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Facteurs de pianos en France
ROUX
Jean Gustave
à Paris (°1859)
EXPOSITION DE NANTES - MANUFACTURE DE PIANOS - NANTES - "D E nos jours, la fabricatioud.es pianos est arrivée à un degré de perfection qu'il semble difficile de dépasser. Parmi les problèmes qui se présentaient aux investigations des chercheurs, le plus important qui COIlr sistait à réduire les proportions de instrument au strict minimum sans rien lui faire perdue de sa sonorité, est aussi l'un de ceux qui, ont été le plus, heureusement résolus par la substitution, des pianos droits aux anciens pianos à queue.On a obtenu ce résultat au moyen du croisement ou de l'obliquité de la disposition des cordes auxquelles on a conservé ainsi toutes leurs dimensions, c'est-à-dire toutes les ressources qui sont la base de leur sonorité. Mais dans les details de la structure intérieure sont intervenues encore bien d'autres améliorations tout aussi importantes dont nous parierons plus loin est c'est ainsi que de progrès en progrès de perfectionnement en perfectionnement on est arrivé à réaliser dans la facture de cet instrument si utile et si précieux une somme considérable d'avantages qui répondent à tous les désiderala formulés par les professeurs et par les artistes. Malheureusement, il en est des pianos comme d'e tant d'autres produits industriels ; il y a deux sortes d'instruments, comme il y a deux catégories de fabricants bien différentes: les uns, ignorant presque complètement leur métier, et ne se livrant à la fabrication qu'en vue de vendre beaucoup et à bon marché, sans se préoccuper de la qualité de leurs pianos ; (et ceci non seulement en province mais aussi et surtout à Paris); les autres, recherchant de préférence la clientèle sérieuse et ne fabriquant, dans ce but, que des pianos solides et soignés dans toutes leurs parties, comme meubles et comme instruments, s'inspirant des connaissances techniques du métier ainsi que des indications et des vœux formulés par les artistes de notre temps. Dans cette dernière catégorie de fabricants consciencieux, nous devons classer, sans hésitation, M. G. Roux qui est, à la tête d'une des meilleures manufactures de pianos de Nantes (5, rue Boileau) et dont l'installation à l'exposition de cette ville, a vivement sollicité notre attention. Cette installation comprend quatre types de pianos droits qui ne dînèrent entre eux que par leurs dimensions et la richesse ou la sobriété de leur décoration extérieure, mais dont les qualités fondamentales, en tant qu 'iiistruineiits, sont identiques. Très solides sous tous les rapports, ils sont tous pourvus de l'échappement à talon Erard qui met la mécanique à l'abri des dérangement pouvant provenir des changements de température. Nous n'avons pas à insister sur l'élégance de ces meubles très soignés, chacun dans leur genre et dans leur style spécial, mais nous nous attacherons plus particulièrement à faire connaître leurs avantages de fond par suite d'une création à laquelle M. Roux, qui en est l'inventeur breveté, a donné le nom d'hémicycle sonore, et sur la nature de laquelle il ne nous appartient pas de nous étendre, M. G. Roux est parvenu à donner à ses pianos une résonnance, une puissance de sonorité tout à faitexceptionnelles. Ordinairement, on sait que le piano ne tient pas la note comme le violon ou l'orgue : or dans les instruments de M. Roux, la résonnance est telle que le son, dans les passages phrasés, persiste après l'attaque du doigt, aussi longtemps que les nuances de la mélodie l'exigent. Nous en parIons sciemment, ayant entendu ces pianos joués par un artiste de grand talent : dans les dessus, aussi bien que dans le médium et les basses, toutes les notes sont également nettes, claires, sonores; nulle part on ne rencontre cette confusion des sons si commune dans les pianos ordinaires. Une autre qualité de ces instruments nous a encore frappé. Sous les doigts de l'artiste, dans ces pianos, la note sort avec une spontanéité, une rapidité étonnante. Ici se place, en effet, une autre création de M. Roux, que nous n'avons pas à décrire, et qui a pour résultatde procurer à la corde, pour ainsi dire sans intermédiaire, la percussion directe du doigt de l'artiste, tant le mécanisme de transmission est homogène, souple et docile ; bref les pièces de ce mécanisme sont agencées et ajustées de façon à ne former qu'un seul conducteur qui, directement, sans hésitation, sans modification communique à la corde l'impulsion exacte que le doigt vient de donner à la touche, dans toute