home |
Facteurs de pianos en France
AUCHER
à Paris (°1820)
MM. Aucher se sont livrés principalement à la fabrication de ce genre de pianos." Rapport du Jury Central sur les Produits de l'Agriculture et de l'Industrie ..., France Jury Central sur les Produits de l'Agriculture et de l'Industrie, 1849
19. Piano droit à 7 octaves (palissandre). [A] 20. Piano droit en acajou. [A] 21. Piano oblique (palissandre frisé). [A]" Exposition de Produits de Beaux-Arts et de l'Industrie, Toulouse, 1850, p. 39
Cet instrument, par sa qualité de son, par la bonté de son mécanisme, a valu à son auteur une médaille d'argent. En faisant l'acquisition de ce piano, la commission de la loterie a sanctionné ce jugement." Exposition des Beaux-Arts et de l'Industrie à Toulouse dans les galeries du musée : Année 1850, p. 181 (Médaille d'argent)
Le chevalet à agrafe
Tel, dont le nom figure inscrusté en lettres d'or sur de magnifiques instruments, n'est point à nos yeux un facteur, mais simplement un débitant de pianos. La plupart du temps c'est un spéculateur que le facile écoulement des produits de ce genre et les bénéfices considérables qu'ils procurent à un établissement bien achalandé, ont engagé à se mettre dans la partie; il n'a rien à démêler avec la facture à laquelle il n'entend rien il achète ses instruments tout faits.
Son industrie se place sur la même ligne que la vente des indiennes
imprimées ou des papiers peints. Pour l'aborder avec succès, il est nécessaire d'avoir pensé par soi-même, d'avoir vu de ses yeux, travaillé de ses mains. En d'autres termes, pour faire fabriquer, il faut avoir fabriqué soi-même à cette condition seulement on crée une maison, on fait des ouvriers, on est facteur. Il est à remarquer que cette direction personnelle imprime aux produits une sorte de marque personnelle aussi; l'instrument s'imprègne en quelque sorte de l'individualité du constructeur, et si cette empreinte est vigoureuse, elle survit au fabricant lui-même, elle devient une tradition respectable qui brave l'inconstance du goût et défie les siècles. Ainsi, pour ne parler que du piano, entre mille instruments on reconnaît au toucher un Broadwood, un Êrard, un Pleyel et dans un ordre plus secondaire, il est impossible de se tromper aux signes caractéristiques qui distinguent les pianos de MM. Boisselot, Krielgestein, Blondel, Mercier, Soufleto, et enfin ceux de MM. Aucher frères.
Car MM. Aucher frères, eux aussi, sont de véritables facteurs; il ne
faut pas plus se tromper sur leur valeur personnelle que sur
l'importance de la maison qu'ils dirigent avec un incontestable succès. En 1843, il s'associa avec ses fils, dont il avait dirige les premiers travaux, et entreprit avec eux la fabrication des pianos droits. Forts du concours actif de MM. Aucher fils, la nouvelle maison ne tarda pas à se classer au premier rang; ses produits furent accueillis avec une faveur marquée.
Enfin, en 1854, après une exploitation qui avait produit les plus
heureux résultats, M. Aucher père céda à ses deux fils sa fabrique et
son magasin de pianos. Voilà pour l'historique de cet établissement. Construits dans les meilleures conditions de solidité possibles, ces instruments révèlent dans toutes les parties les soins les plus attentifs et les plus minutieux; on voit que MM. Aucher pensent à tout et qu'ils ne négligent rien. Les divers perfectionnements qu'ils ont réalisés s'appliquent à la table d'harmonie; on leur doit notamment le chtoalet à agrafa au moyen duquel les cordes font équilibre de leurs forces tensives et déchargent la table de toute contraction. La combinaison qu'ils ont conçue à cet égard est un des principaux perfectionnements que présentent les pianos mis par eux à l'Exposition universelle; elle a pour résultat une amélioration considérable de la sonorité, soit sous le rapport du volume, soit sous celui de l'égalité dans les différentes régions de l'étendue. Cette combinaison consiste dans une agrafe transversale attachée au chevalet et percée de trous par lesquels passent les cordes. Au moyen de ces trous percés en contre-bas de la hauteur de deux taquets disposés de chaque côté de l'agrafe, les cordes ont un point fixe sur ces taquets, quelles que soient les oscillations de la table, qui d'ailleurs est toujours maintenue par la tension des cordes. Tel est tout l'appareil, qui réunit à la simplicité une solidité démontrée par la conservation constante de l'accord. Nous n'avons pas besoin d'insister sur la supériorité de ce procédé, qui remédie à tous les inconvénients attachés au chevalet pointes. Ces inconvénients étaient nombreux. On sait, en effet, que dans ce système, la table venant à fléchir sous le poids des cordes et par la pression des deux pointes extrêmes, le chevalet descend au-dessous du niveau dos sillets de la sorte, les cordes, n'ayant plus leur appui essentiel donnent de fausses vibrations, et la table perd toute sa sonorité. Avec le chevalet à agrafe de semblables accidents ne sont plus à craindre, et cela s'explique aisément par lu seul allégement de la table, sur laquelle aucune action destructive ne s'exerce plus.
