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MANERA Pierre
à Paris

1842

MANERA Mario Antonio

"Quoique Français par les sentiments, par l'éducation et par la plus grande partie de sa famille, M. Manera (Mario Antonio), est un jeune artiste passablement cosmopolite.

Il est né en Prusse ; sa mère était française et son père italien ; il fut nourri dans le Béarn et passa une partie de son enfance dans le Piémont; sa famille vint ensuite s'établir à Rouen où il commença ses études musicales, qu'il vint terminer à Paris à l'âge de 16 ou 18 ans.

Il était alors déjà fort avancé dans son art, puisque dès l'âge de 22 ans il avait exécuté en plein théâtre un concerto de violon fort difficile, avec un grand succès et que, plus jeune encore, il avait fait courir tout le monde à l'église, avec sa délicieuse et fraîche voix d'enfant de choeur.

En arrivant à Paris, le jeune Manera entra comme violon au Conservatoire de Musique, dans la classe de M. Habeneck, qui le considérait comme un de ses bons élèves. Son excessive modestie et sa trop grande défiance de lui-même, lui donnèrent une telle frayeur, au moment de concourir pour le premier prix, qu'il y renonça.

Mais, dès sa sortie du Conservatoire, il obtint d'honorables places dans les meilleurs orchestres de Paris : il fît successivement partie de ceux de l'Odéon, du Théâtre Italien et de l'Académie royale de musique.

A ce dernier théâtre, l'emploi de premier violon solo, créé avec tant d'éclat par notre illustre Baillot, était continué avec autant de grâce que de succès par l'infortuné Launer, enlevé trop jeune à ses nombreux amis.

Cet artiste recommandante, aussi distingué par son talent, que par son caractère et son esprit, accorda bientôt toute son estime, toute son amitié à son jeune camarade Manera, malgré la grande disproportion de leur âge; il lui reconnut des qualités si solides, et une conduite si remarquable, qu'au bout de quelques années, il luiconfîa le bonheur de sa fille unique.

Une place fort brillante et fort avantageuse vint s'offrir à M. Manera pour Rouen, et il alla s'établir de nouveau dans cette ville, où il eut de justes et honorables succès.

Il y resta deux ans, soutenant par sa belle exécution sur le violon, et dirigeant avec un talent très remarquable, les concerts d'une excellente société philhar-monique.

Malheureusement, cette société vint à se désorganiser; dès lors le séjour de Rouen ne pouvait plus convenir à M. Manera : il revint à Paris.

Quelques amis lui avaient conseillé d'utiliser une charmante voix de tenor qu'il avait long-temps ignorée.

M. Manera, dans ce but, partit pour l'Italie, où il rencontra le malheureux Nourrit qui lui donna d'utiles conseils. Il se livra à l'étude du chant et à celle de la langue italienne, avec une ardeur et une activité dévorantes, pendant prés de 18 mois, sous les meilleurs maîtres de Naples.

L'excès du travail contribua à altérer sa santé; sa vie était menacée par un climat qui lui était contraire, et il fallut que sa femme l'entraînât hors de ce pays.

Il parcourut plusieurs villes d'Italie, espérant que le déplacement, et un air moins sulfurique que celui de Naples, suffiraient pour le guérir ; mais son état empira tellement, au contraire, qu'il fut obligé de hâter son retour en France, où bientôt l'air natal et la force de la jeunesse triomphèrent de la maladie.

Il n'en fut pas moins obligé d'interrompre long-temps le travail du chant, ou du moins d'y mettre plus de mesure. C'était avec un bien vif regret, cependant, qu'il renonçait aux espérances brillantes qui l'avaient soutenu dans ses études.

Mais ces études ne sont assurément pas perdues, ni pour l'art, ni pour lui-même, car M. Manera, qui a l'extrême modestie de se borner à donnner des leçons de chant, lorsque son talent lui permettrait de tenir un rang distingué sur la scène, rendra de grands service aux élèves, aux artistes, aux amateurs, en leur consacrant le fruit de ses travaux et de son expérience.

M. Manera est membre de la société académique des Enfans d'Apollon, qui l'a élu président du comité de musique, distinction acceptée par lui avec d'autant plus de reconnaissance et de plaisir qu'il pense la devoir en partie au souvenir que celle société a conservé de son excellent beau-père, M. Launer, qui avait lui-même occupé cette place.

M. Manera dirige aussi, avec une grande intelligence, la nouvelle société des Partitionistes, qui paraît appelée à faire de grandes choses dans l'art musical.
" Annuaire biographique des artistes français, peintres, sculpteurs, architectes, graveurs, musiciens, 1841-42, p. 201-203 et Journal des beaux-arts et de la littérature : littérature, peinture, sculpture, gravure, architecture, archéologie, art dramatique, musique, 11/02/1842, p. 56-59 (gallica.bnf.fr)

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