trente-deux ans, par notre Société, à la fabrication des pianos;à Marseille.

Elles ont été obtenues par M. Boisselot père, fondateur de cette industrie dans nôtre ville; par M. Louis Boisselot qui lui succéda; par Xavier Boisselot qui, après la mort prématurée de son frère, se mit à la tête de la maison et put dans notre Compagnie obtenir la plus haute récompense.

La demande formée par MM, Frantz Boisselot fils et Comp, a naturellement fait poser une question préalable. Il s'agit de savoir si l'établissement qui se place sur les rangs pour obtenir une récompense est le même que celui qui a déjà épuisé les distinctions accordées par notre Société, ou s'il s'agit d'une création nouvelle plus ou moins importante, plus ou moins développée.

Afin d'être fixé sur ce point essentiel, il suffit de se rappeler, Messieurs,les dernières vicissitudes de la manufacture Boisselot.

On le sait. Notre collègue, arraché à la culture de l'art musical, pour devenir industriel, ne trouva pas dans la fabrication des pianos qu'il avait pourtant portée très-haut, un aliment suffisant pour son activité.

Il voulut, il y a quelques années, annexer à cette industrie une importante usine de menuiserie mécanique, et un nouvel établissement fut créé au Prado, dans de grandes proportions, avec un outillage moderne mu par la vapeur, où là manufacture de pianos, transplantée des locaux moins grandioses où elle avait pourtant jeté un si vif éclat, ne fût plus que l'humble annexe de sa très bruyante, très industrielle, mais aussi très vulgaire compagne.

On le sait, cette entreprise ne fut pas heureuse. Quelque fécondé que pût paraître l'idée de nôtre collègue, nous n'avons point ici à en rechercher le motif ; mais, en fin de compté, le mot de liquidation fut un jour prononcé, et par un de ces coups auxquels la vie industrielle n'est que trop habituée, menuiserie et pianos disparurent dans un même orage. Tout fut perdu fors l'honneur.

Hâtons-nous de dire que si la fermeture de l'usine à menuiserie ne causa pas plus d'émotion sur la place que tous les cataclysmes de cette espèce, il n'en fut pas de même de la manufacture de pianos qui disparut après trente-cinq ans d'éclat. Le public ami des arts s'en émut. Mais ce fut tout.

Personne, dans là spécialité, ne se présenta pour s'ëmparer de cette industrie qui avait porté si loin le nom de la fabrique marseillaise. Ce fut alors qu'un jeune homme, le fils du regretté Louis Boisselot, élevé au milieu des caisses d'harmonies et des claviers, héritier des médailles de son père, conçut là courageuse pensée de relever à la fois le nom industriel de la famille et la fabrication bien et dûment sombrée dans ce regrettable naufrage.

Pour qui connaît, comme nous, le discrédit qui accompagnait en ce moment l'idée de fabriquer des pianos à Marseille, cette pensée était une folie et il a fallu toute l'intelligence et la perspicacité des hommes qui ont associé leurs capitaux au nom et au talent du jeune Boisselot, pour remonter ce courant d'opinion.

1866

En 1866, une compagnie dans laquelle nous voyons figurer l'un dès noms les plus honorables du commerce marseillais, celui de Fraissinet, se formait pour reconstruire; une fabrique de pianos à Marseille.

Cette fabrique existe, nous l'avons vue, nous n'oserions pas dire qu'elle est née des débris du naufrage, tant il a laissé peu d'épaves; cette même fabrique est celle que MM. Frantz Boisselot, Nouguier et Georges Fraissinet viennent mettre sur les rangs pour être distinguée par l'une de vos récompenses.

Sur ce premier chef, nous croyons donc pouvoir affirmer sans crainte que nous avons affaire à une organisation entièrement nouvelle.

Nous n'avons point à redire ici ce qu'est la fabrication des pianos, l'exposition en a été faite dans le mémoire consigné dans le 22e volume de vos travaux. Depuis cette époque, la fabrication d'instruments a pris une extension proportionnelle à la vulgarisation des connaissances musicales.

1867

On y a recherché le bon marché, quelques améliorations de détails ont été obtenues, mais il ne s'y est produit aucune de ces révolutions qui font époque dans l'histoire d'un art. Une seule importante, croyons-nous, vient de faire son apparition officielle à l'exposition de 1867, c'est le système des cordes croisées qui a donné un si grand relief aux pianos américains qui s'en sont emparés et les ont produits avec un éclat que nous déclarons volontiers n'avoir rien d'usurpé.

Nous venons de dire.apparition officielle, non sans: intention, parce que l'idée du croisement des cordes n'appartient pas aux Américains. L'ancienne maison Boisselot avait eu une idée analogue. Un facteur du nom de Volfel l'avait également produite dans une exposition à Paris.