Il ressort, en outre, de ce système une tonséquence très-importante
pour l'objet principal, à savoir que la bible, ainsi allégée de son
poids, n'a plus besoin d'être soutenue par le barrage, et qu'en faisant
disparaître cet appareil, devenu inutile, on rend à la table d'harmonie
la libre action de son éluticité, et, par suite, on augmente ses
qualités vibratoires. Alors seulement, ajoute le savant professeur, la théorie de fabrication des pianos sera complétement normale. Or, en inventant le chevalet à agrafe, MM. Aucher ne semblent-ils pas avoir fait le premier pas dans cet ordre d'idées ? Tout leur système, les avantages qui s'y rattachent, son avenir même ne sont-ils pas contenus dans les quelques lignes que nous venons de transcrire Nous le disons, quant à nous, de bonne foi depuis vingt ans qu'on s'occupe de perfectionner le piano on n'a pas songé à mieux ni réalisé une idée plus féconde et plus digne d'être encouragée. MM. Aucher ont pris brevet pour cette remarquable découverte, qui sera soumise, si elle ne l'a déjà été, à l'examen du jury. Ils présentent en môme temps deux pianos droits à cordes obliques et à sept octaves, et un piano à cordes droites, en bois de thuya, qui a pris rang parmi les produits de l'Algérie. Nous ne nous appesantirons pas sur les qualités distinctives de ces pianos, tout le bien que nous en pensons ressortant naturellement des considérations qui précèdent et de la part toute spéciale que nous faisons ici à la fabrication de MM. Aucher. Lorsqu'on a dit d'un piano qu'il possède des sons amples, nourris, égaux, un clavier facile et brillant à la fois; lorsqu'on a ajouté que le mécanisme est parfait, des plus soignés et des plus finis; que tout y fonctionne à merveille, que la construction de ce piano réunit enfin toutes les conditions de solidité et de précision qu'on l'état actuel de la facture on peut attendre de ces instruments, n'a-t-on pas tout dit, d'ailleurs et faut-il en ces occasions qui se répètent souvent, à propos d'Érard comme à propos de Pleyel, de Boisselot, de Mercier, de Blondel, de Kriegelstein, répéter toujours les mêmes choses, étaler la mfime pédanterie, aller décrocher dans l'arsenal de la technologie spéciale tous ces mots qui effrayent les lecteurs ordinaires et aux-quels beaucoup de gens du métier eux-mêmes ne comprennent rien ? Certes, il y a des distinctions à établir entre les meilleurs instruments. Celui-ci a plus de sonorité que celui-là; l'un est plus égal, l'autre plus éclatant; en voici un qui chante parfaitement, un autre qui chante moins bien. On ne finirait jamais si l'on voulait entrer dans tous ces détails, car chaque instrument a son origine particulière, son caractère propre qu'il tient de la maison où il a été fabriqué on ne trouverait pas, même parmi les meilleurs, deux pianos identiques sous le rapport de la qualité et du volume des sons.
Or, tout ce que nous pouvons affirmer pour conclure sur les
instruments qui nous occupent, c'est qu'ils sont bien de MM. Aucher; ils
ont leur marque de fabrique, leur cachet spécial, ou pour mieux dire,
ils portent avec eux leurs titres de noblesse.
Ainsi, à la suite de l'Exposition de 1849, ils obtenaient au nom
collectif de Aucher et fils, une médaille de bronze une médaille
d'argent, à Toulouse, en 1850 une mention honorable à Londres, eu 1861
enfin, en 1864, une médaille de bronze, à Bordeaux. Il est également significatif au point de vue du développement d'une industrie qui fait actuellement l'orgueil de la France, ot qui constitue une des branches les plus importantes du commerce national. A. Giacomelli." La France Musicale, 1855, p. 249-250 (gallica.bnf.fr)
C'est un nouveau progrès constaté dans la fabrication de MM. Aucher
frères, qui ont également obtenu, en 1859, une médaille d'argent à
Bordeaux, et à Paris, en 1855, exposition universelle, une deuxième
médaille.
Paris et Londres en 1849 et 1851, Toulouse en 1850, avaient déjà
encouragé les excellents instruments de cette grande manufacture qui ne
produit pas moins de 6 à 800 pianos par an."
