Jean-Nicolas
NIEDERLAENDER
(1808 - 1875)
Facteur-Fabricant de pianos à Nancy et Chalon-sur-Saône
par
Jean-Marc STUSSI
Parmi les facteurs de pianos établis à Nancy entre 1840 et 1850, on
note la présence de Jean-Nicolas NIEDERLAENDER (également orthographié
Niederländer ou Niederlender). Celui-ci semble être arrivé à Nancy avant
1840, car d’une part il est mentionné dans la rubrique « Pianos (fabr.) » de
l’Almanach commercial Didon-Bottin de 1841, au même titre que WARNECKE,
MANGEOT et STEGER (successeur de STEZLE), d’autre part il s’y marie en 1837.
On peut donc supposer qu’il y est arrivé autour de 1835, soit peu avant le
décès de STEZLE en 1836 (1, 2, 3).
J. N. NIEDERLAENDER est d’origine allemande, né à Kleinblitterstroff (au S de
Sarrebruck, en Prusse à l’époque, Sarre aujourd’hui) le 12 décembre 1808,
fils de Jean Nicolas NIEDERLAENDER (1784 Kleinblittersdorf - 28.2.1842
Hambach), facteur de pianos actif à Kleinblitterstroff (Allemagne) et
Hambach (Moselle), et Catherine Vincent ( ? - 22.12.1854 Hambach),
domiciliés en 1837 à Hambach en Moselle. Le 28 février 1837, il épouse à
Nancy Marie Joséphine Magnier, lingère, née le 18 mars 1801 à Châtenois (E
de Neufchâteau, Vosges), dont il aura une fille Marie Anaïs née en ca. 1838
(²).
On ignore s’il s’est tout de suite établi à son compte ou s’il a commencé à
travailler chez l’un des fabricants de pianos de Nancy, STEZLE, WARNECKE, ou
MANGEOT. Ceci montre que Nancy devait être une ville attrayante pour les
facteurs de pianos, car déjà le mosellan Henrion avait travaillé chez STEZLE
et STEGER était venu de Thann, sans compter les employés de MANGEOT et
WARNECKE (³).
NIEDERLAENDER n’est pas le déclarant du décès de sa fille Marie Anaïs
survenu le 22 juin 1855 et ne se trouve plus au domicile de son épouse à
cette date (3 rue l’Hospice Saint-Julien) (2, 4). Á défaut d’autre adresse
connue de la famille NIEDERLAENDER (en 1852 elle n’est pas encore rue de
l’Hospice St.-Julien), il est difficile de préciser l’évolution de son état
professionnel.
Comme il n’est plus fait mention de lui à Nancy dans
l’Annuaire Didot-Bottin à partir de 1852, il a sans doute déjà quitté Nancy
à cette date. De fait, les seuls fabricants de pianos répertoriés en 1855
sont STAUB-WARNECKE, MANGEOT, FOLTZ et Stéphane STEZLE (sous réserve ; neveu
de Joseph STEZLE), et parmi les accordeurs de pianos ne figure pas
NIEDERLAENDER (⁵).
J. N. NIEDERLAENDER est signalé à Chalon dès 1855 (¹), indiquant qu’il y est
arrivé peu avant, entre 1852 et 1855. Il y aurait alors été en concurrence
avec JAMIN Père et Fils, facteurs de pianos, mais on ne sait s’ils ont
fabriqué des pianos. En 1858, ceux-ci deviennent « JAMIN Fils et Cie »,
maison spécialisée dans la vente de musique et d’instruments de musique,
puis de pianos et instruments pour fanfares et militaires ; en 1866, elle
fabriquerait également des instruments à vent. JAMIN Fils conserve sa
qualité de facteur de pianos (¹).
Après le décès de son épouse le 31 janvier 1862 à Nancy au 13 rue
Saint-Pierre où elle a emménagé peu avant comme journalière, et alors qu’il
est officiellement domicilié à Chalon-sur-Saône, Jean-Nicolas NIEDERLAENDER
s’y remarie dès le 22 avril 1862 avec Appoline Journeil, propriétaire, née
le 9 février 1808 à Frasnes (Doubs).
Parmi les témoins à ce mariage lors
duquel il se déclare « fabricant de pianos », on note la présence de Louis
Vincent, facteur de pianos, âgé de 31 ans (serait-ce un cousin de
Jean-Nicolas par un frère de sa mère Catherine Vincent ou simple
homonymie?), et François Dumont, menuisier-ébéniste, 28 ans, personnages
faisant certainement partie de son équipe de fabrication.
