home |
Facteurs de pianos en France
La famille HENRY de
Thann par Jean-Marc STUSSI
Notes informelles réunies dans le cadre de recherches sur Joseph STEGER, employé et neveu par alliance de Joseph STEZLE, facteur de pianos et d’orgues à Nancy.Entre 1818 et 1836, l’atelier de facture de pianos de Joseph STEZLE de Nancy employait Joseph STEGER. Celui-ci était arrivé de Thann où il était né le 27 juillet 1799, fils d’Alexandre STEGER, taillandier et adjoint municipal, et d’Anne Marie Beck.
Cette origine et la
qualité de facteur de pianos de Joseph STEGER laisse logiquement
supposer qu’il avait fait son apprentissage chez un facteur local.
Celui-ci ne pouvait alors qu’être Joseph HENRY, facteur d’orgues et
de pianos établi à Thann qui avait repris, avec ses frères,
l’atelier de son père Jean Joachim HENRY, créé en 1778 (¹).
ORIGINE Jean Joachim HENRY est né le 20 mars 1737 à Dommartin-lès-Remiremont, huitième et dernier enfant de Joseph HENRY de Vecoux (1684 – 2.4.1760 Dommartin), et de Marie Marchal (mariage en secondes noces de Joseph le 1 juillet 1720 à Dommartin). Jean Joachim, bénéficiant sans doute d’une bonne intelligence, deviendra Maître ou Régent d’école à Arches où le 16 décembre 1758 il épousera Elisabeth Mathieu (30 janvier 1738 Arches – 6 avril 1768 Arches), fille de Nicolas Mathieu, laboureur à Arches, et d’Elisabeth HENRY.
Le couple Joachim – Elisabeth aura
cinq enfants nés à Arches entre 1759 et 1767 : Marie Elisabeth (3
mai 1760), Jean Nicolas (27 mars 1762 – 22 février 1766), Joseph (11
mai 1764 – 23 juillet 1841 Thann), Janne Catherine (15 février 1766
– 23 août 1771), Janne (19 septembre 1767). Elisabeth Mathieu
décèdera cependant le 6 avril 1768 à Arches à l’âge de 30 ans.
Dans
les mois suivants, Jean Joachim devient Régent d’école à Ramonchamp
tout en paraissant résider à Letraye, localité de la paroisse de
Ramonchamp où sont enregistrés les baptêmes et naissances de leurs
premiers enfants : Jeanne Charlotte Françoise (8 juillet 1770), Jean
Nicolas Joachim (8 février 1772), François Luc (8 septembre 1774).
Marie Josèphe naîtra le 15 avril 1778 à Le Thillot où Jean Joachim
s’était établi depuis peu comme « facteur d’instruments de
musique ». Ces naissances situent donc l’installation de Jean Joachim à Thann entre avril 1778 et septembre 1779. Plusieurs enfants « HENRY » sont décédés à Thann entre 1793 et 1800, mais l’absence, aux AD68 en ligne, des registres antérieurs à mi-1793 dans les NMD de Thann, n’a pas permis d’établir l’identité exacte de leurs parents : Joseph HENRY (+ 14.4.1793 à Thann), Didier HENRY (+11.8.1794 Thann), Marie Françoise (+29.10.1794 Thann), Joseph HENRY (+13.1.1794 Thann). Certains de ces enfants pourraient être des enfants du couple Joseph HENRY et Marie Plus.
Données généalogiques de la famille HENRY Dommartin était le siège de la paroisse desservant plusieurs petits villages ou hameaux : Vecoux, Franoux, Reherrey, les Granges « N. » dispersées dans les environs. Les naissances, mariages et décès sont, à titre de simplification, enregistrés sous « Dommartin » la paroisse de rattachement qui tient les registres BMS.
Arches avait la même qualité pour les villages d’Archettes,
Aneumenil… A Arches se trouvait une papeterie (fabrique).
Thann : on n’en dispose pas des registres BMS en ligne, de sorte que
les dates de naissances des enfants de Joachim nés en cette localité
n’ont pu être précisées, celes fournies étant déduites d’actes
civils ultérieurs (mariages, naissances). Cependant les relations familiales entre les deux familles n’ont pu être certifiées. On notera qu’Elisabeth Mathieu, épouse de Joachim HENRY, a tout lieu d’avoir été la petite-fille de Louis HENRY d’Arches et de Jeanne Fougerole/Marchal ou Mareschal, par le mariage de la fille Elisabeth de Louis avec Nicolas Mathieu. Au Baptême d’Elisabeth (la petite fille), Joseph HENRY époux de A.M. Ory, fils de Louis et frère d’Elisabeth HENRY-Mathieu, est parrain. On ne peut entièrement exclure que les deux familles « Joseph HENRY » d’Arches et de Dommartin se connaissaient et aient même pu avoir des relations familiales antérieures au mariage de Joachim : cousin…). Autre particularité : Jeanne Fougerole, l’épouse de Joseph HENRY, le manœuvre d’Arches, a aussi été nommée « Mareschal » ou « Marchal », patronyme de l’épouse de Joseph HENRY le laboureur de Dommartin/Vecoux. Il pourrait y avoir eu confusion aux enregistrements (doublons dans deux registres différents d’Arches, bien que les deux familles résidaient dans des paroisses différentes). Ces confusions ne sont peut-être pas étrangères à des liens familiaux entre les deux familles.