Cette nouveauté avait, comme toujours, été taxée d'utopie par la routine; elle; revient couverte de lauriers sous le drapeau lointain du Nouveau Monde, pour démontrer que la maxime sic vos non vobis est toujours de mode dans notre chère patrie.

La nouvelle maison Boisselot, tout en étudiant la question des pianos à cordés croisées, s'occupe bien simplement, en ce moment, de faire de bons pianos au système ordinaire. Ces modèles sont nombreux, nous en joignons les dessins à ce rapport.

Quant à sa fabrication elle est soignée, et les connaisseurs ont été frappés de l'excellente qualité de son de ses pianos de concert et surtout de la délicatesse de leur mécanique perfectionnée qui, pour me servir de l'expression connue, répond sous les doigts de l'exécutant de manière à satisfaire pleinement le toucher le plus délicat.

Quant à l'usine elle-même, nous l'avons visitée avec le plus grand détail; elle occupe un vaste domaine, rue Bonnefoi, parfaitement disposé pour l'usage industriel.

Le système des balcons qui règnent à l'intérieur du bâtiment, rend les communications promptes, faciles, la surveillance excellente.

L'usine occupe depuis son ouverture, datant du 1er février 1866, une moyenne dé quatre-vingts ouvriers spéciaux, non compris les scieurs de long, portefaix, emballeurs, etc. Ces ouvriers réalisent un gain journalier de cinq à dix francs.

L'usine a déjà produit trois cent quatre pianos. Deux cents à divers degrés d'avancement étaient sur le chantier au moment de notre visite. On sait que cette fabrication doit être fructueuse, procéder par groupes, que l'on conduit simultanément depuis rétablissement du châssis fondamental jusqu'à l'achèvement complet.

La maison est outillée pour produire cinq cents pianos par an et peut, lorsqu'elle rendra tout le travail dont elle est susceptible, représenter une valeur commerciale d'au moins 500,000 francs par an.

Le nouvel établissement a ramené à Marseille les relations étrangères que les vicissitudes de la première maison en avaient éloignées. Elle exporte : en Italie, en Espagne, dans le Levant.

C'est donc une grande et sérieuse fabrication, d'une importance industrielle qui ne le cède en rien à la valeur artistique, que nous devons nous féliciter de voir récompenser par la ville de Marseille.

En conséquence, nous vous proposons, Messieurs, de renvoyer à la Commission générale des récompenses, la demande de F. Boisselot, Nouguier et Fraissinet, et nous demandons pour eux une médaille de vermeil pour avoir relevé à Marseille la fabrication des pianos et y avoir créé un établissement remarquable destiné à conserver à notre cité cette importante industrie.

Des remerciements sont votés par la Société à l'honorable rapporteur et le rapport est renvoyé à la Commission générale de l'industrie.

La séance est levée, l'heure avancée ne permettant pas d'épuiser l'ordre du jour.

Le Secrétaire-Général, S.-E. MAURIN."  Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, 1870, p. 580-584 (gallica.bnf.fr)

1881

LA FABRICATION DES PIANOS Á MARSEILLE

"Si Paris se distingue, entre autres, par la fabrication supérieure des pianos, l'immense extension prise, de nos jours, par cet instrument en a amené' forcément la décentralisation.

Chose étrange, en effet, que cet instrument si complet, à peine connu depuis un siècle, le plus lourd, le moins portatif des instruments à cordes, soit devenu le plus répandu, jusqu'à être l'accessoire obligé de toute éducation complète et le meuble indispensable de tout salon! Cela tient à diverses causes, et d'abord à sa richesse de ressources qui lui permet de donner en même temps le chant et l'accompagnement.

Cela tient ensuite à ce qu'en raison même de cette plénitude de moyens, il tolère jusqu'à la médiocrité, se prête à toutes les combinaisons de l'harmonie et, représentant tout un orchestre, satisfait aussi bien les caprices de l'amateur que les études sérieuses du compositeur.

Descendant direct de la lyre, de la cithare, du clavicythérium, du manicorde et de l'épinette, cet instrument à clavier et à percussion en est arrivé, grâce aux perfectionnements qui y ont été apportés de nos jours, à une puissance de son, à une pureté et à une variété de timbre extraordinaire.

Mais l'un des plus grands perfectionnements que le piano ait subis dans les derniers temps est du précisément à l'une de ces maisons de province auxquelles nous faisions allusion au commencement de cette causerie.

Nous voulons parler de la maison Boisselot, de Marseille, une des plus importantes de France dans ce genre de fabrication.

Cette maison, déjà ancienne, a toujours visé, dès son origine, à produire non des pianos de pacotille ' qui n'ont d'autre mérite que de pouvoir être vendus à bon marché, mais des instruments supérieurs réunissant toutes les qualités de puissance et de durée exigées par le pianiste et le musicien.

