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GOUTTIÈRE
à Paris

1895

Gouttiere (gallica.bnf.fr)

 "GOUTTIERE (Edmond-Louis-Henri), né à Lille le 22 septembre 1833, facteur de pianos. Officier de l'Instruction publique, [...] Adresse : 47, rue de Babylon, Paris. Nous empruntons à la Bévue du Nord la notice suivante qui donnera une idée bien nette des travaux de M. Gouttière : [...]

M. Gouttière fit ses débuts dans l'industrie, à Lille, sa ville natale : mais le commerce des lins n'eut pas pour lui des attraits suffisants : un beau jour, il partit pour Paris. Là, il étudia la fabrication des pianos dans les premières manufactures et, après des mois et des mois d'un labeur acharné combien il a raison le vers de Virgile.

Il devint l'associé de M, P. Elcké, dont la maison, universellement connue, date de 1846. En 1878, il resta seul à la tête de la manufacture, à laquelle sa haute compétence, ses qualités d'administrateur et d'artiste, son inlassable activité, avalent imprimé une nouvelle et vigoureuse Impulsion.

Il est inutile de faire l'éloge d'une marque qui a obtenu dans les Expositions les plus importantes, seize récompenses.

Les efforts de M. Gouttière, sa recherche incessante du mieux, sa haine des méthodes routinières, l'ont dès longtemps mis au premier rang.

A la récente Exposition d'Anvers, elle a remporté le grand-prix décerne aux pianos français, à Amsterdam 1895 le grand Diplôme d'honneur : ni les Belges, ni les Allemands n'ont eu de grand prix. Voilà le résultat des travaux de notre ami : il honore à la fois Gouttière et notre superbe industrie, dont les valeureux représentants et combien le Nord n'en fournit-il pas ne cessent de soutenir avec fruit, à l'étranger, la réputation des produits français, remportant ainsi les victoires qui, pour être pacifiques, ne sont pas moin3 glorieuses et profitables. 

A la direction de son magnifique établissement, M. Gouttière ne borne pas ses soins.

[...] A toutes ces Sociétés, M. _ Gouttière apporte un concours des plus assidus comme des plus précieux. Les ouvriers de sa maison lui doivent la création d'une société de secours mutuels, dont il s'occupe avec sollicitude." Dictionnaire biographique des grands commerçants et industriels; 1. Dictionnaire biographique des grands négociants et industriels..., ouvrage rédigé par un comité de spécialistes sous la dir. de M. Henry Junger, 1895 (gallica.bnf.fr)

1898

LA MAISON ED. GOUTTIÈRE

"Parmi les hautes notabilités industrielles auxquelles le gouvernement français, à la suite de leur brillante participation à l'Exposition internationale de Bruxelles, vient de conférer le titre de chevalier de la Légion d'honneur pour les récompenser d'avoir si dignement représenté leur pays, toutes les personnes qui s'intéressent à la musique ont remarqué particulièrement le nom de M. Ed. Gouttière, le chef actuel de la vieille maison Elcké, dont les pianos sont estimés depuis si longtemps.

Nul, certes, ne trouvera cette haute distinction exagérée, et nous y applaudissons sans réserves, nous qui connaissons la valeur peu commune des pianos sortant des ateliers de cet établissement, et le mérite non moins rare de M. Ed. Gouttière, qui le dirige avec tant de compétence et d'activité depuis 1878.

La supériorité des pianos Gouttière s'est manifestée une fois de plus, et avec éclat, à l'Exposition de Bruxelles. Nous y avions personnellement admiré la magnifique exposition de cette maison, comprenant sept pianos, et nous avions compris le grand honneur qu'elle faisait à l'art si français du facteur de pianos.

Du reste, pour faire connaître l'opinion d'un juge plus autorisé que nous, et dont personne ne s'avisera de récuser le jugement, nous croyons devoir céder la parole à M. Gaston Serpette, rapporteur du jury.

Dans son rapport sur les opérations du jury n° 26 (instruments de musique et art lllusical), l'excellent musicien s'exprime ainsi :

« La maison Gouttière, de Paris (ancienne maison Elcké), s'est montrée à la hauteur de sa réputation, consacrée depuis longtemps par le suffrage des artistes. Nous avons remarqué ses pianos droits, dont l'un, à cordes croisées et à double étouffoir, nous a surtout intéressé. Son piano à queue, dont la mécanique est remarquable par sa nouveauté, est un des plus beaux instruments de l'Exposition. Les meubles de ces pianos joignent l'elégance à la sobriété et sont du meilleur goût. »

Il nous paraît inutile de rien ajouter à ces éloges si autorisés. Nous dirons seulement que le jury s'est associé aussi pleinement que possible aux conclusions du rapporteur, puisque M. Gouttière est le seul facteur de pianos auquel ait été décerné l'un des huit Grands Prix de l'Exposition de Bruxelles.

C'était, d'ailleurs, la continuation d'une longue série de triomphes dans les Expositions; sans compter les récompenses obtenues par la maison Elcké avant la prise de possession de M. Gouttière, nous citerons : des diplômes d'honneur aux Expositions d'Anvers en 1885 et de Bruxelles en 1888; une médaille d'or, avec félicitations du jury à l'Exposition universelle de 1889, où la maison avait exposé, entre autres merveilles, un grand piano à queue d'une rare puissance et un piano à cadre en fonte d'une qualité de son hors ligne ; puis, à Anvers, en 1894, le seul grand prix décerné aux pianos français ; en 1895, à Amsterdam, une grande médaille d'honneur. A la suite de l'Exposition de Chicago, M. Gouttière fut nommé officier de l'instruction publique.

Ensuite, il fut hors concours et membre du jury à l'Exposition de Rouen et, à Paris, à l'Exposition du Théâtre et de la Musique.

Enfin cette brillante série vient d'être couronnée par la distinction suprême, par la croix de la Légion d'honneur.

Et cette croix est vraiment bien gagnée.

M. Gouttière, qui avait débuté dans l'industrie, à Lille, vint ensuite à Paris et y étudia la fabrication des pianos dans les principales maisons de Paris. Quand il devint le chef de la maison Elcké, il introduisit d'importantes améliorations dans la fabrication et entreprit celle des pianos à queue, alors que la maison s'était auparavant spécialisée dans celle des pianos droits.

Il apporta aussi des perfectionnements importants dans les procédés delà fabrication et arriva à donner à ses pianos les plus brillantes et les plus solides qualités de sonorité, la souplesse et l'homogénéité de leurs sons.

En même temps, doue d un goût parlait, il donnait aux meubles une élégance et un cachet peu ordinaires. Et malgré tous ces mérites supérieurs, il arrivait, grâce à ces procédés perfectionnés, à réaliser des prix d'une surprenante modicité.

Sa maison est toujours rue de Babylone, 47, à l'emplacement où elle fut fondée en 1846 par Fred. Elcké. Elle a pris une extension considérable, surtout depuis que M. Gouttière la dirige. Les ateliers ont été agrandis cette année même, ce qui a permis d'employer trente ouvriers de plus et de porter le nombre du personnel à cent quarante ouvriers.

En résumé, M. Ed. Gouttière (qui est vice président de la chambre syndicale des fabricants-d'instruments de musique) a le droit d'être fier de son œuvre. Il est une des personnalités qui ont le plus fait pour étendre la grande réputation des pianos français, et l'on doit féliciter le gouvernement d'avoir rendu justice à l'un des plus-dignes représentants de cette industrie éminemment nationale." Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire illustré, 1898, p. 2 (gallica.bnf.fr)

Pour les références voyez
la page alphabétique G


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