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Facteurs de pianos en France
MANGEOT
de Nancy
(°1830)
1838 - 1879
NANCY - "En énumérant les noms des facteurs d'instruments, nous avons involontairement passé sous silence le nom de M. Mangeot. Décoré déjà d'une médaille, ce facteur habile a exposé cette année cinq pianos, les uns simples, les autres riches, mais tous d’une bonté reconnue." Journal de la Meurthe, 11/06/1838, p. 1 (kiosque.limedia.fr)
1843
NANCY -
"Voici
maintenant les beaux pianos de M. Mangeot, l’habile facteur, décoré, en
1838, d’une médaille d’or."
Journal de la Meurthe et des Vosges, 30/05/1843, p. 3
(kiosque.limedia.fr)
1855
PARIS -
"Un facteur de Nancy, M. Mangeot, a su attirer sur ses instruments l'attention
du public artistique; ils sont confectionnés d'après les meilleurs
principes, et doués d'une ampleur et d'une, pureté de sons qu'il est rare de
rencontrer à un tel degré, même dans les pianos de nos grands maîtres."
Histoire illustrée de
l'exposition universelle, Robin, 1855, p. 106
1861
METZ - "1261. Mangeot frères et Cie, rue de la Constitution,
Nancy (Meurthe). Pianos."
Exposition universelle de 1861 sous le patronage de S. M. l'Impératrice ...,
Ville de Metz, 1861, p. 158"L'exposition universelle de Metz a fait connaître d'une manière plus complète
lés excellents pianos de MM. Mangeot frères et Ce, de Nancy, qui fabriquent
toutes pièces sur place. Ces pianos rivalisent avec les bons pianos de
Paris.
Nous en dirons autant de ceux exposés par la maison Leté, à
l'exposition universelle de Nantes. On reconnaît là les instruments d'un
habile facteur."
Le
Ménestrel, 28/07/1861, p. 279 (gallica.bnf.fr)
METZ - "1261. Mangeot frères et Cie, rue de la Constitution,
Nancy (Meurthe). Pianos."
Exposition universelle de 1861 sous le patronage de S. M. l'Impératrice ...,
Ville de Metz, 1861, p. 158
METZ -
"Pendant longtemps on a mis en doute la
possibilité, pour la province, de posséder de bons facteurs. En effet,
cela présentait quelques difficultés.
Il faut, pour construire un piano, comme
pour bâtir un violon, des bois secs et en grande quantité.
Mais si un luthier peut suffire seul, en
province, à sa fabrication, un facteur de pianos a besoin de nombreux
ouvriers.
Parmi les ouvriers, il en faut de très
habiles qui se paient fort cher. Pendant de longues années, le commerce
des pianos s'est fait, en province, au moyen de dépôts de pianos de
Paris.
C'était d'ordinaire les luthiers ou les
marchands de musique qui se chargeaient de ces dépôts plus ou moins
riches, et qui profitaient de l'occasion pour louer des pianos au mois
ou à l'année. Mais Nancy devait être une des premières villes
émancipées.
Depuis trente ans,nous avons des facteurs
de pianos, et l'un de ces facteurs a vu ses affaires prendre un vaste
développement. C'est désormais une des grandes maisons de la province.
Elle èmploie cinquante ouvriers et vend
chaque année de 120 à 130 pianos, tous pianos droits et de quatre
modèles coûtant 1,200, 1,000, 800 et 700 fr. Le grand modèle a les
cordes obliques et les barrages en fer forgé, deux pédales et sept
octaves.
Il est difficile d'è trouver d'aussi bons
instruments que ceux-là et, en pianos droits, on ne peut faire mieux. La
maison, dirigée aujourd'hui par les deux fils du fondateur, a des dépôts
à Aix-la-Chapelle, à Bruxelles, à Bayonne et à Madrid.
Tout, absolument tout, se fait à Nancy.
Forgerons, menuisiers, ébénistes,
tourneurs, mécaniciens, ouvriers pour les claviers et l'ivoire, tout ce
monde travaille dans les ateliers de M. Mangeot, et tous sont de bons et
anciens ouvriers.
D'énormes quantités de bois bien sec,
sapin, hêtre, poirier, platane, cèdre, palissandre, sont emmagasinées.
Les cordes, seules, viennent du dehors.
Autrefois Berlin avait la réputation pour les cordes en acier comme
Naples pour les cordes à boyau.
Maintenant, on fait en France mieux que
partout ailleurs.
En 1833, M. Mangeot eut, à l'exposition
de Nancy, — on en faisait en ce temps-là, une médaille d'argent; en
1830, il eut une médaille d'or.
A Metz, MM. Mangeot ont exposé les quatre
modèles qu'ils fabriquent, et tous les quatre ont été appréciés de la
manière la plus flatteuse pour nos facteurs."
Nancy à l'Exposition de Metz, 1862, p.
425-427 (gallica.bnf.fr)
METZ -
"Des sons harmonieux nous attirent dans
la grande galerie Est, prés de l’exposition des pianos. Une main exercée
lire d’excellents accords de l’un de ces instruments qui sort de la
fabrique de MM. Mangeot frères et Cie, de Nancy. Cette maison est l’une
des plus anciennes de la province. Sa création remonte à 1830.
Il y a donc trente-un ans que M. Mangeot
père a eu l’honneur de fonder une entre prise qui affranchit le
dilettantisme provincial du tribut qu'il était forcé de payer à
l'industrie parisienne. C’est encore une œuvre sérieuse et féconde de
décentralisation industrielle.
Depuis 1830, la prospérité de la maison
Mangeot frères a toujours été en grandissant; elle occupe maintenant un
rang très-important dans la fabrication des pianos français. Elle est la
première, d’ailleurs, qui ait livré des pianos droits en dehors de la
production parisienne. Faisons remarquer aussi que tous ses éléments de
fabrication s'exécutent à Nancy.
C’est donc une industrie complètement
indigène et qui offre toutes les conditions désirables de bonne
confection, car, en fait de garantie sérieuse dont les consommateurs
doivent avant tout se préoccuper, il n’en est pas de plus décisive et de
plus rassurante qu’un succès qui date de trente années et qui est devenu
en quelque sorte une tradition de famille. Noblesse oblige, succès
aussi.
