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Facteurs de pianos en France
ROUSSELOT Louis
à Nîmes
(°1833)
TOULOUSE -
"M. Rousselot, de
Nismes, est également inventeur de quelques nouveaux procédés. Ainsi
il peut, au moyen d'une mécanique bien simple appliquée au piano,
rendre le clavier doux ou dur au toucher.
Mais cet effet ne peut se
faire progressivement comme sur les pianos de M. Martin. M.
Rousselot a également substitué des ressorts, à boudin à ceux à
frottement ; ce qui donne plus de force l'échappement, et de grandes
garanties pour la solidité.
M. Boisselot présente plusieurs
innovations. Il a imaginé un mécanisme pour les marteaux du piano, à
axe fixe et à vis de rappel, qui sert de régulateur.
Cette
combinaison permet, en cas d'accident, de réparer les marteaux
isolément, au lieuque dans les mécanismes anglais, francais ou
allemands, pour la moindre réparation, il est indispensable de
démonter une série de douze marteaux.
Ces derniers peuvent encore
attaquer, par une oscillation contraire, des notes qui ne leur sont
point destinées.
M. Boisselot a encore inventé un piano à petite
queue, avec barrage par dessous.
Ce barrage a été reconnu excellent
par la commission de l'industrie, parce que ce système donnait une
grande solidité à l'instrument, puisque le sommier des pointes et
celui des chevilles ne fesaient plus qu'un seul corps avec la barre
de dessous.
Cette construction donne en outre au son beaucoup
d'intensité. Mais ce qui mérite les plus grands éloges, et ce qui
peut être considéré comme un progrès et une invention éminemment
utile, c'est le piano clédiharmonique. Tout le monde sait que le
piano offre de grandes difficultés pourmonter deux cordes à la fois
en leur fesant tenir un parfait accord.
Cette difficulté semblait
devoir rester inhérente à la fabrication du piano; cependant M.
Boisselot, par de grandes études et des épreuves réitérées, vient de
remédier à cet inconvénient en inventant le clédiharmènique.
Cette
invention n'a d'autre but que de simplifier l'opération de l'accord
en la mettant à la portée de chaque pianiste, et lui permette
demonter à la fois et avec la plus grande facilité les deux cordes,
en les maintenant à l'unisson parfait aumoyende clés à vis sans fin,
de roue d'engrenage, vis de pression, poulies, ovales, etc, etc., le
tout formant un mécanisme des plus ingénieux et desmieux combinés,
et par lequel toutes les chances d'un' bon accord sont prévues.
Un
tel résultat est un pas immense dans l'art de la facture des pianos,
parce qu'il résout un problème qui jusqu'à ce jour n'avait point été
résolu,malgré toutes les recherches des facteurs.
Après avoir
constaté et jugé ces différentes inventions, nous avions à prononcer
sur lemérite de chacundes instrumens des exposans.
La besogne
devenait rude, parce que le nombre de ces instrumens était
considérable, et que l'industrie de chacun des fabricans pouvait se
ressentir de notre décision. Cependant nous n'avons reculé devant
aucune de ces corisidérations. Forts de notre mandat, pénétrés. de
nos devoirs de jurés, nous avons jugé tous ces pianos, et nous
allons avoir l'honneur de rendre compte de nos jugemens.
Après avoir
établi des catégories, les pianos carrés à deux cordes ensemble,
ceux à trois cordes, les pianinos, les pianos à petite queue et ceux
à grande queue; après les avoir essayés de toutes les manières;
après les avoir comparés entr'eux, pesé le fort et le faible des uns
et des autres, le juri a trouvé qu'en première ligne se présentaient
MM. Pleyel et Pape, facteurs de Paris, dont la réputation est
européenne.
Mais ces artistes sont si haut placés, ils ont un mérite
si incontestable, ils ont été couronnés si souvent pour l'excellence
de leurs produits, que le juri pas cru devoir faire entrer leurs
instrumens en lutte avec ceux des différens facteurs du midi de la
France.
