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Facteurs de pianos en France
Clavecins en peau de buffle
"Nous croyons faire plaisir au Public en rapportant ici une lettre de M. Trouflaut, Chanoine de l’Eglise de Nevers, sur les Clavecins en peau de buffle, inventés par M. Paschal. M. Trouflaut est un très grand musicien, organiste de son église, & l’un des plus habiles Théoriciens de ce siècle. Sa lettre est adressée à Messieurs les Auteurs du Journal de Musique, & a été insérée au n°5 de l’année 1773, de ce Journal.
A Nevers, le 20 décembre 1773. Cet Instrument, très simple dans son origine, & composé d’abord d’un seul clavier, ainsi que nos Epinettes, conserva pendant plusieurs siècles à peu près la même simplicité. On imagina ensuite de doubler les sautereaux de chaque touche, pour varier un peu les sons. C’est à cette époque que le premier germe du goût se développa en faveur de notre Instrument. Les Facteurs imaginèrent ensuite de placer deux claviers, dont le supérieur faisait parler un seul rang de sautereaux, & l’inférieur les faisait jouer tous les deux. Par ce moyen on opérait le fort et le doux : mais ce fort et ce doux étaient toujours les mêmes, & il n’y avait point de gradation de l’un à l’autre. On inventa dans la suite
mille autres moyens d’amplifier, de décorer, d’améliorer les Clavecins ; mais
jamais on ne toucha au but qu’on aurait dû se proposer, de graduer les sons
comme la nature et le goût l’inspirent à une oreille délicate & à une âme
sensible. Ce fut en 1768 qu’il obtint la répétition de ses expériences le succès qu’il en espérait. Parmi les trois rangs de sautereaux ordinaires aux Clavecins, il en choisit un, dans lequel il substitua aux plumes de corbeau, des morceaux de peau de buffle, qu’il introduisit dans les languettes, de la même manière à peu près que les plumes. De l’effet de cette peau sur la corde de l’instrument, il résulte des sons veloutés et délicieux ; on enfle ces sons à volonté, en appuyant plus ou moins fort sur le clavier ; par ce moyen on obtient des sons nourris, moelleux, suaves, ou plutôt voluptueux, pour l’oreille la plus épicurienne. Désire-t-on des sons passionnés, tendres, mourants ? Le buffle
obéit à l’impression du doigt ; il ne pince plus, mais il caresse la corde ; le
tact enfin, le tact seul du Claveciniste suffit pour opérer alternativement, &
sans changer ni de clavier ni de registres, ces vicissitudes charmantes. Pour cela, il a imaginé des baguettes de fer qui percent perpendiculairement le sommier du Clavecin, du haut en bas ; le bout supérieur fait mouvoir les registres emplumés ; le bout inférieur vient se terminer un peu au-dessus des genoux du Claveciniste. Par cet ingénieux et simple mécanisme, on peut, avec le plus léger mouvement des genoux, faire parler tel ou tel jeu de plumes, séparément ou ensemble ; ou le jeu de buffles seul, ou tous les jeux du Clavecin réunis : de sorte que si l’on veut imiter l’effet d’un grand chœur, d’un écho & toutes les nuances dont la Musique moderne est susceptible, on y réussit au-delà de ses désirs, sans déplacer la main du clavier. Quelle prodigieuse variété dans un instrument auparavant si ingrat ! La magie des sons qu’il fait entendre aujourd’hui, captive bientôt l’attention de l’auditeur, intéresse son cœur, l’enchante, le ravit. Vous êtes à même de vérifier le détail que je place sous vos yeux. Le plaisir que vous goûterez en entendant ce Clavecin enchanteur, vous en fera bientôt éprouver un autre non moins délicieux pour les âmes bien nées, celui de la reconnaissance. Depuis 1768 notre Artiste a su ajouter à sa propre découverte. C’est en combinant les effets du tact, des claviers et des buffles, qu’il s’est aperçu qu’on pouvait, & conserver la même égalité de tact, & cependant enfler ou diminuer les sons à son gré. En conséquence il a su placer sous le pied du Claveciniste un tirant qui fait mouvoir imperceptiblement le jeu des buffles, ainsi que le jeu de plumes. Ce tirant recevant du pied une pression plus ou moins légère, enfle ou diminue les sons plus ou moins. On parvient aisément alors à faire sentir toutes les variations possibles dans l’exécution, & l’on fait succéder à son gré des sons faibles ou forts, tendresse ou éclatants ; ce qui produit la surprise la plus flatteuse. Depuis les
tailles, jusqu’à l’extrémité des basses, les Clavecins en peau de