La maison Mangeot s’est toujours inspirée
de ce stimulant, et elle est sans cesse à la recherche des procédés qui
assurent la bonne et sérieuse confection de ses produits. Ils sont
placés, à l’Exposition, à côté des pianos de fabrique parisienne, et non
seulement ils n’ont rien à craindre de la comparaison, mais ils ont tout
à y gagner.
Leur qualité est au moins égale et leur
prix est plus avantageux. Je dis que leur qualité est au moins égale,
car cette maison s’attache surtout à soigner les plus petits détails de
sa fabrication ; un contrôle sévère et minutieux préside aux travaux
exécutés dans ses ateliers, et cela se conçoit. Une réputation fondée en
province a besoin pour se soutenir de rester constamment digne
d’elle-même.
Elle subit incessamment le contrôle d’une
clientèle qui la voit à l’œuvre et qui l’apprécie en quelque sorte au
jour le jour. Aussi la maison Mangeot est-elle en possession de la
faveur publique dans nos contrées, et son renom d’honnêteté
consciencieuse et d’habileté lui a-t-elle, depuis longtemps, douné des
débouchés jusque dans la capitale, jadis en possession exclusive de
fournir la province de ces instruments qui sont devenus le luxe obligé
de toutes les familles.
Je sais qu’ils ont fixé l’attention de
plusieurs de nos artistes les plus autorisés, et ils méritent les
suffrages compé tents. Au reste, les travaux de la maison Mangeot ont
déjà reçu d’éclatants hommages. Ils ont été récompensés par une médaille
d’argent en 1831 et par une médaille d’or en 1838. Us sont donc
consacrés dans l’estime du monde industriel et artistique."
L'Exposition universelle de Metz, 27/06/1861, p. 1-2
(kiosque.limedia.fr)
1862
M. Mangeot est dans la bonne voie, il n'a qu'à continuer." Section française. Catalogue officiel, International exhibition, 1862
LONDRES - "Parmi les facteurs de la province, je distinguerai M. Mangeot, de Nancy, qui a mis à l’Exposition internationale un piano grand-oblique dont la sonorité a de la distinction, et dont la construction est faite avec soin. Comme M. Martin, de Toulouse, M. Mangeot assure la solidité de ses instruments par un contre-tirage en fer." Le Guide Musical, 31/07/1862, p. 91
LONDRES - "Messrs. Mangeot and M. Martin both exhibit uprights, and have both Medals awarded to them for excellence of workmanship combined with cheapness." Reports by the Juries on the subjects in the thirty-six classes into which ..., 1862, p. 149
1864 BAYONNE - "Mangeot frères, Nancy. Méd. 1re cl. Metz, prize medale Londres. 107 Pianos." Exposition Internationale Franco-Espagnole sous le patronage de l'Empereur ..., 1864, p. 140
1867 PARIS - "MM. MANGEOT (Nancy). La commission chargée de l'examen des instruments de musique, a mis fin à sa mission et clos son rapport; le résumé en est parvenu, à ce qu'il paraît, à la connaissance des exposants de la 10e classe, et, comme cela a eu lieu à toutes les Expositions, ce résumé a causé plus de mécontentement que de satisfaction. Les exposants de pianos se plaignent de n'avoir pas été examinés, car ils ne reconnaissent pas comme examen sérieux quelques doigts passés sur un clavier plus ou moins longtemps, avec plus ou moins d'habileté. Ont-ils tort ? ... ont-ils raison ? C'est ce que nous examinerons prochainement. Ayant suivi avec intérêt et assiduité les divers travaux de la Commission, je rends hommage à la patience, au bon vouloir et à la loyauté que les membres de cette commission ont apportés dans leur opération. Ne soyons cependant pas étonnés si quelques erreurs ont été commises dans les appréciations de cette Commission : l'homme n'est pas parfait... Errare humanumest. Ces erreurs involontaires, que les membres de la commission seront les premiers à regretter, doivent être surtout attribuées au peu de temps accordé à leurs opérations. Comment juger en quinze jours de temps du mérite de cinq cents facteurs présentant à l'examen en moyenne cinq instruments chacun!!! Comment, dans un laps de temps aussi court, pouvoir entendre, apprécier, examiner, comparer, juger. Abandonnons momentanément les mécontents pour nous occuper des satisfaits, au nombre desquels se trouvent MM. Mangeot, ces habiles facteurs de Nancy. Apres avoir travaillé dans les premières manufactures de pianos de Paris, M. P. Mangeot, père des facteurs actuels, s'établit à Nancy en 1831, et ce fut lui qui, le premier par une bonne fabrication de pianos droits, porta atteinte en province, à la vogue du piano carré qui y régnait encore en maître. M. P. Mangeot, sachant que pour réussir il faut de la patience, de la continuité dans le travail et se hâter lentement, ne construisit d'abord que peu d'instruments, mais il les construisit si bien, que cette bonne fabrication lui créa promptement une nombreuse clientèle. A l'Exposition de Nancy, en 1833, il obtenait une médaille d'argent, et, à celle qui eut lieu cinq années plus tard (1838), une médaille d'or lui fut accordée. Ces récompenses encouragèrent M. P. Mangeot, et, en 1840, il entreprit la fabrication des pianos à queue; il fit si beau, et tel fut son succès, que ses instruments se répandirent en France, et qu'une nouvelle médaille d'or lui fut encore décernée à l'Exposition de Nancy en 1843. En 1850, le débouché annuel de ses produits, tant en France qu'à l'étranger, était d'environ cent soixante à cent quatre-vingts instruments. En prenant la suite des affaires de leur père, MM. Alfred et Edouard Mangeot donnèrent à leur fabrication plus d'extension; ils établirent une machine à vapeur, qui sert à faire mouvoir un nouvel et nombreux outillage. Tout se confectionne chez MM. Mangeot, caisse, clavier, mécanique, filage des cordes, etc., enfin toutes les parties de l'instrument, depuis la plus petite jusqu'à la plus grande, sortent de leurs ateliers. A l'aide de cette machine et de soixante ouvriers, MM. Mangeot construisent aujourd'hui trois cent soixante instruments par année, dont un grand nombre est dirigé vers l'Australie, où ces pianos sont fort appréciés par leurs précieuses qualités de solidité et de sonorité. MM. Mangeot se présentèrent à l'Exposition de Metz, en 1861, et ils y obtinrent une médaille d'argent; récompense la plus élevée accordée aux pianos, et je les vis l'année