M. Mazel, qui est leur 1e présentant à Toulouse, a dans ses
magasins les meilleurs pianos qui soient sortis de leurs ateliers,
et tout ce que nous pourrions dire n'ajouterait rien à leur
réputation. Nos pays méridionaux possèdent deux facteurs de pianos
qui peuvent rivaliser avec les premiers de Paris pour quelques-uns
de leurs instrumens : ce sont MM. Boisselot de Marseille, et
Rousselot de Nîmes.
Ces artistes ont exposé des pianos à queue qui
réunissent à une grande élégance, à une solidité à toute épreuve,
les qualités si essentielles de la sonorité, de l'égalité dans le
clavier, et de la perfection dans le mécanisme.
Une discussion très
vive s'est engagée au sein du juri sur le mérite de ces instrumens ;
il a déclaré à l'unanimité que MM. Boisselot et Rousselot ne le
cédaient en rien aux plus habiles facteurs de la capitale pour la
fabrication des pianos à queue, et qu'ils pouvaient rivaliser avec
eux, si même ils n'établissaient à de meilleures conditions et à des
prix moins élevés.
Les instrumens de ces messieurs possèdent des
qualités du premier ordre ; tous deux ont établi de ces pianos à
deux et à trois cordes qui ne laissent rien à désirer dans aucune
partie de leur facture.
Il était donc impossible d'établir la
supériorité de l'un sur l'autre : cela devenait d'autant plus
difficile, que les instrumens n'était pas identiques dans leur
ensemble.
Ainsi, les pianos à petite queue de M. Rousselot ont
quatre pouces de longueur en plus que ceux de M. Boisselot, et la
qualité du son pouvait avoir, par cette raison, plus d'éclat
çependant la différence est peu sensible.
De même que dans les
pianos à grande queue, ceux de M. Rousselot ne sont armés que de
deux cordes jusqu'au fa, cinquième ligne, clé de sol, tandis que
ceux de M. Boisselot ont trois cordes dans toute l'étendue dit
clavier.
Quoique ces derniers aient plus de son par cette cause, les
instrumens de M. Rousselot ont un mérite bien grand aussi, puisque
avec une corde demoins ils produisent de fort beaux effets de
sonorité, et peuvent rivaliser avec ceux de M. Boisselot.
Cependant
l'importance de l'industrie devant entrer en lutte avec l'excellence
des instrumens, le juri a reconnu que M. Boisselot l'emportait sur
MM. Rousselot et Moitessier, de Nîmes, et il a décidé que M.
Boisselot aurait une médaille d'or pour la bonté de ses pianos à
queue, son piano clédiharmonique, ses inventions diverses et
l'importance de son industrie.
Il a encore arrêté que MM. Rousselot
et Moitessier, de Nîmes, auraient une médaille d'argent avec éloges
pour l'excellente facture de leurs pianos à queue. Nous avons à
rendre compte de notre jugement sur les pianos carrés à trois et à
deux cordes, de MM. Boisselot, Rousselot, Cropet et Martin.
Les
pianos carrés à trois cordes ont présenté au juri de grands défauts
; chez les uns, le son était sec et le clavier dur ou empâté ; chez
d'autres, les sons graves écrasaient ceux du médium ; d'autres
encore paraissaient être couverts d'une sourdine ; enfin ces
instrumens offraient des défectuosités si patentes, que le juri les
amis hors de concours, donnant ainsi une leçon sévère aux facteurs,
et les avertissant qu'ils avaient de grandes améliorations à
introduire dans ce genre d'instrument.
Les pianos à deux cordes ont
offert dés résultats satisfaisans, et ceux d'un petit format ont
mérité les éloges du juri. La bonté de ces petites instrumens, la
modicité de leur prix, qui les met à la portée des plus minces
fortunes, ce qui permettra à l'art de se répandre chez les classes
les moins aisées de la société, tout faisait un devoir au juri
d'encourager ces produits de notre industrie.
ll a été très
satisfait de voir que ces instrumens étaient soignés, que le son en
était d'une excellente qualité et lamécanique très solidement
établie. Les facteurs qui méritent des encouragemens pour ces
instrumens sont MM. Martin, de Toulouse, et M. Rousselot, de Nîmes.