Ces deux mêmes
personnages seront également les déclarants de son décès le 12 août 1875 au
2 rue Haute à Chalon. Les recensements de l’époque n’apportent aucune
information supplémentaire sur la famille NIEDERLAENDER (⁶). Faute d‘adresse
locale, il est quasiment impossible de trouver d’information sur ce qui
concerne Dumont et Vincent.
On ignore pour le moment tout de sa production de pianos qui s’inscrit, au
début, dans le cadre du passage du forte-piano carré au piano droit. Son
affaire aurait-t-elle eu des fortunes diverses, car les mentions civiles
notent qu’il est tantôt « facteur de pianos », « fabricant de pianos »
(1862), « réparateur et accordeur de pianos » (1866) ? Ces changements de
« qualité » peuvent être mis en parallèle avec le changement d’activité de
la maison JAMIN en 1858, la vente de musique et d’instruments de musique
devenant plus intéressante que la fabrication de pianos qui commence à être
dominée par les manufactures industrielles.
J. N. NIEDERLAENDER devait sans doute aussi être un artisan avisé dans
d’autres spécialités que le piano car il déposé, avec François Dumont, un de
ses collaborateurs permanents, un brevet pour un « appareil moteur
applicable aux bateaux » (sans autre précision sur la nature de ce moteur
(⁷)).
J. N. NIEDERLAENDER n’aura donc eu qu’une assez brève activité à Nancy, sans
doute fortement concurrencée par celle de MANGEOT, WARNECKE et STAUB. Sa
production d’instruments à Nancy et à Chalon reste à établir avec des
instruments signés de lui.
AUTRES NIEDERLAENDER
Jean Nicolas
NIEDERLAENDER (père).
Père de Jean-Nicolas NIEDERLAENDER de Chalon, il était également facteur de
pianos et a certainement formé son fils Jean Nicolas de Chalon. Il était
actif à Kleinblitterstroff (1808), puis Hambach (Moselle).
Son décès le 27
avril 1842 en cette localité indique que le facteur de pianos NIEDERLAENDER
établi à Gros-Bliedersdorf (Moselle) entre 1843 et environ 1862
(Didot-Bottin) ne pouvait être qu’un autre NIEDERLAENDER, parent ou non de
Jean-Nicolas NIEDERLAENDER père et fils, sans doute respectivement neveu et
cousin (⁹).
Un Jean Nicolas
NIEDERLAENDER né le 23
mai 1801 à Kleinblittersdorf (Allemagne) et décédé le 7 septembre 1849 à
Gros-Bliedersdorf, était facteur d’instruments, marié le 6 février 1827 à
Gros-Bliedersdorff avec Barbe Schwartz (1806-1880), dont plusieurs
descendants. Serait-ce celui désigné sans prénom comme « pianos (fabr.) » à
Gros-Bliederstroff en 1848 (¹)? Il était le fils de Pierre NIEDERLAENDER
(1773-18 ??) et Barbe Melchior (1775-1850).
Selon Geneanet/schweikert
(⁹),
il serait le cousin de J. N. NIEDERLAENDER de Chalon, si on considère que le
J.N. NIEDERLAENDER (père) né en 1784 est le frère de Pierre NIEDERLAENDER
mentionné ci-dessus. Ce J. N. NIEDERLAENDER, décédé en 1849, ne peut pas être
celui qui est cité (sans prénom) par Didot-Bottin (¹) comme facteur de
pianos exerçant à Gros-Bliederstroff avant 1862. Les accointances entre
familles de facteurs de pianos et facteurs d’instruments semblent aller dans
le sens de relations familiales entre ces lignées de NIEDERLAENDER.
Enfin, un Louis
NIEDERLAENDER, fait
l’objet d’un remboursement, le 17 août 1873, de la part de la Caisse
d’Epargne de Vesoul d’un compte ouvert le 29 juin 1843. Á cette date, ce
Louis NIEDERLAENDER était facteur de pianos, âgé de 29 ans (donc né en 1814)
ayant sans doute vécu quelques temps en cette ville (¹⁰).
Serait-ce un frère
cadet ou un autre cousin de Jean-Nicolas de Chalon? Serait-ce celui qui
s’est marié à Hambach le 3 juillet 1835 avec Anne Mazel (⁸)? Dans ce cas
cela pourrait être un fils de Jean Nicolas NIEDERLAENDER père résidant à
Hambach en 1837, et donc un frère de J.N. de Chalon.