suivante, 1862, à l'Exposition universelle de Londres. Voici ce que j'écrivais à cette époque : « Le premier facteur français dont nous examinerons l'instrument, en suivant, bien entendu, l'ordre du catalogue, est M. Mangeot, de Nancy. Son instrument à cordes obliques, quoique peu sonore, a cependant beaucoup de charme. Le facteur, pour opposer de la résistance à l'effet de la tension des cordes, établit'un système de contre-tirage qui doit donner de la solidité à l'accord. M. Mangeot est dans la bonne voie... il n'a qu'à continuer. (Voyage d'un mélomane à l'Exposition de Londres) » Le jury international de 1862 a accordé M. Mangeot la prize medal, avec ce motif: Excellence de la fabrication, combinée avec le bon marché. Exposition de Londres. MM. Mangeot ne se sont pas arrêtés, ils ont présenté cette année un piano droit oblique, dont la caisse, en palissandre, décorée de moulures est d'un très-bon goût; le barrrage et les sommiers sont en fer forgé. L'instrument monté à trois cordes a sept octaves. Ce piano joint à une bonne et brillante sonorité une égalité parfaite dans toute son étendue. La construction en est excessivement bien établie. Le second instrument est un piano à queue, qui avait subi, on ne sait vraiment pourquoi, l'ostracisme du jury d'admission; mais sur appel il fut reçu, et on peut le dire bien haut, cet instrument est un des meilleurs entre ceux qui figurent dans la galerie réservée à la facture instrumentale. Une caisse, en bois de palissandre, bien dessinée et d'une courbe gracieuse, renferme l'instrument qui est à trois cordes; le clavier a sept octaves; le barrage et les sommiers sont en fer forgé et les sillets en cuivre. Pour donner plus de pureté au son, les facteurs ont garni l'angle du coudage d'une languette en bois de cormier. Ce piano agit au moyen d'une mécanique à double échappement, remarquable par la précision et la simplicité des parties dont un spécimen se trouve également exposé. Cet instrument est digne, par sa sonorité belle, suave et ronde, la facilité de son clavier et par sa parfaite construction, de figurer parmi les instruments des maîtres les plus en renom. Ce piano, fut remarqué de tous les membres de la commission qui décernèrent à ses auteurs une des médailles d'argent. Les artistes qui ont essayé les instruments de MM. Mangeot ont ratifié la décision du jury. MM. Mangeot méritent, de la part de tous les hommes qui savent apprécier les travaux de l'industrie de la facture instrumentale des encouragements et des éloges bien mérités, non-seulement pour leurs produits, mais aussi pour le bel établissement qu'ils dirigent si dignement et surtout si sagement, ainsi que pour le nombre considérable d'ouvriers qu'ils occupent et font vivre. Nous terminons en disant à MM. Mangeot comme en 1862 : Courage, vous êtes dans la bonne voie. Faire bien et beau, puis livrer à bon marché, c'est le chemin de la fortune. " La musique à l'Exposition universelle de 1867, Louis-Adolphe le Doulcet Pontécoulant, p. 25-26
PARIS - "[...], mais ayant un mécanisme plus compliqué : ce qui est un désavantage relatif; tel est aussi le piano à double clavier renversé, de M. Mangeot, de Paris. Ce n'est pas seulement un double clavier que renferme ce dernier instrument, mais, bel et bien, deux pianos complets, superposés, chacun ayant sa table d'harmonie, ses cordes, sa mécanique propre. Le piano supérieur est construit à rebours, les basses à droite, les notes hautes à gauche; il en résulte que lorsque les deux mains du pianiste emploient un clavier différent, leur position y est identiquement la même, et le doigté des traits devient semblable pour les deux mains. Ceci est le plus élémentaire des avantages que présente le double piano de M. Mangeot. Il en est d'autres encore peut-être plus importants ; ainsi le jeu de certaines grandes difficultés se simplifie considérablement : ce qui pourrait exercer quelque influence sur le développement de la technique transcendante." La Belgique à l'exposition universelle de 1878, p. 114
PARIS - "Merci donc au correspondant qui nous rappelle fort amicalement à l'ordre, et commençons par signaler les pianos de MM. Mangeot frères, de Nancy, qui ont obtenu une prize medal à Londres en 1862. Ces facteurs de provinces méritent une place très honorable auprès de nos grands facteurs de Paris. Chaque jour, à l'Exposition, des artistes distingués se font entendre sur leur instruments, ce qui transforme la partie du palais où ils se trouvent, en une véritable salle de concerts gratuits." Le Figaro, 01/05/1867, p. 2 (gallica.bnf.fr)
PARIS - "[...] ce sont MM. Mangeot frères, dont les excellents instruments ont été brillamment récompensés d'une médaille d'argent. Frappés de la supériorité des pianos Steinway autant par la grandeur et la beauté du son que par leur construction dans laquelle se trouve le secret de cette supériorité, MM. Mangeot ont demandé et obtenu de MM. Steinway le titre de concessionnaires pour la France de la fabrication des pianos à queue et droits d'après les modèles américains. Un des frères Mangeot a voulu étudier sur place cette fabrication toute spéciale, et il est parti pour New-York. Habile comme il l'est dans cette partie de l'art industriel, il ne lui a pas fallu longtemps pour pénétrer tous les secrets de main-d'œuvre. C'est convaincu que les pianos Steinway français ne le céderaient en rien aux pianos Steinway américains, qu'il est revenu à Nancy avec tous les plans, modèles, notes, etc., qui lui ont permis de se mettre à t'œuvre à coup sûr. Aujourd'hui les vastes ateliers de MM. Mangeot frères sont appropriés à la fabrication nouvelle, les grosses pièces en fonte ont admirablement réussi, et ces messieurs ont pu se procurer tous les outils et toutes les matières nécessaires. Bientôt sans doute, nous verrons sortir de l'ancienne ville de Stanislas, pour rayonner dans tout le monde musical, ces pianos merveilleux à la voix puissante et noble qui semblaient devoir rester le partage exclusif du Nouveau Monde. L'Ancien Monde en jouira avec cette différence toutefois que nous payerons en France les pianos américains juste la moitié du prix qu'ils se vendent en Amérique. Cette considération n'est pas indifférente.