Ce dernier avait envoyé un piano de meilleure qualité que ceux de M.
Martin ; mais cet instrument étant arrivé après que le jugement
avait été rendu, il a été écarté du concours, et la préférence est
restée aux pianos de M. Martin.
Il a été accordé à ce facteur, pour
ses pianos carrés à deux cordes, son gymnase digital, instrument dès
plus recommandables pour le développement et la souplesse des
doigts, etc., ses différentes inventions, a fin de l'encourager dans
les efforts qu'il fait journellement pour le perfectionnement de ses
instrumens, une médaille d'argent.
MM. Boisselot, Martin et Cropet
ont exposé chacun un piano droit. Celui de M. Boisselot est un
meuble en palissandre, forme moyen-âge, du style le plus gracieux et
le plus élégant. Celui de M. Martin est un secrétaire-piano qui sert
à la fois de bureau ; l'invention en est fort ingénieuse et lemeuble
aussi des plus élégans et des plus riches.
Le piano droit de M.
Cropet est tout simplement un piano droit fort gracieux et surtout
fort bon. Ce piano a lutté avec avantage contre ceux de M. Martin et
Boisselot, qui sont cependant fort remarquables.
Le juri a trouvé
l'instrument de M. Cropet supérieur, et lui a accordé une médaille
d'argent en récompense du laient et des soins qu'il a déployés dans
la confection de cet instrument."
Exposition des Produits des Beaux-Arts et de
l'Industrie : Dans les galeries du Capitole à Toulouse en 1840,
p. 106-107
- Voir
1845
M. Rousselot, facteur à Nîmes,
présente divers pianos qui se distinguent par une construction solide et une
assez bonne qualité de son; mais il est à regretter que M. Rousselot, qui
est établi depuis plusieurs années et honorablement connu, ne fasse pas des
efforts plus remarquables pour se rapprocher des bons modèles que Paris lui
fournit.
A côté du piano de M. Rousselot, nous avons pu essayer un
instrument de Pleyel et un d'Érard de même dimension, et nous avons été
forcé de trouver à ces derniers une immense supériorité.
M. Rousselot nous
paraît être resté stationnaire ; il faisait, il y a quelques années, de bons
pianos, il travaille encore aujourd'hui avec la même conscience, mais il est
demeuré bien en arrière du progrès."
Revue et Gazette
Musicale, 24/08/1845, p. 258
Ces instruments se recommandent en général par la pureté du son,
l'égalité et la facilité de leurs claviers. Les pianos carrés ont été
jugés préférables aux pianos droits. MM. Rousselot n'ont exposé qu'un
piano à queue petit format.
Cet instrument a paru fort bien établi, la qualité de son en est
belle, le timbre des notes supérieures est argentin, lemilieu sonore, et
les basses ont une grande puissance.
Cet instrument a été comparé par le juri à un piano du même format
de Pleyel ; il a soutenu la comparaison avec honneur ; c'est lui faire
une belle part d'éloges.
Le juri a reconnu dans les oeuvres de ces
facteurs des qualités essentielles ; ils occupent un nombreux personnel
d'ouvriers et ils confectionnent dans leurs ateliers tout ce qui a
rapport aumécanisme du piano, soit en ouvrage de fonte, fer, cuivre,
etc., ce qui leur permet d'établir leurs instruments à des prix modérés,
tout eu les rendant solides et durables.
Par toutes ces considérations, le juri décerne à MM. Rousselot et
Comp.e une médaille d'or."
Exposition des Produits des Beaux-Arts et de
l'industrie : A Toulouse dans les galeries du Capitole, 1845,
p. 172-173 (Rosalis)
Ainsi les sons du clavier dans
les pianos droits n'ont pas l'égalité qui constitue un instrument
parfait; mais les pianos carrés semblent meilleurs; en général leur son
est pur et égal; le prix en est fort modique; le piano à queue est aussi
d'excellente qualité.
Nous devons remarquer que la maison Rousselot
fabrique elle-même tout ce qui entre dans la confection de ses
instruments."
Journal de Toulouse, 23/07/1845, p. 4
(Rosalis)
Pour les références voyez en bas de la page
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