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LEBRETON
à Rouen

1820

Brevet de 1820 : "M. Lebreton, facteur d'orgues et de pianos, à Rouen, vous a présenté un piano qu'il a perfectionné, et un orgue d'appartement. Ce piano, à table prolongée, remplace avantageusement les pianos à queue pour la beauté et la force des sons.

Il offre à la fois une forme plus commode et plus agréable, produit plus d'égalité dans l'harmonie, les basses étant mieux proportionnées avec la force des dessus.

Cet instrument, au moyen d'un mécanisme perfectionné par l'auteur, a l'avantage d'empêcher que les marteaux ne restent contre les cordes et ne fassent du bruit, inconvénient remarqué dans les pianos de cette forme faits jusqu'à ce jour.

Par là M. Lebreton tire de son instrument des sons plus harmonieux. Dans l'orgue qui vous a été présenté, votre commission a remarqué que le clavier de cet orgue, par un mécanisme de l'invention de l'auteur, ne se trouve porté ni par les pilotes, ni suspendu par les vergettes.

Cet orgue monte à Y ut et descend en fa, au-dessous de l'ut ordinaire, ce qui forme cinq octaves et demi. La disposition du clavier dont nous venons de parler, rend cet instrument beaucoup plus facile à toucher que tous les autres et empêche le bruit que l'on entend ordinairement dans les orgues.

M. Lebreton, établi depuis vingt ans à Rouen, est un artiste aussi distingué que modeste. Il a rendu un véritable service aux arts par la perfection qu'il a apportée aux deux instruments qu'il vous a présentés.

M. Lebreton a donc les plus justes titres à vos encouragements, et vous avez arrêté qu'il lui serait décerné une médaille d'argent.

M. Le Breton, facteur d'orgues et de pianos, auquel la société a accordé, il y a deux ans, une médaille d'encouragement pour un piano perfectionné, vous a communiqué encore cette année de nouvelles améliorations qu'il a faites à cet instrument. Il résulte de ces nouvelles dispositions :

1°. Que l'instrument reste beaucoup plus longtemps d'accord, avantage d'une grande importance;

2°. Les touches du clavier ne sont pas sujettes à se déjeter, comme cela arrive dans les pianos ordinaires;

3°. Le plateau sur lequel les chevilles sont fixées, résiste beaucoup mieux au tirage que les cordes font éprouver à ces chevilles, et qui leur faisait continuellement mâcher et agrandir les trous dans lesquels elles sont placées.

Ces diverses améliorations, jointes à celles déjà dues à M. Le Breton, donnent à ses pianos une très-grande perfection, qui les fait rechercher par les amateurs les plus distingues.

M. Le Breton continue donc à se montrer digne de la récompense que la société lui a accordée, elle aime à le proclamer, et lui accorde en conséquence une mention honorable." Séance publique Bulletin, Société libre d'émulation de Rouen, 1820,  p. 61-62

1822

"M. Le Breton, facteur d'orgués et de pianos , auquel la Société accorda, il y a deux ans, une médaille d'encouragement pour un piano perfectionné, ayant encore, cette année, ajouté à cet instrument de nouvelles améliorations qui le font rechercher, de préférence, par les amateurs les plus distingués, a obtenu une médaille d'argent." Revue encyclopédique, 1822, p. 634

1827

Brevet de 1827 (?): "Note sur les ouvrages d'ébénisterie de M. Guillaume Lebreton, lue le jour de l'anniversaire de la Société.

Messieurs,

Il est des arts qu'on appelle mécaniques, parce qu'ils sont pour l'ordinaire le résultat d'une aveugle routine de la part de ceux qui les exercent, et que chez eux la réflexion dirige rarement la main.

Mais dans ces arts, comme dans les arts libéraux, il naît quelquefois des hommes qui, par leur génie, commandent également l'admiration.

La menuiserie, cet état que Rousseau voulait faire apprendre à son Emile, cet état qui ne cause pas au corps assez de fatigue pour empêcher l'action de l'esprit, a vu dans ceux qui l'ont professé plus d'un talent supérieur.

Je ne vous parlerai pas de maître Adam, qui, devenu poëte célèbre, avait été surnommé le Virgile au rabot. Je me propose aujourd'hui de fixer votre attention sur un menuisier de notre ville, Guillaume le Breton.

Né avec les plus grandes dispositions pour tout ce qui tient à la mécanique, il faisait dès son enfance des ouvrages surprenans. A peine un objet frappait-il ses regards, qu'il était imité.

Il travaillait le fer et l'ivoire; il forgeait et tournait avec une égale facilité. Depuis quelques années, l'emploi des bois les plus précieux, l'élégante proportion des formes antiques introduites par Percier, et mises avec tant de goût en usage par les Jacob et les Lignereux, semblent avoir fait de la menuiserie un art nouveau, sous le nom d'ébénisterie.

Le Breton, sans avoir été à l'école des maîtres de la capitale, se distinguait déjà par les plus beaux morceaux de son art. C'est lui qui, très-jeune encore, a exécuté les stalles du chœur de l'abbaye-aux-Dames de Caen.

A cette époque, où tous les esprits en France étaient dirigés vers la guerre, Lebreton, se sentant plus propre à la fabrication qu'au maniement des armes, était entré dans l'atelier militaire de M. Brunon; il ne tarda pas à se faire remarquer parmi quatre cents ouvriers vriers habiles qu'on y avait rassemblés, et il obtint une médaille du Gouvernement, pour la manière distinguée avec laquelle il avait exercé la place de chef des monteurs.