Il faut donc féliciter MM. Mangeot de leur entreprise hardie, qu'un
prompt et complet succès accueillera, nous ne saurions en douter."
La musique, les musiciens et les instruments de
musique chez les différents peuples du monde, Oscar Comettant, 1869,
p. 692 (gallica.bnf.fr)
El primero es oblicuo y los otros dos son lisos, de buena forma y esmerada
conclusion." Expo d'Aragon 1868,
Suplemento á la Memoria descriptiva de la fabricacion
de la mesa de billar, 1868, p. 13
Seul le piano à queue à double clavier de MM. Mangeot,
qui, dans leurs autres instruments, se montrent les serviles imitateurs de
M. Steinway; seul le piano à double clavier de ces facteurs, de Nancy, peut
être considéré comme quelque chose d’absolument nouveau. L’idée en a été
conçue par M. Joseph Wieniawski, et nous trouvons naturel qu’on la doive à
un éminent virtuose.
Il convient, en effet, d’établir une distinction entre
les résultats qui profitent au public et ceux dont bénéficie l’exécutant.
Il
y a donc toujours lieu de classer les inventions des facteurs en deux
catégories : les unes ont pour objet de procurer à l’auditeur des
jouissances nouvelles au moyen de sons mieux timbrés, plus forts ou plus
doux, exempts de fausses résonances; ou bien de construire un
instrument plus solide et tenant mieux l’accord.
Le second genre
d’inventions se rapporte à l’amélioration des conditions générales
inexécution : soit, par exemple, un clavier plus docile et répétant
parfaitement, soit encore des moyens nouveaux pour obtenir des effets
impossibles et non réalisés jusque-là.
C’est ce dernier résultat qu’a visé
M. Jos. Wieniawski, et MM. Mangeot lui ont procuré le moyen d’atteindre au
but qu’il se proposait, en construisant un piano composé de deux pianos à
queue superposés, avec deux claviers placés l’un au-dessus de l’autre et
disposés en sens inverse."
Chouquet,
Rapport sur les instruments de musiques à l'exposition universelle de 1878
Usine et Manufacture à NANCY (Meurthe-et-Moselle). Directeur général à Paris : M. OSCAR COMETTANT.
La Manufacture do pianos qui fait l'objet de la représente notice a été
fondée a Nancy par, PIERRE MANGEOT en 1830. A cet effet ils étudièrent, avec soin les inventions modernes de la grande facture européenne et américaine. Les qualités si remarquables qui constituent le système des pianos américains fabriqués par MM. STEINWAY de New-York, attirèrent ieur attention.
Ils se mirent en rapport avec ces Messieurs. M. EDOUARD MANGEOT voulut
étudier sur place les procédés de cette grande fabrication et il partit
pour New-York.
Avec l'esprit d'éclectisme que possèdent tous ceux que n'aveuglent pas
un système préconçu, MM. MANGEOT FRÈRES ont étudié successivement tous
les progrès de la facture moderne, et leurs pianos Franco-Américains
sont classés aujourd'hui en première ligne à côté des pianos français de
nos grandes fabriques nationales. Ce que nous pouvons dire ce que la combinaison des deux claviers superposés offrant dans la succession ascendante et descendante de l'échelle, musicale une opposition radicale, a pour effet d'émanciper en quelque sorte les deux mains de l'exécutant en mettant à la disposition de chacune d'elles un clavier complet de sept octaves et deux notes d'étendue.
De là des effets harmoniques et mélodiques d'une . variété^ d'une
puissance et d'une nouveauté, qui pourraient bien faire de cet
instrument, le piano de l'avenir.
La Maison de Paris de MM. MANGEOT FRÈRES et Cie est placée sous la
direction artistique de M. OSOAR COMMETTANT dont la nom si connu et si
apprécié dans le monde musical et dans le monde des lettres, nous
dispense de tout éloge et de tout commentaire. Une telle association
honore à la fois cet artiste et les liabiles facteurs qui se sont
assurés son concours."
Catalogue général descriptif de l'exposition :
section française, Exposition universelle de Paris 1878, p. 4
(gallica.bnf.fr)
Mais ce qui fait l'originalité du piano de M.
Mangeot, c'est que le clavier supérieur a les sons graves à la main
droite et les sons aigus à la main gauche : la série des sons est
renversée.
Au lieu d'aller du grave à l'aigu de gauche à droite, comme
on l'a toujours pratiqué depuis qu'il y a des instruments à clavier,
elle va de droite à gauche en descendant.
Quand on entend ainsi toucher le
piano à deux claviers, sans le voir, il semble d'abord qu'on perçoive
les son d'un duo de piano.
Puis, la précision de certains traits à
l'unisson oblige à reconnaître qu'il n'y a qu'un seul exécutant qui
puisse les jouer ainsi ; enfin, on cesse de se rendre compte de la
posibibilité des dessins rapides de la main gauche, et ce n'est qu'en
regardant l'instrument qu'on comprend comment peuvent se produire toutes
ces nouveautés.
Les difficultés spéciales de la main gauche n'existent
plus, puisqu'on peut les exécuter avec la main droite sur le clavier
supérieur.
Les limiter de la virtuosité, qu'on croyait atteintes, se trouvent
encore reculées.
Il est aussi très-certain que le clavier renversé donnera lieu à
quelques trouvailles harmoniques.
