UNE GALANTERIE ... DE MARI.
Utile dulci.
"En fait de galanterie Croyez-nous, la moins chère est toujours la
meilleure, Nous allons le prouver tout à l'heure.
(Imité de LAFONTAINE ... par un mari).
M. et Mme de T*** font ensemble le plus charmant ménage qu'il soit possible
d'imaginer. Madame est jolie et de plus Parisienne, ce qui veut dire, comme
chacun sait, la réunion de mille et une qualités. Monsieur, quoique homme
d'argent, est homme d'esprit, chose peut-être moins rare qu'on ne le pense
généralement.
Madame accuse bien parfois Monsieur d'être trop économe, de tenir trop à
l'argent, leur position les mettant, dit-elle, au-dessus de pareilles
vétilles; et puis encore de trop suivre les sentiers battus par le vulgaire;
en un mot, d'être trop comme les autres.
Monsieur répond à Madame que ledit argent est plus difficile à gagner qu'à
dépenser ; mais que cependant il tâchera de se conformer a ses désirs, et il
n'en continue pas moins , sinon d'adorer, du moins de très-respecter le dieu
de l'époque.
Mais toutes ces choses ne sont que de légers nuages qui rendent plus beau un
ciel d'été au lever du soleil.
Et cependant la feuille de rose repliée, cette souffrance du sybarite, ne
manquait point au lit de fleurs de Madame ; au milieu de ce bonheur, un
soucis permanent était tapis, comme un tigre dans les jungles.
Elle se disait musicienne, et son rêve était de posséder un de ces pianos de
grande renommée auxquels le nom de l'ouvrier donne une valeur inestimable,
dit-on. Le sien, antique héritage de famille, était bien vieux et surtout
plus de mode.
Or, à la brillante soirée donnée, la semaine dernière, par Mme la comtesse
de F***, dans son hôtel du faubourg Saint-Germain, chacun remarquait et
admirait, Mme de T*** en particulier, un charmant piano dont la forme, d'une
élégance et d'une distinction réelles, la couleur sombre s'harmonisant avec
l'ameublement du salon, la parfaite homogénité des sons en faisaient un
véritable chef-d'œuvre.
Tous de le croire sorti des premiers ateliers de Paris, et ne pouvaient
mieux s'en assurer que ceux qui, comme M.. de T***, étaient placés près de
l'instrument tant admiré ; aussi ce dernier lut-il sur une petite estampille
dorée : ALEXANDRE BATAILLE, boulevart Saint-Martin, 37, Paris.
Il se doutait bien, le galant mari, en voyant les regards fascinés de sa
femme, qu'elle ne manquerait pas de s'extasier devant lui sur la beauté et
la bonté du piano.
A bon entendeur salut ! pensa-t-elle.
Le mari fit la sourde oreille, tout en admirant et renchérissant même sur
les mille qualités dont on s'étonnait et n'alla pas plus loin pour le
moment.
Le lendemain Mme de T*** était au coin du feu, demi-couchée sur sa chaise
longue, plongée dans une douce rêverie où reparaissait sa chimère favorite
sous la forme d'un piano entrevu la veille, et croyant encore entendre les
sons si harmonieux qui lui avaient fait tant envie.
Mais non, ce n'est point un rêve. ce sont eux, ce sont les mêmes accords.
les mêmes prodiges d'acoustique.
Une musique délicieuse s'échappait du salon. Elle accourt, c'est bien lui,
ou du moins son frère ; même forme, même élégance, un cahier de musique
cache le nom du facteur.
Et ce fut mille remerciements, mille joies, mille tendresses. Oh ! elle
aimait bien son mari, avoir, pour lui faire plaisir, dépensé tant de ce vil
argent, car il est si beau et si bon qu'il a dû coûter plusieurs billets de
mille francs.
Il doit sortir au moins de chez Erard ou de chez Pleyel.
