"Une des plus belles installations de l'exposition de Tourcoing est sans
contredit celle de la fabrique de pianos P. Coupleux, dont les magasins
de vente sont situés 1 et 3, rue Carnot, et l'usine à vapeur 172 bis,
rue de la Tossée, à Tourcoing.
Cette maison dont la fondation remonte à 1865, nous présente ses
principaux articles à la classe 23, dans un superbe pavillon spécial ne
mesurant pas moins de deux cents mètres carrés, et situé à côté du
Kursaal, en avant du Palais de l'Alimentation.
La décoration intérieure de ce pavillon est faite avec des tentures et
des tapis de la maison Félix Masurel, de Tourcoing.
En entrant, nous voyons au fond un orgue, de la maison H. Didier,
d'Epinal, dont la maison P. Coupleux a le monopole exclusif et dont la
spécialité de grandes orgues d'église et de salon est bien connue.
Cet
orgue, au moyen d'un mécanisme ingénieux, permet aux amateurs, au moyen
de cartons perforés, d'exécuter toute la musique de grand orgue avec le
fini et l'expression des meilleures exécutions artistiques.
Sur chaque côté, dans toute la longueur, sont des pianos Coupleux,
qui ont obtenu une médaille d'or à l'exposition d'Arras en 1904 et
des nouveautés sensationnelles : le pianola métrostyle et l'Æriola
qui permettent de jouer toute la musique écrite pour le pianola et
l'Æolian.
On sait que l'Æolian est un instrument de musique complet par lui-même
et qui permet à tous, sans exiger de connaissances spéciales, d'exécuter
toutes les œuvres d'un répertoire varié à l'infini et repréentées par de
simples rouleaux de papier perforé.
L'Æriola est un pianola simplifié. Il a, du reste, la même forme, et,
comme lui, il est d'un maniement facile et d'une sonorité sans égale.
De chaque côté également, nous trouvons encore cinq ou six pianos des
meilleures marques françaises et étrangères — Erard, Pleyel, Gaveau,
Staub, Steinway — et. en bois de toutes essences.
Sur le côté droit qui sépare les pianos à queue des pianos droits, nous
remarquons un orgue de grandes dimensions, en bois sculpté, de la maison
H. Didier, d'Epinal, du même système que le précédent.
Comme complément, sur les côtés droit et gauche, de place en place, sont
disposés divers casiers à musique de différentes formes.
Cette installation, véritablement grandiose, attire beaucoup de
visiteurs et, le soir, à la lumière électrique, c'est un des plus beaux
spectacles qui se puissent voir. Le soir, un système de réclame
lumineuse, avec cinématographe, attire le public devant ce pavillon.
A titre de réclame, on vend dans ce pavillon un modèle inédit de
phonographe vraiment surprenant par sa netteté d'exécution et par la
modicité de son prix (20 francs). Cet appareil, avec petit et moyen
cylindre, obtient un grand succès.
Dans le Salon du Mobilier, on admire encore un piano à queue superbe
et, très riche de la fabrication Steinway, de New-York, dont MM.
Coupleux ont également le monopole, et des pianos Coupleux de divers
modèles, car, malgré ses dimensions, le Pavillon de la classe 23 ne
saurait contenir tous les types d'instruments qui ont fait la renommée
de cet établissement : pianos de toutes marques et pianos Coupleux,
pianos électriques, automatiques, pianos-mandolines, orgues mécaniques
et à clavier, phonographes et cinématographes, attractions pour cafés,
harmoniums, épinettes P. Coupleux, instruments de musique en tous
genres, etc.
En somme, par cette énumération, comme par le compte rendu de son
exposition, la maison P. Coupleux nous est apparue comme une entreprise
de premier ordre et nous n'avons pas souvent à constater en province une
si belle organisation et de si grands moyens d'actions.
Ajoutons que, très connue et très appréciée dans toute la région, cette
maison a obtenu : une médaille de bronze à Lille en 1902, une médaille
d'or à Arras en 1904 et un grand prix à Lille en 1905 où son directeur
était membre du jury."
Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire
illustré, 1906-07, p. 6 (gallica.bnf.fr)