Le Ménestrel, 12/08/1860, p. 295
(gallica.bnf.fr)
Le piano exposé par M. Aucher est doué d'une assez bonne sonorité, due sans doute au barrage mixte dont cet instrument est armé et à des agrafes mobiles posées sur le chevalet, qui servent à compenser la charge de la corde, mais le clavier me semble un peu dur, et la répétition lente." Douze jours à Londres: voyage d'un mélomane à travers l'Exposition universelle, Pontécoulant, 1862, p. 136
Messieurs Aucher sont au nombre de ceux qui ont droit de se plaindre non de la justice, mais bien de l'injustice dont on a fait preuve à leur égard. Il y a longtemps que je connais MM. Aucher, car dès 1844 en constatant leur bonne fabrication, je m'empressais alors de signaler la bonne voie dans laquelle entraient ces facteurs. Depuis lors, messieurs Aucher n'ont cessé d'apporter la plus grande perfection dans la fabrication de leurs instruments. MM. Aucher reçurent à l'Exposition de 1849 une médaille de bronze pour un piano droit qui obtint le sixième rang de cette série au concours qui eut lieu et que nous regrettons fort de n'avoir pas vu renouveler en 1867, car c'est la seule manière logique et raisonnable de procéder et de pouvoir déverser avec quelque apparence de justice l'éloge ou le blame et de grader sans donner lieu à quelques justes réclamations, les récompenses selon le mérite des produits jugés et appréciés devant tous les intéressés. En 1850, messieurs Aucher construisirent un piano à barrage mixte avec un système d'agrafes mobiles posées sur le chevalet, pour compenser la charge de la corde. Ce piano mérita à ces facteurs une Médaille de Bronze à l'Exposition universelle de Londres en 1851. Messieurs Aucher se présentent également en 1855 à l'Exposition universelle de France; ils y apportent plusieurs instruments, entre autres un piano droit à barrage mixte et sur lequel se trouvait l'application d'un brevet de perfectionnement pris au commencement de cette même année; et ces habiles facteurs reçurent une médaille de seconde classe, récompense bien méritée par leurs travaux. En 1862 à Londres, messieurs Aucher reçurent une mention honorable, ce qui était à cette exposition le second degré de récompense, car il ne fut distribué qu'une médaille de même valeur et de même rang ; à cette mention honorable était jointe la note suivante : Très-bonne facture de piano. Le piano exposé à Londres et que j'ai examiné avec attention avait une très-belle sonorité; les gens du métier admiraient la construction de tous les détails, seulement on pouvait reprocher un peu de fermeté au clavier. A l'Exposition de 1867, messieurs Aucher ont exposé un piano oblique dans lequel j'ai été heureux de remarquer quelque chose de nouveau à signaler, ce qui est fort rare aujourd'hui dans la construction du piano, c'est un nouveau système de barrage. On sait que les pays d'outre-mer se plaignent chaque jour des vices inhérents à la fabrication des instruments de provenance européenne qui péchent surtout, disent-ils, par le peu de solidité de leur construction intérieure, défaut de solidité, defaut de collage, gondollement des tables, le peu de durée de l'accord, etc. etc. Le système présenté par messieurs Aucher apportera remède à ces vices. Messieurs Aucher, dans ce système, emploient pour barrage trois ou quatre fers à té (on nomme ainsi ces fers que nous voyons journellement remplacer les solives de bois dans les constructions modernes). Cette forme de fer est d'une trèsgrande solidité et n'altère en rien, comme nous nous en sommes convaincus, l'effet de la sonorité. Les fers à té sont fixés au sommier au moyen de boulons et écrous, et sont placés d'espace en espace parallèle, verticalement, dans les pianos à cordes droites, et obliquement, dans les pianos à cordes obliques, en suivant toujours la même direction que la corde. La traverse inférieure vient s'encastrer dans une échancrure conservée à la base du fer à té, et s'y trouve également réunie par des boulons. Les fers à té, ou montants latéraux, rencontrant la traverse de consolidation ou le sommier d'accroche, s'y trouvent fixés et forment ainsi un cadre complet, insensible à toutes les variations atmosphériques. Indépendamment de la fixité des fers à té produite par les boulons du sommier, ces mêmes fers à té servent à consolider ce sommier en le retenant au-dessous au moyen d'un retour d'équerre en contact avec une plaque métallique. De ce système résultent une résistance constante à l'influence atmosphérique par la suppression de tout collage, puis la suppression de tout gondolement, le maintien de l'assemblage, de la légèreté de l'armature, une sonorité bonne et belle, une résistance infaillible au tirage des cordes, enfin une grande durée de l'accord. Eh bien ! tous ces avantages ont passé inaperçus aux examinateurs de la Commission impériale ; ils ont peut-être essayé le clavier de l'instrument, mais je suis convaincu, et j'en ai la certitude, qu'ils n'ont pas examiné les détails de la construction ; car à cet habile facteur on n'a attribué qu'une Médaille De Bronze !! Si la Commission impériale eût voulu formuler des décisions ne donnant prise à aucune réclamation, elle eût dû donner connaissance de son travail préparatoire et laisser venir à elle toutes les réclamations justes ou injustes. Après avoir laissé à l'amour propre froissé le temps de se calmer, elle eût dû prendre en grande considération les observations des facteurs, gens parfois aveugles, il faut bien l'avouer, quand il s'agit d'apprécier leurs propres travaux, mais toujours équitables quand ils jugent le auraient redressé la liste des récompenses dans certaines parties, et nous ne verrions pas attribuer des médailles de bronze et des mentions honorables à des maîtres habiles qui ont vieilli dans le métier, et dont les produits sont pour le moins égaux à ceux récompensés plus brillamment. D'où vient le mal ?... Je l'ai déjà dit : Du défaut d'examen et surtout de l'absence de tout concours." La musique à l'Exposition universelle de 1867, Pontécoulant, p. 122-123
![]()
Pour les références voyez la page
|
||||||||||||