Vue de la Manufacture de Pianos E. Etesse,
Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire
illustré, 04/1907, p. 4 (gallica.bnf.fr)
LA GRANDE INDUSTRIE TOURANGELLE - LES PIANOS E. ETESSE -
"De tous les instruments de musique, le piano est aujourd'hui,
incontestablement, le plus répandu. Il doit ses succès à l'avantage
qu'il a de former une harmonie complète et de permettre à un seul
exécutant de réduire toutes les parties d'un orchestre.
Malheureusement, chez beaucoup de fabricants dei pianos, il n'y a plus
d'art, il n'y a plus que du métier, consistant simplement à faire
l'assemblage des diverses parties de cet instrument.
La pensée de produire un bon instrument n'existe même pas : faire au
meilleur marché possible, afin de trouver un débit facile, est la seule
préoccupation.
Voilà ce que nous, voyons constamment à Paris, où nous constatons, d'un
autre côté, que les vrais facteurs de pianos, c'est-à-dire les quelques
fabricants qui savent, donner à cet instrument l'harmonie d'ensemble,
l'homogénéité qui lui est indispensable, font payer fort, cher leur
quasi-privilège et ne vendent pas un piano, mais une marque.
Dans ces conditions, les habitants des départements ont tout avantage à
se fournir chez eux plutôt qu'à Paris, et c'est le: devoir d'un journal
comme l,e. nôtre, d'indiquer à nos lecteurs de province les villes' où
nous avons rencontré une fabrique de pianos vraiment recommandable, une
fabrique où la construction de ces délicats instruments est comprise de
la manière la plus sérieuse et la plus artistique.
C'est ainsi que Tours possède, en la personne de M. E. Etesse, un
véritable facteur de pianos, au courant de tout ce qui concerne son art
et qui joint à des connaissances, techniques très complètes l'activité
et l'habileté d'un industriel de premier ordre.
M. E. Etesse, dont les magasins de vente et d'exposition, sont 37, rue
Nationale, à Tours, et l'usine, les chantiers et les ateliers, à
Saint-Symphorien (Indre-et-Loire), a pour principale règle de produire
lui-même tout ce qui est possible dans son genre d'industrie.
De cette
façon, il ne fait pas, comme tant d'autres soi-disants fabricants, un
simple assemblage de parties venues de chez divers spécialistes, et, de
plus, il réduit, considérablement ses frais sous tous les rapports,
réduction dont sa clientèle est heureuse de profiter.
Nous nous sommes rendus à Saint-Symphorien, pour visiter l'usine, et
notre première impression, à la vue, de ses bâtiments vastes et coquets,
avec leurs, briques rouges et leurs grandes baies vitrées, de sa
situation exceptionnelle dans les plus jolis environs de la ville, a été
excellente.
Cette impression s'est continuée, à l'intérieur, dans les divers
ateliers parcourus où le matériel est conforme il tous les
perfectionnements récents et où l'on constate que le directeur a le plus
grand souci du bien-être et de l'hygiène de son personnel. Les pièces,
©ont vastes, claires, aérées et, réunissent tout ce qu'exigent le
travail moderne et la santé des ouvriers.
La
scérie
Atelier de moulage et étuves
Nous avons ainsi successivement visité les remises où sont les magasins
les bois et où ils subissent une dessication préalable de très longue,
durée ; la scierie il vapeur où ces bois sont débités par un outillage
approprié ;
Caisse
& tableau
les ateliers de barrage et de placage de la caisse, ateliers
spécialement aménagés et possédant, notamment, des fours pour le placage
; les ateliers de tablage et de fabrication des caisses : c'est dans des
ateliers que l'on place les cadres en fer fabriqués d'un seul jet. et
fondus sur place ; quant au tablage, il constitue la partie la plus
délicate de la fabrication des pianos, car c'est d'un bon tablage. que
dépend le son, c'est, en un mot, la chose essentielle dans les pianos.
Atelier de la finition des pianos
Nous, parcourons ensuite les ateliers, dits de « finition », et les
ateliers d'égalisation et d'accord, dans lesquels des ouvriers d'élite
achèvent de donner aux pianos une sonorité parfaite et l'harmonie
d'ensemble.
Ainsi combinée, en vue du meilleur rendement de la fabrication et de
l'absolu bien-être des ouvriers, l'installation de l'usine de
Saint-Symphorien nous a fait la meilleure impression et nous ne voulons
pas la quitter sans, présenter ici, à son distingué directeur, qui a
bien voulu nous accompagner dans les divers services, nos remerciements
et nos félicitations.
Quant aux pianos fabriqués, ils comprennent différents modèles de pianos
droits, parmi les-quels nous citerons :
Le modèle A. F., avec cadre en fer, mécanique. à lames, consolée.'
sculptées, flambeaux doubles (hauteur 1. m. 26, largeur 1 m. 37,
profondeur 0 m. 63) ;
Le modèle A. F., avec meuble de style Louis XV, mécanique à lames
(hauteur 1 m. 26, largeur 1 nI. 40, profondeur 0 m. 63) ;
Le modèle C., cordes croisées, cadre en fer, mécanique à lames (hauteur
i m. 30, largeur 1 m. 45, profondeur 0 m. 68).
Tous les pianos E. Etesse se font en noyer ciré,
frisé, palissandre ciré, frisé, et verni noir.
Ils sont d'une, sonorité distinguée et puissante et
possèdent Les derniers perfectionnements de la facture.
Fondée, il y a plus de vingt ans, cette maison a une cliente Le
nombreuse et fidèle dans toute la région ,et les départements
limitrophes.
Son directeur est très estimé dans toute la Contrée, non seulement comme
industriel, mais encore comme artiste, car, excellent musicien, il a
dirigé pendant bien longtemps des concerts artistiques à Tours. Il est,
en outre, officier d'académie.
En somme, fidèles à notre campagne décentrali'satrice, nous ne: pouvions
en donner un meilleur exemple à nos lecteurs et nous espérons avoir faiL
suffisamment ressortir les grands avantages que présentent. de telles
maisons sur Les établissements parisiens."
Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire
illustré, 04/1907, p. 4-5 (gallica.bnf.fr)
Pour les références voyez
pianos français 1850 - 1874
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