A cet effet, une des plus sérieuses préoccupations de cette maison a été l'outillage, et un point trèsimportant et qui mérite d'être signalé c'est que, malgré des améliorations coûteuses, elle a pu maintenir ses pianos à des prix abordables.

Peu de nos lecteurs se figurent le soin que demande la fabrication d'un piano. Rien que le bois, qui n'a l'air que d'un accessoire sans importance, nécessite une attention toute particulière.

Ainsi, la maison Boisselot que nous prenons comme exemple dans cet article, achète ses bois bruts en forêt, les débite elle-même dans sa scierie mécanique de manière à les tenir dans les conditions spéciales exigées.

Ces bois sont séchés ensuite pendant de longs mois, en plein air pour leur conserver ainsi les qualités que leur enlève presque toujours le séchage à l'étuve.

Un atelier complet de serrurerie et de fonderie, outillé d'une façon supérieure, permet à cette maison de fabriquer elle-même toutes les pièces de fer et de fondre les bronzes à des alliages déterminés.

Avec ces conditions seules, une maison sérieuse est assurée de ne posséder que des matières premières de premier choix et ayant acquis, par des manipulations et des préparations successives, toutes les qualités indispensables.

Il n'y a, du reste, que quatre ou cinq manufactures de pianos, en France, établies dans les mêmes conditions, la plupart des fabricants se contentant de recevoir du dehors leurs mécaniques, leurs fers, leurs claviers, etc.

Les ateliers de mécaniques et de claviers de la maison Boisselot occupent plus de 30 ouvriers et ont été munis récemment d'un nouvel outillage des plus perfectionnés et longuement étudié.

La manufacture comprend une surface d'ateliers de 4.200 mètres et occupe un personnel de 170 à 180 ouvriers ou employés.

Il est sorti de ses ateliers, l'année dernière, 840 pianos dont 725 ont été vendus hors de Marseille, ainsi qu'en font foi les sorties de douanes et d'octroi.

On comprend qu'avec de pareils moyens, cette maison ait pu amener de grands perfectionnements dans la fabrication de ses instruments. Ainsi, de tout temps, sa plus grande préoccupation a été le mécanisme des pianos droits, obliques et à queue.

Appelés à faire beaucoup d'exportation, les chefs de cette maison ont compris que leurs divers modèles, devant être expédiés dans les climats les plus divers et les plus nuisibles sans que les instruments en souffrissent, il fallait leur consacrer des soins tout spéciaux.

Le mécanisme, tout en restant aussi simple que possible, devait être doué de tous les moyens d'attaque et de puissance exigés par les pianistes et d'une solidité à toute épreuve.

Aussi ces industriels ont-ils adopté pour leurs pianos à queue et droits, une mécanique à simple échappement d'une durée excessive ; elle est, du reste, très-facile à régler, même pour les personnes qui ne sont pas du métier, et ne se dérange jamais.

Pour obtenir la répétition constante qui est le seul avantage du double échappement, ils ont adapté deux ressorts dont l'effet combiné produit un résultat complet. La puissance d'attaque de cette mécanique assure à ces pianos l'ampleur et la pureté de son qui les font de plus en plus rechercher.

De là les succès obtenus par cette maison dans les expositions de 1834, i839, 1844, 1849, 1855, succès qui ont placé leurs pianos au premier rang parmi les manufactures françaises les plus renommées.

Ceux qu'ils ont exposés à Melbourne, choisis au hasard dans leurs ateliers, sont d'abord : un petit modèle dit piano d'étude, d'une solidité parfaite, d'une sonorité égale dans tous les registres et d'un prix, ce qui est très à considérer, à la portée de toutes les bourses.

Le second modèle est un piano droit, grand format, destiné à prendre la place trop longtemps occupée par le piano demi-oblique. Depuis longtemps le piano vertical à cordes droites parallèles avait été un peu délaissé par la plupart des fabricants.

Cependant, grâce aux améliorations que la maison Boisselot lui a fait subir, il est devenu le type le plus rationnel de tous les pianos verticaux.

Enfin, le dernier est un modèle des pianos fabriqués spécialement pour les elimats extrêmes et garanti pour tous les pays du monde. Cet instrument est avec charpente en fonte, boulonnage à double effet et absolument insensible aux influences d'une température élevée ou d'une excessive humidité, sans que sa sonorité en souffre le moins du monde.

Les principaux débouchés de la maison Boisselot sont, outre la France, l'Italie, l'Espagne et ses colonies, l'Algérie et les colonies françaises, la Russie, le Levant, l'Egypte, l'Amérique du Sud, etc.

Telle est cette grande manufacture qui fait honneur, comme les premières de Paris, à notre belle industrie nationale, et qui est un exemple frappant de l'utilité et de l'avantage de la décentralisation industrielle que nous ne cesserons jamais de préconiser. - R." Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire illustré, 01/1881, p. 54 (gallica.bnf.fr)

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pianos français 1800 - 1829


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