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CLUESMAN Jean Baptiste
à Paris (°1823)

1827

VIOLATION DE DOMICILE.

"Lundi, 28 janvier, M. Clusman [sic], facteur de pianos, ne fut pas peu surpris, en rentrant dans son magasin rue des Fossés-Montmartre, n° 5, d'y trouver un huissier avec M. le juge de paix et son greffier, accompagné de M. Triquet, facteur de pianos breveté, qui, prétendant que M. Clusman [sic] avoit contrefait son sommier isolé, avoit déjà fait procéder la saisie, et fait apposer les scellés sur un de ses pianos avec assemblage eu fer.

Ce qu'il y a de particulier et d'extraordinaire dans cette affaire c'est que M. Clusman [sic] n'avoit jamais vu les pianos de M. Triquet, et que le sommier isolé ressemble à l'assemblage en fer comme le jour et la nuit.

M. Triquet s'est tellement convaincu de cette vérité, que, dès le 30 du même mois il s'est empressé de faire lever les scellés, et de prier M. Clusman [sic] d'accepter une somme de 600 fr., qu'il lui a versée entre les mains et de lui pardonner sa sottise, ce que l'aimable M. Clusman [sic] a reçu pour lui tenir lieu de dommages et intérêts, et terminer une affaire qui par sa nature, pouvoit avoir des suites fâcheuses pour M. Triquet." Journal des débats politiques et littéraires, 03/02/1828, p. 4 (gallica.bnf.fr)  -  Voir TRIQUET, facteur de pianos à Paris.

1835

"Cluesmann hat eine neue Art, die Pianos ans eine leichte Art zu stimmen erfunden. Mittelst einer Schraube spannt man die Saiten so lest an, daß sie höchst selten lose werden und dies bewirkt man auf eine so leichte Weise. als wenn man eine Uhr aufzöge. Die Pianos lassen sich so äußerst genau stimmen und jedermann, der Tonsinn hat, kann sich selbst ohne Mühe sein Instrument in Ordnung bringen." Intelligenzblatt für die Stadt Bern, 15/08/1835, p. 207 (e-newspaperarchives.ch)

1836

HERZ CLUESMAN

"Qui ne se rappelle cette machine oblongue et carrée qui se pavanait depuis quelque tems au bas des colonnes de nos journaux ?

Machine dont toute la population pianiste devait se munir pour l'amour do Dieu, et que M. Herz a surnommée Daclylion, pour l'amonr du grec ?

Prix : 50 francs. L'acheleur n'avait que la peine d'introduire ses dix doigls dans les ressorts de cette merveilleuse mécanique, et de promener ainsi ses mains depuis le malin jusqu'au soir sur les touches de son piano ; au bout de quelques années il acquérait celle vigueur digitale, cette solidité du poignet qui caractérisent les plus déterminés boxeurs je veux dire pianislqs qu'il soit possible de rencontrer depuis Westminster jusqu'aux Dardanelles.

M. Herz prétend qu'il est l'inventeur de cette machine; M. Meyer Dalembert soutient que l'idée première lui appartient. M. Herz persiste à revendiquer la priorité, et il le prouve en déclarant que le procédé élait déjà connu en Allemagne. Qu'y a-t-il à répondre à de pareils arguments ?

Or, il advint que l'autre jour, un de nos plus zélés fabricans de pianos, demeurant rue iavart, M. Cluesman, qui accapare depuis quelques années toutes les médailles en disponibilité (M. Cluesman, inventeur des pianos à vis de pression, a obtenu, en 1836, une médaille d'argent, et cette année une médaille en or et une autre en platine ; la première lui a été décernée cette semaine par l'Académie de l'Industrie manufacturière et commerciale; la seconde; par la Société d'Encouragement.) il arriva, dis-je, que cet homme, au génie inventif, imagina une machine destinée également à donner de l'aplomb aux doigts et de largueur au poignet; et puisque M. Herz a fouillé dans le Lexicon grec.

