"Sax,
Charles-Joseph (père),
facteur d'instruments tres sagace et de grand mérite, né à Dinant sur la
Meuse, le l" fevr. 1791, m. a Paris le 26 avr. 1865; s'etablit en 1815 à
Bruxelles et ne tarda pas a acquérir une grande réputation, surtout dans le
domaine de la fabrication des instruments de cuivre, bien qu'il fabriquat
aussi des flutes, des clarinettes, voire même des violons, des harpes, des
pianos et des guitares.
De sérieuses recherches lui permirent de
trouver les proportions les plus propres à donner aux instruments à vent
toute l'ampleur et toute l'homogénéité de son possibles. Il lui revient sans
doute aussi une grande part dans les découvertes de son flls Adolphe (v. ce
nom), auprès duquel il se rendit, à Paris, en 1853.
Sax Adolphe
(proprement ; Antoine-Joseph), fils du precedent, plus célèbre encore que
son père, né à Dinant sur la Meuse, le 6 nov. 1814, m. à Paris le 4 févr.
1894 ; entra au Conservatoire de Bruxelles et apprit à jouer d'abord de la
flute et de la clarinette.
Son premier travail fut le perfectionnement
de la clarinette et de la clarinette-basse (1840). Sans ressources (son père
dépensait beaucoup d'argent pour ses expériences et fut, à plusieurs
reprises, subventionné par le gouvernement), il se rendit en 1842 à Paris,
n'ayant comme unique recommandation qu'un exemplaire d'un instrument
complétement nouveau, invenle par lui : instr. à vent en cuivre, mais à
anche simple, comme la clarinette (v. saxophone).
Mais il attira bientôt l'attention des
principales sommités du monde musical parisien (Halévy, Auber, etc.) et
trouva, en la person ne de Berlioz, un ardent défenseur de ses innovations ;
à ces encouragements artistiques s'adjoignirent peu après les sécours
pecuniaires indispensables à l'inventeur. S. construisit alors huit modules
différents de son saxophone ; puis il appliqua à la fabrication des instr. à
vent en cuivre ses expériences personnelles et celles de son père, sur
l'amelioration de la resonance des tuyaux.
Les instruments rénovés de la sorte recurent
les noms de saxhorn (cf. bugle et TUBA), saxotromba, etc. S. fit breveter
tous ses perfectionnements et acquit très rapidement une grande renommée ;
ses instruments furent adoptés principalement par les musiques militaires
franchises.
Seule, la jalousie de concurrents, incapables
de lutter par d'autres armes, explique les nombreuses attaques auxquelles S.
fut continuellement en butte ; mais tous les proces furent réglés en sa
faveur.
Quelle que soit la dose de suffisance dont
l'inventeur fit preuve, en donnant son nom à tous ses instruments, le mérite
de S. n'en est pas moins amoindri et l'Allemagne même, après s'être opposée
à ces améliorations, fait taire des sentiments d'un chauvinisme arrièré. S.
fut nommé, en 1857, professeur de saxophone au Conservatoire de Paris, et
ecrivit une « Methode » pour le jeu de ses instruments."
Riemann Humbert Dictionnaire de musique 1899,
p. 724 (Archive.org)