son expression vivante et avec les moindres nuances que l'artiste a voulu faire passer dans ses doigts. Inutile d'insister davantage sur toutes les autres parties de ces pianos également bien soignées dans leurs moindres détails. M. G. Roux, qui ne s'arrête jamais dans la voie des recherches et des créations, est encore l'inventeur d'un nouvel appareil applicable à tous les pianos à baïonnette, par conséquent aux pianos Pleyel. Cet appareil, que nous ne décrirons pas, étouffe à volonté, au moyen du jeu d'un bouton placé à la gauche de l'exécutant, le son des cordes, sans les rendre complètement muettes. C'est-â-dire que les notes sortent encore avec la vibration qui leur est propre, mais sans que cette vibration puisse parvenir à l'oreille d'un auditeur placé soit dans une chambre située au-dessous ou au-dessus de celle du pianiste, soit dans une chambre voisine du même étage. Il ne faut pas confondre cet appareil avec une sourdine qui exige encore une certaine sonorité et des vibrations percevables à tout autre que l'exécutant. Ici, le résultat est infiniment plus énergique que celui de la sourdine, puisqu'il laisse à l'exécutant seul la perception des sons qu'il provoque, sans que cette perception dépasse les murs de sa chambre et sans même qu'elle puisse gêner d'autres personnes voulant travailler dans la même pièce. Et, avantage précieux, il peut phraser, il peut se rendre compte de toutes les nuances, de tous les effets, parce que l'oreille s'habitue à cette sorte de mezza-voce qui atténue le son de la note en lui laissant toutes ses propriétés. Quel bienfait que cette invention pour les voisins, pour les pianistes eux-mêmes, pour ceux surtout qui étudient, et même pour les artistes qui, par exemple, ne pouvant travailler qu'après dix heures du soir et ne voulant gêner personne, ni dans leur appartement, ni dans ceux des voisins, peuvent éteindre le son de leur instrument comme on abaisse une lumière ou comme ou ferme un rideau. On s'était servi jusqu'ici dans le même but des claviers muets, claviers méritant absolument leur nom, puisqu'ils ne parlaient pas, ne correspondant à aucune corde. Avec eux on pouvait assurément étudier le doigté, mais on ne pouvait juger ni la phrase, ni l'effet. Le mécanisme des doigts est sans doute très important, mais qu'est-ce que le mécanisme sans expression? Un corps sans âme, une figure de cire. Il nous reste à signaler encore une invention de M. Roux : le doigtilion, petit instrument tenant peu de place, pouvant se mettre sur une table, et facilitant, par l'exercice, l'écart des doigts, non seulement pour lès pianistes qui peuvent arriver ainsi facilement à atteindre tous les intervalles, de la seconde jusqu'à l'octave, mais aussi pour les violonistes, les violoncellistes et les contre-bassistes qui ont eux-mêmes a former leurs doigts à des écarts considérables.
On comprend que ces exercices ne peuvent être que progressifs ; c'est pourquoi les crans du doigtilion sont disposés de manière à permettre un travail d'écartement qui ne fatigue nullement les doigts et qui leur procure toute l'élasticité nécessaire à l'exécution des traits les plus difficiles. Ancien ouvrier des meilleurs facteurs de Paris, M. Roux est établi à Nantes depuis 1859.
Il a obtenu les distinctions et les récompenses les plus honorables dans toutes les expositions, à Nantes (1861), Niort 1882), Nantes (1882), Voltri (1878), Vannes (1883), avec deux diplômes d'honneur.
Bien que sa réputation soit sérieusement établie depuis longtemps en Bretagne et dans tout l'ouest de la France, il n'en continue pas moins à chercher, à travailler sans cesse à perfectionner ses modèles, ne reculant devant aucun sacrifice pour améliorer ses instruments, contrairement à tant d'autres facteurs qui s'arrêtent à un seul type et se reposent sur leur réputation, sans essayer de faire mieux encore.
L'exposition très remarquable de M. G. Roux a vivement sollicité l'attention des connaisseurs. E. ROBERT."
Le Panthéon de l'industrie : journal
hebdomadaire illustré, 01/08/1886, p. 223-224 (gallica.bnf.fr)
NANTES -
"L'Exposition industrielle, aménagée avec un goût très
artistique. est aussi fort attrayante. Accordons ici une mention spéciale
aux excellents pianos de la maison Roux et à ceux de M. Henri Maréchal, qui
peuvent sans désavantage lutter contre les pianos de la maison Didion, hors
concours."
Officiel-artiste. Journal hebdomadaire, 08/07/1886, p. 4 (gallica.bnf.fr) - Voir
MARECHAL (°1864) et
DIDION
Pour les références voyez la page
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