M. Cluesman aurait pu exploiter le Dictionnaire latin. Mais non : M. Cluesman, qui est un brave et honnête Allemand, s'en est tenu à la langue frauçaise. Il a donné à sa mécanique le prosaïque el modeste surnom de moteur des doigts.

Là-dessus grande rumeur dans les ateliers du faubourg Poissonnière !

Le Dactylion n'en dormit pas pendant quatre jours; le cinquième il courut chez un juge de-paix, le sixième il fit apposer les scellés sur son impertinent Sosie de la rue Favart, et il se reposa le septième jour, comme s'il voulait contrefaire la création.

Nous nous garderons bien d'anticiper sur l'issue de ce singulier procès, dont la décision a été renvoyée à quinzaine.

Mais il faudrait la plume d'un Gresset ou du jovial curé de Meudon pour donner dignement les détails drolatiques de la première audience.

D'abord l'avocat de M. Cluesman a exhibé un de ces objets si précieux dans tout ménage où les chais méconnaissent leurs devoirs les plus sacrés ...

Oui. l'avocat a prouvé, clair comme le jour, que le Dactilion de M. Herz n'est autre qu'une souricière perfectionnée, destinée à attraper le monde musical.

Puis, prenant la défense du moteur des doigts, il a démontré l'incontestable supériorité du procédé de M. Cluesman, tant pour la solidité de l'instrument que sous le rapport de ses résultats.

L'avocat de M. Herz s'est levé aussitôt pour réfuter les raisons de son adversaire, et telle a été la puissance de son argumentation, qu'un des ressorts du Dactylion s'est brisé entre ses mains : preuve évidente de l'admirable solidité de cette machine.

Vous pensez bien que l'hilarité a été complète et générale ; le magistrat lui-même n'a pu s'empêcher de la partager; et voilà pourquoi le moteur de M. Cluesman et la souricière de M. Herz ont été renvoyés à quinzaine." Le Ménestrel, 10/07/1836, p. 1-4 (gallica.bnf.fr)

1838

HERZ CLUESMAN

"TRIBUNAL CIVIL DE LA SEINE (5e chambre). (Présidence de M. Pinondel.) Audience du 10 août 1838. M. HENRI HERTZ. —

LE DACTYLION. La Gazette des Tribunaux a eu déjà l'occasion d'entretenir ses lecteurs du procès en contrefaçon intenté à M. Cluesman par M. Hertz. L'objet de cette instance, c'est le dactylion, mécanisme appliquable aux pianos et pour lequel M. Hertz s'est fait breveter le 6 mai 1836.

C'est au sujet de cet instrument que Dantan a représenté son auteur avec une souricière dont le piège consiste en un anneau suspendu à une corde, et semble, en effet, avoir pu faire naître l'idée du dactylion.

La plainte de M. Hertz est du mois de juin 1836, et, dès le mois de mai précédent, la Revue et gazette musicale de Paris, dans son numéro du 15, avait contesté et le mérite de l'invention et le mérite de l'instrument.

Elle rapportait même, à ce sujet, une anecdote assez piquante, suivant laquelle ce serait M. Meyer-Dalembert qui aurait d'abord communiqué à M. Hertz un appareil de son invention pour faciliter l'étude du piano, appareil que celui-ci se serait approprié; et, sur les plaintes de l'auteur, M. Hertz lui aurait répondu :

« Monsieur, je ne me rappelle pas que vous m'ayez parlé du dactylion; mais, en tous cas, c'est une vieille invention que mon père a déjà vue autrefois en Allemagne, et qui n'est pas plus de vous que de moi, etc., etc. »

M. le juge-de-paix du 2me arrondissement de Paris, saisi en premier lieu de la contestation, a désigné MM. Adam et Zimmerman pour examiner le dactylion et lui en donner leur avis.

Ces artistes distingués ont fait un rapport favorable à M. Hertz, dont l'instrument, n'ayant pas d'ailleurs le même objet, leur a paru présenter des avantages notables sur d'autres créés antérieurement et qui semblaient avoir avec lui beaucoup d'analogie.

