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Facteurs de pianos en France
TOUDY
à Paris
(°1855)
PARIS - "149. TOUDY Jeune (Félix O.-O.), à Paris, rue du Heldër, 14. — Piano mégaphone à sons prolongés." Catalogue général officiel de l'exposition universelle de 1889, p. 10 (gallica.bnf.fr)
PARIS - "EXPOSITION UNIVERSELLE - LE PIANO MÉGAPHONE CE n'est pas d'hier que l'on a reconnu au plus précieux de tous les instruments de musique deux bien grands défauts : la maigreur des sons, si éloignée de l'ampleur de certains instruments et qui donne à l'oreille l'impression que la ténuité des fils produirait sur l'oeil ; le défaut de tenue des sons, cette chute brusque qui donne à l'exécution, lors même qu'ou la précipite avec une rapidité tenant du miracle (il y a beaucoup de thaumaturges parmi les pianistes), une sécheresse toujours fatigante et qui devient entièrement insupportable quand le morceau demande à être exécuté avec une majestueuse lenteur. Quoi de plus infidèle, en effet, pour traduire la pensée d'une composition, qu'un instrument qui ne tient aucun compte de la durée des notes et traduit les rondes par des doubles croches ? Si, malgré tout, le piano jouit d'une popularité toujours croissante, s'il est l'instrument impensable de tous ceux qui sentent la musique, c'est qu'il a, à côté de ces défauts, un avantage bien précieux : c'est un orchestre condensé, qui permet un artiste seul d'exécuter en chambre ce que les organistes exécutent dans les cathédrales, c'est-à-dire les morceaux d'harmonie les plus compliqués. Mais cette précieuse qualité ne pouvait obliger les artistes et les amateurs à fermer les yeux sur les deux graves défauts que nous avons signalés. Ces défauts étaient-ils nécessairement liés à la nature même de cet instrument à corde, et devait-on renoncer à les corriger ? Beaucoup de facteurs de pianos se sont résignés, croyant le mal incurable, mais nous connaissons une exception à Paris, dans la personne de M. F. Toudy, dont la maison (14, rue du Helder), fondée depuis très longtemps, a été administrée de père en fils par les membres d'une même famille. M. Toudy, très mal disposé par caractère à croire à l'impossible, s'est acharné à ce difficile problème, et a enfin réussi à le résoudre en créant le piano mégaphone, c'est-à-dire, pour ceux qu i auraient oublié leur grec, le piano aux sons puissants. Puissant, dans le sens que nous lui donnons par notre traduction, désigne deux qualités : l'intensité du son et sa tenue. Pour les réaliser l'une et l'autre, M. Toudy a complètement transformé dans ses pianos la table d'harmonie et lui a donné d'énormes dimensions qui assurent aux vibrations une durée et une ampleur vraiment admirables. Cette table d'harmonie comprend un premier plan où les cordes sont maintenues en équilibre, sans subir aucune espèce de fatigue, par un mode de cordage alternatif qui réalise une parfaite symétrie. L'un des côtés de ce premier plan, dont la dimension est du reste très réduite et qui est complètement ouvert, est entièrement libre, mais il communique ses vibrations à la table d'harmonie, par l'intermédiaire de supports qui le relient à elle. La table d'harmonie elle-même, entièrement distincte du premier plan, a pu, grâce à sa position, recevoir un tel développement, que la moindre vibration prend une force de sonorité et une,enue de durée que quelques-uns rêvaient de réaliser depuis une quarantaine d'années, mais dont ils n'avaient pu approcher, même de loin. On devine sans la moindre peine l'impression qu'a dû produire sur les véritables artistes un résultat si désiré et si inattendu. Le succès a été très grand dans le monde musical; mais M. Toudy, loin de se croire autorisé, comme on dit vulgairement, à s'endormir sur ses lauriers, a vu, dans les applaudissements dont on l'entourait, une invitation à mieux faire encore, en redoublant d'efforts. Voilà donc une révolution accomplie. Le piano, instrument essentiellement solitaire autrefois, à cause des deux défauts que nous lui avons reprochés, s'associe maintenant avec un plein succès au violon et et tous les instruments et corde, et donne à l'ensemble de l'exécution une ampleur de sonorité que l'on n'eût jamais osé espérer. Le piano actuellement exposé atteint si pleinement ce but, que l'on serait dans l'impossibilité de comprendre comment le but pourrait être dépassé maintenant, si l'on ne savait que les hommes du caractère de M. Toudy croient très fermement au progrès indéfini et ne se résignent jamais à se reposer après le succès. - PILLOT." Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire illustré, 08/1889, p. 239 (gallica.bnf.fr)
Pour les références voyez la page pianos français 1850 - 1874 © Copyright all rights reserved
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