UNE
NOUVELLE MANUFACTURE DE PIANOS.
"Il a souvent cité, avec une admiration très-légitime, du reste,
l'étrange façon dont s'improvisent, aux Etats-Unis, les grandes maisons
industrielles.
Nous ne voulons, pour aujourd'hui, expliquer ni commenter ce phénomène
économique particulier à ce pays paradoxal ; mais nous sommes
très-convaincu que lorsqu'on cite son exemple, pour encourager les
travailleurs de l'Ancien Monde, et particulièrement les travailleurs
français, en leur ouvrant les plus vastes horizons, on fait entièrement
fausse route, attendu qu'on ne tient pas un compte suffisant de la
différence des milieux, et particulièrement de la différence des
caractères chez les consommateurs, différences qui excluent les procédés
identiques chez les producteurs.
En somme, on a grand tort de croire que les succès improvisés sont
impossibles ou même qu'ils sont rares chez nous.
Seulement, comme notre public, plus lent, plus froid, moins prompt à
s'emballer, si l'on nous per met ce mot-emprunté au Sport, exige des
qualités plus solides de fabrication et se leurre moins aisément
d'apparence et de bruit, nos grandes réputations se fondent avec moins
d'éclat, mais, en revanche, sont généralement plus méritées et plus
durables.
Mais, si nos ouvriers qui se sentent quelque chose dans le crâne ont
besoin de se prouver à eux-mêmes que l'habileté et la conscience peuvent
conduire, sans autre ressource, à un prompt succès, ils peuvent sans
beaucoup de peine, recueillir cet, exemple autour d'eux et se dispenser
de passer l'Atlantique.
Les exemples de ce genre fourmillent dans notre journal, 011 nous sommes
heureux d'enregistrer tous ceux qui s'offrent à nous.
En voici encore un qui nous a paru tout particulièrement remarquable en
ce que le travailleur qui nous le fournit a atteint le succès avec une
rapidité si surprenante, qu'il n'a presque pas eu, cette fois, à
déployer la qualité la plus essentielle au travailleur qui veut parvenir
: la patience.
M. H. Klein, ouvrier en pianos, fonda, il y a six mois à peine, 138, rue
Oberkampf, au numéro 19 du passage Ménilmontant, un atelier où il
occupait, alors un seul ouvrier.
Aujourd'hui il occupe 20 ouvriers et produit mensuellement une vingtaine
de pianos de tous formats, depuis le piano droit à cordes verticales
jusqu'au grand modèle Pleyel.
Pour parcourir en si peu de temps un chemin si étonnant, de quelles
ressources disposait M. Klein ?
D'aucunes, si ce n'est d'une profonde connaissance de son art, d'une
entière loyauté professionnelle, d'une ferme volonté de réussir et
d'asseoir exclusivement sa réputation, non sur l'habileté d'un
contremaitre plus ou moins intelligent, habile et consciencieux, mais
sur une collaboration assidue, une surveillance de tous les instants,
une direction personnelle essentiellement active.
M. Klein, ancien ouvrier, est, par principe, resté ouvrier, pensant
qu'un facteur de pianos digne de ce nom est celui qui fait des pianos et
non celui qui fournit un capital pour acheter des bois et des métaux et
pour payer les ouvriers qui les mettent en œuvre et qui n'ont aucun
intérêt de réputation ni d'argent à la perfection de leur travail.
Toujours pour les mêmes raisons, M. Klein n'a pas voulu imiter d'autres
maisons qui font construire à divers spécialistes toutes les parties de
leurs instruments et bornent leur rôle propre à les monter.
Sauf quelques détails trop étrangers à la facture, notamment la
fabrication des touches et des mécaniques, qu'il emprunte à des maisons
de premier ordre, M. Klein exécute ou fait exécuter tout sous ses yeux,
dans ses propres ateliers.
Tels sont les éléments qui ont fondé le succès de la maison Klein,
succès qui n'a encore eu, pour ainsi dire, que le temps de se prononcer,
mais que nous avons tenu à enregistrer presqu'à sa naissance.