Ascendance probable des NIEDERLAENDER facteurs de pianos et d’instruments
(²)(⁶)(⁸)(⁹)
1. Nicolaus NIEDERLAENDER ca
1645-1714 x 1666 Anna Maria SCHMITT (SCHMIDT) ca 1646-1733
2. Caspar NIEDERLAENDER ca 1667-1735 x ca 1690 Maria DINCHER ca 1663-1705
3. Jean Jacques NIEDERLAENDER 1691-1725 x 1714 Catherine HECTOR 1693-1740
4. Christian NIEDERLAENDER 1718-1795 x ca 1740 Anne Marie WEGELE 1712-ca
1760
5. Anne NIEDERLAENDER 1741- &1772 Adam LOHR ca 1750-1818
5. Jean Nicolas NIEDERLAENDER 1744 Kleinblitterstroff - x ca 1770
Madeleine ENGELBOURG ca 1747-
6. Pierre NIEDERLAENDER 1773- &1798 Barbara MELCHIOR ca 1775-1850
7. Jean Nicolas NIEDERLAENDER 1801-1849 Facteur d’instruments à
Gros-Bliederstroff, x 1827 Barbara SCHWARTZ 1806-1880
8. André NIEDERLAENDER 1829-1893
8 Nicolas NIEDERLAENDER 1839- x 1863 Catherine Victoire BRETTAR 1843-1883
9. Catherine NIEDERLAENDER 1775-
6. Marguerite NIEDERLAENDER 1777-1791
6. Louis NIEDERLAENDER 1781-
6. Jean Nicolas NIEDERLAENDER 1784 Kleinblitterstroff- Serait-ce le
facteur de piano de Kleinblitterstroff et Hambach, père de J. Nicolas de
Chalon et de Louis à Vesoul et Hambach?? Dans cette hypothèse :
7 ?. Jean-Nicolas 1808 Kleinblitterstroff -1875 Chalon, Facteur, fabricant
de pianos à Nancy et Chalon
7 ?. Louis o1814 Kleinblitterstroff ? facteur de pianos à Vesoul (1843) et
Hambach (1846), x le 3/7/1835 Hambach MAZEL Anne (⁸)
Patronyme NIEDERLAENDER
Le patronyme NIEDERLAENDER est assez fréquent à Gros-Bliederstroff
et alentours (Moselle, Sarre), mais parmi les documents généalogiques connus
(⁹), il n’est fait mention que d’un seul couple Jean-Nicolas NIEDERLAENDER -
Catherine Vincent, parents de Jean Nicolas de Chalon, dont l’ascendance et
la filiation ne sont pas données.
La filiation de J. N. NIEDERLAENDER,
facteur d’instruments à Gros-Bliederstroff est par contre connue, mais elle
ne permet pas de la relier avec certitude à celle des Jean Nicolas de
Hambach et Chalon. Ce peu d’informations est à mettre au compte de la
relative mobilité de cette dernière lignée à faible descendance (i.e. J. N.
NIEDERLAENDER de Chalon n’avait pas de fils et sa seule fille est décédée à
17 ans).
La lignée française des NIEDERLAENDER est donc d’origine allemande,
de Kleinblitterstroff, localité située en face de Gros-Bliederstroff en
Moselle, de l’autre côté de la Sarre qui fait frontière. La date
d’émigration n’est pas connue, mais pourrait se situer à la fin de l’époque
napoléonienne.
RÉFÉRENCES
(¹) - Almanach commercial Didon-Bottin 1840-1862. In : Gallica.bnf.com.
(²) - Etat civil NMD numérisé de Nancy 1830-1870.
(³) - Stussi J. M. (2011) - Facteurs - Fabricants de pianos à Nancy entre
1800 et 1936. Eléments biographiques.
In : http://www.musimem.com/biographies
(⁴) - Archives municipales Nancy, Registre de la population, 1850 à 1862.
(⁵) - Archives municipales Nancy, Annuaire Statistique du département de la
Meurthe et de Nancy 1850-1862.
(⁶) - Archives municipales de Chalon-sur-Saône. Etat civil numérisé
1850-1875. Listes nominatives (recensements quinquennaux).
(⁷) - Catalogue des brevets d’invention 1863 n°3, Chalon-sur-Saône. Brevet
57624 pour 15 ans obtenu le 11 février 1863). In : Gallica.bnf.fr
(⁸) - Archives départementales de Moselle. Etat civil numérisé (Tables
décennales) de Gros-Bliederstroff et Hambach.
(⁹) - Geneanet.org/Hambach/Schweikart et Geneanet.org/Gros-Bliederstroff/jjantzen
(¹⁰) - Journal officiel de la République française, 30.6.1873. Comptes
abandonnés, Caisse d’Epargne de Vesoul. In : Gallica.bnf.fr
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