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BARROUIN
de Paris (°1849)

1892

UNE MANUFACTURE DE PIANOS
Perfectionnements brevetés réalisés par la Maison Darrouin sur le type Erard.

"C'EST, comme la plupart des indusdustries antiques, une fabrication essentiellement française que celle des pianos, puisque c'est un Français, Sébastien Erard, qui, en 1778, construisit le pre mier piano. Cet instrument constituait un grand progrès sur le clavecin, mais il a subi lui-même, depuis lors, un grand nombre de perfectionnements.

Il nous serait tout à fait impossible d'énumérer ici toutes ces améliorations ; nous nous contenterons de signaler les principales.

En 1797, le même Erard, à qui l'on devait la création du piano, invente le piano à queue. En 1807, Southweld, de Dublin, fait le premier piano vertical; en 1808, Broadwood invente le barrage en fer; en 1809, Wilkinson 'imagine le piano carré à cordes obliques; puis successivement Erard crée le piano à deux claviers indépendants en 1821, le système de double échappement en 1822.

Ensuite vinrent divers autres perfectionnements tels que le châssis en fer pour résister à la tension des cordes, etc., etc. Mais, si considérables que soient ces perfectionnements, il faut convenir que la plupart des pianos modernes laissent beaucoup à désirer à certains points de vue.

Ainsi, il est bien évident que les cadres ordinaires, en fonte, sont très défectueux, et donnent aux sons de l'instrument une sécheresse et une sonorité métallique qui n'ont rien d'agréable, en même temps qu'ils sont d'un poids énorme.

Il est vrai que quelques facteurs habiles se sont préoccupés de remédier à ce fâcheux inconvénient.

Ce détail si important a notamment attiré l'attention d'un établissement déjà ancien, dont la marque très estimée n'a jamais été apposée que sur des pianos dignes de l'entière approbation des artistes.

Nous voulons parler de l'ancienne maison Ch. Krebs, appartenant aujourd'hui à M. F. Barrouin (91, rue de Sèvres, à Paris), à qui l'on doit de nombreux perfectionnements du type Erard et avec une différence de 500 fr. en moins.

Cette maison a quarante-deux ans d'existence, ayant été fondée en 1850, et elle atteste, avec un légitime orgueil, que depuis quarante-deux ans. elle n'a jamais reçu la moindre plainte contre la bonne tenue de ses pianos, même des plus anciens.

C'est là une garantie qu'on ne doit pas négliger, et les nouvelles maisons n'en peuvent pas offrir d'aussi sérieuses.

Mais depuis les débuts de cet établissement, qui s'est toujours tenu au courant du progrès, d'importants perfectionnement s ont été introduits dans la construction de ses pianos. Le principal peut-être de ces perfectionnements porte précisément sur le cadre, auquel nous faisions allusion tout à. l'heure.

On lui doit la création du cadre en fer forgé, qui présente à tous égards de si grands avantages sur les cadres ordinaires. On doit à la même maison plusieurs autres progrès qui lui assignent une place d'honneur dans l'histoire de cette industrie artistique. Sa fabrication, qui se fait dans de vastes ateliers situés au no 87 de la rue de Sèvres, est toujours extrêmement soignée.

On n'y emploie que des matières premières irréprochables, et la main d'œuvre y est constamment surveillée et vérifiée. On obtient ainsi des instruments vraiment excellents, d'une grande solidité, d'un bon toucher et d'un son fort agréable, qui sont garantis huit ans contre tout vice de construction, et qui, cependant, grâce à l'importance du chiffre d'affaires de la maison, sont livrés à des prix d'une surprenante modicité.

Ces pianos sont en bois de palissandre, en bois noir, en bois verni ou en bois ciré. Nous citerons les principaux modèles, qui sont :

Un piano d'étude, cordes verticales;

Un piano cordes verticales;

Un piano cordes quart-obliques, à consoles sculptées;

Un piano cordes demi-obliques, avec double barre de fer et sommier du haut boulonné;

Un piano cadre en fer, cordes demi-obliques système américain perfectionné ;

Un piano cordes obliques à double cylindre ;

Un piano cordes obliques, grand format, avec mécanique à prolonges ;

Un piano cadre en fer, cordes croisées, système américain perfectionné, grand format ;

Un piano demi-queue, petit modèle, barrage en fer, système américain perfectionné.

Ces divers modèles sont brevetés, et se font remarquer par d'importants perfectionnements, notamment dans les mécaniques. Mais nous avons encore à signaler une création de la maison Barrouin, qui lui est entièrement personnelle.

C'est un appareil régulateur breveté, pouvant durcir graduellement et selon la volonté de l'exécutant le toucher des claviers de piano, si bieri cru'on peut aller ainsi du toucher le plus doux jusqu'au degré le plus dur des claviers des grandes orgues d'église.

On comprend quelle utilité présente cet appareil pour les élèves, auxquels il permet d'acquérir rapidement beaucoup de force, de souplesse et d'agilité dans les doigts.

Les artistes les plus habiles trouveront eux-mêmes un très réel profit à l'usage de ce régulateur, qui leur permettra d 'entretenir leur virtuosité avec un travail moins constant. D'autre part, il y a avantage, pour les personnes n'ayant pas beaucoup de vigueur, à pouvoir ainsi augmenter progressivement la dureté du toucher; le3 doigts peuvent ainsi acquérir de la force sans que la fatigue soit sensible.

Ce régulateur, d'un prix modique, valant de 80 à 100 francs suivant les modèles, est fixé à l intérieur du piano. Il fonctionne par deux boutons à droite et à gauche du clavier extérieur, coulissant à volonté dans une plaque mortaisée, numérotée par degrés et correspondant à une paillette à crémaillère, donnant le degré de dureté que l'on veut obtenir.

C'est là une innovation des plus ingénieuses, de nature à rendre les plus grands services aux pianistes, et surtout aux débutants, et il est certain qu'elle sera de plus en plus appréciée dans le monde musical. Ajoutons que cet appareil peut s adapter aussi bien aux pianos des autres marques qu à ceux de la maison Barrouin.

Cet établissement (qui possède une succursale à Lyon 50. rue de la Charité), a une très nombreuse clientèle, tant en France qu à l'étranger est fournisseur de plusieurs lycées et pensionnats, notamment du collège Stanislas, du pensionnat Sainte-Marie et de l'institution des Jeunes Aveugles, devenue comme un second Conservatoire de musique pour les aveugles.

Il a obtenu des recompenses dans les Expositions, notamment à l' Exposition universelle de 1889. Sa fabrication très soignée et vraiment irréprochable, les très inté ressants perfectionnements qu'on lui doit et sa production très importante placent cette manufacture de pianos au nombre de celles qui ont le plus contribué à la grande réputation de cette industrie française.

Pour être complet, disons que les brevets pris pour perfectionnements apportés par M. Barrouin aux diverses parties du piano lui ont valu une médaille d'argent à la Société d'encouragement de l'Industrie nationale et une médaille de vermeil pour le régulateur. - ALBERT." Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire illustré, 11/1892, p. 322-323 (gallica.bnf.fr)

Pour les références voyez la page
Pianos français 1840 - 1849


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