Quand on lit un morceau de musique ordinaire et qu'on le joue sur le
clavier renversé, il se produit des combinaison très-inattendues dont
quelques-unes curieuses. Les intervalles des accords se trouvent pas
renversés comme on pourrait le croire, mais transposés de la façon
suivante :
Lorsque deux gammes chromatiques se meuvent en sens inverse, elles se
rencontrent en leur milieu, à l'unisson sur une note.
C'est de chaque
côté de ce milieu et symétriquement qu'a lieu la transition. Sur le
piano de M. Mangeot la rencontre a lieu, autant qu'il nous souvient sur
le ré, qui est au milieu du piano.
Quand on lit et qu'on joue un morceau de musique sur le clavier
renversé, toutes les notes de la clef de sol qui sont au dessus de ce ré
font entendre des sons graves qui sont échelonnés symétriquement au
dessous, à la même distance du ré du côté grave qu'ils étaient du côté
aigu, la note la plus haute de la clef de sol correspondant à la note la
plus basse de la clef de fa.
C'est comme si on repliait la moitié du clavier sur l'autre. Malgré les
étrangetés harmoniques qui résultent de cette transposition, c'est moins
dans le langage musical que dans la virtuosité de l'exécution, que le
piano à claviers inverses est destiné à faire découvrir beaucoup de
nouveautés.
C'est d'ailleurs seulement dans quelques années qu'on
pourra, si ce système est adopté, apprécier quels changements il aura
apportés dans l'art musical.
Il faut encore signaler dans
la facture française une recherche dans la forme même de l'instrument
qui tend à le rendre moins disgracieux."
Journal officiel de la République française,
30/10/1878, p. 10054-10055 (gallica.bnf.fr)
Les auditions de cet instrument, par M.
Zarebski, attirent chaque fois un nombreux auditoire dans la galerie des
instruments de musique français où MM. Mangeot ont exposé, à côté de
magnifiques pianos à queue à un seul clavier, ce monarque de leur
manufacture."
Le
Ménestrel, 30/06/1878, p. 248 (gallica.bnf.fr)
MM. Mangeot voulurent lui imprimer une marche régulière en fabriquant
d'une manière suivie des pianos à queue vraiment artistiques.
A cet effet, ils étudièrent avec soin les inventions modernes de la
grande facture européenne et américaine. M. Edouard Mangeot se rendit à
New-York pour étudier'sur place, les procédés de cette grande
fabrication.
Les pianos franco-américains de la maison Mangeot et Cie ont reçu la
sanction de nos plus illustres virtuoses. Ces beaux instruments, d'une
sonorité si individuelle, à la fois si brillants et si chantants, ont
été joués en public par les sommités du piano, parmi lesquelles nous
nous bornerons à citer un seul nom, celui de Francis Planté.
Nous ne saurions mieux faire, pour donner un aperçu des immenses
ressources que cet instrument nouveau offre aux compositeurs et aux
virtuoses, que d'emprunter quelques passages les plus caractéristiques
aux explications très-complètes fournies par M. Oscar Comettant, le
premier jour où le piano fut joué par le célèbre pianiste Jules Zarebski
(10 mars 1878), devant un véritable aréopage de musiciens composé de
membres de l'Institut, de compositeurs illustres, de renommés virtuoses,
de professeurs éminents, auxquels s'étaient joints des amateurs
distingués, des hommes de science, des journalistes français et
étrangers, des éditeurs de musique, des facteurs de grandes orgues et
des facteurs de pianos.
Ce fut une de ces grandes solennités qui prennent place dans l'histoire
d'un art; ce fut un double triomphe pour les inventeurs de l'instrument
et pour le pianiste compositeur M. Zarebski.
« Et c'est en effet ce qui arrive.
« Mais un clavier uniforme a bien d'autres inconvénients que la
dissemblance du doigté.
« Sur un seul clavier, les mains sont en quelque sorte parquées dans un
département de l'échelle des sons, d'où elles ne peuvent sortir
qu'accidentellement par le moyen du croisement des bras, opération fort
incommode et peu sûre.
La main gauche doit se mouvoir exclusivement dans les octaves
inférieures, tandis que la main, droite s'agite dans les régions
supérieures.
Chaque main a sa spécialité, son domaine privé et quand l'une parcourt
la propriété de l'autre, c'est un peu à la manière de deux châtelaines
qui se font des visites de cérémonie.
La main gauche joue le rôle des instruments graves de l'orchestre et la
main droite celui des instruments élevés. La main gauche, c'est la
contre-basse, le violoncelle, l'alto, le basson, la clarinette grave, le
trombone et les cors, la main droite c'est le violon, le hautbois, la
clarinette dans l'échelle haute, la flûte et la petite flûte.
« Cette obligation pour la main gauche d'exécuter, suivant un doigté qui
lui est spécial, les parties graves de la musique, donne à cette main,
malgré tous les exercices d'agilité auxquels on peut la soumettre, une
lourdeur relative et une disposition particulière en opposition avec la
main droite, brillante, agile, chantante, dans les traits rapides, en
notes simples, tierces, sixtes ou octaves.
— « Tout ce que l'on peut faire sur un seul clavier a été fait, et
l'avenir est à un piano « qui, sans sortir du caractère de l'instrument,
offrira de nouvelles ressources. »
Plus de contorsions du corps ni de mouvements disgracieux des bras. Les
notes les plus basses comme les plus aiguës, les traits les plus rapides
aux octaves supérieures, comme les arpèges et les notes tenues aux
octaves inférieures, se trouvent sous les doigts de chacune des deux
mains qui les exécutent avec le même doigté, par conséquent avec une
égale facilité.
Cette puissance et cette pureté équivalent à celle de deux pianos à
queue ordinaires à un clavier, joués par deux pianistes mus par un même
sentiment et dont l'exécution serait, sous le rapport de l'ensemble,
d'une perfection pour ainsi dire idéale.