buffle imitent parfaitement le son des basses du prestant de l’orgue,
& depuis les tailles jusqu’à l’extrémité des dessus, ceux de la
flûte traversière. J’ose ajouter, avec confiance, que le Clavecin à buffles est très supérieur aux Piano-Forté. Quelqu’ingénieux que soient ces derniers, ils ne laissent pas d’avoir des défauts essentiels. Placés chez le vendeur, ils ont de quoi plaire et séduire : mais si l’on porte un coup d’œil attentif sur l’intérieur de leur construction, leur complication effraie à l’instant. Si les dessus en sont charmants, les basses dures, sourdes et fausses semblent donner la consomption à nos oreilles françaises ; défaut jusqu’à présent irrémédiable, si l’on ne pratique à ces sortes de Clavecins un jeu de flûtes, tel que j’en ai vus à Paris, chez un amateur, pour améliorer les basses et renforcer les dessus ; conséquemment double mécanisme, double dépense, double servitude pour entretenir l’accord de l’un & de l’autre. De plus & c’est ce qui est le plus essentiel, on ne peut adapter le mécanisme des Piano-Forte de Londres à nos Clavecins Français, la forme et la disposition de ces derniers n’ayant jamais pu s’y prêter, quelqu’intelligents que pussent être les Facteurs. Ces Clavecins enfin, quelque peu qu’ils se dérangent, soit par le
transport, soit par l’intempérie de l’air, où personne n’est en état
de les entretenir comme il faut. Je passe sous silence leur
excessive cherté. Le mécanisme appliqué, on tire encore parti des registres emplumés ; on peut en lutter les sons & avoir par là toujours du nouveau, toujours de l’agréable. Cette découverte devient sans doute l’époque de la résurrection des Ruckers, des Geronimi, des Marius, &c. De plus, les Clavecins de M. Paschal, lorsqu’ils parviennent en Province, n’ont rien à redouter de la maladresse de ceux qui se chargent de les maintenir en bon état. Pour peu qu’on examine le sautereau, sa mortaise, le buffle ; qu’on veuille comparer les touches qui vont mal avec celles qui vont bien, rien n’est plus facile & plus amusant que d’y porter un secours aussi prompt qu’efficace. Un canif, des ciseaux, un morceau de buffle, voilà tout l’attirail qui convient. La modicité du prix que M. Paschal attache à son mécanisme, prouve bien qu’il ambitionne plus l’avantage d’être utile que celui de s’enrichir. Il faut encore
remarquer que les buffles, placés aux sautereaux de l’Epinette,
offrent autant d’agrément qu’au Clavecin, à cela près qu’il est
impossible de produire autant de variété avec un seul registre. Dans : [Dans le chapitre XVI, description des différents instruments, le basson, le clavecin, l’épinette et puis...] Essai sur la musique ancienne et moderne. T1, par J.-B. de La Borde, 1780, p. 346-350
Découvertes concernant la Musique faites ou
publiées en
1774 "Nous plaçons ces Clavecins à la tête des découvertes de l’année, parce que cette invention heureuse n’a été annoncée au Public, avec quelque détail, que par une Lettre de M. l’Abbé Trouflaut, inséré dans le N°5 du Journal de Musique au mois de Juillet dernier. C’est à M. Pascal-Taskin, Facteur de Clavecin de la Cour & Garde des Instruments de musique de la Chambre du Roi que cette découverte est due. Cet Artiste estimable travaillait en 1768 à faire un Clavecin pour M. Hébert, Trésorier des Menus Plaisirs, qui lui avait demandé s’il n’y avait aucun moyen de corriger la sécheresse & la monotonie qu’on avait toujours reprochés à cet instrument. Dans cette vue, M. Pascal essayait de substituer aux plumes tous les autres corps qui lui venaient dans l’esprit ; il trouve sous sa main un morceau de peau de buffle, il met un morceau de cette peau à un sautereau, & cela produit le son le plus enchanteur. Le célèbre M. Couperin vient chez lui le même jour, & il est surpris de ce son moelleux & flûté. Telle a été à l’origine d’une découverte à laquelle tous les connoisseurs ont applaudi, & dont les principaux Facteurs de Paris & des provinces ne tarderont pas à profiter.
Ce jeu de buffle produit des sons plus doux ou plus forts & se fait
entendre avec les jeux de plume ou séparément, au gré du Claveciniste.
M. Pascal a inventé pour cela un mécanisme simple et ingénieux, & pour
ajouter ce jeu au Clavecin sans lui rien faire perdre, il en forme
ordinairement un quatrième rang de sautereaux, en laissant les trois
autres rangs garnis de plumes.
