home | Facteurs de pianos en France


 

LACAPE Jean Jules
à Paris (°1855)

1861

 LE PIANO MÉCANIQUE

"Que n'a-t-on pas dit, pour rire, de ce fameux et proverbia piano du Conservatoire, lequel, à farce de répéter le même air sous le doigté impitoyable des débutants, aux jours solennels du concours, en est presque venu à jouer cet air tout seul ?

-Toutes les années voient revenir cette plai anterie prodige. Eh bien la plaisanterie est devenue sérieuse; le prodige existe; nous l'avons contemplé, entendu, applaudi on le rencontre dans les salons de M. Jules Lacape, 47, rue Saint-Louis au Marais, et l'un de nos établissements publics récemment inauguré le jardin du Pré-aux-Clercs n'a pas hésité à ajouter à ses fêtes l'attrait tout fantastique de cette habile invention. Le piano-mécanique de M. J. Lacape a fonctionné devant nous.

Tout d'abord nous avons été frappé de sa richesse et de son élégance d'ornementation les plus fines incrustations, les plus ingénieuses arabesques courent le long de sa caisse en broderies étincelantes; c'est plutôt un meuble qu'un instrument, c'est plutôt un bijou qu'un meuble.

Quelqu'un s'approche et pousse un boutun aussitôt les touches se peuvent d'elles-mémes et attaquent avec une précision, une vigueur, une sonorité remarquables le morceau demandé par l'auditeur.

Obéissant à une main invisible, animées, intelligentes, elles vont, non-seulement observant lit mesure dans ses conditions les plus harmoniques, mais encore rendant les pianos et les fortés avec le sentiment exquis qui distinguerait un instrumentiste hors ligne.

Hoffmann n'eût pas manqué de crier au surnaturel nous avons écouté les explications de M. J. Lacape et nous sommes sorti convaincu que le talent seul et la patience du facteur en étaient arrivés à d'aussi surprenants effets.

Le piano-mécanique de J. Lacape est exactement semblable aux pianos ordinaires connus de tout le monde. Son mécanisme se compose seulement d'un appareil de très-petite dimension qui ne change rien à l'aspect des instruments, quels qu'en soient le genre et la forme.

Cet appareil, fixé à l'intérieur, fait mouvoir le clavier tout aussi naturellement que s'il marchait sous une pression manuelle. Cette simple pression suffît, alors qu'on le désire, pour ramener l'instrument à sa condition normale; le bouton dont nous avons parlé arrête instantanément le mécanisme et le clavier revient à la disposition de l'exécutant la même pression, exercée dans le sens oppose, reme- [?] l'instrument en marche.

Après de longues et minutieuses recherches, M. J. Lacape en est même arrivé à disposer le même appareil à l'extérieur de tout piano et sans aucune préparation il s'adapte également bien à tous les claviers soit de piano ou orgues de salon, fonctionne aussi nettement que l'appareil contenu dans l'intérieur, et rend textuellement la musique écrite; les pédales de forté et de céleste sont mises mécaniquement en jeu selon le besoin de la musique, et reproduisent la moindre nuance indiquée, avec une telle perfection, qu'il est impossible de supposer qu'une machine puisse interpréter ainsi la musique.

L'inventeur a également créé, d'après ce système, un autre appareil simple et peu coûteux, qui peut se fixer sur les claviers de tout piano et fonctionne au moyen d'une manivelle. La musique est aussi exactement rendue par ce second système que par le premier; ces deux appareils, indépendants du piano, sont désignés sous le nom d'ANNEXE-MÉCANIQUES aux pianos ou orgues de tous facteurs.

Combien se trouvent distancés par ce progrès inimaginable l'épinette dans laquelle se cacha, dit-on, Mozart enfant et les chefs-d'œuvre authentiques de Vaucanson si celebres sous le nom du Joueur de flute et du Joueur de tambourin !

Nous appelons l'attention du monde lyrique, du monde savant, du monde artiste sur le piano-mécanique de M. J. Lacape. Cette nouvelle invention et l'homme qui l'a su créer jouiront sans doute dans le plus bref délai de la popularité et du succès ils y ont droit, la popularité et le succès ne sont-ils pas les légitimes récompenses du travail et du talent ? Z. GANDERON." L'Actualité littéraire, artistique, scientifique, 06/1861, p. 8-9 (gallica.bnf.fr)

1869

Le Pédalier-Harpe,
La Vie parisienne : moeurs élégantes, choses du jour, fantaisies, voyages, théâtres, musique, modes, 02/01/1869
, p. 994 (gallica.bnf.fr)

"LES NOUVEAUX INSTRUMENTS DE MUSIQUE DU M. J. LACAPE. ingénieur-mécanicien à Paris, 29, boulevard Saint-Martin.