En conséquence, M. le juge-de-paix, faisant droit à la demande de M. Hertz, a déclaré valable la saisie pratiquée à sa requête, et condamné M. Cluesmann à lui payer 800 fr. de dommages-intérêts; l'a condamné à 200 fr. d'amende et ordonné l'insertion de son jugement dans trois journaux.

Appel a été interjeté de cette décision et lu 5e chambre avait à en apprécier le mérite, Me Marie, dans l'intérêt de M. Hertz, a fait valoir, indépendamment des pièces qu'il avait précédemment produites, un rapport fait à l'Académie royale des beaux-arts, au nom de la section de musique, sur le nouvel instrument de M. Hertz.

Ce rapport est ainsi conçu :

« Le dactylion est un petit instrument à reporto, destiné à délier et fortifier les doigts, à les rendre indépendans les uns des autres, et surtout à donner à leur jeu l'égalité nécessaire et indispensable pour acquérir une belle exécution sur le piano.

A diverses époques, des artistes célèbres, tels que Clementi, Buvreck, Stiebelts, Wolf, etc., se sont servis de différens moyens mécaniques pour obtenir cette égalité d'exécution que l'on remarque dans leur jeu; mais nul d'entre eux n'a jugé à propos de faire connaître les procédés qu'il employait. 

Le chiroplaste de M. Logier et le guide-main de M. Kalkbrenner n'ont pour but que d'indiquer la position que doivent avoir au piano les mains et l'avant-bras, mais aucun moyen pour donner de la force, de l'agilité ou de l'égalité aux doigts, n'avait été connu jusqu'à ce jour.

Selon nous, M. Hertz a atteint ce but par l'invention de son dactylion. Nous en sommes d'autant plus convaincus, qu'il nous a affirmé que lui-même était parvenu à acquérir cette vélocité, cette égalité, qui sont les bases de son beau talent, qu'en faisant, dès son enfance et encore maintenant, usage de son dactylion.

Nous nous dispenserons donc d'en faire ici l'éloge, car nous croyons que pour toute personne qui a joui du plaisir de l'entendre, il est au bout de ses doigts !

Nous pensons donc, Messieurs, qu'un grand talent, qu'un grand artiste tel que M. Hertz, lorsqu'il consent à dévoiler, à publier tous les secrets de son art, est digne de mériter les suffrages de l'Académie. »

Signé à la minute: Chenibini, Lesueur, Auber, Paér, Reicha. et Berton, rapporteur. Nonobstant une autorité si importante, M. Cluesman a demandé, à prouver que le dactylion n'était qu'une copie d'instrumens semblables existant depuis longtemps.

Une enquête a été ordonnée; elle a amené un résultat tout différent de celui que semblait présager le rapport de M. Berton.

Un grand nombre de témoins, presque tous artistes, sont venus déposer que, dès 1835, c'est-à-dire antérieurement au brevet de M. Hertz, ils avaient vu et s'étaient servi de l'instrument mécanique de M. Cluesman, qui ressemble beaucoup à celui de M. Hertz et a été imaginé dans le même lieu.

Seulement les anneaux de l'un sont en fer, ceux de l'autre en caoutchouc. L'instrument de M. Cluesman a, de plus, une mobilité qui permet de parcourir le clavier.

Me Lafargue, armé de cette enquête, a combattu victorieusement son adversaire, et le Tribunal, après en avoir délibéré, réformant la sentence du premier juge, a déclaré M. Hertz déchu du bénéfice de son brevet d'invention, a fait main-levée de la saisie pratiquée, condamné Hertz à payer à Cluesman 200 fr. à titre dédommages-intérêts, plus 50 fr. d'amende, et l'a condamné en outre aux dépens du procès." Gazette des Tribunaux, 12 aout 1838, p. 4 (data.decalog.net)

"La Gazette des Tribunaux a eu déjà l'occasion d'entretenir ses lecteurs du procès en contrefaçon intenté à M. Cluesman par M. Hertz. L'objet de cette instance, c'est le dactylion, mécanisme appliquable aux pianos et pour lequel M. Hertz s'est fait breveter le 6 mai 1836.