(M. Pascal demeure rue de la Verrerie, vis-à-vis la petite porte St
Médéric.)"
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Clavecins en Peau De Buffle. "Nous plaçons ces Clavecins à la tête des découvertes de l'année, parce que cette invention heureuse n'a été annoncée au Public, avec quelque détail, que par une Lettre de M. l'Abbé Trouflaut, inséré dans le N°5 du Journal de Musique au mois de Juillet dernier. C'est il M. Pascal-Taskin, Facteur de Clavecin de la Cour & Garde des Instrumens de musique de la Chambre du Roi, que cette découverte est due. Cet Artiste estimable travaillait en 1768 à faire un Clavecin pour M. Hébert, Trésorier dest Menus Plaisirs, qui lui avoit demandé s'il n'y avoit aucun moyen de corriger la secheresse & la monotonie qu'on avait toujours reprochés à cet instrument. Dans cette vue, M. Pascal essayait de substituer aux plumes tous les autres corps qui lui venaient dans l'esprit ; il trouve sous fa main un morceau de peau de buffle, il met un morceau de cette peau à un sautereau, & cela produit le son le plus enchanteur. Le célèbre M. Couperin vient chez lui le même jour, & il est surpris de ce son moelleux & flûté. Telle a été l'origine d'une découvette à laquelle tous les connaisseurs ont applaudi, & dont les principaux Facteurs de Paris & des provinces ne tarderont pas à profiter. Ce jeu de buffle produit des sons plus doux ou plus sorts & se fait entendre avec les jeux de plume ou séparement, au gré du Claveciniste. M. Pascal a inventé pour cela un mécanisme simple & ingénieux, & pour ajouter ce jeu au Clavecin sans lui rien faire perdre, il en forme ordinairement un quatrieme rang de sautereaux, en laissant les trois autres rangs garnis de plumes." Almanach Musical, Volumes 1-2, 1775, p. 34-35
"[...] Que le célèbre Grétry, dont la Musique tendre, mélodieuse & expressive sait les charmes du Théâtre Italien, est natif de Liège. Que le Sr. Pascal TASKIN, très-habile & très-industrieux Facteur de clavecins, est de Theux, près de Spa (a). Ces Artistes distingués sont accueillis au milieu de Paris, où on ignore leur Patrie; & leurs talens sont honorés par toute l'Europe. Les récompenses sont, dans les grandes villes, une amorce qui y attire la plupart des Liégeois, dont le génie est sait pour prendre un vol plus haut, que dans ce petit Pays. Aussi les voit-on remporter, à Rome & ailleurs, les prix des beaux Arts & des Sciences, autant à proportion que ceux d'autres Nations. (a) Mr. Pascal TASKIN, Garde des Instrumens de Musique & Facteur des Clavecins de la Cour du Roi de France, est l'inventeur des Clavecins à peau de buffle, dont il a ajouté un rang de sautereaux aux trois rangs ordinaires de ceux garnis de plumes de corbeau; d'où résultent les sons les plus mélodieux. Ses Clavecins ont d'ailleurs une grande supériorité, par un secret qu'il possède en propre & qui ne paroît que par l'excellence des sons. " Les Amusemens De Spa: En Deux Volumes, Volume 1, Jean P. de Limbourg, 1782, p. 158
"48. Le Clavecin de M. Paschal Taskin : le charme de cet instrument a été heureusement secondé par l'habileté de MM. Couprin fils & Maréchal, dont les talens deviennent de jour en jour plus dignes de l'admiration des connaisseurs & qui se sont prêtés avec une complaisance infinie à l'empressement de l'assemblée à les entendre." Nouvelles de la république des lettres et des arts, 09/01/1782, p. 15
Clavecin composé par M. Paschal TASKIN. "Cet Artiste a chargé la facture d'un des trois rangs de sautereaux de plumes de corbeaux, d'un rang de sautereaux, auxquels il a attaché de petits morceaux de peau de buffle, qui, en montant ou en descendant, frappent les cordes, & en tirent des sons plus doux, plus veloutés, plus moelleux. Le tact, plus ou moins appuyé du Claveciniste sur les touches ou marches du clavecin, donne à chaque son un essor plus ou moins nourri, plus ou moins exalté. Pour augmenter la variété de l'expression, M. TASKIN a imaginé de faire traverser son clavecin de haut en bas par des baguettes de fer, dont l'extrémité supérieure fait mouvoir des registres emplumés. Le Claveciniste opère cet effet, en pressant avec le genou le bout inférieur de ces baguettes. Ce méchanisme ingénieux n'oblige pas le Claveciniste à interrompre son jeu, à déplacer fa main du clavier; il rend avec tout l'esprit dont il est capable, toutes les finesses dont l'expression musicale est susceptible. M. TASKIN ne s'est pas borné à ce changement, pour rendre le jeu du clavecin plus net & plus varié; il a placé, sous les pieds du Claveciniste, une espèce de pédale ou de tirant, qui fait mouvoir à volonté le jeu de sautereaux de buffle, ou celui de sautereaux de plumes. Plus la pression du pied sur le tirant est forte, plus elle enfle les sons. A l'aide de cette méchanique, le Claveciniste peut leur donner, dans la même proportion, effet du ressort qu'il fait agir du pied; la force avec laquelle il le met en mouvement, l'anime & le vivifie." Almanach musicale pour l'année 1782, p. 50-52 (1430-2)(archive.org) & Almanach musical, Volumes 7-8, 1783, p. 50-52
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"Taskin neveu présente, en 1787, un mémoire de 5,386 liv. « pour fournitures et divers déplacements de pianos portés chez Mme la duchesse de Polignac, pour divers concerts »." Le livre des collectionneurs, Alph. Maze-Sencier, 1885, p. 383
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Supplément à l'article «Clavecin & Forté-piano» (Art du faiseur d'instruments de musique, Tome IV de ce dictionnaire) Forté-Piano en forme de Clavecin."