Quand les deux mains jouent à la fois sur les deux claviers, ce qui est
facile, ce sont des accords qui embrassent sept octaves pleines de
l'instrument : c'est un morceau à deux pianos ou à quatre mains joué par
un seul pianiste. »
En un mot, avec le même degré de mécanisme acquis, on exécute aisément
sur le piano à doubles claviers des traits, des passages, des réductions
d'orchestre qui seraient impossibles sur un seul clavier. Un jour
viendra, nous le croyons fermement, où le piano à un seul clavier
n'apparaîtra que comme un demi-piano et disparaîtra tout à fait. »
Que d'enchaînements harmoniques, auxquels on n'aurait pas songé, qui se
révèlent spontanément, quelquefois bizarres, il est vrai, barbares,
impossibles même; d'autres fois d'une saveur singulière et d'une
nouveauté saisissante quoique très-acceptable.
Ce qui peut résulter du renversement pur et simple de certains morceaux,
entendus d'abord sur un clavier et reportés sur l'autre clavier comme si
tous les deux fussent pareils, est impossible à prévoir et dans certains
cas constitue de précieuses trouvailles. »
MM. Mangeot frères avaient acquis d'emblée une place à part dans la
facture des pianos par cette belle découverte, et le nom de. ces habiles
facteurs se trouve sur toutes les lèvres et sous toutes les plumes.
Qu'on s'imagine deux pianos à queue posés l'un sur l'autre de façon que
les deux claviers se trouvent immédiatement superposés comme les
claviers de l'orgue.
Jusque-là cette disposition n'aurait pour avantage que de mettre à la
portée des deux mains de l'exécutant deux pianos séparés et complets.
Mais ce qui fait l'originalité du piano de M. Mangeot, c'est que le
clavier supérieur a les sons graves à la main droite et les sons aigus à
la main gauche : la série des sons est renversée.
Au lieu d'aller du grave à l'aigu de gauche à droite, comme on l'a
toujours pratiqué depuis qu'il y a des instruments à clavier, elle va de
droite à gauche en descendant.
Puis, la précision de certains traits à l'unisson oblige à reconnaître
qu'il n'y a qu'un seul exécutant qui puisse les jouer ainsi ; enfin, on
cesse de se rendre compte de la possibilité des dessins rapides de la
main gauche, et ce n'est qu'en regardant l'instrument qu'on comprend
comment peuvent se produire toutes ces nouveautés.
Les difficultés spéciales de la main gauche n existent plus, puisqu'on
peut les exécuter avec la main droite sur le clavier supérieur.
LE PIANO À DOUBLES CLAVIERS RENVERSÉS DE MM. MANGEOT
PROGRAMME
1. Explications présentées par M. OSCAR COMMETTANT sur les ressources
considérables et les principes entièrement nouveaux de ce piano breveté,
et qui doit figurer à l'Exposition.
Encore moins voudrais-je ici chercher à apprécier les qualités qui
distinguent les instruments de la manufacture de mes amis MM. Edouard et
Alfred Mangeot.
Deux pianos à queue et deux pianos droits franco-américains sont à
l'Exposition et je laisse à qui de droit le soin de les juger.
La main gauche doit se mouvoir exclusivement clans les octaves
inférieures, tandis que la main droite s'agite dans les régions
supérieures. Chaque main a sa spécialité, son domaine privé, et quand
l'une parcourt la propriété de l'autre, c'est un peu à la manière de
deux châtelains qui se font des visites de cérémonie.
La main gauche, c'est la contrebasse, le violoncelle, l'alto, le basson,
la clarinette dans le chalumeau, le trombone et les cors ; la main
droite, c'est le violon, le hautbois, les deux tiers de la clarinette
dans l'échelle haute, la flûte et la petite flute.
- « Tout ce que l'on peut faire sur un seul clavier a été fait, et
l'avenir est à un piano qui, sans sortir du caractère de l'instrument,
offrira de nouvelles ressources. »
Les notes les plus basses comme les plus aiguës, les traits les plus
rapides aux octaves supérieures comme les arpèges et les notes tenues
aux octaves inférieures se trouvent sous les doigts de chacune des deux
mains qui les exécute avec le même doigté, par conséquent avec une égale
facilité.
Par exemple, chaque clavier faisant résonner les cordes d'un piano
entièrement indépendant de l'autre, armé, comme tous les pianos, de deux
pédales, on comprend aisément ce qui doit résulter de puissance et
surtout de pureté dans l'harmonie.
Cette puissance et cette pureté équivalent à celle de deux pianos à
queue ordinaires à un clavier, joués par deux pianistes mus par un même
sentiment et dont l'exécution serait, sous le rapport de l'ensemble.
d'une perfection pour ainsi dire idéale.
En un mot, avec le môme degré de mécanisme acquis, on exécute aisément
sur le piano à doubles claviers des traits, des passages, des réductions
d'orchestre qui seraient impossibles sur un seul clavier. Un jour
viendra, nous le croyrons fermement, où le piano à un seul clavier
n'apparaîtra que comme un demi-piano et disparaîtra tout à fait.
Encore moins, peut-être, Thalberg aurait-il imaginé d'ornementer par de
longs arpèges et des traits en octaves, des thèmes à notes tenues sur
l'épinette ou le clavecin qui ne pouvaient sounir aucun son.
Il est incontestable auss que les différentes modales en usage chez les
peuples anciens, chez les Grecs, par exemple, ont agi directement sur la
sensibilité et l'imagination deS compositeurs de ces époques lointaines
qui ne pouvaient parler la même langue musicale que nous, ayant un
vocabulaire différent.
Les idées sont toujours éveillées avec les moyens de les exprimer, et
trouver de nouveaux moyens d'expression, c'est ouvrir à la pensée de
nouveaux horizons. Cette vérité ne s'applique pas seulement â la
musique, elle s'applique aussi aux différents idiomes qui s'imposent aux
poètes et dirigent leurs inspirations.
Que d'enchaînements harmoniques auxquels on n'aurait pas songé qui se
révèlent spontanément, quelquefois bizarres il est vrai, barbares,
impossibles même, d'autrefois d'une saveur singulière et d'une nouveauté
saisissante quoique très-acceptable.