C'est au sujet de cet instrument que Dantan a représenté sou auteur avec une souricière dont le piège consiste en un anneau suspendu à une corde, et semble, en effet, avoir pu faire naître l'idée du dactylion.

La plainte de M. Hertz est du mois de juin 1836, et, dès le mois de mai précédent, la Revue el Gazette Musicale de Paris, dans son numéro du 15, avait contesté et le mérite de l'invention et lu mérite de l'instrument.

Elle rapportait même à ce sujet une anecdote assez piquante, suivant laquelle ce serait M. Meyer-Dalembert qui aurait d'abord communiqué à M. Hertz un appareil de son invention pour faciliter l'étude du piano, appareil que celui-ci se serait approprié; et, sur les plaintes de l'auteur, M. Hertz lui aurait répondu :

« Monsieur, je ne me rappelle pas que vous îu'ayez parlé du dactylion ; mais, en tous cas, c'est une vieille invention que mon père a déjà vue autrefois en Allemagne, et qui n'est pas plus de vous que de moi, etc., etc. »

M. le juge de paix du deuxième arrondissement de Paris, saisi en premier lieu de la contestation, a désigné MM. Adam et Zimmerman pour examiner le dactylion et lui en donner avis. Ces artistes distingués ont fait un rapport favorable à M. Hertz, dont l'instrument, n'ayant pas d'ailleurs le même objet, leur a paru présenter des avantages notables sur d'autres créés antérieurement, el qui semblaient avoir à ce lui beaucoup d'analogie.

En conséquence, M. le juge de paix, faisant droit à la demande de M. Hertz, a déclaré valable la saisie pratiquée à sa requête, et condamné M. Cluesmaun à lui payer 800 francs de dommages-intérêts; l'a condamné à 200 francs d'amende, et ordonné l'insertion de son jugement dans trois journaux.

Appel a été interjeté de cette décision, et la cinquième chambre avait à en apprécier le mérite. Me Marie, dans l'intérêt de M. Hertz, a fait valoir, indépendamment des pièces qu'il avait précédemment produites, un rapport fait à l'Académie royale des beaux-arts, au nom de la section de musique, sur le nouvel instrument de M. Hertz.

Ce rapport est ainsi conçu :

« Le dactylion est un petit instrument à reporto, destiné à délier et fortifier les doigts, à les rendre indépendante les uns des autres, et surtout à donner à leur jeu l'égalité nécessaire et indispensable pour acquérir une belle exécution sur le piano.

A des époques diverses, des artistes célèbres, tels que Clementi, Dussek, Steïbelt, Wolf, etc., se sont servis de différents moyens mécaniques pour obtenir cette égalité d'exécution que l'on remarque dans leur jeu; mais nul d'entre eux n'a jugé à propos de faire connaître les procédés qu'il employait. »

Le chiroplaste de M. Auger et le guide-main de M. Kalkbrenner n'ont pour but que d'indiquer la position que doivent avoir au piano les mains et l'avant-bras, mais aucun moyen pour donner de la force, de l'agilité ou de l'égalité aux doigts, n'avait été connu jusqu'à ce jour.

Selon nous, M. Hertz a atteint ce but ar l'invention de son dactylion. Nous en sommes autant plus convaincus, qu'il nous a affirmé que lui-même n'était parvenu à acquérir cette vélocité, cette égalité, qui sont les bases de son beau talent, qu'en faisant, de son enfance et encore maintenant, usage de son dactylion.

Nous nous dispenserons donc d'en faire ici l'éloge, car nous croyons que, pour toute persoune qui a joui du plaisir de l'entendre, il est au bout de ses doigts! »

Nous pensons donc, messieurs, qu'un grand talent, qu'un grand arsiste tel que M. Hertz, lorsqu'il consent à dévoiler, à publier tous les secrets de son art, est digne de mériter les suffrages de l'Académie. »

Signé à la minute : Cherubini, Lesueur, Auber, Paër, Reicha et Berton, rapporteur.

