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Facteurs de pianos en France
WACKER
à Paris (°1864)
PIANOS
WACKER
"DE tous les
instruments de musique, le piano est aujourd'hui le plus répandu ; il
doit ses succès à l'avantage qu'il a de former une harmonie complète et
de permettre à un seul exécutant de réduire toutes les parties d'un
orchestre. Avant d'arriver il, sa forme actuelle, le piano a subi
diverses transformations.
Son origine, si nous en croyons les travaux des spécialistes, peut se
poursuivre jusque chez les Grecs et les Latins où certains instruments
peuvent être considérés, en effet, comme des ancêtres du piano.
Tels
sont le tympanon, le psaltérion, le choron, le nymphali, le manicordium.
Avec l'épinette du XVIe siècle et le clavecin du XVIIIe, nous approchons
de la formule moderne que l'Angleterre et l'Allemagne avaient déjà
trouvée et perfectionnée, quand deux Français : Sébastien et
Jean-Baptiste Erard, lui apportèrent dans notre pays des innovations et
des modifications qui la constituèrent à peu près définitivement.
Depuis lors, le piano alla progressant et on peut arrêter à 1840 la date
de l'apogée de sa fabrication, au point de vue de sa perfection.
Mais il n'en est pas de même, aux points de vue de la quantité et de la
qualité. Le nombre des fabricants de pianos est devenu très
considérable.
Malheureusement, chez beaucoup d'entre eux, il n'y a plus de facteurs
proprement dits, il n'y a plus d'art, il n'y a plus que du métier. La
pensée de faire un bon instrument n'existe même pas : produire au
meilleur marché possible afin de trouver un débit facile est la seule
préoccupation. Voilà ce que nous voyons constamment partout et il faut
convenir qu'un tel état de choses est très préjudiciable à l'art.
Heureusement, il y a encore de vrais facteurs de pianos, passionnés de
leur art et l'étudiant sans cesse pour l'améliorer et donner aux
instruments sortis de chez eux l'harmonie d'ensemble, la qualité des
sons, l'homogénéité de la construction, qui sont indispensables aux
vrais amateurs.
Une des maisons qui soutiennent encore le haut renom artistique de la
fabrication française est incontestablement la maison vVacker, que tout
le monde connaît et dont la réputation n'est certes plus à faire.
Fondée en 1864, cette maison, qui est très importante, à son siège
principal 69, rue de Douai, une annexe 53, rue de Douai, des ateliers et
des remises 7, rue Carpeaux, et des succursales nombreuses dans Paris et
la province.
D'ailleurs, ce n'est pas le but de cette notice de faire ressortir le
succès et la réputation des pianos Wacker, que viennent encore prouver
de nombreuses médailles et diplômes d'honneur, et dont personne ne
doute.
Nous voulons seulement signaler à nos lecteurs les perfectionnements
techniques, les innovations importantes, et les garanties
professionnelles et artistiques que cette maison apporte entre
toutes,grâce à la compétence exceptionnelle de son directeur.
M. Wacker est, en effet, l'un de nos facteurs de pianos les mieux et les
plus sûrement informés de tout ce qui touche à l'historique, à la
fabrication, à l'entretien même de ces délicats instruments.
On lui doit, notamment, une brochure à laquelle nous avons fait plus
d'un emprunt et que nous considérons comme le vade-mecum indispensable à
tout acheteur, à tout possesseur et à tout amateur de pianos.
Mais ce n'est pas seulement comme érudit et comme praticien musical que
M. Wacker se recommande à nous, c'est encore et surtout comme artiste et
producteur.
Fils de ses œuvres, ayant étudié successivement et pratiqué comme
ouvrier toutes les parties que comporte un piano, M. Wacker a souvent
modifié très heureusement les matières de la fabrication.
C'est ainsi qu'on lui doit, dès 1868,
un piano à double table
d'harmonie, des pianos à cordes croisées, des essais
sur les sillets, un piano dans lequel la table d'harmonie se trouve
naturellement tendue par les cordes, un nouveau piano à double table
d'harmonie, une mécanique à échappement à levier.
C'est ici que se place, en 1873, l'invention du
piano-tonnerre, ce magnifique instrument dont le nom
restera attaché à celui de M. Wacker, et qui permet, comme on sait,
d'imiter parfaitement le vent, la pluie, la grêle, la tempête.
Les modèles du même instrument qui sont venus ensuite permettent de se
servir de ce piano comme d'un piano ordinaire et un simple mouvement du
pied fait entrer dans le jeu les accessoires, quand besoin est.
A cette invention capitale, il faut joindre d'autres inventions qui,
quoique s'appliquant à des détails, prouvent tous les soins et les
études incessantes de M. Wacker. Nous voulons parler du Boulon Wacker,
qui sert au sommier du haut dont il rend le décollement impossible, de
l'échappement cintré qui peut s'adapter à toutes les mécaniques, du
niveau de touche pour égaliser l'enfoncement des touches du clavier,
etc., etc.
M. Wacker est encore l'inventeur de wackerina,
instrument imitant la flûte et l'harmonium et s'adaptant à tous les
pianos.
On lui doit enfin une création très pratique et que nos lecteurs qui
possèdent des pianos apprécieront sûrement à sa valeur. On sait que
l'espace laissé entre les croisées et les cheminées par les architectes,
espace réservé ordinairement aux pianos, est en général de 1 m. 30. Or,
les plus petits modèles de pianos ont 1 m. 38.
M. Wacker est
parvenu à résoudre cette difficulté en construisant un piano
qui a 1m.28 et qui entre partout. Mais ce qu'il faut
considérer, c'est que, malgré ses dimensions, le clavier de ce piano a
toujours sept octaves et que sa sonorité est aussi puissante que celle
des pianos d'un rnodèle plus grand.
C'est ainsi que tous les pianos qui sortent de la maison Wacker sont des
instruments tout à fait remarquables, qu'ils soient d'invention ou
qu'ils soient courants, mais modifiés d'après le système Wacker.
Ajoutons que dans les ateliers de la maison Wacker des ouvriers
expérimentés réparent et accordent les pianos de toutes marques.
Tout justifie donc la grande confiance témoignée à cet établissement par
sa nombreuse clientèle répartie dans toute la France et à l'étranger, et
on voit quels précieux services une telle maison rend à l'art musical.
M. Wacker mérite donc, à ces points de vue, les nombreux éloges que ses
clients ne lui marchandent pas et auxquels nous nous associons de tout
cœur."
Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire
illustré, 1901, p. 2 (gallica.bnf.fr)
Pour les références voyez
pianos
français 1850 - 1874
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