Ce qui peut résulter du renversement pur et simple de certains morceaux
entendus d'abord sur un clavier et reportés sur l'autre clavier comme si
tous les deux fussent pareils, est impossible à prévoir et dans certains
cas constitue de précieuses trouvailles.
Avec une patience qui puisait sa force dans la foi qu'il avait en
l'excellence de la combinaison des deux claviers elles ressources
immenses qu'on en pouvait tirer, il s'est familiale peu à peu avec le
second clavier, et s'est lancé hardiment dans ce champ sonore et riche
de quatorze octaves, comme sur un vaste échiquier ouvert à toutes les
fantaisies de la science et de l'imagination.
Personue jamais ne fut seul inventeur de quoi que ce soit, et l'honneur
de ceux qui parviennent à réaliser une idée est de nommer, quand ils les
connaissent, leurs collaborateurs. C'est ce que j'ai cru devoir faire,
certain d'être approuvé en cela par MM.Edouard et Alfred Mangeot.
J'ai dit du phonographe que l'idée en est tellement simple qu'on peut
s'étonner qu'elle n'ait pas surgi plus tôt, j'en dirai autant de
l'invention de MM. Mangeot.
Chaque clavier répond à un système de cordes complet de sept octaves, et
a ses pédales propres, de manière que l'instrument contient en réalité
deux pianos dans une seule et même caisse.
Il en résulte que sur le clavier supérieur la main gauche joue
absolument le même rôle que la main droite sur le clavier inférieur,
tandis que la main droite prend, sur le clavier supérieur, le rôle de la
main gauche sur le clavier inférieur.
On remarquera d'abord que les deux mains humaines sont disposées
elles-mêmes en sens inverse, ce qui exige un doigté spécial à chaque
main pour un même passage, traits, arpèges, batteries ou quel qu'il
soit. Mais je n'insiste pas sur cette considération, car, pour tirer
parti de toutes les ressources du nouvel instrument, il faut que les
deux mains puissent intervertir à volonté leurs rôles. Ordinairement la main gauche est chargée de ce qu'on appelle l'accompagnement, tandis que la main droite a la mélodie et les traits les plus brillants.
Certains passages exigent pour une même main des sauts brusques,
d'autres demandent des croisements de mains qui ne sont pas toujours
aisés et qui en tout cas ne peuvent donner qu'un, nombre très limité
d'effets.
Enfin la pédale qui lève les étouffoirs est fort utile pour les
batteries et autres arpèges, mais si les accords brisés; sont réservés à
l'une des mains tandis que l'autre doit jouer la mélodie ou faire des
traits diatoniques ou chromatiques, il en résulte plus ou moins de
confusion, puisque la pédale lève tous les étouffoirs en même temps. Une foule de passages deviendront donc plus faciles qu'avec un seul clavier.
En se secondant mutuellement ou en échangeant plus ou moins
momentanément leurs rôles, les deux mains pourront rendre aisément des
effets très difficiles sur le piano ordinaire, ou- en obtenir qui y sont
possibles. Au reste tout pianiste habile se familiarisera en peu de temps avec le double clavier inverse. M. Zarebski, un virtuose de premier ordre, joue de l'instrument en maître, après s'être exercé pendant deux mois. Pour montrer les riches ressources de ce piano, il a composé une grande fantaisie et arrangé l'ouverture d'Oberon.
On croirait souvent entendre deux pianos joués par deuxexécutants:
quiconque sait quelle est la pauvreté des ressources du piano simple
pour les arrangements, sera étonné et ravi de l'effet produit par
l'ouverture de Weber sur le piano à double clavier inverse.
L'instrument qui se trouve dans les salons de M. 0. Comettant est le
seul jusqu'à présent. Mais MM. Mangeot vont en construire d'autres d'une
forme plus harmonieuse à l'œil et d'un transport plus facile; en même
temps les claviers seront un peu plus rapprochés, ce qui permettra aux
mains de passer plus rapidement de l'un à l'autre ou de jouer su les
deux en même temps avec une môme main afin d'augmenter encore les
ressources de l'instrument. J. WEBER."
Le Temps, 11/06/1878, p. 2 (gallica.bnf.fr)
1879
Piano à queue dans Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire illustré, 14/01/1877, p. 411 (gallica.bnf.fr)
LES PIANOS FRANCO-AMÉRICAINS
Ces instruments, tous fabriqués par Bartholommeo Cristofori, de Padoue, l'inventeur du piano, consistaient en une sourdine, autrefois en usage dans les couvents; une épinette, construite en 1693 pour Ferdinand de Médicis; un archicymbalum et un piano-forte, le seul de ce fabricant que l'on connaisse actuellement.
Après avoir vu ces instruments curieux par la naïveté et la simplicité de leur fabrication, après avoir constaté ce qu'étaient, dans l'enfance de la facture, ces épinettes auxquelles ont succédé les clavecins, puis les pianos, était intéressant de descendre au palais du Champ-de-Mars et d'y examiner les splendides instruments exposés, dans la classe 13, par nos facteurs français.
Cette classe 13 a été des plus favorisées sous le rapport des récompenses et elle était, en effet, des plus méritantes.
En ce qui concerna les pianos, trois rappels de médailles d'or et deux médailles d'or nouvelles ont été accordées & nos facteurs.
L'une de ces deux médailles nouvelles était donnée à la maison Mangeot frères et Cie, qui se trouvait ainsi placée au premier rang et recevait, en outre, la décoration de la Légion d'honneur pour
« services rendus à l'industrie des pianos et pour la part brillante prise par elle à l'Exposition. »
Du coup, la maison Mangeot frères, dont les Instruments étaient depuis longtemps estimé à leur juste et haute valeur par les artistes, les dilettanti et les amateurs, était publiquement classée de pair avec les deux grandes maisons Pleyel et Erard, et, à côté d'elles, prenait la première place dans la grande Industrie artistique de la fabrication des pianos français.
Que de soins, de travaux, de persistance indique cette supériorité acquise en si peu de temps, car la manufacture de pianos en question ne fut fondée à Nancy, par Pierre Mangeot, qu'en 1830, quelque temps après que Roller, habile mathématicien, eût inventé le piano droit, à la fabrication duquel Pierre Mangeot, le premier en province, s'adonna de la façon la plus active et la plus profitable pour l'art.