Mais son imagination active cherchait de plus grandes difficultés à vaincre. Rendu à lui - même, il donna une autre direction à son talent. La vue d'un forté-piano, que le hasard offrit à ses yeux, lui inspira l'idée de l'imiter : c'est dire qu'il y parvint.

On sait combien cet instrument, inconnu aux anciens, et dont la découverte ne remonte même pas loin chez les modernes, a reçu de perfectionnement depuis les Blanchet et les Silberman, et combien il présente de difficultés dans l'exécution. L'essai du jeune Lebreton fut suivi d'un plein succès.

Ce premier forté excita la surprise et obtint des éloges. Le talent encouragé prit un nouvel essor: Lebreton ne fut point satisfait qu'il n'eût exécuté un piano à six octaves. Bientôt après il en fit un organisé.

Son meilleur ouvrage est à Rouen, chez Broche, professeur de musique. Mais il existe à Caen de très-bons pianos de sa composition, chez mesdames de Sourdeval, de Baudrand, le François et chez beaucoup d'autres personnes.

C'est surtout en ce genre qu'il excelle. Il fait lui-même toutes les parties, jusqu'à la ferrure. Il exécute enpore beaucoup d'autres ouvrages en lutherie.

Notre ville est remplie de vielles, de serinettes et de ces instruments connus sous le nom d'orgues de barbarie, qu'il composait dans ses momens de loisir : c'est ce qu'il appelait tuer te temps.

Avec autant aie mérite, il semble qu'il aurait dû vivre dans l'aisance; mais la fortune capricieuse ne lui avait pas dispensé ses faveurs.

Tandis qu'à Paris les Frères Erard sont devenus des hommes célèbres, tandis que leur réputation, soutenue par la vogue, attirait chez eux la richesse, le talent de Lebreton, ignoré des uns, avili par les autres, était à la merci de celui qui savait le marchander.

Depuis quelque temps il travaillait à perfectionner le forté; il voyait avec peine qu'on n'avait pu donner encore à cet instrument le son argentin de la harpe, si flatteur pour l'oreille. Il ne se dissimulait pas que les cordes de la harpe, plus sonores que les fils métalliques du piano, sont plus exposées aux différentes variations de l'air atmosphérique.

Il s'attachait à faire disparaître cet inconvénient, lorsque, poursuivi par le malheur, il fut obligé de quitter sa ville natale, emportant avec lui un forté-piano organisé, unique consolation dans son infortune. En voyageant il a repris l'état de menuisier. Ainsi, celui qui était né avec les grandes conceptions de l'artiste, est redevenu simple artisan.

La Société d'agriculture et de commerce n'existait pas alors; mais c'est à elle à réparer, s'il est possible, l'injustice du sort; car le but de notre institution est d'encourager le mérite dans toutes les classes, et de le tirer de l'obscurité pour le faire briller d'un juste éclat.

Je vous propose donc, mes collègues, de décerner une médaille d'encouragement à Guillaume Lebreton, comme une digne récompense de ses talens.

Que nos horomages aillent trouver notre compatriote malheureux dans le lieu de sa retraite, et le ramènent dans sa patrie; qu'il sache qu'il existe ici une Société qui sait honorer l'homme industrieux.

Vous avez, Messieurs, été à portée de reconnaître la belle composition des fortés de Lebreton par celui qui est exposé à vos regards, et vous avez pu juger de la bonté de cet instrument par les différens morceaux d'harmonie que vient d'exécuter Mll. Desvos, aveugle de naissance.

Vous avez su apprécier le talent du facteur et celui du musicien : ainsi, dans les arts le mérite de l'un contribue souvent à faire valoir le mérite de l'autre.

Privée de la vue, cette faculté, sans laquelle il est si difficile d'obtenir et de perfectionner les talens, Mlle. Desvos vient de nous prouver que cet obstacle peut être surmonté, et nos applaudissemens doivent être pour elle les signes certains de l'impression qu'elle a faite sur nous.

Il appartenait au plus agréable des arts d'embellir cette réunion, en nous faisant sortir pour un instant de nos occupations graves par d'aimables distractions.

Et qu'aucun censeur ne nous en fasse un sujet de reproche. Mercure, qui préside au commerce, ne déroba-t-il pas un instant la lyre d'Apollon pour en tirer des sons mélodieux ?

Cérès, qui préside à l'agriculture, en faisant naître l'épi de blé des champs, fait aussi éclore la fleur des jardins, et cette bonne déesse sourit quelquefois aux jeux des muses." Précis des travaux. Mémoires. Société d'agriculture et de commerce de Caen, 1827, p. 175-180

1837

Brevet de 1837 (?): "Guillaume Lebreton, né à Caen, doué des plus heureuses dispositions pour la mécanique, paraît avoir été frappe, fort jeune encore, de la vue d'un forté; et seul, sans autres leçons que son génie, il entreprit de l'imiter.

Cet essai, qui laissait peu à désirer, excita la surprise, et depuis cette époque, le jeune Lebreton a suivi l'état auquel l'appelait sa vocation.

Fixé à Rouen, il lutte aujourd'hui d'efforts avec MM. Eder et Gaguin, pour introduire de nouveaux perfectionnements dans l'art de la lutherie." De l'état de la musique en Normandie: depuis le IXe siècle, Emma Chuppin de Germigny, 1837, p. 101

Pour les références voyez la page
alphabétique L


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