-Tu vois bien, lui dit M. de T*** avec une ironie imperceptible, je t'obéis,
je fais comme toi la guerre aux préjugés; je ne veux plus suivre la route
battue ainsi que tu m'accusais, et voici ma première conquête, ma première
victoire, ajouta-t-il en découvrant l'adresse ; regarde, ce n'est ni Érard,
ni tel autre de grand renom.
Ce piano, comme lui de Mme la comtesse de L***, vient de chez Alexandre
Bataille, après avoir vu et entendu celui de la comtesse, je ne pouvais
mieux fixer mon choix; où aurais-je trouvé mieux ? cela m'était impossible.
J'ai donc été visiter les magasins de M. Bataille, 37, boulevart Saint-Martin.
Te dire, ma chère amie, l'élégance, le bon goût de cette maison cela est
difficile. Embarrassé par le choix des pianos, car M. Bataille en a au moins
cinquante dans ses magasins, je ne savais lequel choisir.
Enfin, je me suis décidé pour celui-ci qui me coûte bien moins cher et qui,
j'ose le dire, est aussi beau et aussi bon que celui d'une maison dont je
n'ai pas eu le grand nom à escompter; un nom trop connu vaut toujours trop
cher, il n'y a que l'acheteur qui n'y trouve pas son compte c'est là le
préjugé que j'ai voulu vaincre.
Madame, d'abord surprise, mais trop femme pour en convenir, reconnut bientôt
les excellentes qualités du piano de la maison Alexandre Bataille et ne sut
pas plus mauvais gré à son mari d'avoir su joindre l'utile à l'agréable. Le
Directeur: TH. LABOURIEU."
L'Art du XIXe siècle : revue mensuelle : Beaux-arts
appliqués à l'industrie, romans, chroniques, 1858, p. 39
(gallica.bnf.fr)
Piano-billard
"Le piano-billard manquait à la grande famille des pianos. M. Alexandre
Bataille vient de combler cette lacune importante.
« Le piano-billard,
dit l'inventeur breveté, est un joli meuble fort bien construit,
parfaitement dressé, conséquemment très-juste, de forme élégante et moderne
; il est surtout à remarquer qu'il ne laisse d'abord aucunement deviner
l'instrument musical qu'il contient.
C'est au moyen d'un mécanisme, aussi
simple que facile, un mouvement de retraite de la table du billard, qu'il se
transforme en un bon et élégant piano à queue, dont les qualités harmoniques
ne laissent rien à désirer.
A la ville et à la campagne surtout, que de
soirées ou de jours de mauvais temps dérobés à l'ennui par l'attrait d'une
partie de billard ou par les charmes de la musique ! On chercherait
vainement à réunir un quatuor.
Le piano-billard est là, c'est le point de
ralliement ; deux ou trois fois exercée, une partition de Gluck, de
Cimarosa, de Mozart ou de Rossini, voilà tout de suite un concert des plus
délicieux. De plus, grâce au piano-billard, les dames, désormais, pourront
en toute sécurité faire la partie avec leurs amies ou en famille, et se
donner ainsi un exercice salutaire à la santé, puis à leur gré convertir
instantanément le jeu de billard en quadrilles, valses, rédowas ou en études
musicales. »
— Nota. Tous les jours poule et audition du piano-billard,
qui a l'à-propos d'être à queue."
Le Ménestrel, 17/06/1860, p. 231 (gallica.bnf.fr)
SOIRÉE CHEZ M. A. BATAILLE LE PIAN0-BILLARD
-
"Un
de nos plus habiles facteurs, M. Alexandre Bataille, avait réuni, la semaine
dernière, dans ses vastes salons du boulevard Saint-Martin, plusieurs
écrivains de la presse musicale et un grand nombre d'amateurs choisis dans
la plus brillante société de Paris.
L'objet de cette soirée, vraiment artistique, était de soumettre à un
auditoire d'élite le premier modèle d'un piano-billard, dû a l'esprit
inventif et chercheur de M. Alexandre Bataille.
Au moment où les premiers rayons du soleil font songer aux préparatifs de la
villégiature, une telle soirée avait tout l'attrait de l'actualité.
Le piano-billard, en effet, est à la fois un instrument et un meuble de
campagne.