Nonobstant une autorité si importante, M. Cluesmann a demandé à prouver que le dactylion n'était qu'une copie d'instruments semblables existants depuis longtemps. Une enquête a été ordonnée; elle a amené un résultat tout différent de celui que semblait présager le rapport de M. Berton.

Un grand nombre de témoins, presque tous artistes, sont venus déposer que, dès 1835, c'est-à-dire antérieurement au brevet de M. Hertz, ils avaient vu et s'étaient servi de l'instrument mécanique de M. Cluesmann, qui ressemble beaucoup à celui de M. Hertz et a été' imaginé dans le même lieu.

Seulement les anneaux de l'un sont en fer, ceux de l'autre en caoutchouc.

L'instrument de M. Cluesmann a, de plus, une mobilité qui permet de parcourir le clavier. Me Lafargue, armé de cette enquête, a combattu victorieusement son adversaire, et le tribunal, après en avoir délibéré, réformant la sentence du premier-juge, a déclaré M. Hertz déchu du bénéfice de son brevet d'invention, a fait main-levée de la saisie-pratiquée, condamné Hertz à payer à Cluesmann 200 fr. à titre de dommages-intérêts, plus 50 fr. d'amende, et l'a condamné en outre aux dépens du procès.

Mais aussi pourquoi M. Henri Hertz s'est-il attiré un procès certes le dactylion n'en valait pas la peine.

Ce procès nous rappelle une anecdote. M. Fétis montrant ce singulier instrument, à Bruxelles, à un célèbre pianiste, «Il me paraît, lui dit-il, que le dactylion n'est bien que pour attraper les souris; non, répondit M. Kalkbrenner, M. Henri Hertz l'a fabriqué pour attraper les sots. »" Revue et gazette musicale de Paris, Volume 5, 14/08/1838, p. 337 - Voir HERZ (°1825)

"D'un jugement contradictoirement rendu en la 5e chambre du Tribunal de première instance de la Seine, le 10 août 1838, entre : M. Jean-Baptiste CLUESMANN, facteur de pianos, demeurant à Paris, rue Favart, 4. Henri HERTZ, fabricant de pianos, demeurant à Paris, rue du Faubourg-Poissonnière, 5.

Il a été extrait ce qui suit :

Le Tribunal, après avoir entendu en leurs conclusions et plaidoiries respectives Lafargue, avocat, assisté de Borel, avoué de Cluesmann, et Marie, assisté de Jolly, avoué de Hertz, ensemble, en ses conclusions, M. Cauliet, substitut de M. le procureur du Roi, et après en avoir délibéré conformément à la loi; jugeant en dernier ressort.

Attendu que de l'enquête à laquelle il a été procédé en vertu du jugement du 6 mars dernier, résulte qu'à une époque antérieure à la demande du brevet délivré à Henri Hertz pour la prétendue invention d'un instrument destiné à faciliter le jeu de piano en déliant les doigts, déjà des instrumens à peuplés semblables, quoique inoins perfectionnés, destinés au même objet, avaient été fabriqués et livrés au commerce par plusieurs personnes, notamment par Cluesmann, Kalkbrenner, Meyer et Pinard ; que, dès-lors, Cluesmann ne peut être considéré comme contrefacteur, que Henri Hertz n'a pu valablement faire saisir comme contrefaits les instrumens mis en vente par Cluesmann, que c'est le cas d'annuler cette saisie et d'infirmer le jugement rendu au profit de Hertz par le juge-de-paix du 2e arrondissement de Paris, en date du 30 juin dernier ;

Attendu, quant aux dommages-intérêts réclamés par Cluesmann, que cette demande est fondée à raison du préjudice par lui éprouvé par suite de la saisie faite indûment par Hertz, ce qui l'a privé du bénéfice légitime que devait lui procurer la vente de ces instrumens ; frais attendu que l'indemnité qu'il réclame est évidemment exagérée; que c'est le cas de la réduire et de la fixer d'office à 200 fr. ; En ce qui concerne le chef de demande de Cluesmann, tendant à obtenir l'insertion et l'affiche du présent jugement ;