"Voici
le rapport que MM. les Commissaires de l'académie des sciences ont
fait de cette invention, le 13 décembre 1788.
Pour peu qu'on ait
monté des cordes, ou accordé cet instrument, on a éprouvé combien il
est embarrassant d'enrouler les cordes sur ces chevilles, & on a dû
s'apercevoir combien il faut d'usage & de tâtonnement pour modifier
& proportionner la force qu'on emploie au plus ou moins de
résistance qu'opposent les chevilles, presque toujours trop dures
dans les instrumens nouveaux, et souvent si lâches dans les vieux
qu'elles ne tiennent plus que difficilement au point désiré. Enfin
les cordes cassent fréquemment dans ses courbures qu'on leur donne
en les roulant. Dans celui de M. Pascal, elles répondent a un égal nombre de portions de cordes; mais il n'y en a effectivement que soixante-deux, ployées chacune en deux du côté du sommier, où elles passent & glissent dans un étrier ou bride, comme elles seraient sur une poulie : ainsi il y a autant d'étriers que de touches. Ces brides sont faites en fil de laiton, dont le diamètre est d'une ligne & demie environ, elles sont écrouées, courbées, & polies avec soin. Cette nouvelle méthode, qui, par des crochets en un sens contraire de l'usage des chevilles, c'est-à-dire, dans sa largeur & non dans son épaisseur, la partie où passe la corde forme une boucle dont l'anneau se tient verticalement, & le trouve en dedans, du côté de la table, tandis que la queue, garnie, d'une vis de rappel, va sortir de l'autre côté du sommier qui regarde le clavier, & reçoit un écrou, au moyen duquel la bride avance vers la table, ou s'en éloigne.
Cette partie du
sommier est recouverte par une planche verticale, qui descend vers
les touches, & s'incline un peu en dedans.
Ces deux branches
forment l'unisson parfait, parce que leur longueur est égale, & que
les pointes d'attache & celles qui terminent en deçà sur le
chevalet, les portions vibrantes de la corde, sont de même
parallèles entre elles & la verge du chevalet; ainsi, l'étrier
venant à agir, l'effort se fait en même temps & également sur les
deux branches de la corde tendue, d'une manière parfaitement
semblable. L'usage de ces clapettes est de donner au musicien plus de moyens pour modérer à son gré l'effet de la percussion. Les attaches de ces clappettes sont composées d'une substance très flexible, & capable d'une longue résistance. Au-dessus de ces clappettes, sont de petites vis qui, serrées ou lâchées, laissent plus ou moins de jeu, & règlent, ainsi la force avec laquelle elles frappent les pilotes des marteaux; de manière que, par leur moyen, on corrige l'inégalité que l'humidité ou la sécheresse donné au jeu des marteaux. Les marteaux de l'instrument de M. Taskin sont disposés de matière que leur queue tient à la table par le moyen d'une règle qui y est fixée. Ces marteaux se trouvent suspendus sous la corde, à l'aide de l'étouffoir qui porte sur celle-ci. Les marteaux & les étouffoirs se meuvent par un seul levier; ceux-ci sont très-simples : ils sont composés d'un morceau de buffle, fixé à un bout de fil de fer qui se visse, par le bas, dans le marteau, même au tiers à-peu-près de la longueur de son levier, en partant du centre du mouvement.