Le billard est bien construit, très-juste, de forme élégante et moderne il ne
laisse aucunement deviner l'instrument musical qu'il contient.
C'est, a dit un juge compétent, au moyen d'un mécanisme aussi simple
qu'heureusement imaginé, un mouvement de retraite de la table, qu'il se
transforme en un excellent piano à queue, dont les qualités harmoniques ne
laissent rien à désirer.
Les avantages de la réunion du billard au piano peuvent ainsi se résumer le
prix des deux instruments accouplés n'est pas plus élevé que celui d'un
piano à queue ordinaire; par ce système, on gagne l'emplacement d'un meuble,
ce qui doit être considéré comme un avantage précieux à une époque où nos
appartements son chaque jour plus exigus.»
Ajoutons que, pour les dames, le piano-billard est à la fois un élément
d'étude et le distraction; elles pourront désormais faire leur partie de
billard en famille, puis convertir le jeu en études musicales.
L'audition du piano-billard de M. A. Bataille a été couronnée d'un plein
succès. Mme Bataille, qui est une pianiste de première force et qui écrit de
charmantes choses, a exécuté, sur le nouvel instrument de son mari,
plusieurs de ses compositions. Les vives félicitations de toutes les
personnes qui ont pu arriver jusqu'il elle, ont dû lui prouver qu'elle avait
fait à tous un très-grand plaisir. Escudier."
La France musicale, 01/01/1860, p. 218
(gallica.bnf.fr)
LE PIANO-MÉDECIN
"A
vous, mes lecteurs, qui connaissez les admirables pianos d'Alexandre
Bataille, je vais conter une de ces histoires qu'il ne m'a pas permis
d'écrire, mais que, sans autorisation, ie vous dénonce ; car, étant
conteur, (tant pis pour qui son fâchera!) je conte.
Mademoiselle de G... n'avait pns encore quinze ans lorsqu'elle perdit sa
mère. Nous n'avons pas besoin de vous tracer le tableau de ses
angoisses.
Il est des chagrins trop profonds
pour être décrits, des douleurs qu'il faut avoir senties une fois pour
les comprendre.
A quinze ans, être privé de sa
mère, c'est le vide dans le cœur, c'est la tristesse, c'est l'isolement.
Que vous fait le reste du monde ? ... Vous n'avez plus votre mère! Qui
pourrait la remplacer auprès de vous, vous aimer comme elle, vous
entourer de ses bras et partager comme elle vos joies et ves
chagrins?...
A quinze ans, on doit aimer la vie,
mais on l'aime avec sa mère. Alors on laisse le bonheur arriver chaque
jour, car on a sans cesse a ses côtés un bon ange qui veille et vous
dit: Sois heureuse!
C'est ainsi que vivait mademoiselle de G..., lorsqu'un accident affreux
vint frapper sa famille.
Sa mère fut tuée par un éboulement,
danï une carrière qu'elle était allée visiter ; c'est sous les yeux de
la pauvre jeune fille, qui faillit être aussi victime, qu'arriva cet
épouvantable événement.
Pendant un mois, mademoiselle de G... donna les plus sérieuses
inquiétudes pour sa raison.
Quand elle revint à elle-mème,
quand elle se retraça la scène terrible qui la rendait orpheline, un
profond découragement s'empara de son Ame; elle n'eut plus confiance en
l'avenir, ne versa pas une larme, mais elle sentit le vide affreux qui
vous serre le cœur et qui vous mine lentement.
Le docteur H..., qui lui donnait des soins assidus, se sfotak désespéré
de son côté; il disait souvent à ceux qui lui parlaient de sa jeune
malade : Que voulez-vous? j'ai tout épuisé; cette enfant ne peut pas
vivre. Cependant, et pour l'acquit de sa conscience, il continuait ses
visites.
Un jour qu'il sortait de chez M. de G..., et qu'il avait à peine obtenu
quelques mots de la jeune fille, il se promenait tout pensif et longeait
le boulevard Saint-Martin,
Quand, arrivé près de ln maison n°37, il entendit les sons d'un piano
qui le tirent sortir de sa rêverie. Il est vrai de dire que c'était un
harmonieux instrument, dont les sons parvenaient purs et sonores aux
passants arrêtés sous les fenêtres.