Il va sans dire que M. Klein, qui n'a jamais brigué une réputation
passagère, a donné une attention toute spéciale à la solidité de ses
mécanismes; car s'il n'est pas déjà bien facile de produire des
instruments d'tine bonne sonorité, il est bien plus difficile encore de
leur conserver cette qualité de fond.
C'est pourquoi tous ses pianos, à partir des modèles demi-obliques, ont
des sillets métalliques avec pression destinée à accroître leur
sonorité, et c'est pourquoi, dans les grands modèles, le sommier du haut
est bridé par deux barres de fer et par sept boulons, le sommier
d'agrafes relié au sommier de chevilles par deux autres barres de fer,
de façon à annuler complètement l'effet déplorable du travail des bois
sous l'influence de l'humidité ou de la chaleur.
Voilà comment on réussit chez nous. Nous sommes heureux de le dire à
tous les travailleurs de mérite que l'on accoutume ou qui s'accoutument
trop à croire que le succès et la réputation ne sont, en France, que des
formes de l'intérêt du capital. L. Bruneo."
Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire
illustré, 1880, p. 166-167 (gallica.bnf.fr)
UNE FÈTE DE
FAMILLE
La médaille d'or de la maison KLEIN
"Monsieur HENRI KLEIN, aujourd'hui l'un des M premiers facteurs de
pianos de la France, a son fêté l'autre jour en famille la médaille d'or
que le jury international de l'Exposition lui avait décernée.
M. Klein a reçu, à déjeuner — c'est une bonne façon de recevoir —lés 150
ouvriers de sa fabrique, et les petites, agapes se . sont passées dans
une atmosphère de cordialité tout à fait réconfortante.
Après avoir mangé et bu un tas de choses pleines de délicatesse, on a
toasté et l'on a, naturellement, dit beaucoup de bien du maitre de la
maison. C'est que, pour tout dire, l'histoire du facteur aujourd'hui
célèbre n'est pas banale dans sa simplicité de labeur infatigable.
Fils de ses oeuvres, ébéniste adroit qui
dut même à son habileté professionnelle de passer l'heure tragique de la
captivité allemande dans une douceur et une aisance relatives, M. Klein,
devenu, petit à petit, de fabricant de caisses de piano, facteur
émérite, a vu sa maison progresser dans une proportion que la médaille
d'or ne fera qu'accroître.
En 1899, la maison Klein a vendu plus de
1.400 pianos, et ce qui est mieux, de bons pianos.
On en fera toujours trop de pianos de
pacotilles. C'est le meuble d'art qui nous intéresse. Le piano Klein est
un meuble d'art.
Donc, au dessert, on toasta. M. Louis Hury, le représentant si actif et
si disert de la fabrique Klein, M. Cahouët, qui partage, avec
l'excellent compositeur Renard, la direction de la fabrique de pianos
Guillot, dont ils ont fait l'une des plus brillantes de Paris, M.
Bovard, éditeur de musique et directeur de la chorale l'Union
Constantinoise, M. Frédéric Egger de la maison de Rohder, ont tour à
tour rendu excellemment hommage au grand laborieux qu'est M. Henri
Klein, et, dans ce flot de discours, dont quelques-uns, comme celui de
M. Cahouët, atteignirent la plus rare éloquence, il nous est
particulièrement agréable de citer une phrase, une seule phrase, parce
qu'elle nous semble, au milieu de tant de compliments justifiés, le plus
rare et le meilleur, le plus simple et le plus doux :
« Patron, dit tout à coup un vieil
ouvrier, je n'ai qu'un mot à vous dire: c'est que chez vous, j'ai
toujours bien gagné ma vie. »
Il suffit, n'est-il pas vrai, et l'on peut en rester là."
La Vie artistique : revue des beaux-arts :
peinture, musique, théâtre, 09/1900, p. 9 (gallica.bnf.fr)
"Montrieul-sous-Bois. Par suite d'un
court-circuit un incendie s'est déclare la manufacture du pianos Klein, rue
Arsène-Chéreau. Un bâtiment de 8 mètres de long sur 5 mètres de large
servant de scicrie a été détruit. Les dégâts sont importants."
Le Petit
Parisien, 11/11/1920, p. 3 (gallica.bnf.fr)
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et
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La Presse, 10/11/1920, p. 2 (gallica.bnf.fr)
KLEIN
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