Attendu que Cluesmann est fondé à réclamer cette mesure de publicité, mais que l'insertion dans trois journaux quotidiens de la capitale suffit;

Par tous ces motifs, Le Tribunal statuant sur l'appel interjeté par Cluesmann du jugement susdaté, sans s'arrêter ni avoir égard aux diverses prétentions de Hertz, non plus qu'aux moyens de nullité et aux fins de non-recevoir par lui présentées ;

Infirme ledit jugement ;

Déclare Henri Hertz déchu du bénéfice du brevet d'invention par lui obtenu le 6 mai 1836 ; En conséquence fait main-levée de la saisie pratiquée à sa requête sur les instrumens de Cluesmann ;

Condamne Henri Hertz à payer à Cluesmann 200 francs à titre de dommages-intérêts, et à verser à titre d'amende dans la, caisse des pauvres du deuxième arrondissement de la ville de Paris, le quart de ladite somme dans la quinzaine du présent jugement, dont le dispositif sera inséré dans l'un des prochains numéros du Journal des Débats, du Constitutionnel et de la Gazette des Tribunaux, aux fiats de Hertz, le tout en conformité de l'article 13 de la loi du 7 janvier 1791 et 1036 du Code de procédure civile; condamne en outre Henri Hertz en tous les dépens taxés et liquidés à la somme de 225 fr. 41 cent., en ce non compris les coût, enregistrement et signification du présent jugement, desquels dépens distraction est faite au profit de Borel, avoué, qui l'a requise ;

Ordonne que l'amende consignée par Cluesmann lui sera restituée ; Fait et jugé en l'audience publique de la 5 - chambre du Tribunal civil de première instance de la Seine ;

Par MM. Pinondel, président; Hua et Theurier, juges, en présence de M. Caullet, substitut de M. le procureur du Roi, Le vendredi 10 août 1838. Mandons et ordonnons à tous huissiers, sur ce requis, de mettre le présent jugement à exécution,

A nos procureurs-généraux et à nos procureurs près les Tribunaux de première instance d'y tenir la main, à tous commandans et officiers de la force publique de prêter main-forte lorsqu'ils en seront légalement requis.

En foi de quoi la minute du présent jugement a été signée par M. le président et par le greffier. Enregistré à Paris, le 30 août 1838, folio 113, case 4 ; reçu 5 fr. et 50 c. pour le dixième. Signé : Cisternes de Meilles; par le Tribunal, signé : Smith." Gazette des Tribunaux, 1 et 2 octobre 1838, p. 4 (data.decalog.net)

1839

"La réputation dont jouit M. Cluesman (rue Favart, 9) est déjà vieille, et le temps n'a fait que la rendre plus solide.

Ses pianos à vis de pression ont obtenu les suffrages unanimes des autorités les plus compétentes : ce sont les Zimmermann, les Listz, les Paccini, les Panseron, les Meyerbeer et cent autres; les professeurs les plus distingués, les compositeurs les plus célèbres qui, tous et d'un commun accord, ont déclaré que le piano à vis de pression était une des plus belles, des plus heureuses inventions dans l'intérêt de l'art musical.

Tous ces maîtres ont également reconnu l'excellence des pianos droits ou à queue qui sortent des ateliers de M. Cluesman, et les médailles d'or et d'argent que le gouvernement, aussi bien que les sociétés d'encouragement, lui ont accordées à titre de récompense, témoignent assez de l'importance et de l'utilité de ses travaux.

Et, en effet, on ne peut se dissimuler que le défaut le plus essentiel des instruments en cuivre et des meilleurs facteurs est de ne tenir que bien difficilement l'accord ; ceci est un inconvénient de tous les jours et de tous les instants, et c'est surtout dans l'isolement de la campagne, dans les lieux où l'on ne se procure des accordeurs qu'avec d'extrêmes difficultés, qu'on sent davantage la gravité de cet inconvénient; or, comme il est maintenant bien reconnu que l'invention de M. Cluesman remédie seule à ce défaut, ses pianos à vis de pression ne sauraient donc être recommandés avec trop de faveur à ceux de qui la musique occupe les laborieuses veilles ou les heureux loisirs.