Ses efforts lui valurent une médaille d'or en 1843, et quand MM. Mangeot frères succédèrent à leur père, en 1859, la fabrication des pianos droits du facteur Lorrain avait pris des développements artististlques et Industriels qui la plaçaient au rang des plus importantes maisons, non seulement de la province, mais de Paris.
Aussi, en 1862, le jury de l'Exposition universelle de Londres décernait-il la Prize medal aux pianos de MM. Mangeot frères, qui, dès lors, élargissant leur cadre, donnant plus d'extension à leurs ateliers, fabriquant le piano à queue, obtinrent la médaille d'argent à l'Exposition universelle de 1867 et livrèrent d'une manière suivie des pianos à queue vraiment artistiques.
C'est à partir de ce moment que datent les grands progrès de ces facteurs, qui, avec l'esprit d'électisme que possèdent tous ceux que n'aveugle pas un système préconçu, eurent la bon sens (étudier successivement, soit en Allemagne, soit en Autriche, les progrès de la facture moderne, pour en faire profiter leur propre fabrication.
Ils ne s'en tinrent pas là et ils résolurent de profiter des inventions modernes de la grande facture américaine, frappés qu'ils avaient étô surtout des qualités si remarquables qui constituent le système des pianos américains fabriqués par la maison de premier ordre de MM. Steinway, de New-York.
M. Edouard Mangeot partit pour cette ville, voulant étudier sur place les procédés de cette grande fabrication, et revenant avec une telle somme d'améliorations et de perfectionnements que les pianos franco-américains, d'une sonorité si individuelle, d'un éclat si brillant, ont reçu la sanction des plus illustres virtuoses,
Cependant, un progiès en appelant d'autres à sa suite, MM. Mari geot ne tardèrent pas à découvrir la nouveauté la plus hardie en matière de facture instrumentale, nous voulons parler du piano à claviers renversés, dont Gounod a dit :
« Ce n'est pas un progrès, c'est une révolution ! »
et qui est appelé, en effet, à amener toute une révolution dans Tart du planiste.
Mais voyons d'abord ca qui a amené ces chercheurs à créer ce remarquable instrument avec lequel, a dit Liszt,
ils feront le tour du monde, et qui renile encore les limites de la virtuosité la plus briilante.
Chez l'homme, se sont
dit MM. Mangeot, la nature a créé un être en partie double
renversée, chez lequel rien n'Indique qu'on doive donner la
préférence à l'un de ces renversements.
Le fait acquis que l'on écrit avec la main droite, de gauche à droite, ne prouve absolument rien contre cette théorie et l'affirme au contraire; toutes les langues anciennes, en effet. le sanscrit, l'arabe; l'hébreu, s'écrivaient de droite à gauche et peut-être avec la main gauche ; îa biologie ne nous a pas encore appris par quel phénomène de transformation lente les peuples modernes ont secoué l'hérédité et ont trouvé plus commode d'écrire avec la main droite et de gauche à droite ; en tous cas.
Il y a là un fait humain qui permet d'affirmer qu'il n'y a pas de raison physîologique pour que l'une de nos parties renversées domine l'autre. L'évolution qui amènera l'égaillé dans les rôles de nos deux part'es renversées est peutêtre moins loin de nous qu'on ne pourrait la croire, et nous envoyons h preuve dans les tendances actuelles : dans bien des salles d'escrime on commence à faire des armes indifféremment avec les deux membres opposés ; en gymnastique il en est de même.
Mais s'il est un instrument qui appelle la main gauche à jouer un
rôle Important, c'est le piano.
Aussi semble-t il extnordinaire que l'inventeur du clavier ait associé les deux mains opposées de l'homme sur un même plan, se contentant ainsi d'uae demi-idée, et que de nombreuses générations se soient volontairement condamnées à contraindre la main gauche, déjà si impuissante, à faire des choses très-difficiles sur un clavier évidemment fait pour la main droite, puisque les notes les plus importantes, des traits, des pas, sages, des modulations, sont faits par les doigts les plus puissants de cette main : le premier, le deuxième et le troisième.
- Frappés de ces faits, MM. Mangeot frères ont longtemps cherché le remède et ils l'olt trouvé dans le plano
à doubles claviers renversés, dont voici la rapide description :
imaginez deux pianos à queue fiuperposés; les deux claviers sont pareleles et étagés, l'un de deux centimètres plus haut que l'autre; ces deux claviers sont renversés, c'est-à-dire que l'un des deux, celui du premier étage, si nous pouvons employer cette locution, est un clavier ordinaire, tandis que l'autre, placé un peu plus haut et un peu plus en arrière, est renversé, en ce sens que les notes hautes sont à gauche du pianiste, les graves à droite.
Tout pianiste, avec un peu de réflexion, comprendra les ressources nouvelles de l'instrument; les notes les plus basses comma les plus aiguës, les traits les plus rapides aux octaves supérieure, comme les arpèges, et les notes tenues aux octaves jnférieurts, se trouvent sous les doigts de chacune des deux mains, qui les exécutent avec le même doigté, par conséquent avec une égaie facllité. Outre que ce système nouveau, qui effarouchera d'abord un peu les pianistes formés à la méthode ancienne, semble appelé à faciliter ; études des apprentis planistes da l'avenir et à leur fournir des ressources inconnues jusqu'alors, il donnera lieu, c'est certain, à des trouvailles harmoniques précieuses, et ouvre un champ complètement inexploré à l'art du virtuose.
On a dit des plus
grandes inventions que l'idée en est tellement simple qu'on doit
s'étonner qu'elle n'ait pas surgi plus tôt ; nous en dirons autant
de l'1n"ntlon de MM. Mangeot, dont l'apparition doit être saluée
avec joie par tous les véritables artistes. - P. B."
Le XIXe siècle : journal quotidien politique
et littéraire, 11/02/1879, p. 3 (gallica.bnf.fr)
MANGEOT
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