Chaque note vibrait au cœur,
faisait éprouver une douce émotion.
— Parbleu ! dit le docteur, je me suis assez chagriné ce matin, j'ai
quelques minutes à moi... c'est madame Bataille qui sans doute essaye un
des pianos de son mari... jo vais, sans façon, monter lui demander à
déjeuner; cela me fera passer mes idées noires.
Il est bon de vous dire que le docteur B... est intime avec M. Bataille,
et que notre célèbre facteur d'instruments professe une vénération pour
les boutades de son ami.
Le docteur entre donc... Inutile de dire comment on le reçut. On se mit
à table, et la conversation tomba naturellement sur la jeune fille qui
faisait l'objet des craintes du médecin, et qui, depuis quelque temps,
était cause de sa morosité, lui d'ordinaire joyeux convive, franc et.
loyal garçon.
— Je n'ordonne plus rien à mademoiselle de G..., disait il, je suis au
bout de mon rouleau.
C'est au cœur qu'est le mal, et
l'art est impuissant là où le chagrin est immense.
Ce qui m'afflige en elle, c'est
cette résignation -calme et froide qui fait croire à l'absence de tout
sentiment humain. Parlez-lui de sa mère, et vous la verrez deux ou trois
fois lever les yeux au ciel, puis les baisser lentement et retomber dans
sa mélancolie sans vous dire un mot, sans verser une larme.
Si cette enfant pleurait, elle
serait sauvée; mais nous avons ou beau faire, la source des larmes est
tarie chez elle ; c'est une vie qui s'éteint.
— Tenez, ne parlons plus de cela.
Voilà le déjeuner fini, je vais prier madame Bataille de se mettre au
premier piano venu et de me jouer quelque chose.
C'est en l'écoutant de la rue que
j'ai pensé à monter chez vous; voilà une heure que je vous ennuie de mes
peines, vous me devez un dédommagement.
Les deux amis prirent des sièges ; le docteur croisa les jambes devant
le foyer, et, tout en humectant de temps en temps ses lèvres dans sa
tasse de café, il écouta religieusement madame Bataille, qui joua
d'inspiration une de ces suaves mélodies qu'on voudrait pouvoir écrire,
afin de les pouvoir entendre une deuxième fois.
L'instrument sembla d'abord trembler de tous ses membres sous la main
habile qui dirigeait ses sons; sa bruyante harmonie faisait vibrer les
fenêtres; puis elle céda lentement, et fit place à deux ou trois phrases
si mélodieuses, que l'hme était recueillie en les écoutant.
— Je l'ai trouvé!... s'écria le docteur en bondissant sur sa chaise.
Madame Bataille eut presque peur, et son mari, qui ne savait quoi
penser, dit à M. B... : — Ah çà! es-tu fou ? Vois ce que tu viens de
faire... Le malheureux avait, avec son coude, renversé sa tasse, dont le
contenu glissait sur son pantalon.
— Ah bah ! dit-il, c'est égal,
c'est un petit malheur. Mon ami, combien ton piano ?
— Celui-là est de 750 francs; il
n'est plus à vendre, mais il m'est facile le t'en donner un pareil.
— Du tout, je veux celui-là et tout
de suite. Ecoute, c'est un service d'ami que je te demande; ne me refuse
pas, et fais-le porter à l'instant à cette adresse.
Puis, pendant qu'il écrivait à la
hâte, il disait à madame Bataille :
— Vous, ma chère amie, vous allez
venir avec moi tout de suite.
— Pourquoi faire, et où voulez-vous
que j'aille, je ne suis pas même habillée ?
Et le docteur, en se promenant à
travers les pianos, répondait :
— Je suis certain de l'avoir
trouvé... Allons, dépêchons nous! Qu'est-ce qui vous manque, une
crinoline?