(Dans de prochains articles, nous continuerons ce compte-rendu avec toute l'impartialité qui peut seule donner quelque valeur à nos observations.)." Le Furet des salons : journal du monde élégant, de l'industrie et des théâtres, 20/10/1839, p. 3 (gallica.bnf.fr)

1844

INCENDIE

Incendie de 1844, Journal de Toulouse, 13/12/1844

"Un incendie considérable a éclaté dernièrement à Paris, rue Cadet. Deux traits sont à mentionner au sujet de cet incendie. M. le curé de Notre-Dame-de-Lorette n’a pas seulement donné des secours en exposant sa vie : sorti de chez lui avec une somme de 500. fr., il a réparti cette somme à ceux qui paraissaient le plus souffrir. Malheureusement, quelques-uns de ces individus empressés à recevoir, ont trompé le charitable prêtre, et le bien fait n’est point arrivé où' il pouvait être le plus utile.

M. Cluesman, facteur de pianos, est un des locataires incendiés. Un de ses ouvriers, qui n’avait point assisté à la paie faite le samedi, veille de l’incendie, se'présenta le surlendemain, mais ne voulut recevoir que la moitié de ce qui lui était dû : « Gardez l’autre moitié », dit le généreux ouvrier à son malheureux maître ; « si j’ai quatre enfans, vous en avez cinq, et il faut bien que vous les nourrissiez aussi. Vous me paierez plus tard, quand vous pourrez. » On aime à citer de pareils faits qui honorent l’humanité." Courrier de la Moselle, 17/12/1844, p. 3 (kiosque.limedia.fr)

"Paris - Bei einem in der Rue Cadet ausgebrochenen Feuer sind 11 Pompiers gefährlich verwundet worden; einer davon blieb sogleich todt, zwei andere geben keine Hoffnung mehr. Die Brandstätte raucht noch immer; die Pompiers arbeiten fortwährend. Der Pianofabrikant Klusmann, ein Deutscher, hat 40 Fortepianos bei dem Brande verloren und seine Fabrik ist zerstört. Die ersten Virtuosen von Paris wollen zu seinem Vortheile eine Reihe von Concerten veranstalten." Nürnberger Abendblatt, 18/12/1844, p. 559

"Dans l'incendie de la rue Cadet, la fabrique de pianos de M. Cluesman a été la proie des flammes, et l'on annonce que déjà des artistes éminens organisent en sa faveur des concerts pour lui procurer les moyens de reprendre ses travaux." La France Théâtrale, 19/12/1844 (gallica.bnf.fr)

"Le terrible incendie dont la rue Cadet vient d'être le théâtre a exereé ravages sur les magasins et ateliers de M. Cluesman, facteur estimable, qui avait obtenu la médaile d'or, et dont en quelques heures toutes les ressources ont été dévorées. Vingt-cinq pianos prêts à être livrés au commerce, outils, bois étrangers, bois indigènes, représentant une valeur de 35.000 fr. environ, tout a été proie des flammes. M. Cluesman était assuré pour 15.000 fr." La belgique Musicale, 19/12/1844, p. 132

"Les débris des bâtimens incendiés fument encore; mais le feu est complètement éteint. On abat toutes les parties de charpente et de murs que le feu a attaquées. Par suite de ce fatal événement, de laborieux fabricans et de nombreux ouvriers se trouvent réduits à la misère. Non-seulement quarante pianos de la fabrique de M. Cluesman ont été la proie des flammes, mais tous ses instrumens de travail ont été perdus avec ses ateliers. On nous assure ce soir que déjà d'éminens artistes se proposent d'organiser en sa faveur plusieurs concerts, afin de lui fournir les premiers fonds pour l'achat d'outils indispensables à la continuation de ses travaux." La Presse, 20/12/1844 (gallica.bnf.fr) et La Presse, 09/12/1844, p. 2 (gallica.bnf.fr)