Nous donnons ici un croquis du nouvel instrument, inventé l'an dernier par M. J. Lacape, et auquel il a donne le nom de pédalier-harpe.

Ce n'est, pas là'un instrument de pure fantaisie imagine en un jour de caprice. Les circonstances qui en ont fait naître ridée chez M. Lacape méritent, d'être rapportées.

Un homme marquant du meilleur monde, excellent musicien, doué d'un brillant talent de pianiste et d'organiste, M. M... perdait à la suite d'un accident de citasse l'usage dises dix doigts. On ne saurait dire combien sa douleur d'une semblable catastrophe fit augmentée du chagrin de ne pouvoir plus se livrer à son art, chagrin partagé par tousceux qui, dans les salons, avaient pu si souventapprécier les facultés musicales eL instrumentales de M...

M. J. Lacape appelé, parvint à composer un instrument des plus ingénieux, permettant de suppléer dans les limites du possible. à la regrettable perte.

De là le pedalier-harpe.

Cet instrument unique a l'ait beaucoup parler de lui et a attiré l'attention d'un grand ministre de la reine d'Angleterre, qui a fait construire par M. J. Lacape un piano gigantesque, pour jouer automatiquement toute la musique a grand orchestre. Ce piano est mélangé de plusieurs instruments, notamment d'un orgue-harmonium a double expression. Il possède deux claviers de sept octaves, pour le doigte ordinaire, qui permettent a un seul exécutant de produire autant d'effets qu'un orchestre complet.

D'après le récit que nous er fait un de nos amis. Ce monument musical est un chel-d'œuvre que possédé le château de Parlington à Leeds Angleterre . Il est mû par une chute d'eau qui prend sa source dans un lac à un kilomètre du château. L'inginieur M. J. Lacape autilisé tres-heureusement cette chute d^eau qui vient se perdre au moyen d 'tiii canal sous le parquet du salon où se trouve placé le gigantesque piano.

Si, par ses dimensions exceptionnelles et le mode employé pour le laire fonctionner, cet instrument n'était pas d'une installation plus difficile que les pianos automatiques fabriques journellement par M. J. Lacape, il est probable que nous en aurions plusieurs spécimens à Paris. Mais comme un semblable tour de force ne saurait manquer d exciter la curiosité de nos lecteurs nous leur donnerons d'autres détails aussitôt qu'ils nous seront transmis." La Vie parisienne : moeurs élégantes, choses du jour, fantaisies, voyages, théâtres, musique, modes, 02/01/1869, p. 994 (gallica.bnf.fr)

1876

"Nous n'avons pas l'habitude de recommander de nous-mêmes les inventions, de quelque nature qu'elles soient. Nous faisons pourtant aujourd hui une exception pour les pianos automatiques, et autres produits de la fabrication de M. Lacape, parce que nous nous sommes assurés de leur valeur exceptionnelle auprès des personnes les plus compétentes; aussi n'hésitons-nous pas a les signaler aux capitalistes désireux de faire un bon placement de leurs capitaux.

La maison J. Lacape, fondée à Paris en 1855, est bien connue par la supériorité de sa fabrication elle exporte ses produits dans les quatre parties du monde, et elle peut lutter avantageusement avec les fabriques de pianos les plus célèbres de l'Europe.

J. Lacape est l'auteur de plusieurs inventions en pleine voie de prospérité, notamment celle dont notre journal a déjà parlé, ses merveilleux PIANOS AUTOMATIQUES pour lesquels il désire s'adjoindre un ou plusieurs associés ou commanditaires pouvant disposer de 100 à 150,000 francs.

Ce capital ne serait demandé qu'au fur et à mesure des besoins de la fabrication et sur justification de l'emploi, afin de multiplier ses produits et de satisfaire à toutes les demandes, en prévision de la grande exposition universelle de 1878 à Paris. Pour tous renseignements, s'adresser à M. de Rodays, gérant du Figaro." Le Figaro, 06/08/1876, p. 3 (gallica.bnf.fr)

1883

"[...] La soirée s'est terminée par divers monologues dits avec beaucoup d'esprit et d'entrain par MM, de Saine-ville et Roicher, et par le Cardinal de Venise, exécuté sur un piano podophone par M. J. Lacape, inventeur même de ce nouvel instrument dont nous entretiendrons prochainement nos lecteurs." L'Europe-artiste, 07/01/1883, p. 2 (gallica.bnf.fr)