Cependant, ça devrait déjà être
bien gentil comme vous voilà ... Enfin, n'importe ! mettez-la et n'en
parlons plus; mais, pour l'amour de Dieu, dépêchez-vous, ou, ce qui
revient au même, pour l'amour d'une pauvre en font, par pitié pour son
père, par amitié pour moi, venez ...
— Tenez, docteur, vous le voyez, je mets un chapeau, un châle et je vous
suis.
M. Bataille avait fait avancer quatre hommes, la voiture attendait dans
la cour, et, sans perdre le temps de le mettre dans sa caisse,
l'instrument partit au grand trot, escorté par son habile constructeur.
Madame Bataille et le docteur, pour aller plus vite, suivaient dans une
voiture de remise, et, à peine s'était-il écoulé une heure, que le piano
était placé dans une salle attenant à la chambre de mademoiselle de G
...
Le docteur fit d'abord fermer la porte, afin que les sons parvinssent
confus à l'oreille de la malade ; puis il fit asseoir madame Bataille et
lui dicta lui-même ses impressions.
— Allons doucement, disait-il; ef la mélodie se taisait sous une suite
de suaves pensées ... Un peu plus fort, s'il vous plaît; et quelques
notes graves venaient se mêler au chant harmonieux...
Plus fort encore; alors commença un
roulement de phrases sévères, un bourdonnement éloigné d'abord, mais
qui, semblable au tonnerre qui gronde dans le lointain, se rapproche,
fend la nue en éclatant avec fracas.
— Doucement, maintenant, je vous prie, balbutia le docteur, dont la voix
trahissait l'émotion; doucement, bien doucement, madame!... Alors la
voix de l'instrument semblait partir du ciel.
L'exécutante était inspirée par sa
bonne action, car sa pensée tout entière se reflétait dans un admirable
adagio dont les sons inspiraient à la fois le recueillement et la
prière.
Le docteur avait entr'ouvert la porte. Mademoiselle de G... Tenait de
joindre lentement ses deux mains amaigries sur sa poitrine oppressée ...
On l'entendait prier avec ferveur, et de grosses larmes roulaient dans
ses yeux ...
Et chacun de nous pleurait en regardant cë jeune médecin qui ne pouvait
plus nous parler, mais dont le geste nous disait : — Klle est sauvée!
Enfin l'instrument cessa. M. ds 6... s'approcha de sa fille, et, pour la
première fois depuis la mort de sa mère, elle lui tendit les bras...
Arrêtons-nous maintenant; notre rôle de conteur est terminé. Disons
seulement que le docteur n'a pas eu son piano, car il est resté chez la
convalescente, qui l'a acheté elle-même et qui dit a qui veut l'entendre
— : Mon beau piano, c'est la voix de ma mère !...
Quant à M. Bataille, il prépare, à grand renfort d'habiles ouvriers, une
quantité de remèdes semblables. Espérant que tous les médecins lui
enverront souvent et beaucoup de pareilles ordonnances. Madame
Quatremère."
Almanach du voleur illustré: 1862, p.
33-34 - et -
La Dame blanche : moniteur du commerce et de
l'industrie, 05/1863, p. 3 (gallica.bnf.fr)
'Piano orchestre', 1862
"Le
siècle de Voltaire mettait de l'esprit dans l'amour; notre siècle, qui
est le siècle de la vapeur, met de l'esprit dans la mécanique. Nous
avons entendu le piano-orchestre de M. Alexandre Bataille, le facteur
fantaisiste qui a inventé le piano-billard.
Quatre claviers superposés, des
registres â tirer, des pédales à presser, voilà le piano-orchestre.
On joue des pieds et des mains - et
des genoux. C'est M. Georges Lamothe qui exécute, avec la vigueur de ses
vingt ans, cette gymnastique de l'harmonie, ce steeple-chase de la
musique.
Dans l'orchestre dirigé par M.
Bataille, le tambour fait trop entendre sa grosse voix; mais le temps,
un grand mécanicien qui perfectionne toutes les inventions,
perfectionnera celle-là.