- "Nous voici en pleine saison musicale. Les concerts ondent, et un immense carnet suffirait à peine pour s' enregistrer. Toutefois, nous en devons signaler un qui promet de réunir un nombreux auditoire sous tous ses rapports : c'est celui qui sera donné, salle Herz, le samedi 18 janvier, au bénéfice de M. Cluesman, le facteur de pianos incendié de la rue Cadet. [...]" Le Ménestrel, 12/01/1845, p. 3 (gallica.bnf.fr)

1846

INCENDIE

"Les ateliers de M. Cluesman ayani été détruits dans la nuit du 8 au 9 décembre 1844 par l'incendie de l'ancien manége, ce facteur avait dû s'attendre à être promptement paye de sa prime d'assurance mais des discussions s'étant élevées entre la Compagnie dit Phénix et la Compagnie générale gui ont assuré cette propriété, il en est résulté un procès qui, enfin le 10 juillet dernier, a été jugé par la 3e chambre du tribunal de la Seine, dont la Compagnie du Phénix, au lieu de l'exécuter, alinterjeté appel, M. Cluesman donne avis à sa nombreuse clientèle que, jusqu'à ce que la cour royale ait prononcé, il continuera à faire une diminution sur les prix de ses pianos droits neufs ordinaires de 30 pour 100 au dessous du cours ces instrumens, quoique réduits ainsi ne laissent rien à désirer, et sont garantis pour cinq ans. Les personnes qui auront connaissance du présent avis, sont invitées à visiter les magasins ouverts tous les jours, 23, rue Cadet, ancien manège." La Presse, 12/09/1846 (gallica.bnf.fr)

1848

"LE TRIBUNAL, en ce qui touche la demande des sieurs Bouts contre Cluesmann et Buhner (¹);

 — Attendu que la maison rue Cadet, 23, était occupée, lors de l'incendie du 8 décembre 1844, par Cluesmann, Buhner et Dard, locataires directs des sieurs Bouts; que ces derniers, propriétaires de l'immeuble, n'en occupaient aucune portion;

— Attendu qu'il est constant, en fait, que l'incendie a commencé dans l'étage supérieur du bâtiment occupé par Cluesmann et Mary, son sous-locataire, et non dans les lieux loués à Buhner et, à Dard;

— Attendu que Cluesmann ne prouve et n'allègue même pas que l'incendie soit arrivé par cas fortuit, force majeure ou vice de construction, ni qu'il ait été communiqué par une maison voisine ; que, par conséquent, Cluesmann, comme preneur, est seul responsable de l'incendie vis-à-vis de ses bailleurs; que ces derniers ne sont pas fondés dans leur demande principale contre Buhner, et que la demande en garantie de Buhner contre la compagnie de Phénix se trouve sans objet; [...]

MM. Bouts frères étaient propriétaires de l'immeuble incendié, ancien manége de la rue Cadet, n. 25, à Paris ; M. Buhner, marchand de vins en gros, occupait comme locataire tout le rez-de-chaussée dudit immeuble; M. Cluesmann, fabricant de pianos, était locataire du premier étage ; M. Mary, son sous-locataire, fabricant de cadres, avait ses ateliers également au premier étage, qui n'étaient séparés de ceux de M. Cluesmann que par une cloison en planches : M. Gabillé était propriétaire d'une maison voisine, passage des Deux-Soeurs, 18; et enfin la compagnie française le Phénix et la compagnie d'assurances générales, avaient assuré, celle le sieur Mary, celle-là toutes les autres victimes du sinistre. [...]" Annales de la science et du droit commercial et maritime : recueil mensuel de législation, de doctrine et de jurisprudence à l'usage des magistrats consulaires, des avocats, des avoués, des agréés, des négociants, des banquiers, des courtiers, des agents de change, etc, 1848, p. 404 et  Journal de l'assureur et de l'assuré, 1848, p. 278 (gallica.bnf.fr)

CLUESMAN
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pianos français 1800 - 1829


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