M. JEAN LACAPE, Le Panthéon de l'industrie :
journal hebdomadaire illustré, 29/04/1883
, p. 122 (gallica.bnf.fr)

 
M. JEAN LACAPE
INVENTEUR DU PIANO PODOPHONE

"MONSIEUR LACAPE, facteur de pianos et d'orgues-harmoniums, bien connu de tous les artistes et de tous les amateurs parisiens, a sans doute beaucoup d'autres titres à la notoriété publique que celui que nous lui donnons en tête de cette notice ; mais comme il a fait du piano podophone le principal objectif de sa vie d'artiste (le mot n'est pas excessif quand on l'applique à un homme qui a élevé son industrie au rang des arts), comme la vulgarisation de ce piano constituera une véritable révolution musicale, nous ne pouvions mieux faire que d'accoler au nom de l'inventeur celui de l'invention qui l'honore par-dessus tout.

M. Jean Lacape est né à Sauternes (Gironde), le 26 juillet 1831.

La mort prématurée de son père, qui s'était distingué comme marin, mais qui ne possédait aucune fortune, laissa sa digne mère dans un état voisin de la gêne, avec trois enfants, dont Jean, l'aîné, n'avait que quatre ans.

Aussi l'éducation de Jean fut-elle forcément rapide et incomplète, et à onze ans il abandonnait les bancs de l'école primaire.

Il est vrai que son intelligence et son application avaient, dans la limite du possible, suppléé à l'insuffisance de la durée de ses études, et que son maître, en le rendant à sa mère, déclarait qu'il n'avait plus rien à lui apprendre.

A treize ans, il entrait comme apprenti dans une importante maison d'ébénisterie de Bordeaux, excellente préparation pour le futur facteur de pianos, qui sut acquérir là, dans l'espace de trois ans, une connaissance approfondie des bois, de leur nature, de leur provenance, de leur qualité et une singulière habileté à les mettre en œuvre.

En même temps, il complétait son éducation, fréquentait les cours publics, les écoles du soir, faisait des progrès surprenants dans l'étude du dessin industriel.

Il eut l'heureuse chance, son apprentissage d'ébéniste terminé, de travailler sous la direction d'un facteur de pianos qui ne possédait pas, il est vrai, la renummée tapageuse de certains industriels, mais qui aimait passionnément son art, qui comprenait et exécutait ses instruments en véritable artiste.

Aussi, quand le jeune Lacape sortit de là, à l'âge de dix-neuf ans, et entreprit son tour de France, il put entrer de plain-pied, en qualité de conducteur des travaux, dans une grande maison du Midi : la maison Boisselot de Marseille.

Il arriva à Paris en 1851, et, rêvant dès lors un grand établissement auquel il pressentait qu'il serait appelé à donner une extension inusitée, il s'attacha à l'étude du piano-orgue et ne revint au piano ordinaire que lorsqu'il se fut complètement assimilé cette fabrication spéciale.

Doué d'un esprit inventif très développé, il rendit de sérieux services aux grandes maisons de pianos auxquelles il fut successivement attaché et contribua puissamment, en qualité de contre-maître, à fonder la réputation d'une maison parisienne qui produisait des instruments de premier ordre, mais qui n'a vait pas réussi jusqu'alors à conquérir la vogue dont elle était digne.

Comme tous les hommes qui ont une idée, qui visent un but et le poursuivent avec ténacité, M. Lacape était un homme sérieux, un travailleur assidu, rangé, économe.

En janvier 1857, grâce à l'accumulation de ses épargnes, il se trouva en état de se créer un atelier, de l'outiller, d'acquérir les matières premières nécessaires à ses débuts; la maison Lacape était fondée.

Ce que redoutait avant tout son fondateur, c'était de verser dans l'ornière de la routine; ce qu'il voulait passionnément, c'était faire mieux et autrement que ses concurrents, se créer un nom dans son art, mieux que cela : le mériter. Il n'a pas failli à cette tâche.

Dès 1857, il créait le piano automatique, magnifique instrument qui fut accueilli du public avec un empressement qui ressemblait à l'enthousiasme. Il fut presque aussitôt installé dans les salons de la présidence de la Chambre des députés, alors occupés par le duc de Morny, dans ceux de l'empereur, aux Tuileries, de lord Goiskin, ministre anglais, de la reine d'Angleterre,.d u vice-roi d'Egypte, etc.

Cet instrument, qui rompait d'une façon si heureuse avec les vulgaires instruments mècaniques, parut satisfaire tout le monde, l'inventeur excepté. (Nous dirons plus loin une autre exception.)