HENRY Sébastien x avec LAROCHE Catherine
. | . | . | HENRY Marie Elisabeth, o le 3/5/1760 à Arches, x le
16/12/1793 à Thann François BAUGNE, né en 1761 dans les Vosges,
Militaire à Thann.
. | . | . | . | HENRY Joseph Nicolas Louis, † le 26/6/1796 à Thann
. | . | . | . | . | HENRY Joseph, o le 18/9/1847 à Thann, † le
24/9/1847 à Thann
. | . | . | HENRY Janne Catherine, o le 15/2/1766 à Arches, † le
23/8/1771 à Arches . | . | . | . | HENRY Jean Louis, o le 25/6/1805 à Thann, † le 28/2/1806 à Thann.
Aperçu sur l’activité de l’atelier « HENRY » En arrivant à Thann, Jean Joachim peut déjà être secondé par son fils Joseph, alors âgé de 15-16 ans qui commence certainement son apprentissage. Il s’occupe de facture d’orgues (entretien, réparations) et se met à la fabrication de pianoforte dont un exemplaire, de 1786, subsiste en collection privée (⁵).
D’autres
suivront dont deux instruments, l’un de 1791, l’autre de 1798 sont
conservés et auxquels Joseph a certainement contribué à la
construction. En effet, comme le suggèrent les plaques d’adresse
« HENRY fils aîné » (1791) et « HENRY père et fils » (1798), Joseph
est fabricant attitré dès 1791 (⁵). La conservation de ces trois
instruments suppose une certaine robustesse que semble ne pas avoir
atteint la production de Joseph STEZLE.Joachim HENRY s’occupait
également d’orgues. En 1791, il procède au déménagement de l’orgue Silbermann de la chapelle des Cisterciens de Pairis, à Turckheim (site orgue Alsace). En 1792, il aurait peut-être participé au démontage et remontage à Le Tholy de l’orgue du monastère des Bénédictins de Remiremont, car des tuyaux devaient être recherchés à Thann (donc chez HENRY). En 1792-1793, il effectue le transfert de l’orgue des Dominicains de Guebwiller à Eschentzwiller (⁷) ou ? Walbach (8 Orgues Alsace).
Il
aurait posé un orgue à Soppe-le-Haut (avant 1789) et à Baldersheim
en 1790, tous deux disparus (⁸). Joseph seul ou peut-être encore
Joachim, a effectué des travaux à l’orgue Silbermann de l’église
Saint-Etienne de Mulhouse en 1800 et 1822 (⁹). Le couple a eu au moins un enfant, Jean Dagobert (6 mai 1798 - 27 octobre 1798). On perd ensuite sa trace. Abraham (1781) est devenu « Graveur en bois » et a épousé Marie Devill. Il a probablement quitté Thann peu après, car il n’y est plus fait allusion par la suite dans les enregistrements civils. La génération suivante active à Thann n’est représentée que par Joseph HENRY (1805 - >1855 à ?), fils de Joseph (1763 – 1841). Il se dira facteur de pianos et maître de musique. Il épousera Anne Marie Bacher (o ca1826) le 29 décembre 1846 dont il aura huit enfants (dont deux morts-nés). L’un d’entre eux sera prénommé Louis Dagobert, comme son grand-oncle.
Entre 1851 et 1854, il se déclare
aubergiste, comme son épouse, qualité attestant probablement de
difficultés momentanées dans son travail de facteur de pianos, soit
à considérer qu’il exerçait le métier d’aubergiste parallèlement à
celui de facteur de pianos. On perd de vue cette famille après 1855,
conséquence probable d’un déménagement hors de Thann.
EPILOGUE
Joachim et de Joseph HENRY semblent avoir travaillé comme la
plupart des ateliers de facture d’instruments de la même époque :
petits ateliers artisanaux à caractère familial, à l’image de
l’atelier de Joseph STEZLE. La venue de Joseph STEGER à Nancy
pourrait alors s’expliquer par des raisons économiques, l’atelier
des HENRY ne pouvant pas, financièrement, subvenir à un employé de
plus, ce qui a peut-être aussi motivé le départ de Louis Dagobert.
Avait-il accès à un
instrument à partir duquel il s’est épris de facture d’orgues puis
d’instruments, ce qui a motivé sa nouvelle orientation à partir de
1777 ? S’il ne semble pas avoir pu bénéficier d’un instrument à
Arches, ce sera le cas à Ramonchamp où il pourra sans doute accéder
à l’instrument posé en 1762 par un facteur anonyme (⁶).
RÉFÉRENCES
(¹) - Communication orale Ch. Lutz (2010) et Stussi J.M. (2012) -
Joseph STEZLE (1767 – 1836). Un pionnier de la facture de pianos à
Nancy au début du XIXe siècle.
|
|