Tel qu'il est, le nouveau piano est
une curiosité pour les musiciens. Moi, profane, je désire l'invention
d'un piano-orc/teslre-billardzjy ferai ma partie - de billard, tandis
que M. Lamothe jouera à grand orchestre un opéra de Meyerbeer ou de
Verdi."
L'Artiste: journal de la littérature et des
beaux-arts, 1862, p. 46
Alexandre Bataille Schalkenbach 1862 avec le
Piano-orchestre
VIE DES FACTEURS ILLUSTRES par PLUTAUQUE MAIGNAUD
"M.
Alexandre Bataille s'est posé depuis quelque temps en facteur de pianos
illustre à la quatrième page des journaux à grand orchestre.
Cette illustration réclamait un Plutarque.
Et M. H. Maignaud, qui ne demandait pas mieux que de prendre la suite
des affaires de Plutarque, a entrepris la vie de ce facteur illustre.
Je l'ai lue tout au long cette narration de H. Maignaud, et j'en ris
encore à me tordre les côtes.
Que voulez-vous, j'aime à rire !
H. Maignaud, qui n'y va pas de main morte, a pris l'illustre facteur
Alexandre Bataille a son berceau, comme s'il s'agissait de Louis XIV ou
de Franklin, et il a initié le public aux difficultés, aux entraves que
M. Alexandre Bataille a dû enjamber au début de sa Carrière;
C'est sensible comme tout.
Que voulez-vous, j'aime à pleurer, quand à l'occasion s'en présente !
H. Maignaud qui apporte dans ses amères critiques tout le fiel d'un
Jules Janin en sabots; a néanmoins du bon; il pousse jusqu'à s0s
dernières limites l'amour de la famille, etil sait allier le grave; au
doux, le plaisant au sévère, quand il vient nous dire; - à propos des
pianos-orchestre de M- Alexandre Bataille, que sa femme donnait des
leçons de musiqueà deux francs le cachet, — et quelque-fois moins
encore, « il faut des époux assortis... »
La réclame en partie de H. Maignaud n'a qu'un but, c'est de prouver que
les pianos-orchestre: de M. Alexandre Bataille ne laissent rien à
désirer.
Ce n'est pas notre avis. Les serinettes dé M. Alexandre Bataille ne
résument ni un orchestrent un piano. Nous convenons que c'est une
difficulté vaincue; mais nous aurions préféré que la difficulté eût le
dessous.
Et nous préférons aux pianos-orchestre de M- Alexandre Bataille, l'homme
qui joue de sept instruments à la fois, à commencer par la flûte de Pan
et à finir par le triangle.
Voilà le véritable inventeur des pianos-orchestre.
Loisel, le propriétaire du grand Café du XIX« siècle, a essayé du
piano-orchestre de M. Alexandre Bataille ; mais son goût musical et son
amour de l'Africaine — de Meyerbeer, — l'ont porté à remplacer cet
instrument par un orchestre véritable.
M. Alexandre Bataille aura beau dire et beau faire, faire imprimer et
faire chanter sur tous les tons à 2 francs le cachet et moins, il ne
persuadera jamais aux hommes dégoût que le piano-orchestre est le
dernier mot dé l'art instrumentiste. Mercier."
Le Tintamarre : critique de la réclame, satire des
puffiste : journal d'industrie, de littérature, de musique, de modes et
de théâtres, 30/08/1863, p. 6 (gallica.bnf.fr)
"La facture des instruments de musique nous a
aussi fourni l'occasion d'apprécier une nouveauté très intéressante: le
piano-billard; c'est-à-dire les deux instruments accouplés, n'occupant
que l'emplacement d'un billard simple, et dissimulant entièrement le
piano jusqu'au moment où l'on veut convertir le jeu de billard en étude
musicale.
Cette invention est due à M.
Alexandre Bataille, l'un de nos plus intelligents facteurs d'orgues et
de pianos."
Annuaire de... / Association des inventeurs et
artistes industriels, 1864, p. 17 (gallica.bnf.fr)
BATAILLE
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Pianos
français B
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