Par ce mécanisme, l'auteur supprime neuf frottemens à chaque touche
de son clavier, en tout cinq cents cinquante-huit. L'étouffoir de l'instrument
de M. Taskin s'élève & s'abaisse à volonté, ainsi que ceux des piano, par un
registre qui, se plaçant tous les marteaux, les supporte un peu plus haut que le
point de leur chute ordinaire, & les tient en l'air.
Il a cherché à saisir sur chaque longueur de corde le maximum dont
il s'agit, & à y faire correspondre le point de percussion du marteau de manière
que les points où les marteaux frappent les différentes cordes pour les faire
vibrer, ne sont pas à la même distance du chevalet.
Cet étouffement général rend muettes toutes les cordes, & éteint
l'éclat du son de celles qui sont frappées. Celle de ces règles qui forme l'étouffement, porte une bande de drap très fin, découpé, qui, chemine avec la règle, & va, au gré de la personne qui touche l'instrument, s'interposer sous la corde, au-dessus du marteau qui la frappe. Par ce
moyen, le drap ne presse point les cordes ; & le marteau les frappe
seulement à travers cette bande d'étoffe mince & légère, en produisant un
son d'autant plus agréable, que la résonnance harmonique des autres cordes
est conservée, & que le degré du ton ne se trouve point altéré comme dans
les autres jeux de ce genre. Enfin,
que lorsque les variations de l'atmosphère altèrent l'accord de l'instrument
(l'unisson, celle de toutes les consonances dont l'altération choque le plus
l'oreille), demeure au moins conservés : Tous ces avantages ne resteront pas
particuliers au piano, mais on les appliquera avec le même succès au
clavecin & à tous autres instrumens à cordes.
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NOUVELE découverte dans les arts.
Pour peu qu'on aie monté des cordes ou accordé cet instrument, on a dê éprouver combien il est embarrassant d'en rouler les cordes sur ces chevilles ; & on a dû s'appercevoir combien il fant d'usage & de tatonnement pour modifier & moins de résistance qu'opposent les chevilles presque toujours trop dures dans les instrumens nouveaux, & souvent si lâches dans les vieux, qu'elles ve tiennent plus que, difficilement au point désiré.
Enfin les cordes cassent
fréquemment dans les courbures qu'on leur donne en les roulant. Dans tous
les instrumens connus, les 62 touches du clavier répondent à 124 cordes
tendues sur la table. Dans celui de M. Pascal, elles répondent à un égal
numbre de portions de cordes ; mais il n'y en a effectivement que 62
employées chacune en deux du côté du sommier où ellés pállent, & glíssent
dans un étrier ou bride comme sur une poulie. Ainsi il y a autant d'étriers
que de touches. Ces brides sont faites en fil de laiton, dont le diametre
est d'une ligne & demie environ. Elles sont écrouées, courbées & polies avec
soin. Les attaches de ces clapettes sont composées d'une substance très-flexible & capable d'une longue résistance. Au dessus de ces clapettes sont de petites vis, qui ferrées ou lâchées, laissent plus ou moins de jeu & reglent ainsi la force avec laquelle elles frappent les pelotes des marteaux ; de maniere que par leur moyen on corrige l'inégalité que l'humidité ou la sécheresse donne au jeu des marteaux. Les marteaux de l'instrument de M. Paseal sont disposés de maniere que leur queue tient à la table par le moyen d'une regle qui y est fixée. Ces marteaux se trouvent suspendus sous la corde, à l'aide de l'étouffoir qui porte sur celle-ci. Les marteaux & les étouffoirs se meuvent par un seol le vier.
Ceux-ci font très simples : ils
sont composés d'un morceau de buffle fixé à un bout de fil-de-fer qui se
visse par le bas, dans le marteau, même au tiers à-peu-près de la longueur
de son levier en partant du centre du mouvement. Par ce méchanisme l'auteur
supprime neuf frottemens à chaque touche de son clavier. L'étouffoir alors
s'éleve & s'abaisse a volonté, ainsi que ceux des piano par un registre qui
le plaçant tous les marteaux les supporte un peu plus haut que le point de
leur chûte ordinaire, & les tient en l'air.
" Différens employés de la Maison du Roi pour les années 1787, 1788 & 1789. Taskin, neveu, Facteur de clavecins" Collection genérale des décrets rendus par l'Assemblée Nationale ..., Volume 12, 1791, p. 65
"Mr. Pascal TASKIN, facteur de clavecins, garde des instrumens de la musique du roi, élève & successeur du fameux BLANCHET, vient de construire un forté-piano en forme de clavecin d'un genre nouveau." Journal encyclopedique ou Universel, Volume 4, 1791, p. 519-522
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