M. J. Lacape rêvait, en effet, un instrument non plus purement mécanique, reproduisant automatiquement la pensée musicale du constructeur, il entrevoyait un piano exécutant dans la perfection les morceaux des grands maîtres, n'exigeant de la part de l'exécutant aucune connaissance musicale, mais traduisant sa passion, son inspiration du moment, lui permettant, en un mot, de mettre son âme dans son jeu.

Cette idée paradoxale en apparence, il l'a réalisée en 1879 par la création du piano podophone.

Ici, en effet, le rôle de l'exécutant ne se borne plus à la manœu vi e mécanique de la manivelle, il met le cylindre en mouvement à l'aide d'une pédale supplémentaire, réglant la mesure, donnant à l'instrument le sentiment et l'expression.

Pour faire rendre au piano podophone tout ce qu'il peut donner, il n'est nullement nécessaire d'être musicien, il suffit de sentir la musique, ce qui est bien différent.

L'appareil créé par M. Lacape s'applique avec la plus grande facilité à tous les pianos qui conservent, du reste, toutes les qualités des pianos à doigté et, possédant un clavier complet, peuvent être joués à la façon des pianos ordinaires.

Ce qui précède suffit amplement pour montrer l'énorme différence qui distingue le piano podophone des: pianos dits mécaniques ; il n'a pas moins été attaqué avec violence par dés artistes, souffrant impatiemment que la vraie et bonne musique puisse être exécutée par des profanes, et s'imaginant que les amateurs du piano podophone sont appelés a faire une concurrence déloyale aux pianistes de profession !

Qui ! comme la photographie devait faire concurrence à la gravure !

Après de longues explosions de colère, les peintres, les graveurs, les artistes du crayon, du burin et du pinceau ont reconnu que la photographie, qu'ils redoutaient comme une concurrente, pouvait devenir pour eux un puissant auxiliaire ; les pianistes, les musiciens reviendront par la même raison et de la même manière de leurs injustes préventions contre le piano podophone, et les jurys des expositions seront moins prompts à épouser les dédains et les préventions de la routine.

En attendant, le caractère de l'inventeur, un homme consciencieux, qui n'a jamais voulu renoncer à la vérification minutieuse de tous les instruments qui sortent de ses ateliers, un artiste plein de goût, épris des progl ès de l'art musical, est fait pour inspirer au public artiste une entière confiance.

L'Académie nationale l'a très bien senti en l'amettant dès 1879 au nombre de ses membres ; et ceux-là l'ont bien senti aussi, qui viennent de lui confier des capitaux très importants pour l'extension de sa maison, ceux-là pensent comme nous, comme lui, que l'art vrai, l'art sérieux est sérieusement intéressé à la vulgarisation de la belle invention de M. Lacape.

Et ce ne sera pas le dernier mot de M. Lacape : nous savons de bonne source que son invention, appliquée déjà avec plein succès à l'orgue harmonium, le sera prochainement à un nouvel instrument, le piano podophone grand orchestre, dont les effets merveilleux seront une surprise pour tout le monde, y compris les artistes qui ont protesté le plus violemment. - L. BOURNE." Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire illustré, 29/04/1883, p. 122 (gallica.bnf.fr)

1891

INCENDIE

"Un violent incendie a éclaté la semaine dernière, vers quatre heures du soir, dans un important immeuble composé de quatre corps de bâtiments, sur le boulevard Saint-Martin, à Paris. Dans ce quartier si populeux, où la circulation est très considérable, l'émotion fut aussitôt des plus vives. La cause de cet incendie est purement accidentelles M. Wall, dépositaire de celluloïd, dont les magasins sont situés au premier étage de la maison où le feu a pris, avait eu l'imprudence de couper une feuille de ce produit des plus inflammables auprès de sa cheminée où brûlait un feu ardent ; une étincelle sauta sur la feuille et, en un instant, les flammes envahissaient les ateliers de M. Lacape, facteur de pianos, où les bois secs qui s'y trouvaient servirent d'aliment à l'incendie. [...]" Le Petit Parisien. Supplément littéraire illustré, 18/01/1891, p. 7 (gallica.bnf.fr)

"Les suites d'une émotion. Du Petit Parisien : Nous avons dit que les magasins et ateliers de M. Lacape, facteur de pianos, boulevard Saint-Martin, 29, avaient été complètement détruits dans l'incendie du passage Alexandre. M. Lacape a succombé hier matin, aux suites de émotion qu'il avait éprouvée en voyant son établissement en flammes." La Presse, 15/01/1891, p. 3 (gallica.bnf.fr)

 

LACAPE
sur ce site
EXPOSITIONS
BREVETS
ARTICLES
PUBLICITÉ

Cliquer sur le lien ci-dessus.

Pour les références voyez
pianos français 1850 - 1874


 © Copyright all rights reserved