Alphonse Marcel JUVENOIS
Facteur et Fabricant de pianos
à Bruxelles, à Namur et à Paris.
Entre 1835 et 1865
par Jean-Marc STUSSI
Marcel Alphonse JUVENOIS,
facteur et fabricant de pianos à Paris entre 1847 et 1862 (¹),
semble avoir connu un parcours assez sinueux. Une autre
particularité le concernant est son mariage avec une fille KNEIP,
soeur de quatre facteurs de pianos
KNEIP de Paris.
Alphonse JUVENOIS est d’origine belge, né cependant à Lille le
22/07/1811, fils de Jean-Joseph JUVENOIS, employé aux octrois, mais
né à Bruxelles en ca. 1767 (sous le I° Empire français, la Belgique
était française, d’où le poste du père JUVENOIS à Lille) et de
Angélique Deplechin native de Audenarde (en ca. 1770). Le prénom de
JUVENOIS déclaré à sa naissance est en fait Marcel, celui d’Alphonse
ne figurant pas dans l’enregistrement.
L’adoption
du prénom Alphonse apparaît uniquement dans les informations d’état
civil et dans les annuaires commerciaux de Paris et sur les plaques
d’adresse de ses pianos, mais toutes les données le concernant à
Paris indiquent clairement que Marcel et Alphonse sont le même
personnage (²)(³).
On ne sait où il a suivi
sa formation de facteur de pianos, qualité qu’il déclare à son mariage Bruxelles
le 3/12/1836, avec Catherine Joséphine KNEIP, fille de Nicolas KNEIP, ébéniste
(originaire de Brachtenbach au Luxembourg) et de Catherine Pétronille Lefébure
originaire de Saint-Omer (mariage KNEIP-LEFÉBURE en 1806 en cette ville) (⁴)(⁵). Ayant résidé à Saint-Omer entre 1806 et 1826 au moins où sont nés leurs 10
enfants (parmi lesquels quatre fils deviendront facteurs de pianos), la famille
s’installe en tout ou partie à Bruxelles avant 1836. Il est possible que Nicolas
KNEIP et Alphonse JUVENOIS se soient connus chez le même employeur, en
l’occurrence un facteur de pianos de Bruxelles.
Le couple A. JUVENOIS – C.J. KNEIP aura 5 enfants dont les lieux de naissance
ont permis de suivre l’itinéraire professionnel de Marcel Alphonse JUVENOIS
(²)(⁴)(⁵) :
Marie Emilie Catherine,
née le 19/10/1837 à Namur. Ce lieu de naissance indique qu’Alphonse JUVENOIS a
quitté Bruxelles pour Namur peu après son mariage, ou bien que son domicile
officiel était Bruxelles tout en travaillant à Namur. Peut-être y a-t-il
travaillé chez Jean Joseph Florence (médaille de bronze à l’exposition de
Bruxelles en 1835 ; médaille vermeil à celle de Bruxelles en 1841 ; médaille 1°
classe en 1847) actif en cette ville en 1841 et 1868 (¹).
Alphonse Charles,
né le 28/07/1839 à Paris.
Brutus, né
le 25/07/1841 à Paris (3° ancien).
Alphonsine Joséphine,
née le 13/06/1843 à Paris-Belleville. Elle épousera le 10/08/1865 à Paris, son
cousin Alfred Louis KNEIP, fils de Jean Louis François KNEIP. Père et fils KNEIP
ont travaillé indépendamment ou associés à Paris comme facteurs de pianos et
mécaniciens pour pianos spécialisés dans la garniture des marteaux de pianos
(⁵).
Henriette Eléonore,
née le 15/12/1849 à Paris (1° ancien).
Ces données montrent qu’Alphonse JUVENOIS rejoint Paris peu après 1837.
Toutefois, on ne sait où A. JUVENOIS a travaillé entre 1839 et 1846, mais très
probablement chez un fabricant parisien, car il n’est pas répertorié comme
professionnel dans les annuaires commerciaux. Il crée son atelier de fabrication
de pianos qu’en 1847 au 100 puis au 166 Saint-Maur-Popincourt (cf. les plaques
d’adresse in (¹)). L’atelier de fabrication de pianos de JUVENOIS est en
faillite en 1862 (1 ; 6). JUVENOIS reste à Paris encore quelques temps comme
facteur de pianos au 111 Ménilmontant, puis au 115 rue Oberkampf, adresse à
laquelle il est mentionné dans la rubrique « fournitures », comme « ouvrier » à
l’Exposition universelle de Paris de 1867 (pas de récompense) à laquelle il a
exposé une table d’harmonie (⁷). On perd ensuite sa trace. Il n’est pas décédé à
Paris, ni son épouse. Serait-il retourné en Belgique ?
Les données relatives aux KNEIP ne permettent pas de préciser davantage les
relations d’affaires entre KNEIP et JUVENOIS, ni si les facteurs KNEIP se sont
installés à Paris avant 1839 (mariage de Jean Louis) en venant de Saint-Omer
(peu probable) ou de Bruxelles ou encore d’ailleurs. Entre 1843 et 1853 (?),
Jean Louis KNEIP est installé comme facteur-fabricant de pianos à Bayonne avec
l’un de ses deux frères Charles (Laurent ou Théodore). A une date indéterminée,
il revient à Paris car à partir de 1854 il est installé au 45 Faubourg du Temple
comme facteur-mécanicien pour pianos. Aurait-il été associé en 1847 à
l’ouverture de l’atelier de JUVENOIS puis s’en serait-il séparé ? Toujours
est-il qu’à partir de 1854, il travaillera en indépendant, sans JUVENOIS, puis
avec d’autres associés temporaires (Pouvel ; Rebierre) et avec son fils (⁵).
ADDENDUM
Grâce à l’information transmise par Mme Lieve Verbeeck, que nous
remercions vivement, après insertion des notices Kneip et Juvenois
sur son site, de l’existence d’une plaque d’adresse « Alp. Juvenois
– Kneip », les relations d’affaires entre les Kneip et Juvenois se
précisent. Elle atteste que Juvenois et Kneip étaient associés au
moins pendant quelques temps. L’époque de cette association,
matérialisée par les plaques serties en laiton de conception plus
moderne (fin années 1850), serait plus récente que celle déduite des
plaques d’adresse « A. Juvenois » sur papier imprimé.
RÉFÉRENCES
(¹) -
Les facteurs de pianos français.
(²) - Archives numérisées de Paris Etat civil 1800-1925.
(³) - Almanach et Annuaire du commerce, de l’industrie et de la
magistrature 1837-1910. In : Gallica.bnf.fr.
(⁴) -
Base MIGRANET. Fiches aimablement
communiquées par M. M. Vanwelkenhuyzen que nous remercions vivement.
(⁵) - Stussi J.M. – 2017.
Les facteurs de pianos KNEIP. In: Les
facteurs de pianos français (¹).
(⁶) - Annuaire des faillites déclarées par le Tribunal de commerce
de la Seine, classées par ordre de dates, 1862, p. 20-21 et La
Presse, 28/02/1862, p. 3 (gallica.bnf.fr).
(⁷) - Haine M. 1978. -
Tableaux des facteurs d’instruments de musique
aux expositions nationales et universelles de 1789 à 1900.
(¹) - . In: Gallica.bnf.fr
(⁸) - Photo d'un piano JUVENOIS. Source : Site : fr.slide.share.net.
Ce piano ne peut être de 1891, car JUVENOIS a fait faillite en 1862
et ne semble pas avoir repris la fabrication ultérieurement.
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